mardi 31 mars 2009

Réal Gaudreault, la réforme pédagogique et le règne de l'incompétence

Capsule 13



« Le cours Éthique et culture religieuse serait la pièce maîtresse et ultime de la réforme scolaire entreprise il y a une dizaine d’années. Pourtant, cette réforme était, selon les ministres péquistes de l’époque, l’outil à tous les maux de notre système d’éducation. Mais voilà, la réforme est un échec lamentable, un vrai gâchis selon certains spécialistes. Insatisfaits d’avoir tout gâché, nos savants penseurs de l’éducation nous reviennent en plus avec un cours de religion d’État. Wow! »



Capsule 14



« Le Québec apprécie plus que nulle part ailleurs l’incompétence. Pour s’en convaincre, notons que des neuf derniers ministres de l’Éducation depuis 1992, aucun n’a été enseignant dans une école. Plusieurs spécialistes de l’éducation au Québec s’opposent en bloc à cette réforme pédagogique qui a tout gâché. Toutefois, nombreux aussi sont les politiciens et technocrates qui persistent et signent afin que le Québec s’enfonce davantage dans la médiocrité. À quand le jour où on mettra tout ce beau monde à la porte une fois pour toutes? »

lundi 30 mars 2009

Les prétendus « sages » qui décident pour nous se préparent-ils à une défaite judiciaire ?

M. Denis Watters a coordonné les équipes de rédaction du cours controversé d'Éthique et de culture religieuse. L'an dernier, la ministre de l'Éducation (MELS), Michelle Courchesne, l'avait mandaté pour faire une tournée de la province afin de calmer les inquiétudes des parents à l'égard de ce cours. On ne peut pas dire que sa mission ait réussi. Depuis le 1er juillet dernier, Denis Watters n'est plus à l'emploi du ministère de l'Éducation.

Il y a quelques semaines déjà, Denis Watters déclarait au sujet des procès intentés contre le fait que le gouvernement – avant même d’avoir entendu les parents concernés – avait décidé de n’accorder aucune exemption aux cours d’éthique et de culture religion : « J’attends avec impatience la suite dans ce dossier. Je suis certain que la cause se rendra jusqu’en Cour suprême. »

En Cour suprême, avec les sous des 72 % de parents qui disent qu’il existe une autre solution plus tolérante : accepter le choix en matière d’éducation morale et religieuse.

Aujourd’hui, dans un article d’autopromotion dont le Devoir a le secret, celui-ci faisait l’éloge de son ancien journaliste et collaborateur occasionnel Jean-Pierre Proulx en laissant ses colonnes ouvertes au même Jean-Pierre Proulx ! On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même...

Bien sûr, la lecture de l’article est insupportable de prétention quand on comprend que, pour M. Proulx, seule sa manière d’envisager le dialogue, le pluralisme et l’éducation morale est la bonne. Tout cela au nom de la « démocratie », conçue chez Leroux comme un règne de l'« égalité » décrétée par des philosophes qui orientent l'État, et du « respect le plus absolu de la diversité »... Faisant croire que ses préférences et celles de ses amis experts sont celles du Québec et qu’elles vont dans le « sens de l’histoire »MC, notion que l’on croyait reléguée aux oubliettes de l’histoire après la défaite cinglante des monopoles philosophiques et politiques d’inspiration communiste.

Mais il faut savoir se faire violence et lire jusqu’au bout la prose autocongratulatrice de M. Proulx pour noter, à l’instar de M. Watters, qu’il semble douter de l’issue des procès engagés contre l’imposition de son bébé, le cours ECR : « la Cour suprême du Canada a dans ses arrêts sur les accommodements raisonnables, avalisé la thèse de la «croyance sincère» [de ceux qui demandent une exemption pour des raisons religieuses], ouvrant ainsi la porte à des décisions imprévisibles. »

Eh, oui. Il se pourrait bien que les parents gagnent contre l’État qui bénéficie pourtant de moyens nettement supérieurs (ne fût-ce qu'en termes de nombre d'avocats engagés dans ces procès, de recherchistes, d'experts universitaires qui lui sont quasiment tous directement ou indirectement redevables : vous voulez faire partie d'un comité, M. le professeur, être chargé d'une mission prestigieuse ?)

Notons que M. Proulx apprend aussi à respecter ces parents consciencieux qui se préoccupent de l’éducation morale de leurs enfants et qui veulent donc soustraire ceux-ci au programme pondu par M. Proulx et ses acolytes : il ne s’agit plus « des catholiques les plus intégristes » comme Radio-Canada le disait, mais de « nos concitoyens ». Il faut dire que l’opposition à ce cours vient de partout : protestants, catholiques, athées et agnostiques du MLQ, coptes, musulmans, juifs orthodoxes, nationalistes, etc.

Terminons par une citation d’un autre apologiste du cours d’éthique et de culture religieuse, également abonné aux pages d’opinions du Devoir.
« […] on doit […] concevoir une éducation où les droits qui légitiment la décision de la Cour suprême [à propos de l’affaire du kirpan accepté car « croyance sincère »], tout autant que la culture religieuse qui en exprime la requête, sont compris de tous et font partie de leur conception de la vie en commun. Car ces droits sont la base de notre démocratie, et l’enjeu actuel est d’en faire le fondement d’une éthique sociale fondée sur la reconnaissance et la mutualité. C’est à cette tâche qu’est appelé le nouveau programme d’éthique et de culture religieuse »

Georges Leroux, Éthique, culture religieuse, dialogue, Fides, 2007, pp. 45-46


Il serait ironique que les adeptes du programme d’ECR soient mis en échec par ce qu'ils vénèrent (le respect des Chartes comme principale balise morale, « la foi sincère comme base légitime et suffisante de l’objection de conscience »). Les meilleurs élèves du cours ECR seraient alors ceux qui ont, non seulement, « bien compris cette décision de la Cour suprême », mais qui l’appliquent « dans leur conception de la vie en commun » et qui donc demandent, leurs devoirs faits, de ne plus voir leurs enfants subir l’idéologie du programme gouvernemental conçu par les experts cooptés du Monopole de l'Éducation.

samedi 28 mars 2009

L'appropriation étatique du concept de culture publique commune au Québec

Début d'un article du sociologue Gary Caldwell dans la revue Égards.

L’APPROPRIATION ÉTATIQUE DU CONCEPT DE CULTURE PUBLIQUE COMMUNE AU QUÉBEC :

L’EXEMPLE DE LA COMMISSION BOUCHARD-TAYLOR ET DU COURS ÉCR


par Gary Caldwell, ÉGARDS, 21 mars 2009


Récemment, le concept de « culture publique commune » est réapparu au sein du discours public dans deux contextes particuliers : celui de la Commission Bouchard-Taylor (CBT) et celui du cours d’Éthique et culture religieuse (ÉCR), maintenant obligatoire dans toutes les écoles primaires et secondaires tant privées que publiques du Québec. Notre propos est ici de nous interroger sur la signification de la ré-émergence du concept, initialement apparu en 1986, réaffirmé en 1993-1994, finalement présenté sous forme de livre en 2001, mais largement négligé par la suite. Voir le concept invoqué avec tant d’aplomb par deux émanations de l’État est pour le moins intrigant. Dans son document préliminaire de consultation – en préparation des audiences publiques –, la CBT en parle même comme d’une expression courante, une affirmation plutôt surprenante ! Il se peut que dans des milieux spécialisés (universités, ministère de l’Éducation...) on ait parlé de culture publique commune depuis quelque temps déjà, mais affirmer que ces termes étaient une « expression courante » est nettement exagéré. De leur côté, les concepteurs et promoteurs du cours ÉCR parlent de la nécessité de créer une « véritable culture publique commune ». Rappelons que la CBT, dans son rapport, a réclamé la mise en œuvre du cours d’ÉCR. Pourquoi cet engouement soudain, et pourquoi de la part de l’État plutôt que d’un penseur individuel ou d’un universitaire ? Étant moi-même celui qui ai mis de l’avant le concept et défendu sa pertinence en 1988 et qui en ai proposé un contenu explicite provisoire dans mon livre de 2001, La culture publique commune : Les règles du jeu de la vie publique au Québec et les fondements de ces règles, je crois qu’il est légitime de ma part de vouloir commenter ce regain d’intérêt inattendu et le rôle qu’y joue l’État qui, en quelque sorte, mène le bal.

[...]


Lisez la suite dans le numéro 23 d'Égards.

vendredi 27 mars 2009

« Following the consultation, parents’ opinions were ignored »

Interesting article by the president of the Association of Catholic Parents of Quebec about the new Ethics and Religious Culture curriculum.
Parents have been up in arms about this course since the Québec government first made known its preliminary version in the fall of 2006. At that time, the Ministry of Education requested the Québec Assembly of Catholic Bishops, the Association of Catholic Parents of Québec, and other religious groups to give their opinion on the contents to the Committee for Religious Affairs. As President of the Association of Catholic Parents of Québec, I was outraged that, following the consultation, parents’ opinions were ignored. All parents consulted by the association had expressed their definite desire to maintain their right to oversee the courses. After all, its religious and moral content would be transmitted to their children.

Continued...
What a surprise, the Quebec Monopoly of Education ignoring parents' opinion! You don't say...

jeudi 26 mars 2009

« Notre » patrimoine religieux autochtone

Nous avons déjà parlé de la surreprésentation des spiritualités autochtones dans les manuels et cahiers d'ECR, apparemment pour respecter le programme officiel. Rappelons qu'en 2001, selon Statistiques Canada, 735 Québécois identifiaient leur religion comme étant une des spiritualités autochtones.

En sus de cette non-représentativité, il est intéressant de noter que, alors qu'on ne trouve pas de prières chrétiennes dans les manuels et cahiers, on en dénombre plusieurs autochtones (une micmaque et une cherokee ci-dessous). Ou comme le disait Mme Cloutier, coauteur des manuels Modulo où apparaît en grand la prière micmaque, les enfants sauront aussi que le Notre Père est une prière importante pour les catholiques, mais ils ne la liront pas dans leur manuel « parce qu'il aurait fallu autrement faire la même chose pour les autres religions »...

