mercredi 17 février 2021

Le communisme, cette religion profane

Éric Zemmour fait la recension du témoignage d’un ancien cadre du PCF qui revisite son parcours et sa rupture avec le Parti. Et se montre injustement sévère envers Georges Marchais, coupable, à ses yeux, d’avoir été hostile à l’immigration. L’auteur, Jean-Merle Argelès, est né en 1936. Professeur d’allemand, il fut, de 1966 à 1979, un des premiers dirigeants de la fédération parisienne du Parti communiste français. Après sa rupture avec son parti, il participa à la recherche sur l’Allemagne et le communisme, notamment à la revue Communisme. Il poursuit actuellement une carrière de traducteur.

Il y a des modes pour les livres comme pour les vêtements. Les récits de communistes défroqués étaient encore en vogue il y a trente ans. Ils faisaient la une dans les années 1970 ; apparaissaient comme des événements mondiaux dans les années 1950 ; sont désormais remisés au rayon hors d’âge. Le communisme est mort depuis la chute de l’Union soviétique ; les récits de ceux qui l’ont quitté sont sortis du temps politique pour rentrer dans celui de l’Histoire.

Ce temps-là va bien au teint de Jean-Marie Argelès. L’auteur est largement inconnu aujourd’hui. Il eut pourtant sa petite notoriété dans les milieux politiques des années 1970. Il était alors une des chevilles ouvrières du communisme parisien, à l’époque où Henri Fiszbin ferraillait avec talent et pugnacité contre Jacques Chirac. C’était un de ces « permanents » qui faisaient tourner le Parti ; un de ces « apparatchiks » à la fois craints et admirés par leurs adversaires gaullistes. Argelès essaie de répondre à la question qui taraude tous les communistes : « Pourquoi n’avons-nous pas su ce que nous savions ? » Il a pourtant 20 ans quand les chars russes rentrent à Budapest ; 30 quand ils rentrent à Prague. À chaque fois, notre homme s’aveugle volontairement. Il est particulièrement doué dans l’exercice puisqu’il nous avoue qu’il n’a « découvert » la soumission volontaire du PCF à l’égard du grand frère soviétique qu’avec l’ouverture des archives russes après la chute du mur de Berlin et de l’URSS.

Idéologie soixante-huitarde

Pour bien (se) comprendre, notre auteur revient à son enfance dans la région de Grenoble : les premiers souvenirs pendant la Seconde Guerre mondiale ; les restrictions alimentaires ; l’école primaire avec les claques des instituteurs ; sa famille de petit-bourgeois, avec une fratrie chaleureuse et un père contrôleur des impôts. Argelès n’est pas un brillant intellectuel, mais n’est pas un ouvrier non plus. C’est en revanche un athlète de haut niveau, rival malheureux du mythique Michel Jazy. Un germaniste reconnu aussi, prof d’allemand qui deviendra traducteur émérite, fréquentant à l’occasion entraîneurs sportifs et huiles du Parti communiste en Autriche, puis en RDA.

Mais le cœur politique du récit se situe au tournant des années 1970, quand il devient un permanent de la fédération communiste de Paris. À l’époque, le PCF est hégémonique au sein de la gauche dans la capitale. Dix ans plus tard, les socialistes ont pris la main, et Argelès, poussé à la démission, n’achète plus L’Huma. Deux mouvements tectoniques furent à l’œuvre : un grand remplacement sociologique, qui chasse ouvriers et employés français de l’est parisien, auxquels se substituent bobos et immigrés ; la montée en puissance de l’idéologie soixante-huitarde, avec ses thématiques « sociétales », portées par les mouvements féministes et LGBT. Les deux mouvements sont bien sûr liés.

Aujourd’hui, la messe est dite : Hidalgo est maire de Paris et son adjoint communiste est Ian Brossat, représentants revendiqués des groupes de pression LGBT et immigrationniste. Argelès nous raconte avec drôlerie la résistance vaine des communistes, le « vous êtes des malades » jeté par Jacques Duclos à des provocateurs homosexuels, et la très fine perception par le Parti du féminisme, qui va saper la solidarité de classe, au profit de la lutte contre le patriarcat, à la plus grande joie des patrons.

Mais justement, Argelès est dans le camp de ceux qui souhaitent que le Parti communiste courre après ces évolutions. Il est avec Fiszbin et Paul Laurent contre la direction du parti. Mais il craint physiquement la brutalité de Georges Marchais et doit se soumettre et se démettre. Il est encore convaincu aujourd’hui que Marchais a eu tort. Tort aussi de protester contre les Marocains trafiquants de drogue et de réclamer la fin de l’immigration « clandestine et légale ». Argelès ne comprend pas que Marchais avait raison. Qu’il défendait, lui, la classe ouvrière française qui, de guerre lasse, abandonnera les communistes pour le Front national de Jean-Marie Le Pen.

Argelès a fini sa carrière de prof dans les 18e et 19e arrondissements, en 2000, peu avant la publication du fameux rapport Obin sur « Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires », mais il se contente de nous dire pudiquement : « Trois années difficiles, animées dirais-je, mais instructives pour le doyen que j’étais alors dans ces trois collèges. J’aurais beaucoup à raconter sur ce sujet… » Mais il ne raconte rien !

