vendredi 28 décembre 2012

Les chrétiens et les juifs dans l'Occident musulman


La coexistence pacifique des trois communautés musulmane, chrétienne et juive (les gens du Livre pour les musulmans) en El-Andalous est une vision de l'histoire coutumière des promoteurs du « vivre-ensemble » et des livres scolaires occidentaux. Ce n'est pas nécessairement sans arrière-pensées politiques dans un Québec et une Europe comptant des minorités musulmanes croissantes.

Que disent les historiens et les textes musulmans ?

Bernard Lewis

« Le mythe de l’innocence de l’islam en matière de racisme est une création occidentale, au service d’un but occidental. Ce n’était pas la première fois qu’un islam mythique et idéalisé fournissait les verges destinées à châtier les défauts de l’Occident. Au XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières avaient loué l’islam pour son absence de dogmes et de mystères, l’absence de prêtres et d’inquisiteurs, ou autres persécuteurs, lui reconnaissant ainsi de réelles qualités, mais les exagérant pour en faire un outil polémique contre les Églises et le clergé chrétien. Au début du XIXe siècle, les juifs d’Europe occidentale, émancipés récemment mais encore imparfaitement, en appelèrent à un âge d’or de légende en Espagne musulmane, âge de tolérance et d’acceptation complète dans une harmonieuse symbiose. »

(Bernard Lewis, Race et esclavage au Proche-Orient, p. 393)


« Ce n’est que depuis peu de temps que chrétiens et musulmans déclarent rechercher la tolérance et combattre l’intolérance. Pendant la plus grande partie de leur histoire, ces deux civilisations n’ont pas considéré la tolérance comme une valeur, ni l’intolérance comme un objet de réprobation. Jusqu’à une époque relativement moderne, l’Europe chrétienne ne prisait ni ne pratiquait elle-même la tolérance, et son absence chez les autres ne la scandalisait pas particulièrement. Ce dont elle accusait l’islam, ce n’était pas d’imposer sa doctrine par la force – pratique tenue pour normale et naturelle – mais de répandre des doctrines fausses. De même, du côté musulman, les protestations de tolérance, devenues courantes aujourd’hui dans la bouche des apologistes musulmans et plus encore dans celle des apologistes de l’islam, représentent, elles aussi, un phénomène nouveau et d’origine non islamique. Ce n’est que tout récemment que certains défenseurs de l’Islam ont commencé à soutenir que leur société avait toujours accordé une égalité de statut aux non-musulmans vivant en son sein. Une telle affirmation n’est reprise par aucun des porte-parole de l’islam intégriste, et l’histoire démontre qu’ils ont raison. »

 (Bernard Lewis. Juifs en terre d’Islam, pp. 452-453)


« Inhérente au système, institutionnalisée dans le droit et la pratique, la discrimination représente une donnée permanente et nécessaire de la société musulmane. En revanche, la persécution, c’est-à-dire la répression violente et systématique, fut rare et atypique. »

(Bernard Lewis. Juifs en terre d’Islam, p. 456)

[Il faut se rappeler que pendant longtemps les musulmans seront minoritaires tant au Levant, en Égypte qu'en Espagne, ils n'avaient pas intérêt à massacrer leur main-d'oeuvre, mais à lentement les assimiler.  En 1099, soit lors de la prise de Jérusalem par Godefroy de Bouillon, la majorité des habitants de Palestine et de Syrie étaient encore vraisemblablement chrétiens.]


« L’islam a souvent été décrit comme une religion égalitaire ; à bien des titres, elle l’est effectivement.

[…]

Globalement, la mobilité sociale était bien plus grande en Islam que dans l’Europe chrétienne ou l’Inde hindouiste. Toutefois, cette égalité des chances et de statut comportait des limites de taille. N’étaient membres à part entière de la société que les hommes, libres et musulmans. Ceux à qui l’une de ces trois qualités faisait défaut – c’est-à-dire les femmes, les esclaves et les mécréants – n’étaient pas des égaux. Ces trois inégalités fondamentales – entre maître et esclave, homme et femme, croyant et incroyant – n’étaient pas seulement un fait admis, elles étaient inscrites dans la Loi divine qui en fixait aussi les modalités. »
(Bernard Lewis. Juifs en terre d’Islam, pp. 456-457)


« Les musulmans ont-ils le droit de vivre sous un gouvernement chrétien ou bien doivent-ils émigrer ? La réponse est sans équivoque : ils doivent partir, hommes, femmes et enfants, tous sans exception. Ce gouvernement est tolérant ? Leur départ n’en est que plus urgent, car le danger d’apostasie est plus grand. […] « Mieux vaut la tyrannie de l’Islam que la justice des chrétiens. »

(id., p. 470)