Le deuxième fait intéressant est le caractère exotique des spiritualités autochtones étudiées : une grande partie n'est pas issue de peuples autochtones installés au Québec. Or la justification de ce pan assez important du cours ECR est la présence d'autochtones au Québec et leur prétendue importance dans notre héritage spirituel (assertion non prouvée bien sûr). On comprend que pour les auteurs de ces manuels les spiritualités autochtones d'Amérique du Nord forment un tout, mais est-ce vraiment le cas ? Qu'y a-t-il de commun entre la spiritualité ancestrale des Hopis, des Haïdas, des Esquimaux et des Micmacs qui ne serait pas commun à celle des Indiens d'Amérique centrale ou des animistes sibériens ? Une fois les frontières du Québec abattues, pourquoi ne pas inclure des récits et des prières de ces peuples ? On comprend plus facilement que les auteurs du cahier d'activités Voyage pour les valeurs pour la 2e secondaire aient mis des guillemets autour de « notre » dans le titre du chapitre : « Notre » patrimoine religieux.


Enseignement des Hopis de l'Arizona — cahier d'activités LIDEC Voyage pour les valeurs pour la 2e secondaire, p. 152



Prière cherokee (chérokie) de la Caroline puis de l'Oklahoma — cahier d'activités LIDEC Voyage pour les valeurs pour la 2e secondaire, p. 153



Prière de Pilip, le Micmac

Prière micmaque (Gaspésie et Acadie) — manuel d'ECR Mélodie, publié par Modulo, destiné au 1er cycle du primaire, manuel B, p. 8



Haïdas de Colombie-britannique — page 73 du cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire

« Youpi, ma religion à moi !»

« Situation d'apprentissage et d'évaluation (SAÉ) » proposée en 1re année du secondaire par les cahiers d'activités LIDEC Partons à l'aventure.

On demande ici aux élèves de s'inventer leur propre religion ou plus précisément (p. 88) : « À partir des multiples exemples vus en classe dans le chapitre 1, tu décides de fonder ton propre mouvement religieux pour répondre à ta quête de sens. Ce mouvement doit naître de ton imaginaire. »

On indique ensuite à l'enfant de 12 ans ce qu'il doit faire pour créer sa religion : « 
  1. Tu dois inventer un fondateur et un mythe fondateur ;
  2. Inventer un Dieu ou des dieux et nommer ses attributs ;
  3. Inventer un code moral ;
  4. Inventer un livre sacré ;
  5. Inventer quelques rituels ;
  6. Inventer quelques objets de culte
 »

Enfin, l'élève devra à « l'aide du résultat des évaluations, dresse[r] le portrait de [sa] religion : points forts, points faibles, chance de succès, respects des consignes, etc. »

Il s'agit bien ici d'un jeu. Sans doute bénin pour l'agnostique ou l'athée moyen, mais — et nous avons des témoignages de parents au sujet de cette activité — profondément choquant pour plusieurs croyants sincères. Pour eux, voudrait-on banaliser ou susciter l'insatisfaction auprès des jeunes par rapport à la religion que leurs parents croient vraie qu'on ne procèderait pas autrement.







Région de l'Outaouais : après-midi d'information sur le cours ECR

Dimanche le 29 mars à Gatineau
Après-midi d'information

Lieu : Salle Gatineau à 13h00
Maison du citoyen
25 rue Laurier, Gatineau


Information
Tél : 819 328-8979
Courriel : gatineau@coalitioncle.com


Agrandir le plan

La rapide baisse démographique et les écoles en région dite éloignée

Le Québec compte déjà près de 600 écoles de 100 élèves ou moins dans les différentes régions du Québec. Loin de ralentir, la chute démographique dans les régions éloignées est appelée à s'accentuer au cours des prochaines années. Le Conseil supérieur de l'éducation rendait public hier un avis intitulé L'éducation en région éloignée, une responsabilité collective.

La présidente du Conseil, Mme Nicole Boutin, a rendu public ce rapport aujourd’hui après qu’il ait été déposé à l’Assemblée nationale par la ministre du Monopole de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), Mme Michelle Courchesne.

Déjà difficile, le casse-tête des écoles en région se compliquera considérablement au cours des prochaines années. D'ici 2015, la chute de la clientèle devrait osciller autour de 20 % dans les régions éloignées.

Selon les données rendues publiques hier, les baisses du nombre d'élèves dans les écoles primaires et secondaires, entre 2006 et 2015, devraient osciller entre 15,3 % dans le Bas-Saint-Laurent et 27,6 % en Gaspésie (avec une diminution de 19,8 % sur la Côte-Nord, de 20 % au Saguenay-Lac-Saint-Jean et de 21,7 % en Abitibi-Témiscamingue).

Or, ces régions qui représentent 10 % de la population mais 88 % du territoire québécois connaissent déjà des difficultés dans l'offre des services éducatifs. « Devant l'ampleur de ce qui s'en vient, on ne peut se contenter d'appliquer les mêmes recettes », fait valoir la présidente du Conseil supérieur de l'éducation, Nicole Boutin.

Le modèle moderne d'un enseignant devant une classe d'un seul niveau dans un village ne peut perdurer, fait valoir le CSE, soulignant néanmoins l'importance de maintenir des écoles à proximité des lieux de résidence des enfants, pour éviter une dévitalisation des régions. « Il faut sortir du cadre », ajoute Mme Boutin. Ainsi, les classes multiniveaux, déjà nombreuses, devraient se multiplier.

Les techniques de l'information et des communications sont aussi prometteuses, selon le CSE. Par exemple, dans une petite école secondaire, un cours de mathématiques spécifiques pourrait être offert en ligne. Au primaire, des enseignants de classes multiniveaux de très petites écoles pourraient se regrouper pour effectuer des projets en commun par l'intermédiaire d'Internet et de la visio-conférence.

Les mesures gouvernementales, souvent ponctuelles, pour soutenir les petites écoles en région gagneraient par ailleurs à être plus stables, indique le CSE. Le ministère de l'Éducation pourrait par ailleurs faire preuve d'une plus grande souplesse.

Certains villages ont opté pour l'école communautaire. En plus d'accueillir les élèves, les écoles deviennent de véritables centres communautaires où la bibliothèque municipale et d'autres services cohabitent sous le même toit.

Les défis sont les mêmes pour la formation professionnelle, collégiale et universitaire qui doit aussi s'adapter. En Abitibi-Témiscamingue, par exemple, on a opté pour la «formation à roulettes» : les enseignants en formation professionnelle se déplacent d'une ville à l'autre pour donner leur cours.

mercredi 25 mars 2009

Le Comité de parents de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs

Le Comité de parents

de la

Commission scolaire du Val-des-Cerfs

vous invite

FORUM DE DISCUSSION

SUR LE

COURS D’ÉTHIQUE ET CULTURE RELIGIEUSE


Pour connaître différents points de vue concernant le cours

La mise en application du cours ECR, qui est déjà dispensé à vos enfants, constitue un changement majeur qui concerne tous les parents et enfants.

Vous pourrez questionner les différents intervenants présents.

Une occasion unique à ne pas manquer !


Mercredi 1er avril 2009

18 h 30

ÉRABLIÈRE LA GRILLADE

106, rue des Érables à Saint-Alphonse

INTERVENANTS
  • Patrick Andries, M.Sc., parent-éducateur ;

  • Claire Bergeron, bachelière en théologie, enseignante au secondaire ;

  • Claudette Lavallée, responsable de région, Coalition pour la liberté en éducation ;

  • Marie-Michèle Poisson, professeur de philosophie, Mouvement laïque québécois ;

  • Émile Robichaud, membre de l’Institut linguistique de Montréal, ancien directeur d’école.


OUVERT À TOUS, parents, enseignants, directeurs d’école...


Nous comptons sur votre participation.

Le commissaire Michel Choquette bâillonné par la Commission scolaire des Draveurs

Mardi le 24 mars dernier, M. Michel Choquette, commissaire à la Commission scolaire des Draveurs de Gatineau, a reçu une mise en demeure (l'original ici) exigeant qu’il renonce à prendre la parole lors d’une séance d’information de la CLÉ, dimanche le 29 mars à la Maison du Citoyen (25 rue Laurier, Gatineau) à 13 h 00.

« Je suis atterré de constater qu’en 2009 ce sont nos institutions officielles qui imposent un bâillon à un élu et par surcroit au nom d’un cours sensé promouvoir le dialogue », a déclaré Mme Sonia Bouchard, porte-parole de la CLÉ en Outaouais. Effectivement, M. Julien Croteau, président de la Commission scolaire des Draveurs, mentionne dans sa lettre que « la position défendue par cette Coalition [CLÉ] va à l’encontre de la mission de la commission scolaire » pour justifier l’imposition sans précédent d’un tel bâillon.

Pour Mme Bouchard, « un tel geste antidémocratique de la part d’un président de commission scolaire, témoigne de ce qui attend notre société si les citoyens ne se tiennent pas debout face à l’intransigeance du Gouvernement Charest. ous constatons une fois de plus, que les commissions scolaires renoncent définitivement à leur autonomie démocratique en se laissant dicter leurs actions par la ministre de l’Éducation, Mme Michelle Courchesne. »

La Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ) affirme que l’imposition d’un régime étatique d’éthique et de culture religieuse à tous, outrepasse les pouvoirs légitimes du gouvernement, bafouant la liberté de conscience et de religion proclamée par les Chartes canadienne (article 2a) et québécoise (article 3).

« Loin de renoncer à son droit de liberté d’expression, M. Choquette a choisi de ne pas agir à titre de conférencier lors de cette rencontre d’information, mais il sera tout de même présent en tant que citoyen déterminé à défendre la représentation démocratique », a ajouté en terminant Mme Bouchard.

Deux autres capsules de Réal Gaudreault sur le cours d'éthique et de culture religieuse

Capsule 11

Résumé de M. Gaudreault :
La capsule 8 a suscité quelques commentaires d’une certaine personne utilisant le pseudo free2choose80 qui croit, comme Rousseau, que les parents sont incompétents. Cette personne semble pourtant ignorer que les statistiques montrent que le décrochage scolaire, le taxage, la drogue, le harcèlement sexuel et j’en passe, sont des problèmes que les diplômés du MELS et les neuf derniers ministres de l’éducation n’ont pas été en mesure de régler. À la vue de ces statistiques, nous constatons que la compétence n’est pas nécessairement une affaire de diplômes, du moins pas ici au Québec.





