dimanche 8 novembre 2020

Sean Connery, l'été des Indiens de l'homme occidental

Chronique d’Éric Zemmour sur la disparition la semaine dernière de Sean Connery. Rappelons que le prochain 007 sera une femme, noire. Nous ne savons pas à ce stade si elle est cisgenre, lesbienne ou en questionnement.


Il était James Bond. Pas le meilleur, le seul. Non pas qu’il fût plus beau, plus viril, plus alerte, plus sportif que ses successeurs. Son talent d’acteur n’était pas particulièrement supérieur aux autres. Mais Sean Connery, disparu la semaine dernière à l’âge de 90 ans, a eu la chance d’incarner le héros dans une époque aujourd’hui disparue. Une époque où la virilité n’était pas dénigrée, ostracisée, diabolisée, pénalisée. Une époque où un séducteur, « un homme qui aimait les femmes », n’était pas considéré comme un violeur en puissance. Une époque où la beauté des femmes n’était pas la preuve de leur aliénation au patriarcat. Une époque où l’homme occidental ne devait pas se justifier d’un « privilège blanc » dans les pays que ses ancêtres avaient façonnés.

Une époque où les nations européennes étaient différentes entre elles, mais homogènes à l’intérieur, alors qu’elles sont devenues toujours plus uniformisées par la mondialisation et toujours plus désagrégées au sein de chacune d’entre elles par l’invasion migratoire. Sean Connery incarne avec une superbe de chevalier d’antan ces Anglo-Saxons qui ont gagné les deux grandes guerres du XXe siècle. Ils n’ont pas subi les affres de la défaite ni les miasmes de l’Occupation qu’ont connus les Français et les Allemands. Ils en ont tiré un complexe de supériorité — celui-là même que Stendhal a bien décrit chez les Français au temps des victoires napoléoniennes — qui crève les écrans de ce temps-là.

James Bond est l’incarnation du culte de la science et de la technique à son firmament avant que les écologistes ne nous culpabilisent. Une synthèse des mythes occidentaux du XIXe siècle. Un mélange d’Alexandre Dumas et de Jules Verne. Il nous fait croire à la fameuse prophétie de Victor Hugo : « Le XIXe siècle est grand ; le XXe sera heureux. »

Le charme de ces films-là n’est pas cinématographique, mais anthropologique. L’homme occidental vit une période dorée et il ne sait pas que c’est son été indien. C’est le temps d’une certaine innocence. Celle des années 1950 et 1960. À la fois la liberté comme on n’en a jamais connu, le progrès économique et social, et la paix. Il ne sait pas que son monde va s’effondrer sous les coups de ces jeunes chevelus des campus américains qu’il contemple avec une pointe de mépris. Il fait la guerre bien sûr, mais les méchants qu’il combat sont de pacotille. La bombe atomique — tant dénoncée à l’époque par les compagnons de route du communisme — nous protège d’une guerre entre ce qu’on appelle alors les « deux blocs ». Sean Connery n’a pas cette pointe d’autodérision qui fait le charme de certains de ses successeurs, comme Roger Moore ; et qu’on retrouve surtout chez nos séducteurs français (Delon, Belmondo, Gabin, Ventura, Montand) ou italiens (Gassman, Mastroianni). À l’époque, on faisait le distinguo ; on hiérarchisait, on raillait. Avec le recul, on se contente de regretter. La nostalgie est un bloc.




Réaction tolérante (et en rien haineuse, nôôôn) d’un rédacteur en chef du service public français (les impôts des contribuables français à l’œuvre) :

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