mercredi 27 août 2025

Le rebond démographique du Kazakhstan

Dans les années 1990, juste après l’indépendance, le Kazakhstan a connu une crise économique et sociale profonde : chômage massif, chute du revenu par habitant, insécurité alimentaire. La fécondité s’est alors effondrée jusqu’à 1,8 enfant/femme en 1999 (bien en dessous du seuil de remplacement).

À partir du début des années 2000, la croissance économique a été relancée par l’exploitation des hydrocarbures (pétrole, gaz) et par des investissements étrangers. Le PIB par habitant a été multiplié par plus de 5 entre 1999 et 2013. Cette amélioration des conditions de vie a rassuré les familles et facilité les projets de parentalité.

Le gouvernement a mis en place des allocations pour enfants, des primes de naissance, et des aides aux familles nombreuses. Développement progressif des services de santé maternelle et infantile, réduction de la mortalité infantile.Promotion des valeurs familiales par l’État, avec un discours nataliste explicite.

Après l’indépendance en 1991, le Kazakhstan a lancé un programme de rapatriement pour les Kazakhs de la diaspora, notamment ceux ayant fui l’URSS dans les années 1920-1930 (vers la Chine, l’Iran, ou l’Afghanistan). Ce programme visait à compenser la faible part des Kazakhs ethniques (devenus minoritaires sous l’ère soviétique) et à renforcer l’identité nationale. Ce rapatriement a contribué à l’augmentation de la population, notamment dans le nord, où les Kazakhs ont rééquilibré la démographie face aux populations russophones. La majorité kazakhe (musulmane, aux traditions plus familiales) a gagné en poids démographique depuis l’indépendance, notamment à cause de l’émigration des populations russophones (généralement moins fécondes). Après une forte émigration des populations russophones (notamment russes et allemands) dans les années 1990 (1,3 million de départs), le Kazakhstan a stabilisé ses flux migratoires.

Les Kazakhs, en particulier en milieu rural, ont historiquement des niveaux de fécondité plus élevés.

Le pays a connu dans les années 2000-2010 une cohorte nombreuse de femmes en âge de procréer (effet du baby-boom soviétique tardif des années 1980). Cet effet de génération a contribué mécaniquement à plus de naissances.

Après avoir atteint 3,3 enfants/femme vers 2017, le taux tend aujourd’hui à se stabiliser autour de 2,9–3,0, ce qui reste nettement au-dessus du niveau européen ou russe.

Les experts estiment que cette stabilité est due à la combinaison entre la croissance urbaine (qui tend à réduire la fécondité) et le maintien de valeurs pro-famille en zones rurales et semi-urbaines.

Le rebond au Kazakhstan tient à un effet de rattrapage post-crise, soutenu par la prospérité pétrolière, les politiques natalistes, et un contexte culturel favorable, renforcé par le poids croissant de la population kazakhe plus féconde que la russe qui a quitté le Kazakhstan. 

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