Capsule 12

Résumé de M. Gaudreault :
M. Denis Watters n’est plus à l’emploi du MELS, il est consultant à son propre compte. Dans les outils produits par M. Watters (DVD, livrets, conférences), on y trouve des éléments qui s’apparentent en tous points à une forme de propagande qu’utilisaient les hauts dirigeants de l’URSS pour donner une image plus positive du régime soviétique. Le truc est fort simple : dites le maximum de choses positives et ignorez volontairement tous les éléments nuisibles à la cause.




Des changements importants à la loi sur les droits de l’homme se profilent en Alberta

Selon l’Edmonton Sun, le gouvernement conservateur de l’Alberta serait près d’autoriser le passage d’un ensemble de réformes à la législation sur les droits de l’homme.

Cet ensemble comprendrait des changements pour que la Commission albertaine des droits de la personne ne puisse plus restreindre la liberté d’expression (voir l’affaire du révérend Boission).

Les droits des parents seraient également renforcés. Des sources gouvernementales auraient informé l’Edmonton Sun que le gouvernement s’apprêterait à inscrire le droit des parents de décider ce que l’école enseignera ou non à leurs enfants. Bien que les règlements en vigueur reconnaissent quelque peu le choix des parents, la décision des parents sera désormais reconnue comme un droit fondamental.

Les parents pourraient à l’avenir demander à ce que leurs enfants soient exemptés de tout cours relatif à la sexualité humaine, à l’orientation sexuelle ou d’autres matières contraires aux convictions religieuses de la famille.

Lindsay Blackett, ministre responsable de cette rénovation de la loi sur les droits de l’homme, a déclaré : « Lors des dernières élections, nous avons défendu les familles et les communautés locales. C’est sur ce programme que le premier ministre a mené sa campagne. » D’autres membres du gouvernement invoquent l’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l'homme des Nations Unies pour qui les « parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants. »

« Difficultés logistiques »

Bien que les parents puissent déjà demander que leurs enfants soient exemptés de certaines matières conformément aux règlements scolaires en vigueur, Frank Bruseker, président de l’Association des enseignants de l’Alberta, a déclaré que le respect de chaque décision parentale sur chaque matière scolaire créera des difficultés logistiques dans les écoles.

« D’un point de vue pratique, si nous avons disons trios élèves qui s’opposent à un sujet… tout à coup la classe est dispersée en deux lieux différents. »

« Si nous avons quatre ou cinq classes qui enseignent la même matière en même temps, le nombre d’élèves que les bibliothécaires doivent surveiller – plutôt que les enseignants – se voit multiplier. Pour réduire la pression supplémentaire exercée sur les bibliothécaires, il nous faudra trouver plus de ressources et de surveillants. »

Il est vrai qu’un cours unique pour tous est plus facile (il faudrait alors éliminer par le même raisonnement les cours à option), mais cette menace pourrait bien réduire la volonté des experts en éducation ou des professeurs d’imposer dans les écoles publiques des programmes peu consensuels et même parfois politiquement orientés avec l’argent des contribuables.

« Vivre-ensemble » en Italie : vers une instauration de quotas ethniques dans les classes ?

Le gouvernement italien compte instaurer un plafond de 30 % d'étrangers par classe dans les écoles, en estimant que cela aidera les enfants d'immigrés à s'intégrer parmi les petits Italiens, a déclaré la ministre de l'Education, Mariastella Gelmini.

« Nous envisageons un quota de 30 % », a-t-elle dit à la télévision italienne.



« On a de nombreux cas de classes presque entièrement composées de petits immigrés et il est évident que de telles conditions ne sont pas propices à leur intégration », a-t-elle continué.

Selon elle, les enfants immigrés apprendraient davantage l'italien s'ils étaient plus mêlés aux élèves italiens.

Gelmini est l'un des ministres les plus contestés du gouvernement de Silvio Berlusconi. Les réformes qu'elle a défendues, visant à réduire les effectifs du corps enseignant et à accroître la discipline, ont provoqué des manifestations d'étudiants à travers la Péninsule.

L’idéologue Richard Descoings chargé par Sarkozy d'une mission pour réformer le lycée français

Richard Descoings, directeur de Science Po et chaud partisan de la « discrimination positive », a été chargé par le président français dit de droite, Nicolas Sarkozy, d’une mission sur la « réforme des lycées » après l’abandon de la réforme Darcos par le gouvernement. Signalons que les réformes abandonnées se multiplient en Sarkozie comme le signalent Pierre Cahuc, professeur d'économie à Paris I et à Polytechnique de Paris, et André Zylberberg dans Les réformes ratées du président Sarkozy qui vient de paraître aux éditions Flammarion.



Pour célébrer l'évènement, Richard Descoings a créé un carnet et des vidéos : « Lycée pour tous ». (Vidéo à sujets doubles : « la mission qui m'a été confiée, elle me donne le devoir »). M. Descoings a récemment été condamné en justice pour diffamation à la suite de déclarations « péremptoires et fausses ».

Richard Descoings a été interrogé par Europe 1 le 23 mars 2009, il y a fait une déclaration pour le moins étonnante (enfin au Québec on est vacciné) : « On a un lycée qui est pour partie sexiste. Est-ce que vous savez que 80 % des lycéens en série L, littéraire, sont des filles ? 80 % ! Et qu’est-ce qu’on me dit dans certains lycées ? Oh bien c’est normal, vous savez, les filles sont plus littéraires. Dans la France de 2009, on a encore un lycée sexiste. »

Comme le souligne Djamila Gérard :
« Je ne sais pas si les filles sont plus littéraires que les garçons, mais toujours est-il que Richard Descoings, quant à lui, semble bien mal maîtriser le sens des mots en français. En effet, « sexiste » veut dire : qui a une attitude (en parole ou en acte) discriminatoire fondée sur le sexe des personnes. Donc tout d’abord, c’est idiot de parler de « lycée sexiste », puisqu’un établissement scolaire n’est pas un acteur en soi. Ce sont des individus, ou des groupes d’individus, qui sont ou non sexistes. Richard Descoings ne les désigne pas. Comment lutter contre les discriminations si on ne pointe pas qui fait ces discriminations ?

Ensuite, quand Richard Descoings parle de « lycée sexiste », qui accuse-t-il de procéder à une discrimination, de forcer les filles à choisir les filières littéraires ou à y limiter le nombre de garçons ? Le corps enseignant ? Mais que je sache, il n’y a nul concours ou examen à l’entrée de telle ou telle filière, et voir un tri sexuel sciemment organisé relève du déni de réalité. Personne ne dissuade les garçons de choisir les filières littéraires, ou les filles de choisir les filières scientifiques. »

mardi 24 mars 2009

Vision « judéo-chrétienne » dans la correction des copies, la faute comme écart par rapport à la norme orthographique « divine »

Richard Berger, dans un rapport produit en 2007 pour le Ministère de l'Éducation, qualifiait d'« approche judéo-chrétienne » « punitive » la méthode de correction actuelle, en fonction de laquelle un élève qui commet plus de 30 erreurs échoue automatiquement en français. « On devrait mesurer ce qui est réussi et non ce qui est raté », affirmait-on dans le rapport.

Et c'est à ces gens, eux qui associent punition et christianisme pour les réprouver — quid du pardon ? — qu'il faudrait faire confiance pour enseigner objectivement les religions juive et chrétienne dans le cours d'Éthique et de culture religieuse... ?

Dans le texte (p. 103) cela donne  :

De toute manière, cette norme ne se manifeste jamais également d’une copie à l’autre et rien n’assure qu’une quantité de fautes ou de « non-fautes » témoigne bel et bien d’une maîtrise de la langue écrite131.



131 Dire qu’il y a une erreur, c’est aussi dire qu’il y a commission d’un écart par rapport à une norme (« divine ») qu’il faut suivre. Faire le décompte des écarts, c’est aussi dire qu’on les tolère dans une certaine mesure. Or, cette mesure ne saurait être la même d’une personne à l’autre puisque ces écarts ne sont pas les mêmes d’une copie à l’autre. L’approche, judéochrétienne, est punitive, l’idéal à atteindre étant une sorte d’état angélique duquel il faut s’éloigner le moins possible.

lundi 23 mars 2009

« vivre-ensemble »

« Christian Rioux
correspondant du Devoir à Paris
vendredi 7 décembre 2007

[...]

Prenez cette mystérieuse chose qu’on nomme désormais le vivre-ensemble. Vous avez bien dû lire ça quelque part. La première fois, j’ai sursauté. J’ai cru à une expression échappée d’un cours de préparation au mariage. Cela doit bien faire un an que j’entends et lis ces mots étranges un peu partout. Il n’y a pas si longtemps, cet ovni linguistique ne se retrouvait que dans le jargon ésotérique des nouveaux programmes scolaires, qui n’en sont pas à un néologisme près. Puis, il est apparu dans les pages d’opinion des grands journaux. Mais depuis la commission Bouchard-Taylor, c’est le délire. On le retrouve pas moins d’une dizaine de fois dans les premières pages du document de consultation des commissaires, qui parlent pourtant habituellement un excellent français. Ainsi y aurait-il une gestion, des codes, une règle et même un apprentissage du vivre-ensemble. Comprenne qui voudra.

[...]

Pourquoi tant d’émoi autour de deux mots unis par un trait d’union ? D’abord parce que ce vivre-ensemble, ce n’est pas du français mais de l’allemand [« Zusammenleben » = « vie commune, coexistence » N.d.R.], aurait dit mon vieux maître. Les Allemands, qui ne sont pas tous philosophes, ont néanmoins tous un gros faible pour les mots composés, contrairement aux Français.

Ensuite parce que ce fameux vivre-ensemble ne se caractérise pas tant par ce qu’il veut dire que par ce qu’il semble refuser de nommer. Il y a des mots comme ça qui ont été inventés non pas pour dire les choses mais pour ne pas les dire. La peur des mots est chose courante à notre époque. Pour la calmer, il existe des mots-valises qui évitent de prononcer ceux-là mêmes qui ont un sens.

[...]

