dimanche 28 février 2021

Qui étaient les émeutiers du Capitole ?

Le Washington Post a analysé les finances des émeutiers du 6 janvier à Washington. 

Près de 60 % des personnes poursuivis par la justice dans le cadre de cette émeute avaient ou avaient eu de graves problèmes financiers, notamment des dettes écrasantes, étaient menacés de saisie, d’expulsions et avaient des impôts impayés. Ils étaient en moyenne environ deux fois plus susceptibles que l’Américain moyen d’avoir déclaré faillite. Vingt-cinq pour cent avaient été poursuivis à un moment donné par des créanciers. Un cinquième avait risqué de voir leur maison saisie par la banque pour dette impayée. 

Une manifestante de San Diego, une ancienne militaire du nom d’Ashli Babbitt, s’est retrouvée si profondément endettée en essayant de maintenir sa petite entreprise à flot qu’elle a contracté un prêt de soixante-cinq mille dollars à un taux d’intérêt de 169 %.

En fin de compte, elle n’a pas eu à rembourser ce prêt usuraire, un agent de police de Capitol Hill, dont l’identité est toujours tenue secret, a tiré sur Ashli Babbitt dans la gorge ce jour-là et l’a tuée sur place alors qu’elle n’avait aucune arme et ne menaçait personne. Les médias, comme le Guardian, ont accusé Ashli Babbitt d’être une complotiste, une adepte de QAnon, organisation censément suprémaciste blanche même si elle est dirigée par un noir d’extraction cubaine. Il n’y a aucune preuve qu’elle était raciste ou suprémaciste. Il y a beaucoup de preuves qu’Ashli Babbitt était une Américaine fort imprudente et en colère. Pourquoi était-elle en colère ? Parce qu’elle se sentait être une laissée pour compte de l’économie américaine. Elle se disait dégoûtée par la corruption des institutions amércaines les plus puissantes.

Extraits de l’article du Washington Post

Une majorité des personnes arrêtées pour participation à l’émeute du Capitole avaient des antécédents de problèmes financiers. Une série de faillites, de problèmes fiscaux et de créances irrécouvrables soulève des questions pour les chercheurs qui tentent de comprendre les motivations des émeutiers.

Jenna Ryan semblait être une participante improbable dans la foule qui a pris d’assaut le Capitole des États-Unis le 6 janvier. Elle était agente immobilière au Texas. Elle s’est envolée pour Washington en jet privé. Et elle était habillée ce jour-là avec des vêtements mieux adaptés pour une fête d’après-ski qu’une émeute.

Pourtant, Jenna Ryan, 50 ans, est accusée de s’être précipitée dans le Capitole devant des vitres brisées et alors que des alarmes de sécurité retentissaient et, selon les procureurs fédéraux, d’avoir crié : « Luttez pour la liberté ! Battez-vous pour la liberté ! »

Mais d’une autre façon, elle s’intégrait parfaitement.

Malgré ses signes extérieurs de succès, Mme Ryan connaissait des difficultés financières depuis des années. Elle remboursait toujours une amende de 37 000 $ pour impôts fédéraux impayés lorsqu’elle a été arrêtée. Elle avait failli voir sa maison saisie avant cela. Elle a déposé son bilan en 2012. Le fisc l’avait également mis à l’amende en 2010.

Près de 60 % des personnes faisant face à des accusations liées à l’émeute du Capitole avaient eu des problèmes financiers par le passé, y compris des faillites, des avis d’expulsion ou de saisie, des créances irrécouvrables ou des impôts impayés au cours des deux dernières décennies, selon une analyse des archives publiques effectuée par le Washington Post pour les 125 prévenus pour lesquels on dispose d’antécédents financiers suffisamment détaillés. [Plus de 200 personnes ont été arrêtées. A-t-on plus d’antécédents financiers sur ces 125 parce que, justement, ils avaient eu des ennuis avec le fisc ou la justice et étaient donc dans le système ?]

Le taux de faillite du groupe — 18 % — était près de deux fois plus élevé que celui de la population américaine, a constaté le Washington Post. Un quart d’entre eux avaient été poursuivis par un créancier. Et 1 sur 5 d’entre eux risquait de perdre leur maison à un moment donné, selon les documents judiciaires.

Les problèmes financiers sont révélateurs, car ils offrent des indices potentiels pour comprendre pourquoi tant de partisans de Trump — beaucoup avec des carrières professionnelles et peu avec des antécédents criminels violents — étaient prêts à participer à une émeute encouragée [selon le Washington Post, très anti-Trump] par la rhétorique du président […]

À la lecture des informations du Washington Post, Cynthia Miller-Idriss, professeur de sciences politiques qui aide à diriger le laboratoire d’innovation de recherche sur la polarisation et l’extrémisme à l’American University a déclaré : « Je pense que ce que vous trouvez est plus qu’une simple insécurité économique, mais un profond sentiment de précarité au sujet de leur situation personnelle ». « Et cette précarité — jointe à un sentiment de trahison ou de colère de se voir dépossédé — a mobilisé beaucoup de gens ce jour-là. »

Les erreurs financières des émeutiers accusés allaient de petites dettes de quelques milliers de dollars il y a plus de dix ans à des impôts impayés de 400 000 dollars et des maisons menacées de saisie ces dernières années. Certaines de ces personnes semblaient avoir retrouvé leur assise financière. Mais beaucoup d’entre elles ont autrefois été près du gouffre.

[…]

Les pauvres et les peu-instruits ne sont pas plus susceptibles de rejoindre des mouvements extrémistes, selon les experts. Il y a quelques années, deux professeurs ont trouvé le contraire dans le cas des radicaux islamistes : un nombre étonnamment élevé d’ingénieurs en faisait partie.

Dans l’attaque du Capitole, les propriétaires d’entreprise et les cols blancs représentaient 40 % des personnes accusées d’avoir participé [à l’émeute], selon une étude du Chicago Project on Security and Threats de l’Université de Chicago. Seuls 9 pour cent semblaient être au chômage. […]

 

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Analyse du désarroi des classes moyennes blanches aux États-Unis

Les agriculteurs et restaurateurs blancs ne bénéficieront pas du projet d’aides contre les effets de la Covid (HR 1319, approuvé par la Chambre des députés américains, samedi 27 février 2021 à 219 voix contre 212).

L’article 1005 du projet de loi offre aux propriétaires d’exploitations agricoles “socialement défavorisés” une remise totale de dettes pouvant atteindre des centaines de milliers de dollars par agriculteur. Mais les hommes blancs n’auront pas à faire une demande. La définition de “socialement défavorisé” donnée par le projet de loi, tirée d’un autre texte de la loi fédérale, limite l’aide aux groupes raciaux qui ont été victimes de discrimination par le passé.

De même, la discrimination touche l’aide apportée aux restaurants par le projet de loi. Il accorde aux propriétaires de restaurants jusqu’à 5 millions de dollars par établissement pour compenser les pertes causées par les fermetures. 

Mais il y a un hic : seuls les femmes, les anciens militaires et les propriétaires de restaurants “socialement et économiquement défavorisés dans la société” (encore une fois, selon la définition raciale figurant dans la loi fédérale) peuvent faire une demande pendant les trois premières semaines du programme. La plupart des hommes blancs vont au bas de la pile, même si leurs besoins d’aide étaient plus pressants.

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