dimanche 15 juin 2014

Une philosophie de l’éducation qui n’en finit plus de transformer l’école québécoise en champ de ruines


Article de Mathieu Bock-Côté sur l'état de l'éducation au Québec :

« Début juin, Le Devoir nous apprenait que le ministère de l’Éducation a décidé de faire recorriger les examens ministériels des élèves de la quatrième année de primaire. Pourquoi? Parce que le taux de réussite ne correspondait pas aux attentes. Il fallait donc relever globalement les notes. Une consigne aux enseignants: dans cette révision, personne ne devra voir sa note ramenée à la baisse. Si la crise de l’éducation au Québec avait besoin d’un symbole, celui-là est malheureusement parfait. Le ministère fixe des objectifs: il ne les atteint pas. Plutôt que de se demander pourquoi les élèves ne sont pas au niveau, il décide de diminuer ses standards. Les élèves doivent passer le test coûte que coûte, même si, pour cela, leur évaluation ne voudra plus rien dire. C’est le choix de la réussite artificielle. Cela devrait conduire le ministère à quelques inquiétudes. Pourquoi les élèves échouent-ils? Est-ce vraiment parce que l’évaluation était mal faite? N’est-ce pas plutôt parce qu’au fil de l’année, on les a habitués à une réussite facile, presque obligatoire? Lorsque la réalité frappe, lorsqu’il faut évaluer le plus objectivement possible leurs connaissances, ils découvrent qu’ils ne sont pas aussi bons que ne le disaient ceux qui les flattaient.

À quoi sert l’école ?

Mais le ministère préfère ne pas savoir et distribuer ses diplômes à peu de frais. C’est une question de philosophie. À quoi sert l’école? Traditionnellement, elle devait transmettre une culture et un savoir. Elle devait inscrire l’individu dans la durée en lui apprenant que le monde ne commence pas avec lui. L’école apprenait à l’enfant l’histoire de la civilisation dont il provenait. Elle était exigeante envers lui et n’hésitait pas à distinguer la réussite de l’échec. Mais notre école se veut hypermoderne. Elle a cédé au culte de l’individualisme extrême. C’est qu’elle veut flatter les élèves. L’élève ne doit pas échouer sans quoi il abîmera son estime de soi. La réussite ne correspond plus à une norme objective à laquelle on parvient à se conformer ou non. Elle devient purement psychologique. Il s’agit de se dépasser soi-même sans égards aux normes sociales. L’individu est poussé au repli nombriliste et à faire fi de la société.

Culture en lambeau

C’est un leitmotiv des idéologues qui dominent le ministère de l’Éducation depuis des années: le niveau monte. Tout irait bien. Ils ont imposé une philosophie de l’éducation qui n’en finit plus de transformer l’école québécoise en champ de ruines. La culture générale est en lambeau. Notre maîtrise de la langue française est catastrophique. Quant à la connaissance de l’histoire, elle fait honte. N’est-ce pas finalement le signe d’une immense crise morale? Nos institutions produisent des rapports pour laisser croire que tout va bien. Elles entretiennent une illusion: nous allons globalement dans la bonne direction. Cette illusion nous réconforte. La classe politique peut continuer de plastronner. Elle nous rassure. Nous n’aurons pas à faire d’immenses efforts pour nous relever. Nous vivons sous la chape du mensonge. »
Mathieu Bock-Côté se demande à quoi sert l'école, il n'identifie ici que l'individualisme et l'hypermodernité. Il ressort des thèmes (peu polémiques) chers à Finkielkraut. Il semble oublier que l'école québécoise a bien des missions : celui de transformer les élèves en citoyen du monde (voir les cours d'histoire), multiculturel déraciné avec un vague respect pour toutes les religions pour autant qu'on ne les prenne pas trop au sérieux (voir le cours d'éthique et de culture religieuse), écologiste (on y célèbrera jour et heure de la Terre et le rapport de l'autochtone mythifié à la Terre), hédoniste et ouvert sur toutes les sexualités et orientations sexuelles (voir les campagnes dans ce sens) et s'il est francophone, il doit être bilingue le plus tôt possible. Exit la volonté d'imposer le français comme langue commune à l'école et dans les entreprises.

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