Des majorités de « droite » sont aux commandes de la plupart des gouvernements nationaux en Europe.
Le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) a effectué une étude pour sonder l’évolution des Européens (Français, Britanniques, Italiens et Allemands) sur plusieurs thèmes politiques. Le diagnostic d’un déplacement vers la « droite » de la société se fonde ici sur l’assimilation de valeurs à la culture de droite, dont le nationalisme via la question identitaire, le libéralisme économique et le libéralisme politique indexé à l’individualisme.
- En moyenne, dans les quatre démocraties étudiées, 39 % des répondants s’autopositionnent à droite (entre 6 et 10 sur l’échelle), 27 % à gauche (entre 0 et 4) et 20 % au centre (5).
- L’autopositionnement à droite est en tête dans chacun des quatre pays de l’étude : 44 % des Italiens se situent à droite (31 % à gauche), 40 % des Britanniques (25 % à gauche), 38 % des Français (24 % à gauche) et 36 % des Allemands (26 % à gauche).
- Alors que les seniors sont réputés voter traditionnellement plus à droite que les jeunes, nos données montrent que les nouvelles générations sont les plus nombreuses à s’autopositionner à droite. Dans l’ensemble des pays, 41 % des 18-24 ans et 41 % des 25-34 ans se positionnent entre 6 et 10 sur l’échelle, soit un niveau comparable à celui des 65 ans et plus (40 %), mais supérieur de 5 points à celui des 50-64 ans (36 %).
- En cinq ans, la proportion de Français se situant à droite de l’échiquier politique s’est accrue de manière continue, passant de 33 % en 2017 à 38 % en 2021. Sur la même période, la proportion des citoyens se situant à gauche est restée stable (25 % en 2017 et 24 % en 2021), malgré une légère baisse en 2020 (22 %).
- La perception de l’immigration est dominée par un jugement négatif. En moyenne, six citoyens sur dix (60 %) sont d’accord avec l’affirmation « il y a trop d’immigrés dans notre pays » (contre 36 % et 4 % qui ne répondent pas).
- Plus de la moitié des répondants (56 %) pensent que leur pays doit se fermer davantage sur le plan migratoire, moins d’un quart (23 %) s’ouvrir davantage et 21 % prônent le statu quo. Les Français (63 %) apparaissent comme les plus réfractaires à l’ouverture, devant les Allemands (54 %), les Italiens (54 %) et les Britanniques (53 %).
- Dans les quatre démocraties étudiées, les sympathisants des partis de gauche sont plus nombreux à être « pro-fermeture » que « pro-ouverture » ou en faveur du statu quo — à l’exception des sympathisants Parti démocrate (Partito Democratico) italien.
- En France, 62 % des citoyens estiment que l’islam représente une menace pour la République.
- En France, la crainte de l’islam est largement partagée par les personnes qui se situent dans le bloc de droite (81 %). Le bloc de gauche apparaît très clivé sur cette question : près d’une moitié des sympathisants de gauche (45 %) est d’accord avec l’item « l’islam représente une menace pour la République », l’autre moitié (52 %) n’est pas d’accord et 3 % des personnes questionnées n’ont pas répondu.
- Une majorité des répondants (54 %) considèrent que « pour faire face aux difficultés économiques », il faut « que l’État fasse confiance aux entreprises et leur donne plus de liberté ». L’option « que l’État contrôle les entreprises et les réglemente plus étroitement » est choisie par 41 % des personnes interrogées (5 % répondent ne pas savoir).
- La confiance portée aux entreprises est inversement proportionnelle à leur taille. La confiance envers les petites et moyennes entreprises (PME) est très élevée (74 %) et elles font même partie des institutions qui suscitent le plus de confiance, mais celle exprimée à l’égard des grandes entreprises, publiques (45 %) et privées (44 %) reste minoritaire.
- La portée médiatique du discours de l’écologisme punitif et de la décroissance connaît des limites de propagation au sein de l’opinion. Pour 76 % des personnes interrogées, « on peut continuer à développer notre économie tout en préservant l’environnement pour les générations futures ». Les Italiens sont les plus nombreux (84 %) à penser que croissance et protection de l’environnement sont compatibles. Ils sont suivis par les Allemands (74 %), les Britanniques (74 %) et les Français (72 %).
- Les sympathisants des différents partis des quatre démocraties répondent majoritairement que l’« on peut continuer à développer notre économie tout en préservant l’environnement pour les générations futures ». C’est notamment le cas chez les sympathisants du Parti socialiste (73 %), d’Europe Écologie-Les Verts (67 %) et du PCF/FI (67 %) en France ; des Grünen (80 %) et du SPD (73 %) en Allemagne ; du Labour Party (73 %) et du Green Party of England and Wales (69 %) au Royaume-Uni ; du Partito Democratico (88 %) en Italie.
- Nos données montrent que l’individualisme, à droite comme à gauche, est érigé en norme sociale. Une large majorité des répondants estiment que « les gens peuvent changer la société par leurs choix et leurs actions » (80 %), que « les gens de leur pays ont la possibilité de choisir leur propre vie » (69 %), et, dans une moindre mesure, qu’ils ont « une liberté et un contrôle total sur leur propre avenir » (63 %).
- Près de trois quarts de l’ensemble des citoyens (71 %) jugent que « beaucoup de personnes parviennent à obtenir des aides sociales auxquelles elles n’ont pas contribué ». C’est 46 points de plus que les répondants n’étant pas d’accord avec cet item (25 %). Une analyse par pays montre que c’est en France, où 57 % des ménages ne paient pas d’impôt sur le revenu, que les citoyens sont les plus nombreux (73 %) à juger que beaucoup de personnes touchent des aides sociales auxquelles elles n’ont pas contribué. Ils sont suivis par les Britanniques (72 %), les Italiens (72 %) et les Allemands (68 %).
- Plus de la moitié des répondants (55 %) considèrent que « les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient vraiment » (contre 42 % qui « ne sont pas d’accord » avec cette proposition). En un an, la proportion des individus considérant que les chômeurs profitaient du système est restée stable en France (passant de 50 % en février 2020 à 51 % en février 2021) et en Allemagne (de 61 à 60 %), tandis qu’elle s’est effondrée de 22 points au Royaume-Uni (de 78 % à 56 %).
- L’effort individuel est mis en avant par les personnes interrogées. Plus des deux tiers d’entre elles (68 %) estiment en effet qu’« en faisant des efforts, chacun peut réussir ». Une importante majorité des répondants se situant à gauche (58 %) de l’échiquier politique abonde dans ce sens, même si les répondants sont encore plus nombreux à droite (71 %). Notons que les différences entre les États sont significatives : 74 % des Britanniques, 69 % des Allemands, 68 % pour les Français et 55 % pour les Italiens.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire