dimanche 13 septembre 2009

France — l'école est devenue une garderie

Écoutez Maurice Maschino, qui se fait également appeler Maurice Tarik Maschino1, journaliste au Monde diplomatique, parler de ce que, selon lui, est devenue l'école aujourd'hui en France.



Heureusement, au Québec, il en va tout autrement, l'école y est encore un havre de savoirs éloigné de tout endoctrinement et où l'on inculque les vertus du respect, de l'effort, des connaissances, de la patience et de la discipline.


Maurice Tarik a un pedigree de gauche immaculé. C'est ainsi qu'alors qu'il enseigne au Maroc en 1956, il découvre la guerre d'Algérie et s'engage comme militant de l'indépendance aux côtés du FLN. Il s'exprime en ce sens dans la presse marocaine et algérienne, ce qui lui vaut de la part de la France une inculpation pour atteinte à la sûreté de l'État et une annulation de son sursis de service militaire. Mais, refusant d'honorer ces obligations militaires, il se réfugie en Tunisie. Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, il épouse une algérienne, Fadéla M'rabet, prend la nationalité algérienne, enseigne en Algérie et anime avec son épouse une émission à la radio nationale. C'est en raison de cet attachement à ce pays qu'il s'est choisi ce deuxième prénom, Tarik. Mais du fait des positions féministes de son épouse, ils sont interdits d'antenne et de presse après le coup d'État du 19 juin 1965, et finissent par quitter l'Algérie et s'installer en France en 1971.

Marie-Josée Croteau chez Richard Martineau

Vidéo du bref passage de Marie-Josée Croteau, présidente de la Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ), chez Richard Martineau le 7 septembre 2009. Bref passage, car il était initialement prévu que cet entretien durerait 20 minutes pour discuter de l'impact du jugement de Drummondville qui, en première instance, a débouté les parents qui demandaient une exemption au cours d'éthique et de culture religieuse. Pour cause de Moulin à paroles (sur l'histoire du Québec), l'entretien ne durera en fait que 5 minutes.

Signalons que Richard Martineau ne semble pas du tout avoir suivi le dossier :
  1. M. Martineau persiste à penser que la CLÉ est toujours un groupe de catholiques rassis (or elle comprend des catholiques, des protestants, des Coptes, des agnostiques et a même reçu une demande d'aide d'un couple athée).

  2. Il semble ignorer qu'il y avait déjà un enseignement sur les autres religions à la fin du secondaire lors du cours de religion catholique.

  3. Il confond diversité ethnique et culturelle et diversité religieuse (en fait, le Québec est toujours à près de 90 % chrétien).

  4. Il ressort son hochet favori : si on est contre le cours d'ECR on est contre le cours de science et les créationnistes vont sévir, véritable épouvantail qui empêche de réfléchir sur la nature idéologique du cours ECR (et, soit dit en passant, il y a justement de nombreux récits créationnistes dans les classes d'ECR). D'ailleurs, malgré deux signaux du pied de Mme Croteau (« rééduquer des enfants », « Ré-édu-quer »), Martineau n'écoute pas, ne saisit pas la balle au bond et continue avec les questions qu'il posait il y a déjà un an...

  5. Martineau semble s'opposer à un système d'éducation à la carte, qu'a-t-il donc contre le choix ? Pourquoi pense-t-il que l'uniformité est bonne (paradoxalement pour imposer un cours au nom de la diversité) ? Pourquoi pas un ministère de l'Épicerie nationale qui déciderait ce qui doit aller dans le panier de la ménagère ou de l'alimentation des enfants ? L'alimentation est-elle moins importante que l'éducation ?

Histoire au Québec : obsession pour le XXe siècle

Extraits d'un article de Christian Rioux dans Le Devoir, les intertitres sont de nous :
Plus de spécialiste de la Conquête au Québec

Ironie du sort, l'auteur de cet article a pu constater que la plupart des historiens québécois ne connaissaient même pas le principal ouvrage publié ces dernières années en Europe sur la guerre de Sept Ans, dont la bataille des Plaines d'Abraham fut un épisode. Il s'agit du livre de Jonathan F. Dull intitulé La Guerre de Sept Ans, Histoire navale, politique et diplomatique (Les Perséides).

