samedi 14 août 2021

Recensement 2020 aux États-Unis — 5 millions de blancs en moins par rapport à 2010

Les premières statistiques raciales et ethniques publiées du recensement américain de 2020 montre clairement que « l’explosion de la diversité » aux États-Unis se poursuit, bien que dans un contexte de croissance nationale plus lente, en particulier chez les jeunes. Les nouveaux chiffres montrent que, pour la première fois, il y a eu une perte absolue (de 2010 à 2020) du nombre d’Américains blancs qui ne s’identifient pas à d’autres groupes ethniques (certains hispaniques sont blancs). Cela signifie que toute la croissance du pays de 2010 à 2020 est attribuable aux minorités — celles qui s’identifient comme latino ou hispanique, noir, Américain d’origine asiatique, hawaïenne ou insulaire du Pacifique, amérindienne ou métisse. Ensemble, ces groupes minoritaires représentent désormais plus de 40 % de la population américaine.

Alors que les résultats du recensement de 2020 précédemment publiés indiquaient un ralentissement marqué de la croissance démographique nationale, ces derniers chiffres montrent qu’une croissance lente et une diversité accrue sont particulièrement évidentes chez les jeunes. Entre 2010 et 2020, la population des moins de 18 ans du pays a enregistré une baisse absolue de plus d’un million de personnes. Cela résultait d’une perte notable de la population de jeunes blancs qui n’a pas été entièrement compensée par des gains dans d’autres groupes raciaux et ethniques. En conséquence, les Américains blancs représentent désormais moins de la moitié de la population des moins de 18 ans du pays.


 La dernière décennie a vu un ralentissement de la croissance démographique et une diminution en termes absolus de population blanche

Le taux de croissance de 7,4 % du pays de 2010 à 2020 était inférieur à celui de n’importe quelle décennie depuis les années 1930. Il n’est donc pas surprenant que les taux de croissance de certains groupes raciaux et ethniques aient également diminué par rapport à la décennie précédente. C’est particulièrement le cas pour les Latino-Américains ou hispano-américains qui n’ont cru « que » de 23 % entre 2010 et 2020 par rapport à 43 % en 2000 à 2010. La baisse de la fécondité et de l’immigration au cours de la décennie expliquent en très grande partie ce ralentissement.

Pourtant, ce qui frappe le plus c’est le déclin en termes absolus de la population blanche, le premier déclin depuis le tout premier recensement en 1790. Pendant une grande partie de l’histoire des Étas-Unis, la croissance de la population blanche a reflété le taux de croissance national, y compris un ralentissement substantiel pendant la Grande Dépression. Pourtant, depuis les années 1970, la croissance de la population blanche a continuellement baissé, tombant à seulement 1,2 % de 2000 à 2010 pour aboutir de 2010 à 2020 à une perte de -2,6 % du nombre de blancs (ou plus de 5 millions de personnes).

En plus de la baisse de la fécondité et de l’immigration, une grande partie de cette perte est attribuable au vieillissement continu de la population blanche. Moins de naissances et plus de décès ont entraîné un solde naturel négatif (plus de décès que de naissances) pour la décennie 2010, avant même la pandémie de COVID-19. En outre, l’augmentation des mariages multiraciaux a entraîné une augmentation du nombre de jeunes qui s’identifient comme métisses plutôt que comme seulement blancs. Les nouveaux résultats du recensement montrent également une augmentation substantielle du nombre d’Américains qui ont indiqué appartenir à deux ou plusieurs groupes raciaux.

Ces changements aboutissent à une situation où les races et groupes ethniques non blancs représentent tous les gains démographiques de 2010 à 2020 dans la population américaine. Les contributions les plus importantes sont venues d’Américains latinos ou hispaniques, à 11,6 millions, ce qui représente environ la moitié du gain total de la décennie de 22,7 millions. Les Américains d’origine asiatique et les personnes s’identifiant comme deux races ou plus ont également largement contribué au gain de population total de la décennie.