« Il n’est pas permis à un musulman de masser un juif ou un chrétien, de ramasser ses ordures, ni de nettoyer ses latrines. Ce genre de métier convient mieux au juif et au chrétien, car ce sont des êtres vils. Un musulman ne soignera pas l’animal d’un juif ou d’un chrétien, ni lui servira de muletier, ni lui tiendra l’étrier. S’il s’avère qu’un musulman le fait, il convient de le dénoncer sans retard. »

 (id., p. 485)

Le livre des fatwas occidentales

Faute de documents, l’histoire sociale et économique de l’Islam médiéval est obscure. Il arrive néanmoins que cette pénombre soit percée de rais de lumière. C’est le cas pour l’Occident musulman grâce à une pléiade d’éminents juristes dont les nombreuses consultations fourmillent de précieuses realia introuvables ailleurs. Ainsi en est-il du Kitâb al-Mi’yâr al-mugrib wa-l-gami’ al-mu’rib ’an fatawa ahl Ifriqiya wa-l-Andalus wa-l-Magrib faisant l’objet de cette première analyse thématique. Cet énorme corpus de consultations juridiques rendues par les juristes de l’Occident musulman médiéval compilé par al-Wansarîsî (v. 1430-1508), contribue à faire connaître mieux le monde musulman. De cet ensemble de 12 volumes de l’édition lithographiée à Fès (fin XIXe siècle), dont une réédition récente a été effectuée, l'auteur a retenu 2144 fatwas offrant quelque intérêt historique. Elles ont été analysées aussi succinctement que possible et classées sous le nom des muftis qui les ont rendues. Elles sont donc presque toutes datables à un demi-siècle près pour ce qui est du lieu, une certaine circonspection est de rigueur, sauf indication explicite, car les jurisconsultes se sont souvent déplacés au cours de leur existence et les plus célèbres sont interrogés de près ou de loin.

L’ouvrage de Vincent Lagardère, Histoire et société en Occident musulman au Moyen Âge, présente ces 2144 fatwas – non commentées – issues du Kitâb al-Mi’yâr, corpus de consultations juridiques rendues par les juristes de l’Occident musulman médiéval compilé par le juriste maghrébin al-Wansarîsî. Constituées de deux parties (la question et la réponse), certaines de ces fatwas permettent d’appréhender les rapports entre les différentes communautés religieuses.



Cordoue IXe siècle. Ibn Habîb.

« Un homme laisse un silo ouvert et un porc y tombe et meurt. Peut-on vendre le blé qu’il renferme à un chrétien ?

Réponse. On ne peut le vendre ni à un chrétien ni à un musulman. Son propriétaire ne doit ni le semer ni en tirer profit et il lui faut empêcher que les chrétiens n’en profitent. »
(p. 168).

Cordoue IXe siècle. Yahyâ b. Yahyâ.

« La maison de tout marchand de vin doit être brûlée. »
(p. 52)

Kairouan Xe-XIe siècles. Al-Qâbisî.

« Un musulman a un voisin juif qui a été élevé au milieu des musulmans. Ils se rendent des services et quand ils se rencontrent sur un chemin contigu, ils échangent des propos et sourient. Cet homme déclare  : « Allâh connaît ma haine des Juifs, mais j’ai un doux caractère ». Que penser de sa conduite ? Quand les Juifs vous saluent, comment faut-il leur répondre ?

Réponse. Il vaut mieux ne pas fréquenter les gens qui n’ont pas ta religion. Tu peux rendre service à un voisin tributaire [c.-à-d. juif ou chrétien] et lui parler avec gentillesse, mais sans déférence. S’il te salue en disant « Que le salut soit sur toi », réponds-lui « sur toi » sans rien ajouter et tu n’as pas besoin de ses nouvelles ni de celles de sa maisonnée. Conduis-toi envers lui comme on doit le faire envers un voisin, mais avec une certaine réserve. »
(p. 464). 

Fès XIVe-XVe siècles. Isâ b. Allâl Al-Koutâmî Al-Masmoûdî (cadi de Fès, v. 1420)

« Si un seul tributaire nuit aux musulmans tous les autres perdent toute protection ; leurs biens sont pris et assimilés au butin soumis au quint [une part d'un 1/5] ; les biens de provenance inconnue reviennent au trésor public dont l’inspecteur s’occupera. »
(p. 47).

Cordoue IXe siècle. Ibn Mouzaïne

« À un musulman qui a acheté un vêtement chrétien, on dit de ne pas faire la Prière en l’ayant sur lui. Il répond ne pas avoir eu connaissance de cet interdit.

Réponse. S’il n’a pas eu connaissance du fait que ce vêtement était chrétien ou qu’un chrétien l’avait touché, son ignorance n’entraîne pas qu’il doive le rendre au vendeur, tout comme il est tenu de garder un esclave présentant un vice qu’il déclare avoir ignoré avant l’achat. »
(p. 168).

