jeudi 5 mai 2011

La Russie entend limiter l'avortement pour éviter une contraction démographique

Dans son discours annuel au Parlement donné il y a deux semaines, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a déclaré que de nouvelles mesures seraient prises par la Fédération russe pour augmenter la natalité. M. Poutine a annoncé que son gouvernement espérait une hausse de 25 à 30 % du nombre de naissances entre 2006 et 2015.

Le gouvernement entend dépenser 1,5 billion (1012) de roubles (soit environ 50  milliards de dollars) pour soutenir des programmes d'aide à la démographie.

À la suite du discours de M. Poutine, le parlement russe, la Douma, a introduit un projet de loi dont l'objet et de ne plus considérer l'avortement comme un acte médical remboursé par l'assurance maladie publique. Ce projet de loi permet également aux docteurs de refuser de perpétrer un avortement. « Ce projet de loi vise à créer des conditions favorables pour les femmes qui désirent donner naissance » de déclarer Éléna Mizoulina, présidente de la commission pour la famille, les femmes et l'enfance à la Douma (chambre basse).

Affiche soviétique des années 30 contre l'avortement[1]

La Douma a également introduit un projet de loi qui vise à restreindre la publicité entourant l'avortement. Il faut savoir qu'entre cinq et douze millions d'avortements ne sont pas comptabilisés en Russie chaque année par les autorités, selon Mme Mizoulina, alors que le pays ne parvient pas à sortir depuis vingt ans d'une grave crise démographique.

« En réalité, de 5 à 12 millions d'avortements clandestins sont pratiqués tous les ans! C'est un commerce très lucratif », a relevé Elena Mizoulina. À cela s'ajoute 1,23 million d'interruptions volontaires de grossesse enregistrées en Russie, un chiffre d'ores et déjà très important, étant donné que seul 1,7 million d'enfants naissent chaque année.

Autorisé peu après la révolution bolchevique de 1917, l'avortement fut sévèrement limité après le 27 juin 1936 lorsque les effets de l'amour libre promu par les premiers révolutionnaires et les avortements massifs commis à l'époque menacèrent la démographie même du « Paradis des prolétaires ». Le 23 novembre 1955, l'interdiction d'avorter fut suspendue et l'avortement fut permis sur demande pour autant qu'il fût pratiqué dans un hôpital ou une clinique. Le nombre d'avortements augmenta alors rapidement.

Aujourd'hui l'avortement est très largement pratiqué en Russie. La Russie est plongée dans une crise démographique depuis la chute de l'URSS. Les premiers résultats d'un recensement réalisé en 2010 ont évalué la population russe à 141,2 millions d'habitants, contre 148,3 millions en 1991, année du démembrement de l'Union soviétique.

Les journaux russes et l'internet sont remplis de publicités pour des cliniques pratiquant des avortements discrets pour seulement 100 dollars. « Nous n'avons pas réussi à obtenir l'interdiction totale de la publicité pour ces institutions », a souligné Mme Mizoulina.

« Il a fallu deux ans de combat pour une interdiction partielle, c'est-à-dire dans les endroits où il y a des enfants comme les écoles, sur la première et la dernière page des journaux, et à la télévision , a-t-elle dit.

Les pilules abortives sont de facto en vente libre, selon la députée, et souvent il s'agit de « médicaments chinois » qui n'ont pas été testés et pouvant présenter un danger pour la mère. Soulignant l'urgence de la situation, la présidente du comité de la famille et de l'enfance a souligné que « la Russie allait mourir si rien n'était fait concernant l'avortement ». « Aujourd'hui, il y a 1,7 million de naissances par an en Russie, or pour atteindre simplement le renouvellement de générations, il en faudrait 2,7 millions », a-t-elle précisé. « La Russie compte 38 millions de femmes en âge de procréer, mais ce nombre baisse chaque année de 400.000 à 500.000 personnes :», a dit la députée.


[1] Traduction du texte de l'affiche soviétique

« L'avortement pratiqué par une sage-femme formée ou autodidacte mutile non seulement le corps de la mère, mais cause souvent la mort. »

Légende de l'image en haut à gauche : « Visite de la sage-femme autodidacte ». Image en haut à droite : « Conséquences de l'avortement ». Image du bas : « Mort par avortement. » Texte en bas à gauche : « Tout avortement nuit. » Texte en bas à droite : « Toute sage-femme, diplômée ou autodidacte, qui pratique un avortement commet un crime. »


Voir aussi :

Russie — augmentation de la natalité de 2,8 % en 2009

La Russie veut lutter contre l'avortement pour faire repartir la natalité (janvier 2010)



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3 commentaires:

Durandal a dit…

L'automne dernier, le Courrier International a fait un numéro sur la démographie russe. Si le taux de natalité des Russes demeure aussi suicidaire qu'il l'est actuellement, en l’an 2150 il ne restera plus un seul Russe en Russie.

Voir des extraits ici :

http://fortune.fdesouche.com/
24192-quand-la-russie-disparaitra

rencontre femme russe a dit…

Vraiment chouette article. J'adore ! Et en plus votre blog est super intéressant. Je repasserai régulièrement , comptez sur moi.

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super article