Culpabilité et l’humanisme

Notre homme est toujours en retard d’une guerre, toujours en retard sur l’horloge de l’Histoire. Pour comprendre ce retard persistant à l’allumage, il faut plonger dans le récit qu’il fait de son enfance. Pourquoi est-il devenu communiste ? Quand il voit, enfant, passer devant sa fenêtre les femmes ouvrières qui vont chercher leurs gamins à l’école, il écrit : « Je regardais avec envie la gaieté et la cordialité qui semblaient régner entre ces femmes circulant en groupe, envie mêlée d’un certain sentiment de culpabilité à l’égard de la condition ouvrière (…) J’ai le sentiment que je vivais mal cette dichotomie entre le monde ouvrier et le mien, le monde de la petite bourgeoisie (…) »

La culpabilité et l’humanisme. Tout est là. Son communisme est la foi religieuse d’un « catholique aspiré par une foi nouvelle doublée de la promesse d’enfin rencontrer en toute fraternité sur un pied d’égalité, le monde ouvrier, la jeunesse ouvrière ». Argelès est un « croyant » qui croit en son Église universelle, dont la capitale a été déplacée de Rome à Moscou, et qui aime à se réchauffer l’âme « à la chaude solidarité de compagnons et de gens d’un autre milieu que le mien ».

La France est la grande absente de son livre. Dès 1956, il avoue qu’à ses yeux, la « défaite de Diên Biên Phu, c’est la victoire des colonisés », pas la défaite des armées françaises. Argelès est un ultramontain. C’est un curé. Il en a l’onctuosité, la finesse, la probité intellectuelle mais aussi l’art de la dissimulation. L’ingénuité aussi. Il se croit citoyen du monde mais est profondément français. Avec son universalisme abstrait, et cette ingénuité qui ne peut s’empêcher de mettre du sentiment dans la politique. La vraie cause, qu’il persiste à ignorer, de tous ses aveuglements.

Longtemps (trop ?) j’ai cru aux matins…
par Jean-Marie Argelès,
paru au Bord de l’eau,,
à Paris,
le 21 janvier 2021,,
215 pages,
ISBN-10 : 2 356 877 517
ISBN-13 : 978-2356877512
20 €


Covid — Floride se félicite d'avoir gardé les écoles ouvertes

Le gouverneur de la Floride, Ron de Santis, s’est félicité que les écoles soient restées ouvertes en Floride : « Nos enfants doivent être à l’école et la décision de la Floride de garder les écoles ouvertes était la bonne. Comparée à d’autres États de taille similaire, la Floride compte moins de tests positifs à la Covid chez les enfants par 100 000 habitants. » Près 99,8 % des élèves suivent une scolarité en personne en Floride, alors que seuls 5,4 % des élèves en Californie en bénéficient. 

Il a accompagné son intervention sur les médias sociaux de ces graphiques :

Les syndicats dans les États démocrates de l’Illinois, de la Californie et de l’État de New York se sont fortement opposés à une réouverture des écoles. (Lire Procès à San Francisco, menaces de grève à Chicago : la pression s’accentue depuis quelques jours aux États-Unis sur les enseignants et leurs syndicats pour obtenir la réouverture rapide des écoles, dont beaucoup sont totalement fermées depuis 11 mois à cause de la gestion de la pandémie. et La rentrée en présentiel des écoles publiques new-yorkaises prévue cette semaine sera-t-elle à nouveau reportée ? Le principal syndicat des responsables d’établissements a demandé dimanche à ce que la mairie de New York soit dessaisie de son autorité sur les établissements, la jugeant incapable de gérer leur réouverture pendant la pandémie.)

Danse de la part d’enseignantes syndiquées à Chicago pour protester contre la réouverture des écoles. La vidéo est accompagnée de ce message :

Six professeurs de danse de base se réunissent pour utiliser leur forme d’art pour exprimer leur désir de se sentir en sécurité dans le cadre de la politique de retour des enseignants des Écoles publiques de Chicago (CPS). Comme d’autres, ces enseignantes déclarent que tout projet des Écoles publiques de Chicago et du maire devrait avoir du sens. Elles restent déterminées à continuer à enseigner.

Certaines enseignantes dansent avec leurs enfants, y compris Diana Muhammad, enseignante à l’école élémentaire de Beasley, dont la fille a surmonté une forme mortelle du syndrome inflammatoire multisystémique chez l’enfant (en période de Covid-19)

Elles sont toutes solidaires des éducateurs en danger, car personne ne devrait avoir à choisir entre son gagne-pain et la vie.

Par rapport à la Floride, 38 autres États des États-Unis déplorent une mortalité liée à la COVID plus importante chez les personnes âgées de 65 ans et plus par habitant.

Comparaison les taux d'hospitalisations par million d'habitants entre la Floride (peu de restrictions) et la Californie et New York (fortes restrictions)

 



 Voir aussi 

New York reporte encore la rentrée en personne dans les écoles publiques 

Profs américains s'opposent à l'ouverture des écoles malgré les leçons européennes