mercredi 12 mai 2010

Québec ne connaît pas sa capacité d'accueil d'immigrants et évalue mal le dossier d'un immigrant sur deux

Le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, a déposé mercredi le premier tome de son rapport annuel 2010-2011. Il y pose un regard sévère sur le travail et le processus de sélection du ministère de l'Immigration du Québec.

L’Accord Canada-Québec relatif à l’immigration et à l’admission temporaire des aubains attribue au Québec la responsabilité exclusive de sélectionner les immigrants de la catégorie de l’immigration économique. En 2009, ces immigrants représentaient 70 % des 49 489 admissions du Québec et 91 % d’entre eux étaient des immigrants travailleurs qualifiés (donc très peu d'investisseurs).

L'équipe du vérificateur Lachance a d'abord constaté que « le ministère n’utilise pas d’indicateurs socioéconomiques pour bien cerner la capacité réelle du Québec à accueillir et à intégrer en emploi les nouveaux arrivants. Sans évaluation, le ministère ne peut s’assurer que la province est capable de supporter les hausses progressives des volumes d’immigration, tout en optimisant les retombées de l’immigration sur le développement du Québec. »

Hausse de l'immigration à visée électoraliste ?

En 2007, le gouvernement Charest a augmenté de 20 % les cibles à atteindre en matière d'immigration. L'objectif se situe cette année à « entre 52 000 et 55 000» pour 2010. Plusieurs commentateurs, comme Mario Dumont, ont fait un rapprochement entre cette hausse des taux d'immigration et la volonté électoraliste du Parti libéral du Québec. En effet, les immigrants votent massivement pour le PLQ, 55 000 cela représente « quasiment un nouveau comté par année » qui vote libéraux de déclarer M. Dumont à son émission Dumont 360 ° du lundi 10 mai (à 17 h 05).

Inadaptation des critères de sélection aux conditions économiques ?

Le vérificateur note un taux de chômage plus élevé chez les nouveaux arrivants que dans le reste de la population. Mais il n'est pas à même juger si le Québec outrepasse sa capacité d'accueil à l'heure actuelle.

« Nous, on ne le sait pas, déclare M. Lachance. Mais on dit que le ministère, lui, devrait le savoir. C'est pour ça qu'on invite le ministère à se donner un indicateur de cette capacité d'intégration. »

En 2009, le taux de chômage des immigrants du Québec s’élevait à 13,7 % comparativement à 7,6 % pour la population native et à 10,7 % pour les immigrants de l’Ontario.

Malgré ces données, le ministère n’a pas évalué sa grille et ses conditions de sélection, notamment par rapport aux pratiques étrangères. Certains pays ont fixé des conditions préalables au traitement d’une demande d’immigration. Ainsi, la candidature d’un travailleur qualifié n’est recevable que si sa profession figure sur la liste des professions privilégiées.

La grille de sélection a « une efficacité limitée », juge M. Lachance. Le critère « d'adaptabilité », par exemple, pourtant encore modifié en 2006, favorise les jeunes scolarisés qui parlent français, plutôt que de s'assurer que leur formation répond à un besoin réel de main-d'œuvre au Québec. Entre 2006 et 2008, à peine 9 % des candidats sélectionnés présentaient un profil répondant aux domaines de formations privilégiées par le Québec.

Soixante pour cent des travailleurs qualifiés sélectionnés par Québec n’ont obtenu aucun point pour un domaine de formation adapté aux besoins québécois. La note de passage a été obtenue surtout grâce à d’autres caractéristiques (niveau de scolarité, âge et connaissance du français).

Moitié des dossiers des candidats est lacunaire

Le vérificateur général critique la grille de sélection des immigrants du ministère. Il a étudié un échantillon de 91 dossiers de nouveaux arrivants. Il voulait vérifier s'ils répondent à l'adéquation recherchée entre la sélection des immigrants et les besoins en main-d'œuvre au Québec.

