dimanche 11 novembre 2012

Les « femmes » contre les Républicains ?

On entend sur toutes les antennes québécoises que les « femmes » américaines ont voté contre les Républicains. On relaie par là le message démocrate de la guerre supposée des Républicains contre les femmes et « leurs droits reproductifs ».

Il faut cependant se demander s'il s'agit autant des « femmes » en général, que des femmes non blanches, des femmes monoparentales et des femmes relativement pauvres, car seules 42 % des femmes blanches ont soutenu le président sortant. La race, en effet, avoir été un élément très déterminant dans cette Américaine prétendument « post-raciale ». La race,  la relative pauvreté et la religion. Car ce sont surtout les classes les moins prospères qui ont voté pour Obama, ceux qui voient d'un bon œil un État fédéral interventionniste, un accroissement de la couverture sociale, peu importe l'endettement de l'État ou l'effet négatif d'une ponction croissante de la part de l'État.

Les femmes mariées ont soutenu Romney (53 %) plutôt qu'Obama (46 %). Par contre, les femmes célibataires ont appuyé massivement Obama (67%) alors que Romney n'a récolté que 31 % de leurs suffrages.

Selon Brad Wilcox, professeur de sociologie à l'Université de Virginie, ces données suggèrent que le message de Barack Obama a trouvé un écho auprès des femmes qui subissent de plein fouet la décomposition de la famille. « Les mères monoparentales ont plus tendance à dépendre d'un généreux État-providence et donc de s'identifier à la vision d'un gouvernement croissant du Parti démocratique », d'ajouter le professeur Wilcox. « En revanche, les femmes mariées ont tendance à nettement moins dépendre de l'État-providence et s'identifient donc plus à la philosophie d'un gouvernement réduit du Parti républicain. »


La fracture entre le vote des blancs et des minorités s'est encore accentuée entre 2008 et 2012. Obama ne recueille plus que 39% des voix chez les blancs contre 43 % en 2008. Dans le même temps, il creuse l'écart chez les Hispaniques (71-27 contre 67-30 en 2008). Chez les afro-américains, Obama bénéficie d'un vote stalinien (93 % des suffrages contre 96 en 2008), mais il enregistre surtout une forte percée chez les asiatiques avec 73% des voix, soit dix points de plus que lors de sa première élection.


La victoire d'Obama s'est aussi construite sur les classes à faible revenus et les classes moyennes inférieures qui lui ont renouvelé leur confiance. Il fait même un meilleure score qu'en 2008 chez les personnes gagnant moins de 50.000$ par an avec 52 % des suffrages (49 % en 2008).

Les plus aisés et les entrepreneurs ont en revanche massivement voté pour Romney (60 %, même score qu'en 2008 pour les Républicains). On note par ailleurs que l'électorat d'Obama est bien plus urbain: le président récolte 69 % des voix dans les grandes villes et 58 % dans les villes moyennes. Romney a lui plus convaincu dans les petites villes (56 %) et les banlieues (50 %).


Les protestants continuent de voter républicain (57-42), les juifs et les catholiques démocrate (respectivement 50-48 et 69-30). On note toutefois que Romney a réussi à récupérer une partie des électorats juifs et catholiques (scores en hausse de respectivement 9 et 3 points). De nombreux Hispaniques catholiques appuient Obama car ils sont dépourvus d'une assurance médicale décente et sont donc des bénéficiaires potentiels d'Obamacare. Ils apprécient également la politique récente d'Obama en faveur des enfants d'immigrants illégaux (les DREAMers) qui leur offre une immunité de quatre ans en attendant une probable réforme de l'immigration et une régularisation de nombreux illégaux.

De façon générale, le candidat conservateur a séduit les plus pratiquants puisqu'il recueille 59 des votes chez les personnes se rendant au moins une fois par semaine dans un lieu de culte, soit 4 points de plus que Mc Cain en 2008, et 20 points de plus que son adversaire démocrate.

Les appuis d'Obama sont massifs chez les noirs protestants, les catholiques latinos, les athées et dans les religions « autres ».



Effet délétère de l'État-Providence sur les minorités

Quant à l'effet délétère de l'État-providence sur les minorités et les femmes monoparentales (un autre appui massif à Obama) aux États-Unis, il est sans doute utile de rappeler ce qu'en pensait l'économiste Thomas Sowell :



Et l'effet de la discrimination positive (et de son livre La Vision des oints):



Voir aussi

Les électeurs blancs ont boudé l'élection présidentielle de 2012 (8 millions de moins !)

8 commentaires:

Anne a dit…

les mormons fondamentalistes de l’Utah (excommuniés par « l’Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours ») « soutiennent plus le président sortant que Mitt Romney«.


