mercredi 24 mars 2010

Priorité du PQ : restreindre le choix en éducation ?

Nous avons reçu cette lettre ouverte du président la CLÉ, Sylvain Lamontagne. Selon nos informations, elle a également été envoyée au Devoir et à M. Pierre Curzi.

M. Pierre Curzi déclarait lors du dernier colloque du PQ, que les écoles confessionnelles privées ne devraient plus être permises d’enseigner la religion parce que, selon le critique péquiste en éducation, la religion devrait être réservée à la sphère privée de la vie.

Pourtant, les écoles privées – comme leur nom l’indique – ne font pas partie de la sphère publique, même si l’État y impose son régime pédagogique et qu’elles reçoivent des subventions partielles de l’État pour appliquer ce régime pédagogique. L’État n’y subventionne d’ailleurs pas les cours de religion, c’est une des raisons qui expliquent que ces écoles ne sont pas totalement subventionnées.

Il est vrai que ce n’est pas la première fois que le PQ cherche à museler les écoles privées et à limiter la liberté de choix des parents en matière d’éducation. En 2008, le prédécesseur de M. Curzi, Mme Malavoy, avait dénoncé le fait que les écoles privées conservaient une formation confessionnelle. À l’époque, le prétexte invoqué fut l’abolition des cours confessionnels dans les écoles publiques et l’imposition du cours d’éthique et de culture religieuse (ECR). En effet, pour Mme Malavoy, « Cela revient à permettre à des parents qui peuvent payer de continuer d'avoir accès à un enseignement religieux interdit aux autres. C'est inacceptable. »

Par le même raisonnement, on peut vouloir éliminer toutes les écoles privées (seuls les parents qui paient y ont accès) ou permettre l’enseignement religieux partout y compris dans les écoles publiques.

Mais voilà, sans que l’on sache en quoi cela fera un Québec plus riche, plus prospère, plus libre, le parti de M. Curzi pense qu’une de ses priorités doit être de chasser la religion de toutes les écoles, de priver les parents – y compris et surtout les Québécois de souche – de choix en matière d’éducation morale ou religieuse.

Rappelons que, dans de nombreux pays démocratiques, notamment l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, l’enseignement religieux n’est pas seulement permis dans les écoles privées, mais il l’est aussi dans les écoles publiques.

Prenant comme prétexte, cette fois-ci, l’affaire des garderies religieuses juives et musulmanes et l’angoisse identitaire des Québécois, M. Curzi désire bannir la religion des écoles privées. Il priverait par là les parents – principalement ceux de la majorité historique québécoise – d’un choix, choix plébiscité comme l’atteste le succès des écoles privées qui imposent pourtant un sacrifice financier important aux parents qui les préfèrent.

Pour M. Curzi, l’on pourrait sans difficulté appliquer sa conception d’une laïcité, plus étriquée encore que celle imposée en France, au réseau scolaire privé québécois « tout en respectant le droit des gens ou des communautés à pratiquer leur religion » reconnu dans les Chartes.

Nous sommes convaincus de l’inverse. Empêcher les écoles privées de donner des cours de religion, c’est violer un droit universellement reconnu : celui des parents de choisir pour leurs enfants une école hors du secteur public, si tel est leur vœu, et de « faire assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs propres convictions » (Pacte international relatif aux droits économiques et sociaux des Nations unies auquel a adhéré le Québec).

M. Curzi veut-il ouvrir une nouvelle et longue contestation judiciaire sur ce terrain alors que les procès contre l’imposition du cours ECR se multiplient ? Quel est l’avantage pour le Québec de s’engager dans cette voie et de priver les Québécois de choix en matière scolaire ?

Enfin, M. Curzi dit que « l’école devrait être essentiellement un lieu de connaissances ou de compétences » pour en tirer à nouveau la conclusion que la religion devrait être bannie des écoles qui ne relèvent pas directement de l’État.

Essentiellement ne veut pas dire uniquement. On ne voit donc pas en quoi quelques heures de religion modifieraient de manière essentielle le fait que des écoles privées enseignent surtout des connaissances et des compétences. En outre, la religion y est aussi souvent enseignée comme un ensemble de connaissances relatives à des textes ou des rites.

Finalement, le combat de M. Curzi ne devrait-il pas d’abord se porter sur les écoles publiques dont un des rôles actuellement est de « faciliter le cheminement spirituel de l’élève » (article 36 de la Loi sur l’instruction publique) sans qu’on sache de quelle vague spiritualité il s’agit, ni si elle s’inscrira dans les valeurs de la famille de l’élève ? Est-ce là un des rôles de l’école publique pour M. Curzi ? Que faut-il également penser du cours d’éthique et de culture religieuse dont le volet « connaissance » prescrit dans le programme officiel est singulièrement mince et dont le volet « compétence » consiste en un objectif idéologique : modifier l’attitude des élèves face à la diversité religieuse.

M. Curzi doit balayer devant la porte de l’école publique avant de vouloir étouffer un peu plus la liberté de choix des parents en chassant la religion de l’enseignement privé, même si les parents choisissent de leur plein gré cette option.

Quand le PQ et M. Curzi condamneront-ils clairement l’imposition du cours ECR et emboîteront-ils le pas des 76 % de Québécois qui demandent d’avoir le choix en matière d’éducation morale et religieuse comme le révélait encore un sondage de Léger-Marketing en mai 2009 ?

Sylvain Lamontagne
Président de la Coalition pour la liberté en éducation






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