vendredi 20 mars 2015

Belgique — les cours de religion ou de morale laïque ne seront plus obligatoires dès la rentrée prochaine


La Cour constitutionnelle belge a mis à mal l’organisation des cours de morale et de religion dans les écoles publiques francophones belges.

Choisir un cours de religion à l’école est contraire aux principes de la vie privée, car en choisissant de suivre le cours de morale (non religieuse), de religion catholique ou islamique, on rend publiques ces convictions personnelles. C’est ce qu’estimaient et ne voulaient pas les parents d’une jeune bruxelloise. Ils ont saisi la cour constitutionnelle qui leur a donné raison, ce jeudi. On ne peut pas être obligé de choisir.

La ministre de l’Enseignement va se conformer à l’arrêt et modifier le décret pour la rentrée prochaine. Les cours de religion ou de morale seront toujours dispensés, mais plus obligatoires. Des cours de citoyenneté devaient être dispensés, à la rentrée.



« Avec cette modification, la Fédération Wallonie-Bruxelles [la région francophone de Belgique] rejoindra la Communauté flamande qui, depuis 2002, a prévu le caractère optionnel de ces cours sans pour autant encore modifier ses décrets. Il est à remarquer que ce changement n’a pas eu beaucoup d’impact en Flandre, étant donné le faible nombre des élèves n’étant inscrits à aucun des différents cours », a indiqué Joëlle Milquet, la ministre de l’Enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles).

Cette décision contrarie les Évêques de Belgique pour qui les cours de religion ou de morale font partie de notre culture. D’autres sont en revanche satisfaits.


L’avis des représentants catholiques : « Un cours de religion ou de morale fait partie fondamentalement de la culture »

Dans un communiqué de la conférence épiscopale de Belgique, les évêques se disent « convaincus qu’un cours de religion ou de morale fait partie fondamentalement de la culture dans laquelle vivent les jeunes et leurs familles, comme enracinement de leurs traditions religieuses et philosophiques. » « Et cela vaut tout autant pour les personnes catholiques, protestantes, orthodoxes, juives, et musulmanes. L’actualité impose cet approfondissement qui facilitera des chemins de cohésion et de paix. Dans les cours de religion ainsi proposés, se vit aussi tout un apprentissage sur le sens de la vie et de la vie en société », estiment-ils encore.


Le Centre d’action laïque (CAL) se réjouit de cette décision

« Quand la plus haute juridiction du pays dit que notre système est contraire aux droits de l’homme, un gouvernement qui agit en bon père de famille doit réagir et adapter son système », a souligné le secrétaire général adjoint, Benoît Van der Meerschen.

Selon lui, il est temps que les deux heures consacrées à la religion ou à la morale deviennent deux heures communes à tous les élèves afin qu’ils abordent ensemble les « questions de sens ».

« On ne va pas mettre ces enfants dans un placard ! »

En Flandre, où la présence aux cours de religions ou de morale laïque est facultative depuis plus de dix ans déjà, les élèves dispensés ne représentent que 0,8 % de l’ensemble des élèves de l’enseignement officiel a-t-elle relevé. Plusieurs députés, tant de la majorité que de l’opposition, se sont toutefois inquiétés des activités qui seront proposées à ces élèves dispensés. « Le nombre de ces élèves dépendra évidemment de l’offre alternative qui leur sera offerte », a ainsi pointé Caroline Désir (PS, majorité).

« J’espère que ces heures ne seront pas perdues et qu’elles pourront être utilisées à des fins éducatives », a plaidé de son côté Joëlle Maison (FDF, opposition).

« On ne va pas mettre (ces enfants, NDLR) dans un placard ! », a répliqué la ministre Mme Milquet. « Ces élèves bénéficieront d’un encadrement pédagogique adéquat », avec une « garantie de sécurité », mais dans « le cadre de l’autonomie de gestion des établissements », a-t-elle ajouté.

Interrogée par plusieurs députés sur l’opportunité de créer éventuellement un nouveau cours pour ces élèves dispensés, la ministre a écarté la chose vu les contraintes budgétaires qui pèsent sur la Fédération. « Créer juste une heure de cours plus, c’est 76 millions d’euros (par an). Et je ne les ai pas ! », leur a-t-elle lancé.


Chasser la religion, ce sera diminuer la mixité

Pour le chroniqueur Antonio Solimando, faire la chasse aux cours confessionnels dans le réseau officiel est une erreur. Il s’agirait d’une perte. « L’enseignement de la religion à l’école permet la plupart du temps d’en maitriser le contenu. Quant aux familles qui souhaitent inscrire leurs enfants à ces cours, on les envoie tout droit vers les écoles confessionnelles. Où il n’y a plus de mixité », ajoute-t-il.




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