jeudi 23 mars 2023

Les Québécois plus susceptibles d’avoir une vision négative des religions, d'abord l'islam, mais aussi le christianisme

Les Canadiens de partout au pays sont plus enclins à avoir une mauvaise opinion de l’islam que des autres religions étudiées (les cinq principales religions du monde). Au Québec, le quart des répondants (25 %) ont une opinion favorable de l’islam. À noter, le nombre de répondants favorables à l’islam dans les différentes régions du Canada ne dépasse jamais 37 % :


Au pays, les Québécois sont les plus susceptibles d’avoir une vision négative de la plupart des religions présentées. Cependant, le reste du pays n’est pas non plus à l’abri de ce genre de perspective, en particulier lorsqu’il est question de l’islam :


Les Québécois se disent également les plus défavorables au christianisme (37 % d’avis défavorables), mais cette mesure doit être nuancée par le fait que le mariage avec un chrétien/une chrétienne est l’option la plus favorable pour les Québécois (acceptable à 80 %). Un rejet de la théologie catholique, mais l’acceptation des chrétiens historiques le plus souvent non pratiquants ?

En utilisant un indice net de favorabilité, une comparaison du pourcentage des répondants ayant une vision positive et de ceux dont l’opinion est négative, on peut observer clairement que l’opinion des Canadiens par rapport à l’islam est plus négative que celle qu’ils ont des autres religions.


Les symboles religieux en public et au travail

Une majorité de répondants, toutes régions confondues, donne son approbation au port des six symboles étudiés : l’étoile de David, la kippa, la tenue de religieuse, le crucifix, le turban et le hijab. Cela dit, les Québécois sont moins susceptibles de donner leur soutien à tous ces symboles et un peu plus de la moitié d’entre eux (55 %) est en faveur du port du hijab en public.

Qu’en est-il du lieu de travail ? On a également demandé aux Canadiens dans quelle mesure ils seraient favorables à ce qu’un collègue porte ces symboles religieux dans le cadre de leur emploi. Les Québécois sont moins à l’aise avec le port du hijab et du turban, comparativement aux autres symboles religieux étudiés. En effet, seuls les deux tiers se déclarent favorables à cela. En outre, les Québécois démontrent une certaine aversion à la kippa juive, une tendance qui n’est pas observée ailleurs au pays :


Les systèmes de croyances et le mariage

Un domaine qui pose un plus grand problème pour les Canadiens est la question de l’union matrimoniale. Lorsqu’on leur demande s’il serait acceptable que leur enfant se marie avec une personne appartenant aux religions suivantes, les réactions diffèrent considérablement. Les Canadiens sont moins à l’aise à l’idée que leur enfant se marie à une personne musulmane, comparativement aux autres religions étudiées.


 L’Échelle des perceptions de l’islam

En vue de consolider certaines de ces perspectives, les chercheurs de l’Institut Angus Reid ont créé l’Échelle des perceptions de l’islam. Cette échelle se fonde sur les réponses à six questions différentes touchant l’islam, auxquelles ont été attribuées des notes positives ou négatives, afin de répartir les Canadiens en quatre groupes distincts : ceux ayant une vision très négative, négative, positive ou très
positive de l’islam. 

Perspectives régionales

Hors Québec, près de deux Canadiens sur cinq (37 %) ont une opinion très positive de l’islam. Ce nombre chute à un répondant sur cinq (20 %) au sein de la population québécoise. Le nombre de Québécois ayant une opinion très négative de l’islam est deux fois plus grand (30 %) qu’ailleurs au pays (16 %). L’opinion des répondants est plus négative en dehors de la région de Montréal :

 

Les Albertains, Ontariens et Canadiens de la région de l’Atlantique ont quant à eux l’opinion la plus positive de l’islam :

Les sympathisants du Bloc québécois et du Parti conservateur du Canada ont l’opinion la plus
négative

Sur le plan politique, deux groupes sont beaucoup plus susceptibles d’avoir une vision négative de l’islam. Au Québec, la moitié des répondants ayant une opinion « très négative » de l’islam sont des partisans du Bloc québécois. Dans le reste du Canada, trois répondants sur cinq des segments ayant une impression « négative » ou « très négative » de l’islam sont des électeurs ayant voté pour le Parti conservateur en 2021.

L’âge, le genre et l’éducation

Au Québec, l’opinion est assez uniforme entre les différents segments, selon le genre. Dans le reste du Canada, les répondants ayant une vision négative de l’islam sont beaucoup plus souvent des hommes (veuillez consulter les tableaux détaillés). L’âge est, quant à lui, un facteur assez important, autant pour les Québécois que les répondants d’ailleurs au Canada. En effet, les personnes plus âgées se retrouvent plus souvent dans les groupes de population ayant une opinion négative de l’islam que dans les segments ayant une vision positive de cette religion :

Les répondants ayant une impression « très positive » de l’islam, autant au Québec qu’ailleurs au Canada, sont deux fois plus susceptibles d’avoir une formation universitaire que ceux qui ont une opinion « très négative » de cette religion :

L’opinion envers d’autres groupes et symboles religieux

Au Canada, l’islam est la religion devant faire face au plus grand nombre de critiques. Cependant, ceux qui portent un regard désapprobateur sur l’islam sont également enclins à s’opposer à d’autres groupes religieux. Autant au Québec que dans le reste du Canada, trois répondants ayant une vision « très négative » de l’islam sur cinq ont également une mauvaise opinion du sikhisme. Cependant, il est intéressant de noter que les Québécois ayant une impression très négative de l’islam sont également beaucoup plus critiques envers le judaïsme et le christianisme que les répondants d’ailleurs au pays :


Les répondants se classant dans le segment « très négatif » sont beaucoup plus hostiles au port de symboles religieux en public que ceux des trois autres segments. Il est intéressant de noter que la burqa et le kirpan sont aussi impopulaires chez les répondants ayant une vision « négative » ou « positive » de l’islam. Cependant, d’autres symboles, comme le hijab et le turban, ne causent pas une consternation aussi grande chez eux que chez les répondants « très négatifs » face à l’islam :

Autant au Québec que dans le reste du Canada, les répondants du groupe « très négatif » par rapport à l’islam possèdent un degré d’aversion beaucoup plus prononcé face à la présence de lieux de culte dans leurs communautés. Inversement, la présence de groupes religieux érigeant un lieu de culte et pratiquant
leur religion dans le quartier ne pose pas de problème aux répondants se retrouvant dans le segment « très positif » :


Voir aussi
 
 

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