lundi 25 octobre 2010

Bulletin unique imposé par le Monopole de l'Éducation : un directeur d'école dénonce

Lettre ouverte d'Éric Casarotto parue dans la Presse. Notez que pour ce carnet il est déjà aberrant que l'État impose un type de bulletin unique aux écoles privées...

L'auteur est directeur adjoint à l'école secondaire privée Kuper Academy, à Kirkland.


J'ai récemment assisté à une session d'information sur les nouvelles orientations en évaluation du ministère de l'Éducation à la suite de la décision de retourner à un bulletin « conventionnel » et de prioriser l'évaluation des connaissances. L'annonce d'une approche quantitative simplifiée m'apparaissait a priori comme une sage décision et j'attendais donc avec intérêt les instructions détaillées.

Le bulletin simplifié est une nette amélioration sur le bulletin de la réforme. Il permet aux parents de comprendre facilement le progrès de leurs enfants sans décortiquer des pages de compétences qui aboutissent finalement à la même conclusion. Hélas, il y avait aussi de mauvaises nouvelles.

Ma première déception est survenue lorsque le responsable nous a informés des changements aux règlements scolaires pour 2011. L'année scolaire sera divisée en trois étapes avec des dates limites imposées par le ministère, le 15 novembre, le 15 mars et le 10 juillet. Une communication supplémentaire sera remise aux parents à la mi-octobre. Ceci prendrait la forme d'une évaluation anecdotisé sans notes officielles. Les deux premières étapes auront une pondération de 20 % chaque et la troisième 60 %. Pourquoi ce chambardement ?

L'ancien régime laissait le choix à l'école. La direction était libre de diviser l'année scolaire en quatre étapes ce qui permettait aux parents de recevoir quatre bulletins complets : début novembre, fin janvier, fin mars et fin juin. De plus, la pondération des deuxième et quatrième étapes était majorée afin de refléter les examens de janvier et de juin. Ceci motivait les jeunes à se préparer au passage des épreuves officielles de mi et de fin d'année. Il faut noter que les parents recevaient un bulletin à la fin de la période d'examen de mi-année et non trois mois plus tard comme le prescrit le MELS. La question se pose : à quoi sert le passage d'examens de mi-année si ceux-ci non plus de valeur à la note finale ? 

La maquette de cours est également affectée par ces nouveaux règlements. Au secondaire, les écoles ont toujours pu proposer des cours donnés à la mi-année. Par exemple, au premier cycle, l'école pouvait offrir le cours d'art plastique de septembre à janvier et le cours d'art dramatique de janvier à juin. Les élèves profitaient d'une plus grande variété de cours. Ceci permettait un meilleur emploi du personnel, car l'école pouvait planifier des tâches de travail plus équitables et équilibrées. Cette option n'est plus possible sous le nouveau régime. 

Le problème est encore plus sérieux pour les finissants de cinquième secondaire. Le 1er  mars est la date limite des inscriptions au cégep. Sous le nouveau régime, les élèves ne pourront soumettre que le bulletin de novembre. Donc, il sera très difficile de changer de cours avant le premier bulletin ; échec en maths sciences tant pis! De plus, un élève qui éprouve de la difficulté pendant la première étape verra ses chances d'admission diminuer même s'il redouble d'effort pendant la deuxième étape. Pourquoi pénaliser les jeunes lorsque l'admission aux programmes pré-universitaires devient de plus en plus compétitive ?

Le MELS s'est empressé de promouvoir la simplicité du nouveau bulletin, soit la réduction du nombre de compétences. De plus, la nouvelle orientation permet la définition plus claire des connaissances et la rationalisation des épreuves obligatoires en quatrième secondaire.

Certes, les parents trouveront ce nouveau bulletin plus facile à lire, mais il est difficile de comprendre pourquoi le MELS tient mordicus à dicter la division de l'année scolaire. Selon les nouvelles règles du MELS, il sera donc illégal d'en faire plus pour les élèves... pas question d'offrir quatre vrais bulletins. Le MELS décide donc de niveler par le bas au lieu de laisser le choix aux directions d'écoles, qui sont les mieux placées, pour décider de l'organisation de l'année scolaire. C'est donc la valse perpétuelle de l'éducation, deux pas en arrière et un pas en avant.





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