Or l’immense « avantage » du vivre-ensemble, pour ainsi dire, c’est peut-être qu’il évite de parler de ce qui permet justement de vivre ensemble. Aurait-on peur de choquer en affirmant que les Québécois, les Irlandais ou les Français se sont toujours définis par leur langue et leur culture communes et non par un hypothétique vivre-ensemble ? Et que devenir québécois, irlandais ou français, c’était adopter, certes progressivement, cette langue et cette culture et non ce vivre-ensemble ?

Les mots ne sont pas neutres. Avec le vivre-ensemble, il s’agirait implicitement de substituer à l’épaisseur de l’identité une sorte de règlement de copropriété. Personne ne le dit, mais sous des apparences d’ouverture, ce vivre-ensemble n’est peut-être au fond qu’un vivre-côte-à-côte. Au pacte de la langue et de la culture communes, faudrait-il préférer un simple contrat commercial par lequel les citoyens promettraient de ne pas se taper dessus ? Au fond, le « vivre ensembl  » n’est peut-être pour la société dite multiculturelle que ce que le néolibéralisme est au marché : une façon de se côtoyer sans jamais se toucher.

Comme la plupart des inventions du nouveau dictionnaire bureaucratique, le vivre-ensemble respire évidemment le moralisme. Avec l’identité, on partageait une langue et une culture, mais on n’était pas obligé de s’aimer. On pouvait même s’affronter. Les partisans d’une nation fondée sur l’identité et la langue faisaient le pari qu’en ayant des mythes communs, les citoyens finiraient par faire preuve de générosité entre eux. On ne sait pas trop ce que les partisans du vivre-ensemble proposent de faire ensemble, mais ils ont érigé la tolérance en absolu et ordonnent à chacun d’aimer son voisin.

« Les mots sont l’ADN de la pensée », écrivait Jean Paré dans Le Code des tics (Boréal). « Ceux que l’on injecte agissent au niveau des synapses du client, du lecteur, de l’électeur, comme des virus pour l’induire à penser de lui-même ce que l’on souhaite qu’il pense. » Il ne croyait pas si bien dire. »

L'ex-présidente du Conseil supérieur de l'éducation déclarait...

« Ce que l'école désigne comme désobéissance, manque de respect, insubordination, impolitesse, [...] absence non autorisée, excentricité vestimentaire [...] fautes d'orthographes, je propose de le considérer comme autant de formes de résistance »


Mme Céline Saint-Pierre, ancienne présidente du Conseil supérieure de l'éducation de 1997 à 2002, membre de la commission des États généraux en 1996 dans un article intitulé « Petite-bourgeoisie et consommation des besoins/désirs » de la revue d'extrême gauche Chroniques, numéro 13, 1976, pp. 44-49.

Mme Saint-Pierre plaidera bien sûr plus tard pour la réforme pédagogique et l'inclusion de tous dans une école plus accueillante.

Me Jean-Yves Coté et le pasteur Jeff Laurin sur l'actualité relative au cours d'ECR

Quatre capsules radio où Me Jean-Yves Coté et le pasteur Jeff Laurin discutent de l'actualité entourant le cours d'éthique et de culture religieuse.

Première capsule



Deuxième capsule



Troisième capsule



Quatrième capsule



vendredi 20 mars 2009

Les contenus du Centre national d'enseignement à distance français seront gratuitement accessibles sur Internet

Le recteur Jean-Michel Lacroix, directeur général du Centre national d'enseignement à distance français, a annoncé que tous les cours, du CP (1re du primaire) à la terminale (fin du cégep), seront gratuitement sur le site du CNED (Centre national d'enseignement à distance français) à compter du 1er juin 2009. D'après le recteur Lacroix, les cours seront accessibles à tous, « comme le sont les cours du MIT » (Massachusetts Institute of Technology).

Le décret paru au Journal officiel précise que les élèves relevant de l'instruction obligatoire peuvent s'inscrire au CNED sur avis favorable de l'inspecteur d'académie (à l'étranger du consulat français local lequel demande au Québec l'approbation de la commission scolaire locale), ceci afin d'éviter tout procès d'une concurrence faite aux collèges ou aux lycées que les parents voudraient contourner en passant par l'enseignement à distance, précise le recteur. Afin de distinguer ce qui relève des produits, qui ont vocation à être gratuits, et ce qui relève du service, du tutorat, de la correction des devoirs, qui peut être payant, le CNED mettra donc en ligne tous les cours dans toutes les disciplines, de l'école élémentaire, du collège et du lycée.

Toutefois, il faut préciser qu'il existe encore des obstacles techniques et juridiques à cet accès gratuit à cette somme de matériel.

En effet, selon une employée du CNED, le CNED n'est pas prêt techniquement, ses serveurs n'étant pas assurés de satisfaire à une plus forte demande. Sur le plan juridique, la mise en ligne de contenus pédagogiques se heurte à la question de la propriété intellectuelle, qui préoccupe les éditeurs de presse. Il faut savoir que les manuels du CNED reproduisent souvent de larges extraits de manuels scolaires. Inversement, comment protéger la propriété intellectuelle des manuels du CNED des appétits des concurrents alors que le secteur privé du soutien scolaire est en pleine expansion ?

À l’heure actuelle, l’accès par Internet aux cours du Cned est sécurisé et réservé aux inscrits. La subvention du ministère de tutelle serait de 30 millions € et ne couvrirait qu’un cinquième du budget total de 150 millions €.

jeudi 19 mars 2009

Que la collectivité finance l’enseignement, mais que toute la prestation d’enseignement soit assurée par des écoles indépendantes

Nous publions ci-dessous quelques extraits d’un document publié par Philippe Nemo qui plaide en faveur d’un pluralisme scolaire et prône la fin du monopole d’État en enseignement. On retrouvera le document complet ici.
« 
[C]ette étude propose un nouveau principe : que la collectivité finance l’enseignement, mais que la prestation d’enseignement soit [entièrement] assurée par des écoles indépendantes, librement créées et gérées, capables d’innover et de faire jouer l’émulation.

Correctement conçu, ce système permet d'offrir un accès à tous les enfants sans condition de ressources, un enseignement adapté à chacun, une garantie contre les dérives idéologiques ou sectaires et une gestion rigoureuse des fonds publics.

L’école est ensuite régulièrement inspectée par l’organisme de contrôle, qui peut lui retirer l’agrément, et donc son financement public, si elle ne respecte pas son projet d’école. Les écoles sont les employeurs de leurs personnels enseignants et administratifs. Elles peuvent se regrouper en réseaux, afin de partager des activités pédagogiques, éviter l’isolement intellectuel et offrir des évolutions de carrière aux enseignants. Chaque réseau d’écoles accumule ainsi de l’expérience, une culture et une identité propres qui permettront à terme dans notre société l’émergence de foyers intellectuels et spirituels nouveaux

À l'origine du monopole d'enseignement en France : Napoléon

Les sociétés modernes ne sont plus unanimistes. Elles sont pluralistes. Elles respectent certes le droit et l’État de droit qui le protège, mais, au-delà de ce consensus sur les règles, il ne peut plus y avoir de consensus sur les idées.

Or, en contradiction flagrante avec ce droit commun du pluralisme, la France [et ceci vaut également pour le Québec] connaît encore aujourd’hui une situation de monopole scolaire. Ce monopole est un héritage de Napoléon Ier, qui n’a été conservé par les républicains, à l’époque de Jules Ferry, qu’en raison du combat acharné qu’ils croyaient devoir mener contre les écoles de l’Église.

En effet, Napoléon n’était pas un démocrate. Au moment même où il créait l’Université de France, ancêtre de notre Éducation nationale, il supprimait la liberté de la presse… Cela montre bien de quel esprit antidémocratique relève le monopole scolaire. Celui-ci ayant été maintenu par les Républiques successives (car l’actuelle « école libre », outre qu’elle est quantitativement marginale, n’est pas libre de ses programmes [l'État québécois impose également ses programmes aux écoles privées subventionnées]), il en résulte une situation étrange.

Aujourd’hui, en France, des familles qui ne lisent pas les mêmes journaux, ne votent pas pour les mêmes partis, n’ont pas les mêmes soucis et projets professionnels, les mêmes genres et styles de vie, etc., sont contraintes de faire éduquer leurs enfants dans un même moule et dans des écoles qu’elles ne peuvent choisir ni contrôler. Elles constatent en outre que ce moule, conçu en principe dans le cadre de l’État démocratique neutre, est en réalité accaparé par des groupes partisans qui donnent à leurs enfants une éducation politiquement orientée.

Elles ne peuvent donc percevoir cette situation que comme une anomalie et un despotisme, auquel elles tentent de résister par tous les moyens passifs et actifs dont elles disposent.

Lien social et pluralisme en matière scolaire

Pour assurer la cohésion de la nation, toutes les écoles doivent enseigner les règles de la vie commune de la société démocratique. Mais cela n'implique pas qu'elles soient obligées de suivre les mêmes programmes et les mêmes méthodes.


L’école d’État, concept absolutiste ou totalitaire

[L]a thèse selon laquelle l’éducation est une fonction organique de l’État, au même titre que ses fonctions régaliennes, n’a été soutenue que très rarement dans l’Histoire. Dans l’Antiquité, elle n’a été adoptée qu’à Sparte, qui était un État totalitaire, où l’économie elle-même était dirigée par l’État, ainsi d’ailleurs que les mariages et les naissances, et où il n’existait aucune liberté de penser (et, de ce fait, aucune pensée : on ne connaît aucun intellectuel, savant ou philosophe, spartiate, Sparte est, à cet égard, l’anti-Athènes). Aux Temps modernes, l’éducation d’État n’a été proposée que dans le cadre des utopies socialistes, de Campanella à Rousseau et aux Jacobins, ou par des monarques absolus comme Louis XV ou Napoléon Ier, et en dernier lieu par les régimes totalitaires fascistes et communistes.

Au contraire, l’État démocratique et libéral se reconnaît limité par les droits de l’homme, ce qui signifie qu’il renonce à prendre en charge la totalité de l’existence humaine, et d’abord la pensée et la conscience. D'ailleurs, un État démocratique est, par définition, un État qui est contrôlé par l’opinion. Si c’est lui qui forge l’opinion, où est le contrôle ? Comme nous l’avons dit plus haut, l’école monopolistique, telle qu’elle existe en France, est une institution essentiellement antidémocratique, contrairement à toutes les illusions que la propagande des républicains radicaux et des socialistes a répandues à ce sujet.

