samedi 23 mars 2013

Yukon — Interdiction d'enseigner la doctrine catholique sur l'homosexualité dans les écoles catholiques

Le ministre de l’Éducation du Yukon a interdit, de manière publique, l’enseignement traditionnel catholique sur l’homosexualité dans les écoles catholiques subventionnées. Par une lettre ouverte envoyée le 19 mars à l’évêque local, Mgr Gary Gordon, Scott Kent a explicitement ordonné que cet enseignement ne soit plus donné.

Dans un premier temps, la semaine dernière, Mgr Gordon avait donné un début de suite aux injonctions ministérielles en acceptant de ne plus faire figurer sur le site d’une école catholique le contenu de cet enseignement, tout en précisant que cet enseignement serait bien donné aux élèves au sein des écoles catholiques dépendant de son diocèse. Le ministre Scott Kent a donc réagi en disant que cela ne suffisait pas.

En clair : la loi du territoire prime l’enseignement religieux dans toutes les écoles confessionnelles du Yukon. Ou encore : la morale dite progressiste a préséance sur la morale confessionnelle (ou naturelle).

Le ministre rappelle que les écoles « séparées » (confessionnelles) bénéficiant de fonds publics doivent respecter « toutes les obligations statutaires et légales ».  À la « société épiscopale » de fournir tout « matériel religieux » destiné à instruire les élèves en matière de « religion et moralité catholique romaine ». Mais cette société s’est statutairement engagée à respecter « toutes les lois en vigueur dans le Yukon », à la fois pour le fonctionnement des écoles et pour le contenu de l’instruction religieuse.

« Au titre de ma responsabilité de ministre de l’Éducation, je dois établir et communiquer les buts et les objectifs au système d’éducation du Yukon. La Loi sur l’éducation m’oblige expressément à promouvoir la reconnaissance de l’égalité parmi toutes les personnes du Yukon d’une manière qui soit conforme à la fois à la Charte canadienne des droits et libertés et la Loi sur les droits de la personne.


École Vanier de Whitehorse
L’Éducation du Yukon a entrepris un certain nombre d’initiatives destinées à mieux remplir cet objectif, et parmi elles la moindre n’aura pas été le développement de politiques comme la  Politique sur les écoles sûres et accueillantes et la Politique relative à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre. Ces politiques ont été intégrées dans la Loi sur l'Éducation et en tant que telles s’appliquent à toutes les écoles bénéficiant de fonds publics dans le Yukon, y compris les écoles séparées catholiques.

Ces deux politiques reconnaissent que des environnements scolaires accueillants, respectueux et sûrs sont essentiels afin que les élèves puissent apprendre et acquérir un développement personnel et social sain. 
[...] 
Dans plusieurs domaines, la politique de la Corporation épiscopale ne cadre pas avec les politiques en éducation du Yukon et n'en remplit pas toutes leurs exigences, et il en va probablement de même par rapport à d’autres lois en vigueur dans le Yukon telles que la Loi sur les droits de la personne et la Charte canadienne des droits et des libertés, ainsi que d’autres jurisprudences sur les droits à l’égalité.

[…] 
Je reconnais que toute politique scolaire et d’instruction religieuse développée et mise en œuvre dans les écoles séparées catholiques peut et doit respecter des valeurs catholiques plus générales et utiliser une terminologie acceptable dans ces écoles, toutefois elle doit d’abord et avant tout respecter et remplir les exigences des politiques du ministère de l'Éducation au Yukon ainsi que ses lois. J’ai donné ordre au ministre délégué de l’Éducation du Yukon de rendre disponible le personnel nécessaire afin de travailler en collaboration avec votre communauté scolaire afin de l’aider à remplir ces objectifs, ce qui pourra se faire, je l’espère, d’une manière acceptable pour tous. »

Derrière l’apparente courtoisie du ton, le caractère totalitaire de la demande semble incontestable.

Mgr Gary Gordon, évêque de Whitehorse


Tout part d’une « controverse » au début du mois autour d’un document de Mgr Gordon adressé aux professeurs de l’école Vanier qui rappelle l’enseignement catholique sur l’homosexualité, expliquant – avec le Catéchisme de l’Église catholique – « le caractère gravement et intrinsèquement immoral des actes homosexuels et l’attirance homosexuelle désordonnée ». L’évêque incitait également les professeurs à ne pas utiliser les termes « gay » et « lesbienne ». En même temps, le document qualifiait de « déplorable » la « malice violente, en parole ou en action » dont des personnes homosexuelles ont pu faire l’objet. Le prêtre « catholique » interrogé au début de cet incident par Radio-Canada, Claude Gosselin de Whitehorse, vaut son pesant d'or : « les réponses ne sont pas juste du  côté de l'Église catholique ou des principes de l'Église catholique. »

Tout en affirmant qu’il ne veut pas s’immiscer dans les croyances des gens, le ministre Scott Kent assure qu’il intervient pour garantir que chacun, dans n’importe quelle école, puisse se sentir « en sécurité, bien accueilli, protégé et respecté ».

En clair : là où est énoncé l’enseignement de l’Église sur l’homosexualité et sa condamnation morale des actes homosexuels, il est des personnes qui ne pourront pas se sentir en sécurité, bien accueillies, protégées et respectées, mais qui au contraire seront – ou se sentiront – en danger, rejetées, attaquées et méprisées.

La CBC fait état de la révolte de certains professeurs de l’école secondaire Vanier contre les directives de l’évêque, accusant Mgr Gary Gordon de promouvoir la « discrimination » à l’égard des élèves homosexuels. Une représentante d'un syndicat enseignant, Katherine Mackwood, accuse l’évêque d’avoir poussé trop loin ses choix pastoraux qui n’ont pas été faits en « concertation » avec les enseignants, l’affaire de l’enseignement sur l’homosexualité ayant été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Yukon News rapporte que de nombreux étudiants et professeurs seraient contre le rappel de la doctrine catholique à l'école catholique Vanier. De méchantes langues pourraient se demander pourquoi ils fréquentent cette école.






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