samedi 12 avril 2025

France — Le nombre de baptêmes d’adultes a doublé en deux ans

En deux ans, le nombre de demandes volontaires de baptême a été multiplié par deux : 10 384 en 2025, contre 5 423 en 2023. Une formation pourtant exigeante, qui dure deux ans. Pour l’église, cet afflux « n’est pas un épiphénomène ».

Dans la nuit de Pâques, selon les chiffres de la Conférence des évêques, ils ne seront pas moins de 10 384 à être baptisés, contre 5423 en 2023, malgré une préparation et une formation exigeantes, d’une durée de deux ans. À ce nombre qui a doublé s’ajoutent les baptêmes d’adolescents (entre 12 et 18 ans), eux aussi en forte progression : ils étaient 2 953 en 2023, ils seront 7 404 cette année. Pour l’église, cet afflux d’adultes et de jeunes «n’est pas un épiphénomène », il traduit un authentique retour à l’intériorité, observé par de nombreux prêtres.

Le nombre de baptêmes catholiques d’adultes en France ne cesse de progresser. En deux ans, il a même doublé. Selon les chiffres de la Conférence des évêques, publiés le 10 avril, il y aura 10 384 baptêmes d’adultes lors de la nuit de Pâques, du 19 au 20 avril prochain. Ils étaient 5 423 en 2023, 7 135 en 2024. Aux chiffres de cette année s’ajoutent les baptêmes d’adolescents (entre 12 et 18 ans), qui connaissent, eux aussi, une progression spectaculaire : ils étaient 2953 en 2023, ils seront 7404 en 2025. En tout, 17788 adolescents et adultes seront baptisés, à leur demande, dans l’église catholique cette année.

L’église appelle «catéchumène» les adultes qui demandent le baptême. Elle leur propose une formation exigeante, qui dure deux ans, où la personne suit des cours de formation chrétienne tout en étant accompagnée dans les paroisses par des fidèles expérimentés. Quelque 11000 catholiques, dont 80% de laïcs, se dédient à cette mission bénévolement. Le comédien Gad Elmaleh avait immortalisé ce parcours de conversion et de suivi très personnalisé vers le baptême dans le film Reste un peu, en 2022.

Le contrepoint du recul des baptêmes d’enfants

C’est au moment de l’épidémie de Covid-19 et des confinements successifs qu’un certain retour à l’intériorité a eu lieu, selon le témoignage de beaucoup de pasteurs. Les courbes des catéchumènes l’indiquent clairement : de 2015 à 2022, elles oscillent autour de 4 000 baptêmes par an. La hausse ne commence qu’en 2023, or il faut deux années de préparation pour être baptisé.

L’autre facteur de fond expliquant cette hausse des baptêmes d’adolescents et d’adultes est celui de la chute, en France, des baptêmes de petits enfants : en l’an 2000, un bébé sur deux était baptisé ; en 2024, seul un sur trois l’est. Le diocèse de Strasbourg illustre ce phénomène. Il est celui qui compte le moins de baptêmes d’adultes en proportion de sa population, car la pratique de baptêmes d’enfants y est encore élevée.

Pour Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon et évêque « référent » de la conférence épiscopale pour le dossier des baptêmes adultes, «l’enquête annuelle du catéchuménat montre que l’afflux de catéchumènes – adultes et jeunes – n’est pas un épiphénomène». Il y voit, dans la note de présentation des chiffres 2025, «un signe venu du Ciel». «Nous pouvons y voir un encouragement de la part du Seigneur nous rappelant que c’est lui le Maître de la mission, c’est lui qui attire à lui, touche les coeurs et se révèle », ajoute-t-il. Même si 52 % des catéchumènes sont issus de milieux chrétiens. Les musulmans convertis, par exemple, forment 4 % des catéchumènes.

Pour sa part, le père Jean-baptiste Siboulet, aumônier des étudiants pour le diocèse de Nantes, explique dans le même document : « Cela fait deux années que l’on sent une dynamique autour du carême. Les jeunes commencent leur recherche sur les réseaux sociaux. Ils disent vouloir “faire le Carême”, ce qui se traduit par “un peu de jeûne, un peu de prières, aller à la messe”. Cette curiosité spirituelle - qui bénéficie peut-être de l’effet ramadan (qui a eu lieu au même moment cette année, NDLR) - peut aussi être une vraie expérience spirituelle ». Il conclut : « Ces demandes de jeunes correspondent à un besoin d’appartenance à un groupe, ils recherchent l’église comme communauté avant de s’accrocher au Christ. Dans une vie fragmentée, où l’avenir peut sembler sombre, la foi représente un socle solide pour se construire. »

« Soif de vie fraternelle »

Catherine Lemoine, en charge de la pastorale des adolescents au niveau national, observe que « ces jeunes qui naviguent sur les réseaux sociaux sont très à l’aise pour parler de leur foi. Ils portent des signes religieux avec la même décontraction. Ils assument, ils sont acteurs de leur foi. De plus, ils vont bien, ils ont soif de Dieu et soif de vie fraternelle. »

Anaë Delion, 20 ans, catéchumène à Nantes, donne ce témoignage dans ce document épiscopal : «Venant d’une famille athée et très loin de la religion, je n’ai jamais eu ni entourage chrétien ni éducation religieuse. Mon tout premier contact avec la foi chrétienne a eu lieu en janvier 2022. À cette période, je ne sortais plus de mon lit, plus rien ne m’animait, je passais mes journées à broyer du noir. J’ai alors entendu parler du carême. Sans comprendre pourquoi, à ce moment précis, j’ai ressenti comme une force dans mon coeur qui me poussait à me renseigner sur ce que c’était. Je voulais absolument tout connaître. » Elle ajoute : « J’ai réalisé plus tard que mon coeur cherchait en réalité à connaître Dieu. Deux mois après, le 2 mars 2022, j’ai débuté mon tout premier temps de carême. Depuis ce jour, je n’ai jamais lâché le Seigneur. »

Source : Le Figaro

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