Le Monopole contre les familles et « pour un homme meilleur »

Le monopole scolaire ne garantit pas la neutralité de l’école. Au contraire, cela a toujours été un projet délibéré, de la part des socialistes révolutionnaires, de s’emparer de l’école pour combattre pied à pied l’influence éducative des familles.

[Bouchard & Taylor ne disent rien d’autre dans leur rapport quand ils recommandent à l’État d'imposer l’interculturalisme à tous les enfants et de limiter ainsi le rôle de la tradition et donc des parents dans la transmissions des valeurs :
« En exposant les élèves à une pluralité de visions du monde et de modes de vie [sélectionnées par l’État], l’État démocratique et libéral rend la tâche plus difficile aux groupes qui cherchent à se soustraire à l’influence de la société majoritaire afin de perpétuer un style de vie fondé davantage sur le respect de la tradition que sur l’autonomie individuelle et l’exercice du jugement critique. La neutralité de l’État n’est de ce fait pas intégrale. » (p. 135)
« Il y a une cinquième voie sur laquelle on n’insistera jamais assez, soit celle de l’éducation. C’est là, dès les premières années du primaire, que doit se former la sensibilité aux différences, aux inégalités, aux droits et aux rapports sociaux, ce qu’on résume en général par la notion de citoyenneté. » (p. 237)
« Les pratiques scolaires interculturelles, déjà importantes, devraient être intensifiées. » (p. 257) »
« Nous recommandons fortement au gouvernement de faire une promotion énergique du nouveau cours d’Éthique et de culture religieuse qui doit entrer en vigueur [être imposé à tous les enfants] en septembre 2008. » (p. 260)
]

La raison d’être de ce projet et de l’insistance des socialistes à le mettre en œuvre sur le long terme, quelles que soient les difficultés rencontrées, est facile à discerner. On ne peut « changer la société » qu’avec des hommes dont les mentalités sont acquises aux principes révolutionnaires. Peu d’adultes le sont, parce que, dit la doctrine, ils sont « aliénés » par l’idéologie bourgeoise. Une minorité révolutionnaire peut certes s’emparer du pouvoir, puis exercer une dictature. Elle luttera contre ses adversaires, selon le cas, en les « rééduquant », en les contraignant ou en les exterminant, trois cas de figure effectivement rencontrés dans les socialismes et communismes réels.

Cependant, il est clair qu’aucune de ces solutions n’est aussi radicale et durable que celle qui consiste à s’emparer des enfants de ses adversaires et à forger leurs mentalités selon l’image qu’on souhaite de l’« homme nouveau ». Ce projet est même devenu prioritaire dans les pays occidentaux à mesure qu’il apparaissait clair que les populations étaient attachées à l’idéal démocratique et que les socialistes ne prendraient le pouvoir que par les urnes, donc en gagnant la bataille de l’opinion et de la culture. Tous les espoirs déçus de « grève générale » et d’« insurrection » se reportaient ainsi sur la prise de pouvoir méthodique dans les grands appareils culturels, l’école en premier lieu (mais aussi, comme on sait, la presse, les médias, l’édition, la culture subventionnée en général, et jusqu’à la publicité).

Centralisation et rigidification du Monopole

Le monopole public sur l'éducation entraîne une centralisation, une rigidification et une bureaucratisation qui enlèvent en fait aux responsables hiérarchiques tout moyen de gérer les écoles de façon rationnelle et humaine.

La solution : découpler, en matière d’éducation, financement et prestation

Le financement de l’éducation par l’impôt n’implique nullement que la prestation du service éducatif soit assurée par des fonctionnaires d’État.

Esquisse d’une solution

1re étape : le Parlement établit un « cahier des charges » qui fixe les normes que devront observer les écoles agréées, pour recevoir un financement public.

Le cahier des charges prévoit notamment des normes minimales de compétences et de diplômes pour les enseignants et l'obligation d'enseigner les règles morales et civiques de base de la vie commune.

2e étape : chaque école candidate établit un « projet d'école », qui respecte le cahier des charges, mais qui peut prévoir des programmes plus riches, des exigences plus grandes, des activités supplémentaires.

3e étape : un organisme parfaitement neutre, [indépendant du ministère de l’Éducation], examine si le « projet d’école » respecte le « cahier des charges».

4e étape : si le projet d’école est agréé, l’école reçoit une subvention globale annuelle, proportionnelle au nombre et à l’âge des enfants
inscrits.

La loi définira un cahier des charges des diplômes du primaire et du secondaire, qui ne comportera que des normes minimales. Tout acteur du système éducatif aura le droit de créer des examens et des diplômes conformes à ce cahier des charges et pourra, s’il le souhaite, élever le niveau d’exigence.

Les écoles pourront se regrouper en réseaux, afin de partager certaines activités pédagogiques, éviter l’enfermement intellectuel, et offrir de vraies carrières aux enseignants.

Chaque réseau aura donc son « école normale », ses centres de formation continue et pourra cumuler de l’expérience.

Les réseaux auront une identité, un label et une production intellectuelle propre au corps.

La constitution au sein des réseaux d'écoles d'expériences, de compétences, d'une culture et d'une identité communes permettront l'émergence dans nos sociétés de foyers intellectuels et spirituels nouveaux.

Conclusion

Revenons, pour finir, sur l’objection traditionnelle faite à l’idée de pluralisme scolaire, à savoir qu’il provoquerait un éclatement des écoles et donc, virtuellement, du lien social même. L’expérience vécue de la Finlande, de la Suède, la Suisse ou des Pays-Bas montre que cette crainte est infondée. Les écoles, dans un système pluraliste, tendront à se ressembler plus qu’à se différencier, ou, pour être plus précis, elles se différencieront juste autant qu’il est nécessaire pour que toutes s’adaptent et progressent.

Un secteur éducatif libre sera dans un état d’équilibre dynamique combinant stabilité et innovation. Au lieu d’être contraintes, comme les écoles actuelles, de s’aligner par le bas, elles s’aligneront par le haut. »

L’école, laboratoire du multiculturalisme

Long texte de Mathieu Bock-Côté sur le cours d'éthique et de culture religieuse portant sur le multiculturalisme et le pluralisme normatif imposé, selon l'auteur, par ce programme imposé à tous les élèves québécois.

Quelques extraits pour les lecteurs pressés :

« Ceux qui ont reproché à la commission Bouchard-Taylor de faire l’économie de recommandations concrètes le faisaient à tort. Si les deux commissaires ont certainement refusé d’en appeler à un bouleversement du modèle d’intégration à la québécoise – on ne s’en surprendra pas dans la mesure où ils auront porté sur lui un jugement globalement positif –, ils auront toutefois multiplié les recommandations révélatrices d’une intelligence très fine des moyens par lesquels le multiculturalisme transforme les sociétés occidentales et s’incorpore dans leurs institutions. »

« [...] le multiculturalisme, quoi qu’on en pense, ne relève pas d’un « fait de l’histoire  » ou d’un « approfondissement de l’idéal démocratique » mais doit être pensé comme un projet politique mené par des acteurs sociaux désireux de transformer radicalement les sociétés occidentales. Le multiculturalisme est une révolution politique menée par la voie technocratique et culturelle. Une telle stratégie de contournement du débat démocratique n’est pas surprenante pour une idéologie systématiquement désavouée par la population, d’autant plus que les multiculturalistes n’en finissent plus de diaboliser la souveraineté populaire en l’assimilant bêtement à la tyrannie de la majorité ou au « populisme démagogique ». Chose certaine, le fanatisme cosmopolite des milieux qui se disent évolués trouve peu d’écho dans les classes moyennes et populaires[4]. Malgré les comptines et légendes du multiculturalisme humanitaire qui n’en finit plus de promettre une humanité régénérée par le métissage mondialisé, les Québécois s’entêtent à placer leur identité nationale au centre de l’espace public et ne tolèrent pas sa marginalisation dans une nouvelle « identité » qui reposerait sur la déconstruction de leur expérience historique. On aura beau mener une propagande pour imposer la novlangue de l’égalitarisme multiculturel, le discours pluraliste ne parvient pas à occulter la réalité d’une réalité historique réfractaire à l’ingénierie sociale. »

« Les commissaires Bouchard et Taylor l’avaient d’ailleurs constaté dans leur diagnostic : en grande partie, la crise des accommodements raisonnables consacrait l’implosion du multiculturalisme à la québécoise associé à la culture politique post-référendaire. Dans l’establishment pluraliste, on associera cette crise à une montée de « l’intolérance », de « l’ethnocentrisme », de la « fermeture à l’autre » et du « repli sur soi ». De la novlangue pluraliste au français courant, cette affirmation confirme surtout le dépit de la cléricature pluraliste devant la vigueur d’un nationalisme traditionnel héritier de la vieille identité du Québec historique. On ne se surprendra pas alors qu’une des recommandations les plus importantes de la commission Bouchard-Taylor était d’inviter « le gouvernement [à faire] la promotion énergique du nouveau cours d’éthique et de culture religieuse qui doit entrer en vigueur en septembre 2008 [5] ». Ce programme qui n’est ni le fruit de l’improvisation, ni celui de l’urgence, malgré ce que plusieurs ont pu en écrire, traduit plutôt les objectifs à long terme de la technocratie pluraliste, comme l’a remarquablement démontré Joëlle Quérin[6]. L’intense propagande qui accompagne ce cours souligne involontairement l’importance qu’y accorde le parti multiculturaliste [7]. On peut y voir l’aboutissement d’un long effort pour piloter à partir du système scolaire une reprogrammation de la conscience nationale, que la novlangue progressiste présente plutôt comme une « ouverture à l’autre » et comme une « citoyenneté respectueuse » dans le cadre de sociétés livrées à l’utopie d’une civilisation post-traditionnelle, post-nationale et post-occidentale. »


« La critique de Louis Corneiller [du Devoir] était assez confuse »

Robin Philpot rencontre Robert Laplante, directeur de L'Action nationale, sur les ondes de CIBL Radio-Montréal 101,5 à l'émission L'Effet versant le lundi 16 mars 2009. Il y aborde le dossier que l'Action nationale a consacré au programme d'éthique et de culture religieuse et la critique « assez confuse » de Louis Corneiller du Devoir sur la dénonciation de ces jeunes nationalistes quant au cours d'ECR et au multiculturalisme obligatoire qu'ils y décèlent.



mercredi 18 mars 2009

France — manifestation d'étudiants

Demande des étudiants français qui exigent plus de clarté.