« On ne trouve plus de spécialistes de la Conquête dans les grandes universités québécoises », dit Charles-Philippe Courtois, qui accuse les partisans de l'histoire dite « sociale » d'avoir tout balayé sur leur passage.

Triomphe de l'école sociale et, par défaut, de l'école de Québec

Courtois rappelle que, dans les années 60, s'affrontaient les partisans de deux grandes écoles historiques. Il y avait d'abord l'école de Montréal (Maurice Séguin, Michel Brunet, Guy Frégault), pour qui la Conquête était une catastrophe politique, un moment déterminant. Il y avait ensuite l'école de Québec (Jean Hamelin, Fernand Ouellet, Marcel Trudel), pour qui la Conquête représentait un progrès démocratique. « Les partisans de l'histoire sociale ont renvoyé ces deux courants dos à dos, dit Courtois. Mais au fond, lorsque les partisans de l'histoire sociale ont affirmé que, par exemple, l'industrialisation était plus importante qu'un événement politique comme la Conquête, c'est l'école de Québec qui a triomphé, par défaut. Pourtant, 250 ans plus tard, que peut-on comprendre aux Québécois si l'on fait abstraction du fait qu'ils vivent dans un monde anglophone depuis 250 ans ? »

Seuls 5 % des cégépiens étudient l'histoire du Québec

Mais le malaise est peut-être encore plus profond qu'on ne le croit. L'an dernier, c'est dans l'indifférence que furent accueillies les conclusions d'une enquête menée par Gilles Laporte. L'historien qui enseigne au cégep du Vieux-Montréal révélait que moins de 5 % des étudiants qui sortent du cégep suivaient un cours d'histoire du Québec. D'ailleurs, le cours intitulé Histoire du Québec est pratiquement en voie de disparition puisqu'il n'est enseigné que dans une dizaine d'établissements (sur 46 cégeps) et ne compte plus que pour 13 % des cours d'histoire donnés au cégep, contre 25 % en 1990.

Les meilleurs sur la rébellion sont en anglais

« L'histoire politique est en train de disparaître au Québec, dit Laporte. Dans certains domaines, comme l'histoire militaire, c'est encore plus grave. Les meilleures livres sur l'histoire des rébellions de 1837 et 1838 se publient en anglais. Plus généralement, le Québec est de moins en moins un objet d'étude dans les sciences humaines. Si les universitaires québécois n'étudient pas le Québec, qui va le faire ? » Selon Laporte, il n'y en a plus que pour l'international dans les universités et les cégeps québécois. « On confond l'étude de l'international avec l'ouverture au monde. On peut pourtant s'ouvrir sur le monde en prenant appui sur sa propre histoire. » D'ailleurs, les programmes obligatoires du cégep ne font référence nulle part à l'importance du fait que l'étudiant comprenne la société dans laquelle il vit. Même les programmes de sciences humaines ne mentionnent pas cet objectif.

Déclin de l'histoire politique au Québec

Spécialiste du mouvement ouvrier, l'historien Robert Comeau a assisté au lent déclin de l'histoire politique au Québec. Les dizaines de diplômés dont il a dirigé la thèse de doctorat ne trouvent généralement pas d'emploi dans les grandes universités de Québec et de Montréal. « L'histoire politique est laissée aux chargés de cours, dit-il, alors que, par exemple, on enseigne l'histoire de la consommation en long et en large. Au Québec, les départements d'histoire voient d'un mauvais œil les historiens qui écrivent des biographies, contrairement à ce qui se passe dans les universités anglophones. La disparition de l'histoire politique au secondaire et au cégep n'est finalement que la conséquence de ce qui se passe dans les universités depuis 30 ans. »

Obsession pour le monde contemporain en histoire

Avec plusieurs collègues, Comeau a fondé la Coalition pour la promotion de l'histoire au Québec. Celle-ci réclame que l'histoire soit dorénavant enseignée à chaque année du secondaire, indépendamment de l'éducation civique à laquelle elle est actuellement intégrée. La coalition réclame que l'obtention du DEC soit soumis à la réussite obligatoire d'un cours d'histoire du Québec. Afin de relancer la recherche, les membres de la coalition souhaitent aussi la création d'une section consacrée à l'histoire du Québec à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).