Espagne XIVe siècle. Aboû Abd allâh Mouhammed el-Haffâr (maître andalou de Mouhammed b. Marzoûq).

« Un juif tributaire [dhimmi] excipe à l’encontre d’un musulman, de trois titres l’un vieux de quinze ans et les deux autres de onze. Il lui réclame un reliquat, dont il prétend être créancier, de chacun de ces trois engagements. Le musulman soutient qu’il s’en est totalement acquitté. Doit-on admettre sa déclaration, lui faire prêter serment et le tenir quitte vu la longueur du laps de temps écoulé ou, au contraire, ne tenir compte que de son dire s’il produit une preuve testimoniale ?

Réponse. Les juifs ont l’habitude de considérer comme licite de gruger les musulmans. On ne laisse généralement pas son bien pendant longtemps entre les mains d’un autre, à plus forte raison quand il s’agit d’un Infidèle ayant affaire à un musulman. Les juristes estiment que les règles du droit sont retournées contre tout prévaricateur et injuste notoire. Aussi, celui qui revendique un droit à l’encontre d’un homme de cette espèce n’a qu’à prêter serment pour obtenir satisfaction. Dans le cas présent on suit la règle inverse et c’est ainsi qu’on doit trancher les affaires dans lesquelles sont impliqués des juifs. Le musulman devra donc jurer qu’il s’est acquitté envers le juif et dès qu’il aura prêté serment, le droit du juif tombera. »
(p. 186).
Cordoue IXe siècle. Yahyâ b. Yahyâ

« La nuit du premier janvier julien que les gens appellent la nativité (de Jésus) est célébrée comme l’une de leurs fêtes ; ils échangent des mets et des cadeaux ; hommes et femmes chôment depuis le matin pour honorer ce jour qu’ils appellent le 1er de l’an.

Réponse. Tout cela est contraire à la loi religieuse. D’après Yahyâ b. Yahyâ, il n’est pas permis de recevoir à l’occasion de la nativité (de Jésus) des cadeaux d’un chrétien ou d’un musulman, ni d’accepter une invitation… »
(p. 476)

Cordoue XIe-XIIe siècles. Ibn al-Hâgg

« Il ne faut pas aider les chrétiens à célébrer leurs fêtes, notamment en leur louant des bêtes de somme. »
(p. 66)

Kairouan Xe siècle. Ibn Al-Kâtib (mort 1017)

« La succession d'un chrétien qui injurie le Prophète revient-elle à ses héritiers ou aux musulmans ?

Il est passible de la peine de mort à moins qu'il ne se convertisse à l'islam auquel cas il échappe à ce châtiment. Son crime annule la protection (dhimma) dont il jouit, il est licite de répandre son sang et ses biens appartiennent aux musulmans à titre de butin. »
(p. 47)

Grenade XVe siècle. Al-Qâdî Aboû ‘Abd Allâh b. Al-Azraq

« Quid des juifs qui, à l’occasion d’une de leurs fêtes qu’ils appellent la Pâque, font des galettes qu’ils offrent à certains de leurs voisins musulmans ? Ces derniers peuvent-ils les accepter et les consommer  ?

Réponse négative contenant plusieurs citations (Ibn Rousd, Ibn ‘Arafa, Ibn al-Hagg). Ibn ‘Arafa allègue l’opinion d’Aboû l-Hasan al-Qâbisî interdisant d’accepter les cadeaux des chrétiens et des juifs à l’occasion de leurs fêtes ; il déplore que des musulmans incultes acceptent les cadeaux des juifs lors de la Pâque. »
(p. 482)

Cordoue IXe siècle. Aboû Ibrâhîm Ichâq b. Ibrâhîm

« Une chrétienne est déférée au cadi. Née d’un musulman et d’une chrétienne qui l’a élevée après la mort du père, elle a épousé un chrétien dont elle a eu un enfant, il y a vingt ans ou davantage. Interrogée par ce magistrat elle a répondu que son père chrétien a embrassé l’islam et qu’après sa mort elle est restée auprès de sa mère et demeurée chrétienne. La conversion de son père, un mercenaire, s’est produite en un lieu autre que celui où elle a vécu. Les voisins affirment que ce chrétien ayant embrassé l’islam est mort alors que sa fille n’était pas encore nubile.

