lundi 3 juin 2013

Les élèves francophones minoritaires dans les écoles de Montréal... Qui assimilera qui ?

Le nombre d'allophones dépasse maintenant le nombre de francophones dans les écoles de Montréal. Près de la moitié (42,6 %) des élèves montréalais sont allophones, c’est-à-dire que leur langue maternelle n’est ni le français, ni l’anglais, révèle une étude réalisée en 2012 par le Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal.

Ils sont plus nombreux que les élèves francophones qui représentent environ 36,7 % du réseau scolaire montréalais. La proportion d’élèves dont la langue parlée à la maison est autre que le français ou l’anglais continue également d’augmenter. En 2012, elle atteignait 27,7 % sur l’île de Montréal, ce qui surpasse la proportion d’élèves anglophones (25,6 %).

Pour le sociologue Mathieu Bock-Côté :
« La nouvelle ne surprend pas vraiment, mais elle crée quand même un choc : on devine la situation de plus en plus intenable pour les enseignants

[...]

la loi 101 devait produire des Québécois francophones. De manière générale, elle a plutôt produit des Canadiens bilingues. Il ne s’agit pas que d’une nuance. Souvent, chez les « enfants de la loi 101 », on s’identifie moins à la nation québécoise qu’à Montréal, considérée comme une métropole bilingue et multiculturelle spontanément accueillante envers les différentes manifestations de la diversité.

[...]

C’est l’idéal d’un « citoyen du monde » post-national [note du carnet: renforcé par le programme scolaire] qui s’impose peu à peu et qui donne à ceux qui s’en réclament un sentiment de supériorité morale. Je le redis, nous assistons déjà à la désaffiliation symbolique de Montréal par rapport au reste du Québec. »

« Les enseignants remarquent un changement dans les classes d’accueil depuis quelques années. On se retrouve avec de plus en plus d’élèves qui ne fréquentaient même pas l’école dans leur pays d’origine. Le défi est immense », lance Alain Marois, de l’Alliance des professeurs de Montréal.

« En ce moment, nous n’avons pas toutes les ressources nécessaires pour franciser correctement nos jeunes, alors que le nombre d’allophones ne cesse d’augmenter. »

Le maintien du français en classe pose des difficultés au personnel enseignant, selon M. Marois.

« Ce qui est épeurant, c’est qu’on a des élèves en classe d’accueil qui sont pourtant nés au Québec. Leurs parents ne parlent pas français et n’ont donc jamais transmis cette langue à leurs enfants. »

Pendant ce temps, la ministre de l’Immigration et de la Charte de la langue française  s'est dit prête à « accueillir un plus grand nombre d’immigrants, mais qu’il faut encore amenuiser les craintes [des francophones en voie de minorisation à Montréal] face à la différence, qui barrent [selon elle] parfois le chemin aux nouveaux arrivants. » Discours de la part d'une ministre d'un parti prétendument nationaliste que n'aurait pas renié ses prédécesseurs du PLQ, fédéralistes et de plus ouvertement partisans du bilinguisme du Québec.




Voir aussi

Ministre Courcy : « accueillir un plus grand nombre d’immigrants, mais amenuiser les craintes face à la différence »





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1 commentaire:

Arnaud Leblanc a dit…

http://blogues.journaldemontreal.com/bock-cote/general/la-francisation-ne-suffira-pas/

La nouvelle ne surprend pas vraiment, mais elle crée quand même un choc : on devine la situation de plus en plus intenable pour les enseignants qui sont appelés à transmettre un savoir et une culture dans une classe où les enfants ne partagent ni repères culturels profonds, ni la même langue. Eux-mêmes le confessent : ils craignent pour l’avenir du français. Cela nous oblige à réfléchir plus largement sur le rôle de l’école dans la transmission de l’identité nationale et cela, dans une société où elle ne va plus de soi.

On a beau dire de la loi 101 qu’elle fonctionne, et il nous faudrait immédiatement relativiser notre optimisme, elle supposait quand même une certaine pesanteur démographique de la majorité historique francophone. Une identité nationale ne peut pas seulement se transmettre par des procédés pédagogiques : elle suppose que l’immigrant se retrouve dans un environnement culturel où l’identité québécoise va de soi. Il faut, généralement, que l’immigrant se retrouve entouré de porteurs de l’identité nationale pour lui-même s’en imprégner spontanément, en s’appropriant les références, les évidences et les habitudes de la société d’accueil.