Réal Gaudreault, capsules sur le cours d'éthique et culture religieuse



La République des bien-pensants

Pour assujettir un peuple, nul besoin de lui faire la guerre, faites-lui plutôt l’école. De Voltaire, en passant par Helvétius ou Robespierre, l’idée qui trône au milieu de la République des bien-pensants est que les philosophes sont les seuls qui sont en mesure d’instruire sur le bon, le bien et le vrai. Ici au Québec, nos bien-pensants ont fait encore mieux : ils ont réussi, par la loi, à forcer le peuple à s’abreuver de leurs très excellentes rêveries philosophiques.



Messieurs les bien-pensants, ouvrez donc une école !

Messieurs les bien-pensants (G. Leroux, F. Ouellet, J. Racine, D. Watters), avez-vous déjà pensé à ouvrir une école pour expérimenter vos théories sur vos propres enfants ? car c’est bien le pluralisme qui est l’objet de votre dévotion… Et qu’est-ce que le pluralisme sinon une mouvance religieuse syncrétique qui soutient que Dieu, la Réalité ultime, est la somme de toutes les révélations religieuses. Il n’y a rien de neutre dans cette approche puisqu’il s’agit d’une croyance qui s’apparente au nouvel âge, voire même au gnosticisme ancien.

« Une religion d'État enseignée à nos enfants ! »

Lettre ouverte publiée ce mercredi 18 mars dans le Quotidien de Chicoutimi
Plus je m'informe et me renseigne sur le cours d'Éthique et Culture religieuse, plus cela soulève en moi des appréhensions. La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a présenté ce cours comme quelque chose de bon. Elle a dit : « Quand on sait, on accepte. Quand on ne sait pas, on se méfie ». Je crois que c'est plutôt le contraire ; plus j'en sais, plus je me méfie. Elle a rendu le cours obligatoire, donc, les parents ont perdu le droit d'exercer un choix fondamental pour l'éducation de leurs enfants. Que les mathématiques, le français ou la géographie soient obligatoires, ça ne dérange pas grand monde. Par contre, lorsqu'il s'agit de morale, d'éthique ou de religion, beaucoup de parents sont contre le fait que l'État enseigne des choses contraires aux valeurs et croyances qu'ils ont inculquées à leurs enfants.

Dialogue


On essaye de nous vendre ce cours en le présentant dans son habit du dimanche. Il est censé promouvoir des valeurs comme l'acceptation, l'ouverture et le dialogue, ce qui sous-entend que cela est un manque de la part des parents. D'ailleurs, pour ce qui est du dialogue, la ministre Courchesne a dit aux commissions scolaires que toute demande d'exemption devait être systématiquement refusée. Alors, merci pour le dialogue ! On pourrait dire la même chose pour l'ouverture et l'acceptation : son attitude intransigeante nous en dit beaucoup. Le gouvernement prétend que ce cours est neutre. Comment oser nous faire avaler ce mensonge, quand le responsable du cours au ministère de l'Éducation, M. Denis Watters, a déclaré, sur les ondes de Radio Canada, le 24 avril 2008 : « Ce n'est pas un programme neutre, je le dis haut et fort ; ce n'est pas un programme neutre ». Donc, si ce n'est pas neutre, c'est quoi ?

Idéologies

En gros, on fait la promotion subtile de deux idéologies ; le « relativisme » et le « pluralisme ». Le relativisme prétend que tout est relatif, qu'il n'y a rien d'absolu, que chacun a raison à sa manière. Le pluralisme est un peu comme son frère jumeau. Dans le pluralisme, on affirme que toutes les religions sont bonnes, que toutes les opinions sont bonnes, on tolère tout et n'importe quoi pour éviter des conflits. Affirmer que toutes les religions sont bonnes est un non-sens ; une religion enseigne que nous avons une seule vie à vivre, une autre enseigne la réincarnation et plusieurs vies à vivre. L'une des deux est forcément dans l'erreur. Le ministère de l'Éducation prétendait vouloir sortir la religion des écoles et, maintenant, il essaye d'en enseigner sept différentes à nos enfants. En réalité, il les enseigne mal et les banalise pour finir, en bout de piste, par enseigner une religion d'État qui est contraire aux choix de la majorité des parents. N'oublions pas que 80 % des parents se trouvaient confortables dans l'enseignement religieux catholique ou protestant avant cette manigance de cours d'Éthique et Culture religieuse.

Insulte aux croyants

Le philosophe Gérard Lévesque croit que ce cours « jette le discrédit sur les croyances ». Il dit, également : « Ce programme est davantage une injure à l'endroit du fait religieux comme tel et une insulte aux croyants de toutes les confessions ». Avis que je partage. Que penser d'une déclaration du concepteur de ce cours, M. Fernand Ouellet : « Dans le contexte actuel, il ne suffit pas d'éduquer à la reconnaissance et au respect de l'autre, il faut aussi apprendre à ébranler la suffisance identitaire. » Que ce cours serve à ébranler la suffisance identitaire d'enfants de 6-7-8 ans (et plus) me donne des frissons dans le dos. C'est déjà un défi pour la plupart des parents d'inculquer des valeurs à leurs enfants et l'État déclare ouvertement vouloir les détruire ; on croirait se réveiller d'un cauchemar, mais c'est la triste réalité. Ce cours devrait être aboli, car il va créer de la confusion dans l'esprit de jeunes enfants qui n'ont pas la maturité pour peser le pour et le contre de ce qui leur est imposé.


Jacques-André Fortin, Dolbeau-Mistassini





lundi 16 mars 2009

Complément cour d'ECR — avortements tardifs en Russie, en Espagne et au Québec

Comme au Canada, aucune limite dans le temps n'est imposée aux avortements en Russie. Comme l'indiquait un cahier d'exercice d'ECR (Dialogue II), c'est le corps des femmes, elles ont seules le droit de choisir. (On pourra facilement répondre que le fœtus est un corps différent, mais ce cahier pour la 4e secondaire ne le fait pas.)

La bande-annonce d'un film qui sort sous peu sur le sujet pourra alimenter le dialogue.



Extrait du documentaire Killing Girls de David Kinsella, un nom donné car toutes les femmes filmées ont finalement appris qu'elles portaient une petite fille.

On estime que 80 % des femmes russes ont eu au moins un avortement, même si la tendance semble s'inverser. Le documentaire aborde également les risques démographique, économique et ceux liés à la stérilité ultérieure de ces jeunes femmes.

Le producteur-directeur, David Kinsella admet avoir eu beaucoup de difficultés à produire le film : « Killing Girls a aussi été mon film le plus difficile à produire, principalement parce qu'il était à peu près impossible de trouver des financements. Tout le monde me disait que je ne pouvais pas montrer ci ou ça ! [...] J'étais scandalisé par toutes les critiques négatives envers notre film. Donc j'ai décidé de faire un film venant directement de mon cœur et de mon âme et d'oublier tout de ces réactions négatives. »

Il livre aussi ses réactions durant le documentaire : « À certains moments, je me sentais complètement impuissant durant le tournage, les cris dans l'hôpital sont tatoués à mon âme, les sons d'un bébé criant pendant l'avortement », raconte-t-il, « j'étais totalement sous le choc ». Cependant, il dit ne pas se placer sur une ligne idéologique : « Je vous montre les faits ! Vous décidez ce qui est bien ou mal. »

Admettant avoir coupé les scènes d'avortement, il justifie : « Je pense... J'aurais un bien meilleur taux de succès avec le public normal en ne montrant pas ces images affreuses. Les gens, en particulier les femmes, ne feraient qu'éteindre le poste ».

Kinsella a aussi révélé que « de nombreux pays » ont demandé à pouvoir utiliser le documentaire pour l'éducation sexuelle des jeunes filles.

Anna Sirota, qui a écrit le script du film, et en est la narratrice, s'est déclarée elle aussi choquée, « pas seulement parce que tout ceci était si plein de souffrances et si cruel, mais parce que je ne pouvais pas comprendre comment il était aussi facile de donner et de prendre des vies, à quel point tout le processus d'avortement est si mécanique. » Sirota a donné naissance à une fille et a eu quatre avortements.

En Espagne

En Espagne, ce reportage a été montré à la télévision, sur la chaîne Intereconomia TV, avec la réalité horrible de deux avortements tardifs filmés dans l’avortoir El bosque de Madid. C’est probablement une première mondiale. Pour la première fois dans l’histoire, l’avortement tardif a été présenté dans toute sa réalité. On y apprend également comment des psychiatres permettent de détourner la Loi espagnole qui exige une raison grave pour avorter si tardivement.

(images dures à partir de la 9e minute)



Au Québec aussi...

Mme Denise Bombardier a dénoncé les mêmes avortements au Québec : « On finance des vasectomies et des revasectomies, tout ça avec nos fonds publics. » « On paie des avortements » « jusqu'à 24 semaines » et dans un cas d'espèce une même femme a avorté « 23 fois ». « On finance les gens pour ne pas avoir d'enfants, alors qu'on a un problème de survie collective. »

Quand commence la vie par le professeur Lejeune



Y a pas besoin d'être un catho intégriste...



Pour Radio-Canada, Morgentaler, apôtre du libre choix

C'est le titre du reportage sur cette page.



Morgentaler commence fort : la proportion d'avortements a peut-être augmenté parce que la population a augmenté... Notons que, depuis 1999, la proportion des avortements par rapport aux grossesses a encore augmenté : elle est proche de 1 sur 3 aujourd'hui.

dimanche 15 mars 2009

Réaction de Mme Poisson du MLQ

Glanée dans les réponses à l'article de M. Louis Cornellier du Devoir qui tentait de défendre Georges Leroux et le cours d'éthique et de culture religieuse, cette intervention de Mme Poisson du Mouvement laïque québécois qui condamne la présence du volet religieux dans le cours ECR :
«Les lecteurs du Devoir auraient grand intérêt à connaître l'avis de la Commission des droits de la personnes au sujet de ce nouveau cours exprimé dans un document intitulé :

Examen de la conformité du Cours d'Éthique et culture religieuse à la Charte (novembre 2008).