Bien que 35 États aient enregistré des pertes de population blanche au cours de la décennie, seuls trois d’entre eux (Illinois, Mississippi et Virginie-Occidentale) ont enregistré des déclins de population totale. Dans les autres États (y compris la Californie, New York, le New Jersey et le Massachusetts), les groupes ethniques non blancs ont été à l’origine de toute la croissance des années 2010. Un bon exemple est la Californie, qui a dominé le pays sur le plan de la perte de population blanche (1,2 million), mais a bénéficié d’importants gains latinos ou hispaniques (1,5 million) et des gains américains d’origine asiatique (1,2 million). De plus, dans tous les États qui ont gagné en population blanche au cours de la décennie, leurs populations non blanches combinées ont contribué à plus de la moitié de leur croissance. (Washington, D.C., où la croissance de la population blanche a dominé, est une exception.)

Les déclins de la population blanche étaient omniprésents dans de grandes parties du pays, y compris 61 des 100 plus grandes régions métropolitaines ; 196 des 319 villes de plus de 100 000 habitants ; et 2 458 des plus de 3 100 comtés du pays. Pourtant, moins de ces régions ont connu des pertes de population globales (seules trois grandes régions métropolitaines, 37 grandes villes et 1 650 comtés) parce que leurs pertes de personnes blanches ont été plus que compensées par les gains d’autres groupes raciaux et ethniques.

Plus de 40 % des Américains s’identifient désormais comme des personnes de couleur

Plus de 40 % des Américains s’identifient désormais comme appartenant à un ou plusieurs groupes raciaux et ethniques.

Les derniers recensements ont montré une diversité raciale et ethnique accrue au sein de la population américaine. En1980, les résidents blancs représentaient près de 80 % de la population nationale, les résidents noirs représentant 11,5 % et les résidents latinos ou hispaniques 6,4 %. En 2000, la population latino ou hispanique affichait une part légèrement plus élevée que la population noire : 12,5 % contre 12,1 %. À ce moment-là, la part de la population américaine d’origine asiatique était passée à 3,6 %, tandis que la part de la population blanche était tombée à 69,1 %.

Aujourd’hui, 20 ans plus tard, la part de la population blanche est tombée à 57,8 %. Les parts de la population latino-américaine ou hispanique et américaine d’origine asiatique ont augmenté à 18,7 % et près de 6 %, respectivement. Alors que ces groupes ont fluctué au cours des 40 dernières années, soit à la hausse (pour les populations latino-américaines ou hispaniques et asiatiques) soit à la baisse (pour la population blanche), la part des Noirs de la population est restée relativement constante.

Les nouvelles données du recensement montrent que la baisse des parts de la population blanche a lieu dans tout le pays. Au cours de la décennie 2010-2020, la part de la population blanche a diminué dans les 50 États (mais pas à Washington, D.C.) avec des baisses marquées dans plusieurs. Au Nevada, la part de la population blanche est passée de 65 % en 2000 à 54 % en 2010, puis à 46 % en 2020. Les parts de la population blanche ont diminué dans 381 des 384 régions métropolitaines du pays et 2 982 de ses 3 140 comtés.

En outre, le recensement de 2020 montre que la population blanche est minoritaire dans six États et Washington, D.C. C’était déjà le cas du Maryland et du Nevada depuis 2010. En outre, 27 des 100 plus grandes régions métropolitaines ont des populations blanches minoritaires, dont Dallas, Orlando (Floride), Atlanta, Austin (Texas), La Nouvelle Orléans et Sacramento (Californie) qui est devenu à majorité non blanche en 2020.

Les gains et les pertes de population varient selon les États et les régions

Malgré la lenteur de la croissance démographie sur le plan national au cours de la décennie 2010, une grande variation dans les gains existe entre les États pour les différents groupes raciaux et ethniques. Comme indiqué ci-dessus, 35 États ont perdu leur population blanche au cours de cette période. Pourtant, la plupart des États ont gagné des résidents américains latinos ou hispaniques, noirs et asiatiques.