Réponse. Elle doit être considérée comme musulmane en tant que fille de musulman à moins qu’elle ne produise une preuve testimoniale établissant le contraire. On l’y contraindra mais sans lui infliger la peine que mérite une renégate. »
(pp. 53-54)

Cordoue IXe-Xe siècles. Ibn Loubâba

« Le conseil des juristes de Cordoue, consulté, approuve la démolition d’une synagogue récemment édifiée à Cordoue. Les tributaires, juifs et chrétiens, ne peuvent édifier d’églises ni de synagogues dans les villes musulmanes au milieu des musulmans. [...] »
(pp. 55)

Cordoue Xe siècle. Ibn Zarb

« Un jeune juif de huit ans qui s’est converti ne sera pas retiré à la garde de sa mère et de son père. Une fois adulte, il sera invité à confirmer sa foi et en cas de refus on l’y contraindra par les coups. »
(p. 58)

Kairouan IXe siècle. Anonyme et Ibn Abî Tâlib

« Un juif s’habille comme les musulmans et abandonne la mise qui le distingue d’eux.

Réponse. Il sera mis en prison, battu et promené ignominieusement dans les lieux habités par les juifs et les chrétiens pour l’exemple. Ibn Abî Tâlib a prescrit à l’un des cadis parmi ses subordonnés d’obliger juifs et chrétiens à porter leurs ceintures largement déployées sur leur robe pour qu’on les distingue bien, et si l’un d’eux monte à cheval, de l’en empêcher, de lui infliger vingt coups de fouet à nu, puis de le jeter en prison, et en cas de récidive de le battre durement et de l’incarcérer longuement.  »
(p. 111)

Saint-Louis précurseur de Hitler ?

Évidemment dans un manuel d'histoire québécois approuvé par le BAMD du Monopole de l'ÉducationD'Hier à demain de Christian Laville, aux éditions Chenelières, on trouve la question très subtile suivante :

D'Hier à demain, manuel A, 1er cycle du secondaire (12-13 ans), édition Chenelière, p.  204


Aucune question similaire sur les autres civilisations (musulmanes et chinoises notamment) où les ethnies portaient aussi pourtant  des costumes qui les différenciaient.  Et, comme on l'a vu, dans l'islam cette coutume était imposée. Mais aucune critique dans le manuel.

Tunis , les juifs et les chrétiens

Ce qui rappelle que dans la deuxième moitié du XVe siècle, le voyageur flamand Anselme Adorne, cité par Paul Sebag, « témoigne que les juifs de Tunis sont astreints à un « lourd tribut » dans lequel il faut voir sans doute jezya [capitation] du droit musulman, et qu'ils font toujours l'objet de discriminations  vestimentaires. Ils doivent alors arborer une pièce d'étoffe jaune, à la tête ou au cou, faute de quoi, ils ne manqueraient pas de se faire lapider. »


Extension maximale de l'empire almohade (entre 1195 et 1212)

« Lors de la conquête almohade, les chrétiens comme les juifs eurent à choisir entre la conversion à l'islam et la mort.  Alors disparurent les communautés chrétiennes qui s'étaient maintenues jusque-là.  »
Tunis: Histoire d'une Ville, par Paul Sebag, p. 122


Évidemment, cela n'empêche pas le livre d'histoire déjà mentionné ci-dessous de ne jamais critiquer l'intolérance des musulmans dans la séquence qui leur est consacrée (pp. 213-221), la violence et la force ne seraient employées que lorsque l'islam est menacé... Pour ce manuel, le djihâd était surtout une douce prédication, un effort sur soi... C'est loin d'être un consensus : « Pour justifier le jihad offensif, une règle fut formulée juste après la mort de Mahomet dans des termes suivants : « la lutte (djihad) est obligatoire même s’ils (les infidèles) n’ont pas eux-mêmes commencé .» (Encyclopédie de l’Islam, p. 552)


D'Hier à demain, manuel A, 1er cycle du secondaire (12-13 ans), édition Chenelière, p.  216


Le même traitement n'est pas réservé aux chrétiens et au christianisme, le manuel d'histoire québécois n'hésite pas à mettre un grand « Crois ou meurs » sans qu'on sache à la lecture du manuel si quelqu'un ait jamais prononcé vraiment cela en tant que doctrine chrétienne pour forcer la conversion des mécréants Les juifs de France se réfugièrent en Avignon papal quand le roi de France les chassa, sans les tuer cependant s'ils ne se convertissaient pas...

Par contre, un manuel belge du début du XXe siècle n'hésitait pas utiliser ce « crois ou meurs » pour désigner l'islam : « Avec ce parti qu’il transforma en armée, il attaqua La Mecque et s’en empara. Dès lors plus rien ne lui résista : il soumit les différentes contrées de l’Arabie, en forçant les vaincus à embrasser sa religion. «  Crois ou meurs », tel était le caractère de son apostolat.  » Idem dans ce livre français.

 D'Hier à demain, manuel A, 1er cycle du secondaire (12-13 ans), édition Chenelière, p.  204


Nous reviendrons sur ce manuel qui est une source intarissable de clichés et stéréotypes du prêt-à-penser politiquement correct.

Voir aussi

Histoire — « On a trop souvent mythifié el-Andalous »




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