dimanche 6 décembre 2020

Bobard — Selon le Wall Street Journal la Suède abandonne son modèle et met désormais en place des restrictions obligatoires

Le journaliste Bojan Pancesvski prétend dans son article du Wall Street Journal que la Suède, longtemps un bastion contre les restrictions antiCovid a dû abandonner son expérience solitaire.

Le gouvernement impose des mesures obligatoires après avoir échoué à contenir une nouvelle poussée d’infections

L’expérience Covid-19 en Suède est terminée.

Après qu’une recrudescence des infections à la fin de l’automne a entraîné une augmentation des hospitalisations et des décès, le gouvernement a abandonné sa tentative — unique parmi les pays occidentaux — de lutter contre la pandémie par des mesures volontaires.

Comme d’autres Européens, les Suédois se dirigent maintenant vers l’hiver, confrontés à des restrictions allant de l’interdiction des grands rassemblements à la réduction des ventes d’alcool et des fermetures d’écoles — le tout visant à empêcher le système de santé du pays d’être submergé par les patients et de plafonner ce qui est déjà parmi les taux de mortalité par habitant les plus élevés au monde.

La répression, qui a commencé le mois dernier, a mis fin à sa stratégie de laisser-faire (sans intervention) qui avait fait de la nation scandinave un modèle dans le débat souvent houleux entre les opposants et les champions des confinements comme mesures antipandémiques. […] Avec son changement de stratégie, le gouvernement se range désormais du côté de ceux qui préconisent au moins certaines restrictions obligatoires.

Il est FAUX de dire que la Suède n’a jamais imposé de mesures contraignantes : au printemps 2020, les écoles supérieures (lycées, cégep) et les universités ont été contraintes de fermer. Affirmer comme l’article le fait que la fermeture de ces lycées/cégeps cette fin d’automne est un exemple de nouvelles contraintes (sans rappeler qu’ils avaient déjà été fermés) et d'abandon du modèle suédois est tout simplement de la désinformation.

En réalité, ce n’est pas la Suède qui a abandonné son modèle, mais plutôt le reste des pays occidentaux qui ont abandonné leur modèle de confinement strict du printemps pour adopter cet automne le modèle suédois beaucoup moins restrictif (les écoles primaires et du secondaire inférieur sont généralement restées ouvertes en Occident cet automne comme en Suède lors du printemps et cet automne, les gens sont retournés travailler partout, etc.) Cette inversion de la réalité des choses témoigne de la façon dont l’idéologie des journalistes influence leur perception car les mesures automnales de la Suède sont dans l’ensemble celles du printemps avec quelques additions et quelques soustractions.

Il est d’ailleurs possible que ces nouvelles mesures arrivent alors que cette épidémie automnale (bien moins mortelle que la première) est déjà en déclin.



En outre, il est tendancieux de prétendre que le gouvernement suédois a prétendu qu’un second épisode de Covid-19 ne se produirait pas. Anders Tegnell, l’épidémiologiste principal en Suède, déclarait en septembre (dans un entretien vidéo avec le Spectator, à partir de la 12e minute) qu’il « ne savait pas » pourquoi la Suède ne connaissait pas le regain de cas Covid-19 qui frappait alors l’Espagne (« peut-être s’agit-il d’un décalage, d’un retard, comme lors de l’épisode printanier »). Ensuite, Tegnell affirme que les autorités « espèrent » que la Suède échappera à une seconde vague importante grâce à plusieurs éléments (meilleure stratégie de tests, d’isolement et de traitements des cas positifs, ainsi qu’une plus grande immunité acquise à la maladie en automne qu'au printemps). Il espère donc que la maladie se limitera à des éclosions régionales. C’est bien différent de dire, comme le fait ce journaliste, que les autorités suédoises ont affirmé que la seconde vague ne se produira pas (« authorities said won’t happen »).

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