La CDPDJ émet de sérieuses réserves quant au respect du principe de neutralité de L'État envers la religion et identifie des motifs sérieux de recours devant la commission si les dérapages appréhendés se présentaient dans l'application du programme.

La CDPDJ a aussi publié une étude qui mets à mal quelques préjugés concernant une religiosité plus forte chez les immigrants.

Cette étude nous oblige à remmettre en doute l'un des a priori majeurs du programme ECR qui prétend contribuer à la "reconnaissance de la culture de l'autre" via la connaissance de sa "culture religieuse". Or cette étude nous apprend que :

«  Alors que parmi les Québécois non immigrants, 5 % ne se réclament d'aucune religion, cette proportion grimpe à 10,3 % chez les immigrants, et à 15,5 % chez les immigrants récents, soit ceux arrivés au Canada entre 1996 et 2001. En d'autres termes, au Québec, un immigrant récent a approximativement une fois et demie plus de chances qu'un immigrant plus anciennement établi, et trois fois plus de chances qu'un non-immigrant, de ne se réclamer d'aucune religion. Notons également que les immigrants, toutes périodes d'établissement confondues, représentent 18,2 % des Québécois sans religion alors qu'ils ne forment que 9,9 % de la population québécoise. Ces chiffres suggèrent que, loin d'être l'apanage des natifs québécois, la non-affiliation religieuse, l'incroyance, l'athéisme et l'agnosticisme - toutes des postures que l'on peut raisonnablement associer à la réponse « aucune religion » - touchent davantage les immigrants en général, et a fortiori les immigrants récents. »

(...)

« La plus grande surprise provient des immigrants québécois de foi musulmane. Ces derniers occupent le 21e rang au classement de religiosité relative, figurant ainsi au palmarès des cinq groupes les moins religieux au pays, et faisant même preuve d'une ferveur religieuse plus modérée que celle des Québécois protestants, qu'ils soient nés au Canada ou à l'étranger. De tels résultats mettent à mal l'image stéréotypée de fervents pratiquants que les médias et l'opinion publique ont l'habitude, au Québec, d'associer aux immigrants musulmans. Fait intéressant, les musulmans d'origine étrangère sont beaucoup moins dévots au Québec que dans l'ensemble canadien, où ils occupent le 15e rang au classement de religiosité relative. »

(...)

« Étonnamment, les natifs de parents catholiques sont ceux qui maintiennent le mieux une affiliation religieuse d'une génération à l'autre, bien que, dans la majorité des cas, les écarts avec les natifs dont les parents professent une autre foi soient marginaux. Seuls 5,4 % des natifs catholiques au Canada et 4,7 % au Québec déclarent n'adhérer à aucune religion. »

(...)

« Chez les immigrants, dans l'ensemble du Canada, seuls les répondants de parents chrétiens orthodoxes affichent un taux moyen de désaffiliation religieuse et d'incroyance (légèrement) inférieur à celui des Canadiens et des Québécois de parents catholiques. »

(...)

« En résumé, ces résultats nous obligent à nuancer l'idée largement répandue selon laquelle le fait d'appartenir à un groupe religieux minoritaire, ou encore d'être né à l'étranger, constitue systématiquement le signe d'une plus grande dévotion religieuse. Il est apparu que de telles dichotomies de type Nous - Eux comportaient plusieurs limites lorsque soumises à l'épreuve des faits. »
Au vu de ces résultats, force nous est de nous questionner sur la pertinence de cet enseignement des "cultures religieuses" qui risque plus d'enfermer les immigrants dans des caricatures d'eux-mêmes plutôt que de l'inviter à réaliser l'idéal héroique qui l'a mené jusqu'ici; être (enfin?) libre de son destin en cette nouvelle terre d'Amérique. »

samedi 14 mars 2009

Dossier contre le cours ECR dans l'Action nationale

Le Devoir va encore faire de l'urticaire. Le dernier numéro de l'Action nationale qui vient de sortir (mars 2009) consacre non plus une recension, mais un dossier complet au programme d'éthique et de culture religieuse.



Dossier
Éthique et culture religieuse : l’intoxication multiculturaliste

L’école, laboratoire du multiculturalisme
— Mathieu Bock-Côté

La culture de la médiocrité
— Charles Courtois

L’endoctrinement bien‑pensant
— Joëlle Quérin

L’intolérable liberté
— Carl Bergeron


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On remarquera que les quatre auteurs de ce dossier sont précisément ceux épinglés dans l'article de Louis Cornellier dans le Devoir qui défendait le cours d'ECR et Georges Leroux.

Les Haïdas et le Québec de la Grande Nouerceur

Quelques images extraites d'un cahier d'activités d'éthique et de culture religieuse destiné à la 4e secondaire et quelques pages du corrigé extraites du guide du professeur.

On y compare deux sociétés : une autochtone de Colombie-Britannique (!) à travers une histoire dessinée dite « vraie » et une autre bande dessinée sur le Québec de la Grande Nouerceur.


« Une histoire vraie » — page 72 du cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire





Ils sont sympas et ont de l'humour anachronique ces autochtones — page 73 du cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire




Jean XXIII mêlé à une affaire de témoins de Jéhovah au Québec (c'est bien sûr faux) — page 172 du cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire



Autre anachronisme : Ministère de l'Éducation sous Duplessis — page 173 du cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire



Les chamanes de la Grande Noirceur —page 184 du guide du professeur d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire




Parallèles entre les Haïdas et le Québec des années cinquante —page 187 guide du professeur d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire

A blog about the promotion of Eastern spirituality in Quebec schools

In Quebec, we only hear about the beneficial effects of yoga, meditation and qi gong. The public has little knowledge of the side effects of these practices and their religious roots. The individuals cannot benefit from accurate information which would enable him ou her to make an informed choice before engaging in such practices. Dangers of Yoga aims to make this information available.






Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Le Devoir défend « son » cours d'Éthique et de culture religieuse

Le Devoir a décidé de reparler du cours d'éthique et de culture religieuse. C'est que celui-ci commence à incommoder une nouvelle frange de la population : les nationalistes. Alors, le Devoir a décidé de défendre « son » cours d'ECR, celui que ses collaborateurs fréquents Georges Leroux et Jean-Pierre Proulx ont pondu comme experts pour le bien de nos enfants.
Louis Cornellier
Édition du samedi 14 et du dimanche 15 mars 2009

On s'attendait, bien sûr, à ce que le nouveau programme d'éthique et de culture religieuse (ECR), implanté dans les écoles québécoises en septembre 2008, suscite une certaine controverse. Les partisans de l'ancien programme d'enseignement religieux confessionnel et les athées militants se rejoignaient dans le mécontentement ressenti quant à cette nouvelle approche du fait religieux.
Et de l'éthique !
Aux premiers, on pouvait pourtant rappeler l'inefficacité de l'ancien cours, qui échouait à transmettre tant la foi que la culture religieuse, et son caractère peu rassembleur, voire discriminatoire.
Arguments peu convaincants : on pouvait améliorer les anciens cours, ne pas rendre encore plus difficile la transmission et puis cette contradiction de tant de partisans de la « diversité » et du « métissage », mots fétiche du Devoir, qui veulent pourtant rassembler, ignorer ou même rendre plus difficile la perpétuation des différences et de la diversité religieuses. Pour ce qui est de la discrimination, la solution avait été proposée et même inscrite dans la Loi pendant quelques années : permettre d'autres cours de religion là où le nombre le permet. Mais voilà, on voulait pouvoir imposer une même solution à tous.
Aux seconds, qui souhaitaient voir le religieux disparaître du programme de l'école québécoise, on pouvait répliquer qu'il serait mal avisé de négliger ainsi un pan du réel qui a contribué, et qui contribue encore, à définir la culture occidentale et les autres et les inciter à se réjouir de l'abandon de la perspective confessionnelle.
Le plus gros problème avec cet argument du réel (qu'on utilise ou non selon les besoins de la cause), c'est que les parents peuvent regretter ce réel et l'imposition de ce que les experts perçoivent comme le réel aux enfants des autres, même quand les parents s'y opposent et essaient de se réfugier dans des écoles privées. Ainsi des parents athées peuvent regretter que tant de gens croient encore à ces mythes incapacitants ou nuisibles que sont, selon eux, les religions (le réel) et ne veulent pas que leurs enfants soient soumis dès six ans à ces sornettes.
Sans suffire à convaincre les uns et les autres, ces arguments avaient au moins le mérite de justifier, aux yeux de la majorité, pouvait-on espérer, la pertinence du nouveau programme d'ECR.
La majorité... Guère plus de 52 % malgré tout le battage publicitaire orchestré par le Monopole de l'Éducation, Radio-Canada et des journaux comme Le Devoir, partisans en la matière !

Mais le Devoir néglige de dire que 72 % des parents québécois veulent en fait avoir le choix entre ce nouveau programme d'ECR et un cours traditionnel de religion.

Mais peu importe, les « experts », dont les deux collaborateurs réguliers du Devoir que sont MM. Georges Leroux et Jean-Pierre Proulx, savaient ce qui était bon pour les enfants des autres.
Ce qu'on avait moins vu venir, cependant, c'est la contestation virulente émanant des rangs d'une certaine droite nationaliste et intellectuelle,
Alors qu'on se demande bien en quoi une certaine gauche québécoise qui écrit dans Le Devoir est encore nationaliste.
au nom de la protection de l'identité nationale. Aux yeux de ces conservateurs à la québécoise, en effet, l'essai de Georges Leroux intitulé Éthique, culture religieuse, dialogue: arguments pour un programme (Fides, 2007) est devenu l'ennemi à abattre parce que, défendant le programme d'ECR au nom du respect du pluralisme, il mènerait à une « rupture avec l'identité nationale », selon la formule de Charles-Ph. Courtois.
Un essai serait l'ennemi à abattre ?