« Moi, ce qui m’intéresse particulièrement, c’est qu’Obama est en faveur du mariage gay », explique ainsi Joe Darger, un entrepreneur qui « a trois femmes », au journaliste Quentin Girard. « S’il est réélu et que cela va plus loin, alors on pourra se battre encore un peu plus pour rétablir la polygamie. Après tout, ce ne sont que deux modes de vies différents et le gouvernement ne devrait pas nous dicter ce que l’on peut faire dans nos chambres à coucher », se défend-il. Quand on vous dit que l’instauration du « mariage » gay mène à celle de la polygamie…

JP Proulx a dit…

Merci pour cette intéressante analyse. Elle illustre bien les systèmes de valeurs auxquels adhèrent les États-uniens et, jusqu'à un certain point, les Québécois eux-mêmes.

Une remarque par ailleurs. PUEL écrit: «La race, en effet, avoir été un élément très déterminant dans cette Américaine prétendument « post-raciale ».

Le concept de "race" est mal choisi quant il s'agit du genre humain, du moins dans son acception biologique.

Il n'existe pas en effet de différences en effet chez les humains, au plan génétique qui ferait qu'il y aurait des espèces d'hommes comme il y a des espèces ou des races de chiens.

Aussi les différences observées dans les traits morphologiques (la couleur de la peau, la forme du visage ou des yeux) ne peuvent pas servir à définir des races entre les humains. Il existe simplement des personnes à la peau noire ou blanche ou aux yeux bridés ou bleus, etc.

En revanche, on peut certainement parler des communautés ethniques ou culturelles.

Anonyme a dit…

Romney avait raison : le système produit 47 % des gens qui ont tout intérêt à ce que l'État grossisse et ponctionne les éléments productifs du pays.

Jonathan a dit…

Monsieur Proulx,

Comment expliquer la complète domination des Antillais et des Afro-américains au 100 mètre en athlétisme, des Kényans et des Éthiopiens dans les marathons(ce sport et le jogging sont pourtant très populaire en Occident) ou le fait que les juifs ashkénazes qui représentent 0,25% de l'humanité représentent 29% des prix Nobel? Les différences entre les races et les groupes ethniques ne se résument pas à une simple apparence extérieur.

Autant sinon plus que l'acquis, l'inné joue un rôle très important dans notre développement physique, intellectuel et comportemental. L'inné dépend de notre patrimoine familial héréditaire et les groupes ethnique sont un peu comme des familles élargies.

Anonyme a dit…

Un vote tribal comme dit Mark Steyn :

The present Democratic coalition is one based on tribal identity. You vote because you’re a woman, you vote your lady parts as Obama advised them. If you’re black, you vote based on your ethnicity. If you’re lesbian, you vote based on your orientation. The Republican Party asked people to vote as citizens, to say that that is your most important identity. You might be lesbian, you might be Hispanic or whatever, but you’re a citizen, and you vote as a citizen. And I’m very wary of just going down the route of identity group pandering, because I think it’s ultimately destructive of cohesive, it’s the biggest argument in favor of big government, because you say well, we’ve got all these competing identity groups, we’ve got a bunch of Muslims on one side of the street, and then a bunch of gay guys on the other side of the street, and only big government can mediate the competing interest of the fire breathing mullahs and the hedonist gays. And I think you damage the polity going down that path.

Gym a dit…

Romney a perdu parce qu'il n'a pas su convaincre les petits blancs.

Romney est trop libéral.

Les petits blancs, les ouvriers, les cols bleus de l'Ohio, de la Virginie, du Wisconsin n'ont pas aimé son discours anti-protectionniste, anti-identitaire.

En passant, avec quelques centaines de milliers de plus de ces électeurs, Romney aurait gagné l'Ohio, le Wisconsin, la Virginie, et autres États à très faible population hispanique. Oui, oui, pas besoin de se plier aux hispaniques qui adorent l'État-Providence.

JP Proulx a dit…

À Jonathan,

Vous soulevez une question très stimulante, qui n'est pas d'ailleurs nouvelles.

Je n'ai pas de compétences particulières pour y répondre. Il y a sans doute des explications qui relève de la génétique (dans le cas des sprinters de couleur noire) mais aussi culturel: l'importance que ces populations accordent à cette activité, comme les Canadiens, au hockey ou le Étasuniens, au baseball.

Pour ce qui est des Juifs, peut-être leur rapport millénaire à la lecture de la Torah a contribué de façon exceptionnelle au développement de l'intelligence tant il est vrai que celle-ci se développe par la pratique.

Enfin, pour ce qui est du concept controversé de "race humaine", je renvoie à l'excellent et pondéré article de Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Race_humaine

JPP a dit…

correction:

...une question [...] qui n'est d'ailleurs pas nouvelle.

... des explications qui relèvent de la génétique

... mais aussi de la culture

Mes excuses aux lecteurs.