Il existe des différences entre les États les plus peuplés pour chaque groupe ethnique. Les États qui ont enregistré des gains de résidents blancs sont exclusivement situés dans la Sud (la « Ceinture du Soleil »), avec au premier plan l’Utah, le Colorado et la Floride. En fait, les 11 États (y compris Washington, D.C.) avec les plus grands gains de blancs en termes absolus sont tous situés dans les régions du sud et de l’ouest. En revanche, sept des huit États avec les plus grandes pertes de population blanche se trouvent dans le nord-est et le Mid-Ouest, y compris les États très urbanisés de New York, de l’Illinois et du New Jersey. La seule exception dans la Ceinture du Soleil est la Californie, un autre État urbanisé, qui a entraîné tous les autres dans les pertes de population blanche. Tous ces États à la population blanche en déclin absolu votent fortement démocrates.

Les gains de population noire favorisent également le Sud, et tout d’abord le Texas, suivi de la Géorgie et de la Floride. Cela est cohérent avec l’histoire récente des schémas de migration des Noirs vers les États du Sud prospères, à l’inverse de la « grande migration » des Afro-Américains hors du Sud dans la première moitié du XXe siècle. Pourtant, plusieurs États non méridionaux, dont le Minnesota, le Nevada et l’Arizona, ont également attiré des Noirs américains au cours de la dernière décennie. À l’autre extrémité du spectre se trouvent sept États et Washington, D.C., qui ont enregistré des pertes de résidents noirs. Les pertes les plus importantes se sont produites en Illinois, en Californie, au Michigan et à New York. Ce sont parmi les États qui servent aujourd’hui d’origine à la « migration inverse » vers le Sud.

Les États qui ont gagné le plus de résidents latino-américains ou hispaniques et d’Américains d’origine asiatique diffèrent quelque peu des deux groupes précédents. Ces gains se concentrent dans les États qui ont historiquement déjà attiré de nombreux latinos et Asiatiques, notamment le Texas, la Californie, la Floride et New York. Bien que les populations des deux groupes se dispersent à travers le pays, les gains globaux sont encore fortement concentrés dans ces États.

La population de jeunes a diminué dans 27 États et dans l’ensemble du pays

Les nouvelles données du recensement de 2020 permettent d’évaluer la taille et les changements récents de la population nationale des moins de 18 ans (appelée ici la population « jeune »). Un résultat particulièrement remarquable est le déclin global de cette population au cours de la décennie 2010-2020. Dans un pays qui vieillit rapidement, une baisse absolue de la population jeune représente un défi démographique pour l’avenir.

La perte de plus d’un million de jeunes de 2010 à 2020 contraste avec les gains de cette population au cours des deux décennies précédentes. Bien que ce ne soit pas la première décennie à enregistrer une perte de jeunes dans le pays, cela se produit à une époque de vieillissement accru de la population. Cela diffère de la situation dans les années 1960, quand une grande partie de la grande population de baby-boomers avait moins de 18 ans et représentait 35 % de la population totale. Cette part des jeunes a baissé au fil du temps et n’atteint plus désormais que 22 %.

Cela signifie que les jeunes représentent une part démographiquement plus petite de la population alors que la population globale vieillit. À mesure que l’importante population de baby-boomer prendra sa retraite, tant les jeunes que la population en âge de travailler ne connaîtront au mieux qu’une croissance modeste.

La diminution du nombre de jeunes est patente et même exacerbée dans une grande partie du pays. Entre 2010 et 2020, 27 États ont enregistré des baisses absolues de leur population de jeunes. Ces états sont situés dans toutes les régions du pays, mais surtout dans le Nord-Est.

Les personnes de couleur représentent plus de la moitié de la jeunesse du pays

Les immigrants et leurs enfants nés aux États-Unis sont plus jeunes que le reste de la population américaine, l’immigration des dernières décennies en provenance d’Amérique latine, d’Asie et d’ailleurs a contribué à renforcer la taille de la population jeune du pays. Cela est évident dans les contributions de différents groupes ethniques et raciaux au cours de la période de 2010 à 2020, qui montre que les jeunes latinos ou hispaniques, les jeunes Américains d’origine asiatique et les jeunes s’identifiant à deux sont plus de races qui ont contribué à tous les gains de population de ce groupe d’âge.