Parmi ces 91 dossiers, le ministère a délivré des certificats de sélection dans 38 cas et a refusé 6 demandes, sans que les dossiers respectent la réglementation ou les instructions du Guide des procédures d’immigration, ou encore sans que des documents ou des commentaires des conseillers à l’immigration soutiennent cette décision.

Par ailleurs, en extrapolant les résultats de nos travaux à l’ensemble des dossiers des territoires visés pour la période couverte, le vérificateur déclare (avec un degré de confiance de 90 %) :
  1. Entre 40 et 57 % des dossiers (de 11 826 à 16 853 dossiers) comportaient des erreurs dans l’attribution des points de la grille de sélection ou ne contenaient pas tous les éléments nécessaires pour justifier les points attribués.

  2. Pour 34 à 51 % de ces dossiers (de 10 052 à 15 079 dossiers), le ministère ne peut s’assurer de la justesse de sa décision d’attribuer ou non un certificat de sélection du Québec à cause de l’absence de toutes les informations nécessaires la soutenant.
Le rapport signale également que, de 2005 à 2009, « la proportion des demandes acceptées en sélection sur dossier sans entrevue [avec l’agent d’immigration] est passée de 17 à 29 %, phénomène que le Ministère explique par un besoin d’accélérer le processus de sélection et son souci de générer des économies tout en atteignant les cibles visées ».

Réactions timides de l'opposition

Pour Mme Lise Beaudoin, porte-parole du Parti québécois en matière d'immigration, le rapport du vérificateur montre que le ministère est « complètement à côté de la coche ». Le nombre d'anomalies constatées dans les dossiers remet même en cause « l'intégrité du système », croit-elle.

« Pour moi, ce n'est pas le nombre (d'immigrants) qui pose problème, mais les moyens qu'on met pour les intégrer », de déclarer Mme Beaudoin. Mais si on doit y mettre beaucoup de moyens, cela ne pose-t-il pas aussi un problème ?

Le chef de l'Action démocratique, Gérard Deltell, croit pour sa part qu'il faut revenir au niveau d'immigration de 2006, soit 10 000 personnes en moins : « On souhaiterait qu'il y en ait davantage, mais notre société n'est pas en mesure d'accueillir tous ces gens-là comme il se doit ».

Voir aussi :

L'immigration paiera-t-elle les retraites, enrichit-elle les pays d'accueil ?

Faible fécondité qui stagne, immigration massive : le Grand Montréal s'anglicise rapidement





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8 commentaires:

Dia a dit…

pourquoi supposer qu'ils ne savent pas ce qu'ils font ? sérieusement. Ils ont toute l'Europe, les USA comme précédent. Ils savent parfaitement ce qu'ils veulent allons !


There is no place in modern Europe for ethnically pure states. That's a 19th century idea and we are trying to transition into the 21st century, and we are going to do it with multi-ethnic states.

Our goal is that after this year, it will no longer be possible for those who support ethnically separate communities to believe that they can succeed.

Déclaration du général Wesley Clark, patron des forces de l'OTAN contre la Serbie à la chaîne CNN - 1999

Réjean a dit…

Dia,

je pense que vous avez raison et l'article le rappelle subtilement sous un vernis d'objectivité :

55 000 immigrés = un comté de plus pour le PLQ par an

55 000 immigrés = imposition de plus de bureaucratie pour « gérer la diversité » (qui pourtant devrait être une richesse)

Dia a dit…

voici ce que la gouverneur(e) d'Arizona en pense :

http://www.youtube.com/watch?v=NLgZ1LWLlko

Hier a dit…

Des immigrants mal integres, sans emploi et vlan, on va etendre le fleau de Montreal ailleurs en province. On a pu voir d'ailleurs hier soir suite au match du canadien ce que cela peut faire de la frustration (de la casse stupide et honteuse).

