mardi 2 septembre 2014

Victoire partielle et tardive pour une famille allemande qui instruit ses enfants à la maison

La famille Wunderlich en 2014
Allemagne – Voilà un an, quasiment jour pour jour, que la famille Wunderlich de Wembach lès Darmstadt dans la Hesse (centre-ouest du pays) a reçu la visite musclée de la police allemande. Vingt agents de police et de l’office de la jeunesse de Darmstadt se présentèrent le 29 août 2013 devant la porte du domicile des Wunderlich. Ils voulaient rentrer. Ils s’étaient munis d’un bélier. Ils auraient probablement cassé la porte si M. Wunderlich ne l’avait pas ouverte.

Quand Petra et Dirk Wunderlich refermèrent la porte après cette visite, leurs enfants n’étaient plus là. Les agents de l’Office de la jeunesse, aidés de la police, avaient enlevé leurs trois jeunes filles et leur garçon âgés alors de 7 à 14 ans.

Petra et Dirk Wunderlich refusaient que leurs enfants aillent à l’école. Ce couple est d’avis que l’école bride la créativité des enfants. En outre, l’éducation comprend l’inculcation de valeurs qui, selon eux, ne doivent pas être transmises par l’école.

Les enfants restèrent trois semaines dans un foyer gouvernemental. Les parents purent leur rendre à l’occasion du huitième anniversaire de la cadette. Après avoir accepté le 19 septembre 2013, lors d’une audience au tribunal local de Darmstadt, d’envoyer leurs enfants à l’école, ceux-ci ont été libérés et rendus aux parents.

L’Oberlandesgericht (tribunal régional supérieur) de Francfort sur le Main (centre-ouest du pays) a décidé cette semaine que les parents devaient recouvrer leur autorité parentale sans restriction. Ainsi, la Cour a annulé la décision de la Cour de district de Darmstadt de 2012 qui retirait aux parents leurs droits de garde, leur choix de l’école et de résidence des enfants.

Le tribunal régional supérieur reconnaît que les parents doivent toujours envoyer les enfants à l’école. Le tribunal continue de considérer que de ne pas envoyer les enfants à l’école menace le bien des enfants. Car, outre la « simple transmission de connaissances », la fréquentation de l’école permettrait aux enfants « de s’intégrer dans la société ». Les parents s'exposent toujours à des poursuites : conformément à la Loi sur l’Éducation de la Hesse ils pourraient faire face à des amendes ou à une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à six mois.

Toutefois, le tribunal supérieur a déclaré que retirer le droit de garde aux parents était une mesure disproportionnée. Enfin, une enquête des acquis scolaires a démontré que les enfants avaient un niveau d’instruction élevé et que leurs compétences sociales étaient satisfaisantes. En outre, les parents s’occupent bien de leurs enfants.

Le couple Wunderlich regrette que le tribunal continue de penser que l’enseignement à domicile mette en péril le bien-être des enfants. « Tant que ce mode d’instruction restera interdit, de déclarer Petra et Dirk Wunderlich, ces violences extrêmes » qu’ils ont dû subir se reproduiront encore et encore. « Et ce n’est tout simplement pas acceptable ! »

« Bien que nous ne craignions plus que nos enfants soient enlevés tant que nous vivons dans la Hesse, ce genre de chose peut encore arriver à d’autres personnes en Allemagne », a ajouté M. Wunderlich. « Nous craignons d’écrasantes amendes allant jusqu’à 75.000 $ et la prison. Cela ne devrait pas être toléré dans un pays civilisé. »

Le directeur du « rayonnement mondial » de la HSLDA, Michael Donnelly — qui était en Allemagne pour se rendre à un forum international sur la famille à Moscou où l’instruction à domicile devient de plus en plus populaire et est protégée par la loi — s’est entretenu de l’affaire avec la famille Wunderlich.

Il s’est félicité de la décision, mais s’est dit préoccupé par certains passages troublants de la décision. « Nous nous félicitons de ce jugement qui renverse un décision scandaleuse de la part d’un tribunal », a-t-il dit. « Mais cette décision ne va pas assez loin. Le tribunal a rendu à contrecœur la garde aux parents et a, en outre, signalé aux autorités locales qu’ils devraient poursuivre les Wunderlichs en justice ou leur imposer une amende. »

« Un tel comportement dans un pays démocratique pose problème », a déclaré Donnelly.

Sources : Die Welt et la HSLDA

Voir aussi

Allemagne — juge refuse la garde des enfants pour empêcher l'émigration des parents

Éducation, démographie : la surprenante Russie (Emmanuel Todd)





À qui appartient Ashya King : à ses parents ou à la médecine britannique ?

Marie Delarue s'interroge sur le cas d'Ashya King.
Ashya King, 5 ans, moribond, a été « enlevé » par ses parents. Soucieux de le soustraire aux traitements qui lui sont administrés par la médecine britannique afin de les remplacer par d’autres, indisponibles en Grande-Bretagne, ils ont traversé l’Europe du nord au sud avec leur enfant. Et avec un mandat d’Interpol aux fesses.

Il faut dire que les parents sont Témoins de Jéhovah. Une circonstance très aggravante. Le procureur de Cherbourg, où ils avaient débarqué par ferry, l’a assuré : « Même si on n’a pas le pouvoir de soigner les enfants contre le gré des parents, c’est une difficulté qu’on a avec les Témoins de Jéhovah notamment, on veut au moins entrer en contact avec eux et essayer de voir ce qui se passe. »

Vœu exaucé. Le contact a été établi et les parents interpellés dans un hôtel près de Malaga. Comme – ou mieux, on l’espère ? – des criminels endurcis, ils ont été transférés à Madrid pour y comparaître devant un juge. Le petit Ashya est dans un hôpital de Malaga, les autres enfants du couple à la garde de leurs aînés, majeurs.

Qui sont Brett King (51 ans) et Naghemeh King (45 ans), arrêtés par la police espagnole ? Que font-ils dans la vie ? Sont-ils de bons ou de mauvais parents ? Attentifs ou non au bien-être de leur enfant ? Peut-on, enfin, les réduire de façon caricaturale à leurs convictions religieuses – lesquelles, il faut le souligner, ne sont pas interdites ?

Le point crucial étant, assurent les médecins, la sonde gastrique par laquelle l’enfant est nourri, le père a publié une vidéo pour prouver que le petit Ashya ne manquait pas de soins. Et qu’il était de nouveau heureux, pour autant que sa tumeur au cerveau lui permette encore de l’être, au milieu des siens. « Il sourit beaucoup plus, il interagit avec nous, mais je voulais dire pourquoi nous l’avons retiré de l’hôpital », ajoute-t-il, expliquant que son épouse et lui avaient cherché à l’étranger « un traitement de radiothérapie utilisant des protons que le service public de santé britannique NHS n’offre pas pour l’instant ».

Cet enfant est mourant. Ses parents, désespérés, tentent une dernière chance, courent après une ultime thérapie. Est-ce criminel ? Et derrière cette question s’en profile évidemment une autre : à qui « appartient » cet enfant de 5 ans ? Est-il la propriété de ses parents ou celle de la médecine ? Et jusqu’où cette dernière est-elle autorisée à s’acharner sur un enfant manifestement condamné, dont l’ultime désir est sans doute de finir dans les bras de ses père et mère…




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