vendredi 7 avril 2017

Éthique et culture religieuse : éduquer ou endoctriner ?

Extraits de la chronique de Joseph Facal sur le programme d’éthique et de culture religieuse.

Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a donné le feu vert à une réévaluation du controversé cours d’Éthique et culture religieuse, obligatoire au primaire et au secondaire.

Cette réévaluation sera « accompagnée » par le même fonctionnaire qui a piloté l’introduction du cours en 2008 : feriez-vous évaluer votre maison par celui qui l’a construite ?

Tout ce cours repose sur un détournement de sens.

[...]

Les manuels utilisés pour donner ce cours ont déjà fait l’objet de plusieurs études.

[...]

Des exercices valant des points demandent aux enfants du primaire de choisir leur rite préféré ou d’organiser une petite cérémonie religieuse.

Les explications scientifiques sur l’origine du monde et de la vie ne sont jamais mises en parallèle avec les discours religieux. [Note du carnet : c’est faux ! Voir ci-dessous dès le primaire...]


Paulo [Coelho], le sage qui arbitre entre science et discours religieux sur la création
2e cycle primaire, Modulo, manuel A. p. 66

[Rappelons les paroles d’un des pères du cours d’ECR et réviseur scientifique des manuels Modulo, Fernand Ouellet, qui cite favorablement ailleurs dans ses écrits ces mots : « Il [s’agit] donc moins de “construire une identité” que, à l’inverse, d’ébranler une identité trop massive et d’y introduire la divergence et la dissonance ; il n’est pas de préparer à la coexistence et à la tolérance ».]

Vous ne trouverez pas le moindre examen critique du mal que l’on peut faire au nom de la religion : pas un mot sur le terrorisme, les crimes d’honneur ou la misogynie.

[Ça, c’est réservé au programme d’histoire où Saint Louis est le précurseur de Hitler, les croisades c’est très mal et le monde arabo-musulman si raffiné, voir ici...]

Comprenez-moi bien : il ne s’agit pas d’enseigner l’hostilité à la religion, ce qui ne serait que le remplacement d’un dogmatisme par un autre.

Il faudrait présenter les religions comme un objet sociologique que l’on doit examiner avec un souci d’objectivité, comme on le ferait pour l’étude d’une idéologie ou d’une institution.

[Note du carnet : au primaire ?]

Le cours propose plutôt une vision de la foi religieuse qui laisse lourdement entendre qu’il serait irrespectueux et intolérant de l’examiner froidement, ce qui inclurait logiquement ses aspects problématiques autant que ses aspects positifs.

Conséquemment, le niqab et la burqa sont présentés comme des choix vestimentaires parmi d’autres.

Les photos montrent toujours des fidèles intégristes, puisqu’ils sont fervents au point de vouloir absolument porter des signes visibles.

Vous ne trouverez pratiquement rien dans ces livres sur l’athéisme, la laïcité ou les croyants non pratiquants, qui sont pourtant l’immense majorité.

[Note du carnet : c’est, d’une part, que le cours est. pour une moitié, sur la culture religieuse en tant que phénomènes, les rites, les grands personnages, les mythes. Quels rites religieux les athées ont-ils ? D’autre part, la partie éthique n’a pas du tout un a priori religieux, mais plutôt politiquement correcte.]

Le croyant venu d’ailleurs n’est pas dépeint comme quelqu’un qui veut devenir comme nous, mais comme quelqu’un qui veut très légitimement reproduire la façon de vivre de sa société d’origine.

Pognés avec

Au fond, l’enfant est exposé, pendant des années, à une vision du phénomène religieux qui lui inculque qu’il est vertueux de croire sans se questionner et irrespectueux de questionner cela.

Au nom du fameux « vivre-ensemble », on fait la promotion enthousiaste de toutes les différences qui permettront à chacun de rester replié dans sa communauté d’origine.

Il ne faut pas simplement modifier ce cours. Il aurait fallu recommencer à zéro. Ça n’arrivera pas et c’est très regrettable.

Voir aussi

Paulo Coelho, le syncrétiste, un sage pour le cours d'ECR des éditions Modulo ?

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