samedi 4 septembre 2021

Impossibilité de se faire servir en français à l'hôpital au Québec — réponse molle de la CAQ

Incapable de se faire soigner en français à Montréal, l’animatrice Sophie Durocher a dénoncé mercredi son expérience à l’Hôpital général juif de Montréal, où elle est hospitalisée depuis mardi soir.

L’anglophone du Québec demande en anglais au francophone de l’Ontario : « Dans une mauvaise passe !? Je connais ça. » Derrière l’anglo, la pléthore d’établissements anglophones au Québec (McGill, Concordia, le Centre universitaire de santé McGill). Derrière le Franco-Ontarien, le désert froid.

L’animatrice, qui avait un calcul à la vésicule biliaire et qui a dû subir une ablation de cet organe, a été incapable d’être traitée par un médecin parlant français.

Après une consultation avec son médecin de famille, l’animatrice a dû se rendre d’urgence à l’hôpital pour y recevoir des soins. Elle a toutefois hésité longuement à se rendre à l’hôpital général Juif, par crainte de se faire traiter en anglais.

« C’est inacceptable qu’en 2021 je ne puisse pas me faire soigner en français », a ajouté la chroniqueuse du Journal de Montréal. Cette dernière a aussi déploré le manque d’effort de la part du corps médical pour pousser, ne serait-ce que quelques mots avec un français cassé, comme un « bonjour » ou un « désolé, je ne parle pas le français ».

Sur Twitter, Sophie Durocher a interpellé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, mercredi en matinée. « INACCEPTABLE. Je suis à l’hôpital Juif en attente de chirurgie et les deux chirurgiennes et le résident sont unilingues anglais ! Incapable de me faire soigner au Québec en français en 2021 !!! “Your government hired me” m’a lancé la chirurgienne ! », a-t-elle écrit, mercredi matin.

Ce à quoi le ministre a répondu que toute personne devait pouvoir « se faire soigner en français au Québec. C’est un droit fondamental et c’est non négociable ».

Plus tard dans la journée, le ministre a répondu par voie de communiqué qu’il avait « pris contact avec l’établissement afin d’examiner cette situation de plus près » et qu’un « rappel aux résidents en médecine concernés par cette histoire sera fait afin de rappeler à tous l’importance d’offrir aux citoyens les services dans la langue officielle ».

L’ensemble du CIUSSS sera aussi contacté à cet effet, incluant tous les employés et médecins, a poursuivi le cabinet dans sa missive.

« Des services de traduction en français doivent être assurés sur le terrain, si jamais les employés éprouvent de la difficulté [bel euphémisme!] dans cette langue première », a aussi fait savoir le cabinet ministériel.

Réponse molle de la CAQ

Cette réponse nous semble inacceptable : il faut que tous les docteurs au Québec parlent français à un haut niveau. Il est inacceptable qu’ils baragouinent le français, qu’ils sollicitent sans cesse le passage à l’anglais quand ils soupçonnent le moindre accent étranger (nous avons été témoins de telles scènes) ou qu’ils aient recours à un service de traduction pour se faire comprendre en français !

McGill a le plus gros hôpital universitaire au Québec, mais le moins de médecins qui y pratiquent

Données : cihi.ca via Frédéric Lacroix

Au Québec, il existe quatre facultés de médecine une à l’Université McGill ; une autre à l’Université Laval ; à l’Université de Montréal et finale la dernière à l’Université de Sherbrooke. En 2020, 5 528 étudiants étaient inscrits à la faculté de Médecine et sciences de la santé de McGill. Laval aurait à titre de comparaison 4249 étudiants inscrits à sa faculté de médecine.

En 1972 déjà

Au Royal Victoria, le personnel serait bilingue dans une proportion de 65 % ; la proportion serait de 60 % au Montreal Children, de 38 % au Jewish General. […]  On utilise dans tous ces hôpitaux la langue usuelle de travail plus que ne le nécessite la proportion anglaise-français de la clientèle. On peut donc penser que ce sont les patients qui, souvent, font les frais du bilinguisme. […] À Montréal, il semble donc dans l’ensemble, que les hôpitaux francophones, malgré la faible proportion de leur clientèle anglophone, projettent une image d’adaptation linguistique plus favorable que celle des hôpitaux de langue anglaise.

Commission Gendron, Rapport 1, p.266-267, 1972.

Voir aussi

La maîtrise du français des étudiants au cégep et à l’université préoccupe la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, qui crée un groupe de travail pour se pencher sur la question. Les résultats ne sont « pas à la hauteur », selon Québec.


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