L'historien José Igartua,[...] reconnaît [...] que « presque plus personne ne travaille sur 1760. Il n'y a que le XXe siècle qui intéresse aujourd'hui. C'est ce que demandent les étudiants. » Selon lui, le Québec a suivi l'évolution des universités américaines, à la différence qu'à cause de la petitesse du milieu il n'y a pas de place pour deux spécialistes de la même période historique dans la même université.

[...]

On a jeté le bébé avec l'eau du bain

Spécialiste des États-Unis, l'historien français Jacques Portes connaît très bien le Québec, qu'il fréquente depuis les années 1960. « Partout, les historiens se sont intéressée à l'histoire sociale, dit-il. Mais, ici, on a jeté le bébé avec l'eau du bain. Ce n'est pas du tout le cas en France, où l'histoire politique a traversé un creux dans les années 70 et 80, mais sans jamais disparaître. Avec le temps, l'histoire de l'école des Annales [fondatrice de l'histoire sociale] s'est beaucoup diversifiée, mais elle n'a jamais tué l'histoire politique, qui a encore toute sa place. Au Québec, le balancier n'est pas encore revenu de l'autre côté. »

Pour la diversité des écoles à identité forte

Extraits de l'allocution « La liberté d'enseignement » par Jean-Noël Dumont, directeur du Collège supérieur de Lyon.




La religion multiculturelle : définition

Carl Bergeron se penche sur un extrait du blogue de Richard Martineau [note du carnet — qui soit dit en passant ne s'est pas foulé pour ce billet] :
« Contrairement à ce que disent certains ennemis du cours d’éthique et de culture religieuse, nos pédagogues ne veulent pas convertir de force les enfants catholiques à l’Islam ou au judaïsme, ils veulent juste les ouvrir à d’autres cultures.

(…)

Ça va permettre aux jeunes de saisir les référents et les emprunts la prochaine fois qu’ils vont lire Le Seigneur des anneaux. Et ça va leur montrer qu’aucune religion est meilleure que l’autre, que les systèmes de croyance sont tous absurdes et ridicules. »
  1. La seule religion à laquelle les enfants seront convertis de force, c’est le multiculturalisme ;
  2. ECR ne dit pas que les systèmes de croyance sont tous absurdes et ridicules, il dit qu’ils sont tous magnifiques ;
  3. “Montrer” qu’aucune religion [n']est meilleure que l’autre n’est pas démontrer, ce n’est pas penser, ce n’est pas faire de la pédagogie mais de l’idéologie ;
  4. ECR est une entreprise de terrorisme intellectuel, qui condamne les sceptiques à la stigmatisation sociale (”fondamentalistes”, “créationnistes”, “ils réclament le droit à l’ignorance”, etc.)
  5. ECR est une honte nationale.

(source)

[Note du carnet — soyons charitables avec Martineau qui visiblement n'a pas suivi : bien que la doctrine philosophique du cours d'ECR est le pluralisme normatif (à savoir, pour faire bref, plusieurs religions c'est mieux qu'une), il n'est pas impossible que des jeunes en ressortent sceptiques, athées (on présente l'athéisme à la fin du secondaire), agnostiques ou de parfaits relativistes. Il y a toujours des impondérables...selon la nature de l'enfant, celles de ses compères (beaucoup de travail se fait en groupe où le dialogue et le consensus sont privilégiés), des professeurs, le matériel utilisé...]


Ode au pluralisme religieux distribuée dans une classe de 5e primaire de la commission scolaire Riverside de la Rive-Sud de Montréal.






Conte chinois enseigné en classe d'ECR, Longueuil





Conte soufi enseigné en classe d'ECR, Longueuil