jeudi 26 mai 2022

« Décolonisation » : la Russie sort du processus universitaire dit « de Bologne »

C’est avec ces mots que le député et vice-président de la Douma Piotr Tolstoï a annoncé la décision des députés russes de faire sortir la Russie du système de Bologne, qui aurait fortement dégradé le niveau de l’enseignement depuis la chute de l’Union soviétique : « la décolonisation de notre système d’enseignement a commencé ». 

Le processus de Bologne est un processus de rapprochement des systèmes d’études supérieures européens amorcé en 1998 et qui a conduit à la création en 2010 de l’espace européen de l’enseignement supérieur, constitué de 48 États. Cet espace concerne principalement les États de l’Espace économique européen ainsi que, notamment, la Turquie et la Russie.

Comme cela avait été annoncé, les élus de la Douma russe entament un processus de vérification de tous les accords internationaux signés et ratifiés par la Russie ces dernières années, et de leurs conséquences juridiques, au regard de leur conformité avec l’intérêt national.

Selon ses critiques, le processus de Bologne auquel la Russie a adhéré après l’éclatement de l’URSS aurait eu des conséquences funestes sur le niveau des élèves et des étudiants diplômés. Depuis des années, des enseignants tirent la sonnette d’alarme, depuis des années les partisans du processus de Bologne leur répondent qu’il « ne faut pas être en retard sur l’Occident ».

La dégradation de la crise ukrainienne, les sanctions occidentales et la guerre indirecte qu’elle mène à la Russie ont diminué la légitimité de ces élites occidentales à l’intérieur du pays et de briser le postulat incontestable de l’intérêt a priori de l’intégration de la Russie dans les processus mondiaux. Koudrine, figure de ces élites pro-occidentales russes a déclaré que la Russie ne doit pas se précipiter de sortir des accords internationaux.

Piotr Tolstoï a lancé depuis quelque temps le mouvement de sortie du processus de Bologne. Cette idée a été soutenue par le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur et par celui de l’éducation nationale. Il citait Patrouchev, le Secrétaire du Conseil de sécurité, qui lui-même soutient la sortie de la Russie du processus de Bologne :

Les étudiants et enseignants russes sont « de fait évincés de la sphère scientifique et éducative occidentale », c’est pourquoi il est l’un des rares à avoir annoncé publiquement la nécessité d’abandonner cette innovation imposée.

Sur son canal Telegram, le président de la Douma Volodine a demandé aux gens, s’ils étaient pour ou contre la sortie de la Russie du système de Bologne. La réponse fut sans appel : sur près de 331 000 votes, 90 % sont pour la sortie du système de Bologne.

 
Hier, Tolstoï a annoncé que la Douma entamait la procédure concrète de sortie, de concert avec le Gouvernement. Et de conclure :

La décolonisation de notre éducation a commencé. Vient ensuite la modification ou la suppression de l’examen d’État unifié et la débureaucratisation du système éducatif dans son ensemble. Ça suffit.

Cette envolée n’a manifestement pas été du goût de tout le monde et l’Agence fédérale pour l’éducation de s’accrocher à son examen d’État, hérité du processus de Bologne. L’agence ne voit pas l’intérêt d’annuler cet examen après la sortie de Bologne.

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