 

Sans ces groupes ethniques, le déclin de la population des jeunes au cours de la dernière décennie aurait été encore plus important. La population de jeunes blancs est en déclin depuis 2000 en raison du faible niveau de natalité depuis plusieurs décennies et d’une proportion proportionnellement plus faible de femmes blanches en âge de procréer. Et cette population devrait encore diminuer dans les décennies à venir. De même, il y a eu des baisses plus modestes du nombre de jeunes Noirs ainsi que de ceux qui s’identifient comme Indiens d’Amérique et autochtones de l’Alaska.

Cette dynamique s’est produite dans la plupart des États. Tous les États, à l’exception de l’Utah (les mormons…) et du Dakota du Nord (et de Washington, D.C.) ont enregistré des baisses de leurs populations de jeunes blancs de 2010 à 2020. Étant donné que la grande majorité des États affichent également des pertes dans leurs populations de jeunes noirs, Indiens d’Amérique et autochtones de l’Alaska, les gains de jeunes ont tendance à provenir en grande partie des jeunes latinos ou hispaniques, des jeunes Américains d’origine asiatique ou des personnes s’identifiant comme deux races ou plus.

Cette baisse de cinq millions n'est pas attribuable à un changement d'identification


D’aucuns pourraient penser que cette forte diminution (-5 millions de blancs) est due principalement à un changement d’identification des blancs, car s’identifier d’une autre race que blanc confère des avantages dans un pays où la discrimination positive pour les non-blancs (et donc, négative envers les blancs) est commune. Cela est peu probable pour plusieurs raisons :

  • la perte de 5 millions se concentre quasi exclusivement chez les jeunes de moins de 18 ans qui ne s’identifient pas, ce sont leurs parents qui effectuent cette identification lors du recensement. On voit mal pourquoi les couples adultes blancs s’identifieraient comme blancs (or ils auraient aussi avantage selon cette théorie à se dire non blancs), mais identifieraient leurs enfants non métis comme non blancs ;
  • l’identification à un groupe ethnique lors d’un recensement anonyme n’apporte aucun avantage aux termes des politiques discriminatoires ;
  • le taux de natalité des blancs est sous le seuil de reproduction depuis près de 50 ans;
  • les enfants métis (nés de parents de races différentes) existent et leur nombre croît, il ne s’agit pas d’un simple tour de passe-passe identitaire de parents blancs, mais bien de mélange de races qui fait mécaniquement baisser le nombre d'enfants des autres races.

Indice synthétique de fécondité aux États-Unis en 2019, selon l'origine ethnique de la mère(naissances pour 1 000 femmes)


 



 


« Une fabuleuse nouvelle »

La nouvelle a été saluée triomphalement par une chroniqueuse du Washington Post (très à gauche, très pro-Biden). La chroniqueuse du Washington Post, Jennifer Rubin, a célébré jeudi la « fabuleuse nouvelle ». « Une société plus diversifiée et plus inclusive », de déclarer Rubin sur Twitter. « C’est une nouvelle fabuleuse. » « Maintenant, nous devons empêcher la domination blanche minoritaire », a-t-elle déclaré. 

Voir aussi

Espérance de vie baisse chez les hommes en Ontario, en Colombie-Britannique et chez les blancs aux États-Unis 

Suicide : déclin mondial mais augmentation chez les blancs américains

Canada — un pays non blanc vers le milieu de ce siècle ?

Pourquoi le patriarcat a de l’avenir

Le nouvel exode blanc

Éric Kaufmann — Les plus religieux hériteront-ils de la Terre ?   

Le déclin des blancs : rejeter, réprimer, fuir ou métisser ? 

« La planète va se vider de sa population, changeons nos idées reçues » 

Plus de travail, moins de bébés ? Carriérisme contre familisme (c’est une question de priorités, de « valeurs »)

Un pays à très faible fécondité peut-il jamais renouer avec le taux de renouvellement des générations ? (l’exemple de la Géorgie dans le Caucase)

 
 
 
Selon le Congressional Research Service en 2014, les Blancs représentaient 85,0% des décès de militaires américains en Afghanistan:


 

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