Non, c'est le programme que défend cet opuscule peu convaincant.
Pour Mathieu Bock-Côté, par exemple, l'« éducation à la tolérance » et la « sensibilisation à la différence » qui sont au cœur du programme d'ECR annoncent « une véritable haine de soi qu'on inculquera à une jeunesse devenue étrangère à sa propre culture » (Le Devoir, 24 avril 2008). Leroux est pourtant clair à ce sujet : le programme reconnaît le catholicisme comme « la tradition religieuse de référence au Québec ».
Ce ne sont que des mots. Dans les faits, le catholicisme est très souvent minoritaire dans la partie culture religieuse, elle-même minoritaire dans le cours d'ECR, et ce catholicisme en est réduit à une analyse pas toujours bienveillante des phénomènes qui l'entourent, on a souvent l'impression d'une présentation de reliques d'un autre temps sans prégnance véritable sur la société actuelle.
À partir de là, dialogue. Où est le problème ?
Pourquoi M. Cornellier ne lit-il pas ce que cette « certaine » droite a écrit ? On prétend pourtant que le Devoir est un journal de qualité...

Charles-Philippe Courtois, docteur en histoire (UQAM) et en sciences politiques (Paris), dans l'ouvrage collectif Contre la réforme pédagogique, a pourtant déjà expliqué le danger qui se cachait derrière ce mot trompeur de « dialogue » :

« L'évaluation par compétence peut donc être particulièrement insidieuse, non seulement parce qu'elle rend secondaire l'accès aux connaissances de base, mais aussi parce qu'elle permet facilement d'accorder la première place au conditionnement idéologique dans le processus d'évaluation. Constatation qui ne manque pas de piquant, lorsqu'on songe que les défenseurs de la nouvelle pédagogie n'en finissent plus de se distancier des modèles classiques de l'école, soit catholique, soit républicain, en critiquant non seulement les idéologies véhiculées par ceux-ci, mais, prétendument, le fait même de favoriser soit le catholicisme, soit le patriotisme. »
Conservatisme de combat

Dans L'État québécois et le carnaval de la décadence (L'intelligence conséquente, 2008), un pamphlet débridé animé par un conservatisme de combat, Carl Bergeron qualifie Leroux d'« idéologue pur jus » et lui attribue une « haine anti-occidentale » et le désir de détruire la famille, seule dépositaire légitime, selon le pamphlétaire, des valeurs à transmettre aux enfants.;?
Alors que, pour le journaliste soi-disant sérieux du Devoir, qui devrait décider des valeurs à inculquer aux enfants ? L'État (s'il est de gauche) ? Les experts (idem) ?
Bergeron affirme même que l'ouvrage de Leroux est « le produit d'une pensée totalitaire ». Une telle extravagance ne mérite même pas la réplique.
Mais bien quelques lignes pour démolir l'auteur ? Il faut dire que Carl Bergeron
rend la pareille aux « publijournalistes » du Devoir
et ne se prive pas pour attaquer — souvent avec raison et dans un style débridé — les folliculaires de ce bulletin paroissial du Plateau Mont-Royal, à gauche, soi-disant progressistes, prétendument nationalistes mais bien féministes, de tous les combats gays, interculturalistes, étatistes et sans enfants.
Dans le numéro de février 2009 de L'Action nationale, Joëlle Quérin, doctorante en sociologie à l'UQAM, tente une critique plus raisonnée, mais pas nécessairement plus forte, des arguments de Leroux. Le philosophe, explique-t-elle, ferait fausse route en proposant « que le pluralisme de fait appelle une adhésion au pluralisme normatif ». Faut-il comprendre que, selon elle, le pluralisme existe bel et bien, mais devrait être ignoré, voire combattu, par l'école ?
Qu'est-ce que cela a de choquant pour ceux qui sont pour un monopole de l'éducation qui décide sans cesse ce qui doit être enseigné ou non ? Les gens du Devoir par exemple. Il existe de nombreuses options (politiques, culturelles, linguistiques, littéraires, etc.) qui existent de fait et qui sont ignorées dans les programmes scolaires gouvernementaux.

Quoi qu'il en soit, c'est un point de vue cohérent pour des nationalistes qui veulent d'abord que l'école publique transmette les valeurs de la société d'accueil et non pas toutes les valeurs (en quelles proportions de toute façon ?) qui se retrouvent dans la société devenue bigarrée.
Quérin affirme même que « le pluralisme ne découle pas de la diversité », mais qu'il la produit. Faut-il comprendre qu'il s'agirait de ne pas tenir compte de la diversité pour la voir disparaître ?
On ne voit pas très bien ce qui turlupine M. Corneiller. En tout cas, il n'y a pas de quoi fouetter un chat quand on adopte le point de vue nationaliste de l'autrice (« auteure » mal formé dans le Devoir, mais pas ici).
Quand Leroux avance l'argument historique selon lequel il importe de transmettre aux nouvelles générations le savoir moral et religieux qui a animé l'histoire du Québec, la sociologue réplique qu'il « procède à une réécriture de l'histoire » parce qu'il inclut dans ce savoir non seulement le christianisme, mais aussi les religions amérindiennes et le judaïsme. Qui, peut-on demander, réécrit l'histoire ?
Pourquoi cette question rhétorique ? Un peu de courage que diable au Devoir...

Leroux dit « tous [l]es aspects moraux et spirituels », or quels sont les aspects moraux et religieux des Amérindiens qui forment les valeurs sociales de la société québécoise d'aujourd'hui ? Quasi aucun, sauf dans l'esprit de ceux qui mythifient l'écologisme ou la culture du dialogue qui viendraient, selon eux, des Amérindiens. Les Iroquois n'ont cependant pas attendu les Français pour massacrer de l'Algonquin. L'immense majorité des Amérindiens sont des chrétiens aujourd'hui. Les récits présentés dans les manuels d'ECR sont des mythes divers et hétéroclites qui doivent former par décision gouvernementale un volet « spiritualités autochtones » alors que pour de nombreuses tribus québécoises ces mythes leur sont étrangers... (voir la bande dessinée de 15 pages sur les Haïdas de Colombie-britannique dans le cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire).

On construit littéralement devant nous une spiritualité autochtone commune et artificielle qui sera enseignée par décret à des millions de jeunes Québécois qui y sont totalement étrangers, mais qui croiront que celle-ci existe ou est importante puisqu'on y revient souvent dans le programme.
Celui qui inclut tout le réel, dans le respect des proportions de ce qui le compose, ou celle qui suggère de faire l'impasse sur certains de ses éléments?
M. Cornellier est un petit pince-sans-rire. Il n'y a justement pas, pour se conformer au programme officiel, de proportionnalité respectée. Résumé : 27 % des pages pour représenter la religion de 90 % des Québécois.

À moins que M. Cornellier ne soit pas un comique, mais un ignare ou encore un savant malveillant ? (Nous pouvons aussi faire dans la question rhétorique.)
Charles-Ph. Courtois, dans la critique du cours d'ECR qu'il publie dans le collectif Contre la réforme pédagogique (VLB, 2008), développe des arguments semblables à ceux de Joëlle Quérin. Ce cours, écrit-il, serait déstructurant sur le plan national parce qu'il «vide l'interculturalisme de sa culture majoritaire de convergence» et va à l'encontre du «modèle républicain d'intégration dans la laïcité [qui] repose sur l'intégration à une culture nationale commune». Courtois parle lui aussi d'un «bourrage de crâne» et d'une «rééducation idéologique» qui abolit «la perspective québécoise».

Ces critiques outrées ne rendent pas justice au programme d'ECR et à la défense qu'en fait Georges Leroux.
Facile à dire, mais on attend le début d'une preuve... Il ne suffit pas d'extraire et de mettre entre guillemets chaque mot un peu fort tout en éliminant les explications des auteurs...
Car de quoi, au juste, a-t-on peur? D'un multiculturalisme qui mènerait à la fragmentation de l'identité nationale québécoise en encourageant un relativisme moral de principe ? Ce n'est pourtant pas de cela qu'il s'agit. La pratique du dialogue qui est au cœur du programme d'ECR repose sur le credo démocratique, le respect des lois du Québec, imprégnées de sa culture et de son histoire, et elle se fera en français.
Qu'est-ce qui se fera en français ? La pratique du dialogue dans les écoles anglaises ? C'est nouveau. Je ne regrette pas d'avoir lu le Devoir ! On dirait un vain appel du pied aux nationalistes...
Le pluralisme qu'il s'agit de valoriser ne concerne pas ce socle, mais le reste, c'est-à-dire les convictions intimes qui guident nos vies et qui se nourrissent à l'éthique et, très souvent, à la culture religieuse. C'est ce que veut dire Leroux quand il écrit qu'il s'agit «de mettre en harmonie l'école avec la modernité politique».

Il y a, au Québec, des Québécois croyants d'une foule de confessions religieuses, des agnostiques et des athées. Même à l'intérieur du catholicisme, les «différentes conceptions de la vie bonne» sont multiples. Apprendre à connaître et à reconnaître, même sans y adhérer, la richesse de ces dernières et pratiquer l'art de les mettre en débat dans un dialogue respectueux ne peut apparaître comme une menace qu'à des nostalgiques d'un monde ancien dans lequel la diversité éthique et religieuse était vécue sur le mode du malaise et constituait un obstacle à l'intégration. Nous, modernes, ne vivons plus dans ce monde.
D'une part, il s'agit d'un vœu que la réalité dément souvent : la diversité et l'hétérogénéité des valeurs fragilisent souvent les sociétés (voir Taguieff qui qualifie ce multiculturalisme béat de dernière utopie des bien-pensants). C'est d'ailleurs, paradoxalement, pourquoi les auteurs de cours d'ECR parlent de créer par ce cours « une culture publique commune » !

D'autre part, il est toujours intéressant de confronter les écrits de ces apôtres du dialogue aux actes qu'ils posent ou approuvent (ne fût-ce que par leur silence médiatique) : ils imposent le cours sans aucun dialogue, menacent de faire intervenir la DPJ, sanctionnent les enfants qui s'absentent du nouveau catéchisme obligatoire et ne conçoivent le dialogue que comme la soumission au consensus social moderne qu'ils disent incarner alors qu'en vérité ils veulent le façonner.