Je ne dis pas que ce n'est qu'un probleme d'immigration. Mais si tu accueilles des immigrants, tu dois t'assurer qu'on ait les ressources qu'ils soient bien integres pour eviter d'avoir des tas de problemes sociaux ensuite...

Le Qc doit actuellement reduire son nombre d'immigrant qu'il n'est pas en mesure de bien accueillir.

Anonyme a dit…

Ca fait des années qu'on nous dit qu'on vieillit, qu'on fait plus d'enfants, qu'on va disparaitre et que, Dieu merci, l'immigration va nous sauver.

On nous martèle chaque jour que les boomers s'en vont à la retraite et que les immigrants vont venir sauver l'économie québécoise. Or, le Vérificateur nous apprend que sur les 30,000 immigrants sélectionnés par le Québec, à peine 9%, «présentaient un profil répondant aux exigences dans les domaines de formation privilégiés par le Québec», soit 2700 personnes.

Comme on reçoit 50,000 immigrants par année (Ottawa nous en impose 20,000 via les programmes de réfugiés et de réunifactions familiales), 47,300 immigrants rentrent donc au Québec sans correspondre le moindrement au profil professionnel dont on a tant besoin! C'est non seulement un échec spectaculaire; c'est une escroquerie intellectuelle sans nom!

Autre révélation du VG: 65 p. cent des travailleurs qualifiés sélectionnés n’ont eu aucun point pour le domaine de formation.
Traduction: ils ont réussi à passer à cause de leur diplome et de leur connaissance du français (et sans doute de l'anglais), mais certainement pas pour leur formation.

Depuis 15 ans je dénonce notre système d'immigration qui est une énorme escroquerie intellectuelle où tout est faux. On ment à la population du début (la crise démographique) à la fin (l'enrichissement par l'immigration).

Merci au VG d'avoir chiffré l'ampleur incroyable de l'escroquerie.

Dia a dit…

ceux qui ont regardé les photos du Journal de Montreal sur les pillages de la rue Sainte Catherine suite à la victoire du canadien, savent à quoi s'en tenir sur l'avenir migratoire de Québec.

Préparons nous car bientôt - comme ne Europe – même de telles photos seront impensables

Hier a dit…

Anonyme a dit:

"On ment à la population du début (la crise démographique) à la fin (l'enrichissement par l'immigration)"

La crise demographique est pas un mensonge, c'est un fait: les Qc ne font pas assez d'enfants depuis des decennies pour renouveler la population (personne ne peut contredire cela).
L'enrichissement par l'immigration, c'est un beau voeux souhaite pour palier au probleme de denatalite. C'est pas parce que tu souhaites faire quelque chose que tu le fais bien. Il faut couper dans l'immigration, ajuster les regles, et faire ce qu'il faut pour qu'on ait le moyen de les integrer correctement. Si on est en mesure d'en integrer 1/4, qu'on baisse a 1/4...

Sinon, ca donne quoi d'importer des BS ou des chomeurs??? Cela ne reglera pas la problematique de la denatalite et les manques de ressources a l'emploi...

C'est grave! a dit…

Et bien sûr les journaux détournent le débat :

Descôteaux du Devoir parle de franciser le milieu de travail -- car il est vrai qu'on demande trop souvent l'anglais pour des boulots qui n'en n'ont pas besoin -- comme si cela allait suffire à intégrer des gens qui sont diplômés d'universités de second rang dans le Maghreb ou dans des disciplines sans intérêts.

Et Rima Elkouri (hmmm quelle origine) refait le tour de c'est notre racisme qui est la cause de ces problèmes de chômage des immigrés, il faut plus d'immigrés pour les intégrer (!) et il va sans doute falloir prendre des mesures plus sévères. Et voilà, l'immigration va vouloir dire un renforcement des contraintes et une perte de liberté.

http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/rima-elkouri/201005/14/01-4280685-ces-immigrants-que-lon-choisit-mal.php