mercredi 20 mai 2009

Les chemins de Gravel

Lettre de Benoit Girouard envoyée à La Presse (en attente de publication) :
J’ai été surpris ce dimanche matin de lire les propos de l’abbé Gravel qui qualifiait les opposants au cours d’éthique et de culture religieuse de « …petit groupe d’opposants, plus fanatiques les uns que les autres ». Il ne pouvait s’arrêter et rajoutait vers la fin « …je me méfie de l’intégrisme fanatique des opposants ».

Ça y est le mot est lancé les opposants au cours d’ÉCR sont des fanatiques et des intégristes. Cette tactique de communication qu’emploie ce cher prêtre-média fait malheureusement de plus en plus sa place dans notre monde moderne et démontre le peu d’envergure intellectuelle des opposants à telle ou telle idée. Par exemple au États-Unis, avant même d’entendre les arguments d’un expert qui réclame de fixer un plafond pour les gaz à effet de serre on dira qu’il est libéral (lire à l’anglaise) …qui sera compris par la population américaine comme gauchiste voir même communiste.

Au Québec c’est l’inverse, lorsque les Lucien Bouchard, Joseph Facal et autres parleront d’un Québec lucide, on dira qu’ils sont « à droite » afin de bien vendre l’idée qu’il ne vaut même pas la peine d’engager la conversation avec eux. Ce procédé qu’utilise M. Gravel est dans les faits une prise d’otage en règle, car l’individu ou le groupe qui se voit affubler de ces accusations, parce qu’à l’inverse du courant dominant, ne peut plus argumenter sur son idée avant d’avoir rétabli les faits quant à ce qu’il n’est pas. Un autre argument utilisé dans son texte, est celui de spécifier que les opposants au cours sont minoritaires.

Ainsi, selon lui, le petit nombre est une preuve d’absence de légitimité. Ce genre d’argument repris mainte fois par les médias n’a rien à faire avec le droit et encore moins avec la raison car, à ce titre, les femmes qui furent à l’origine une poignée à réclamer le droit de vote, n’auraient jamais dû l’obtenir, tout comme les premiers antiesclavagiste et que dire de la secte du Nazaréen devenu les catholiques d’aujourd’hui. La valeur d’une idée se défend au poids de son argumentaire et non du nombre de ceux qui la soutiennent ; justifier avec le nombre seulement n’est, dans les faits, que l’argument de ceux qui manquent d’argument.

Sur les arguments

M. Gravel a vu juste en disant que la transmission de la foi appartient d’abord aux parents, mais pas seulement que la foi, M. Gravel. Avant l’État, les premiers éducateurs sont les parents car ils représentent la famille, toute première unité qui bâtit une société. Pourtant, le cours d’ÉCR banalise et supplante les parents dans la transmission de l’éthique et des valeurs. Dans certains cas il viendra même en contradiction avec les valeurs familiales… car les familles aussi ont des valeurs. Vous avouerez que c’est plus dur d’avoir ce même genre de conflit avec un cours de mathématique ou de français. Ainsi nous ne parlons pas d’un problème d’ordre religieux mais bel et bien du rôle de l’État versus le droit parental.

Parlant de la responsabilité de la famille vis-à-vis de l’éducation des enfants, Charles de Koninck, ancien doyen de la faculté de philosophie de l’Université Laval, rappelait lors d’une conférence que « son droit est inaliénable, antérieur au droit de l'État, et inviolable ». Selon un vieil adage des régimes totalitaires, « quand nous sommes en minorité, nous réclamons pour nous la liberté au nom de vos principes ; quand nous sommes en majorité, nous vous la refusons au nom des nôtres. » L’abbé Gravel semble faire écho à cette maxime en écrivant que le cours « …favorise l’inclusion dans le respect de la dignité de chacun. C’est pourquoi il doit demeurer obligatoire pour tous sans exception. »

Il faut savoir que le respect de la dignité de chacun a toujours été incompatible avec le mot obligatoire et qu’à ce titre nous vous souhaitons, M. Gravel, bienvenue parmi les intégristes !

Benoit Girouard

Père de 5 enfants et président Union paysanne

3 commentaires:

Bernard Couture a dit…

"petit groupe d’opposants, plus fanatiques les uns que les autres" : quelle belle ouverture d'esprit, M. Gravel! Quel respect de la diversité! Quel amour de votre prochain!

Évidemment, si moi je disais, par exemple, que "les activistes homosexuels sont un petit groupe tout plus fanatiques les uns que les autres", le même Gravel me tomberait dessus et m'accuserait d'être ignorant et homophobe.

Gébé a dit…

C'est bien contre ce quoi je vous ai mis en garde.

Votre refus de le voir confirme les propos de Gravel.

Mais Gravel, de son côté, refuse de voir que les bonzes de ce cours relativiste sont autant des fanatiques.

Un combat de fanatiques, de bornés, d'endoctrinés.

Luc Michaud a dit…

Gébé-j'ai-toujours-raison a écrit :

> C'est bien contre ce quoi je vous >ai mis en garde.

Quoi? C'est quoi ce quoi? Vous vous nous avez mis en garde contre les contradictions de Gravel, ses invectives infondées, son alliance à géométrie variable avec les molissimes évêques catholiques du Québec?

Soyez précis.

"Un combat de fanatiques, de bornés, d'endoctrinés."

Adorable venant de Gébé (je ne dirai pas ici ce que je pense de lui, la liste des épithètes peu charitables seraient longues), mais l'ouverture d'esprit n'est vraiment pas ce qui me vient d'abord à l'esprit comme qualité.