samedi 5 septembre 2009

Supplément ECR : Idées fausses sur les différences salariales entre hommes et femmes

Revenons quelque peu sur ce fameux cahier d'exercices d'éthique et de culture religieuse où Mme David apparaît dans un grand médaillon.

Regardons quelques-unes des affirmations et priorités mentionnées dans celui-ci.

L'équité salariale

Un des thèmes récurrent est l'équité salariale que Mme David cite comme un grande réussite du mouvement féministe (p. 199, reproduite en fin de billet) et que le cahier identifie comme encore inexistante sur le terrain (p.197, également reproduite).

Les lecteurs trouveront donc peut-être intéressante la vidéo ci-dessous qui démonte l'idée reçue selon laquelle l'ascension professionnelle des femmes est due au mouvement féministe. Bien entendu, le cahier d'éthique en question ne remet pas du tout en cause cette idée reçue.

Il s'agit d'un entretien avec le professeur Thomas Sowell qui a enseigné l'économie, l'histoire intellectuelle et les politiques sociales aux universités Cornell, d'UCLA et d'Amherst. Il est aujourd'hui associé principal à la Hoover Institution.



« Les femmes gagnent toujours 70 % du salaire des hommes »

Le cahier « Françoise David » ressort tous les poncifs du prêt-à-penser féministe en matière salariale :
« Les femmes n'ont toujours pas obtenu l'équité salariale dans les faits. Elles ne gagnent toujours en moyenne que 70 % du salaire des hommes.

[...]

En 2001, 61 % des employés au salaire minimum étaient des femmes. »
Présentée ainsi, cette situation choquera le désir de justice de nombreux élèves. Mais les faits sont tronqués par ce cahier (et Radio-Canada ce même jour qui reprend les mêmes genres de statistiques aux États-Unis : « les statistiques gouvernementales démontrent que les femmes américaines ne gagnent encore en moyenne que 80 % de la paye de leurs homologues masculins travaillant autant. »).

Complétons donc cette présentation tronquée en reproduisant ici quelques extraits d'un article du New York Times sur la question par Warren Farrell publié le 5 septembre 2005.

« Rien ne dérange plus les femmes qui travaillent que les statistiques souvent mentionnées lors de la fête du Travail qui montre qu’elles ne reçoivent que 76 cents pour chaque dollar qu’un homme gagne à travail égal. S’il s’agissait d’un portrait complet, la chose devrait tous nous déranger; comme beaucoup d’autres hommes, j’ai deux filles et ma femme est employée.

[…]

Je me suis dit peut-être que les patrons sous-évaluent les femmes. Mais j’ai découvert qu’en 2000 les femmes sans patrons, elles sont indépendantes, gagnaient 49 % de ce que les patrons indépendants mâles gagnent. Pourquoi ? Quand le Rochester Institute of Technology a effectué une étude sur les propriétaires d’entreprises détenant un MBA d’une école commerciale prestigieuse, les auteurs ont découvert que l’argent était la principale motivation de 29 % des femmes alors que c’était le cas de 76 % des hommes. Les femmes valorisaient l’autonomie, la souplesse (des semaines de 25 à 35 heures et un emploi près du foyer), l’épanouissement et la sécurité.

Après des années de recherche, j’ai identifié 25 différences dans les choix de vie et de carrière entre les hommes et les femmes. Toutes font en sorte que les hommes gagnent plus d’argent, mais que les femmes bénéficient d’une meilleure vie.

Gagner beaucoup d’argent est une question de compromis. Les hommes choisissent de travailler de plus longues heures (les femmes travaillent plus à la maison), occupent des professions plus dangereuses, plus sales et travaillent plus souvent à l’air libre.

La différence de rémunération se résume-t-elle à des choix différents effectués par les hommes et les femmes ? Pas tout à fait. Le fait d’être parent intervient aussi. Les femmes qui ne se sont jamais mariées et qui n’ont pas eu d’enfant gagnent 117 % de leurs homologues mâles sans enfant (à même niveau d’éducation, d’heures travaillées et même âge). Leurs décisions ressemblent plus à celles des hommes mariés, alors que les décisions des hommes restés célibataires ressemblent plus à celles des femmes en général (des carrières artistiques, pas de travail en fin de semaine, etc.)

[…]

Mais est-ce que les femmes ne gagnent pas moins d’argent pour un même travail ? Oui et non. Le Bureau de la statistique du travail considère en bloc tous les médecins. Pourtant les hommes ont plus de chance d’être chirurgiens (plutôt que des généralistes), travaillent plus souvent à leur propre compte pendant à la fois plus d’heures et à des heures moins prévisibles, et cela pendant plus d’années. Bref, ce « même travail » n’est pas le même.

[…]

Comparer les hommes et les femmes avec les « mêmes professions » revient donc à comparer des pommes et des poires. Toutefois, quand les 25 choix de carrière sont les mêmes, la bonne nouvelle pour les femmes c’est qu’alors les femmes gagnent plus que les hommes.

[…]

Il existe 80 professions dans lesquelles les femmes sont mieux rémunérées que les hommes : analyste financier, orthophoniste, radiologiste, bibliothécaire, projectionniste, technicien des sciences biologiques. Les ingénieures commerciales gagnent 143 % de ce que gagnent leurs homologues masculins, les statisticiennes font 135 %.

Je veux que mes filles sachent que les gens qui travaillent 44 heures par semaine touchent, en moyenne, deux fois plus que ceux qui travaillent 34 heures et que les pharmaciennes gagnent aujourd’hui presque autant d’argent que les médecins.

Ce n’est qu’en cessant de nous concentrer sur la discrimination contre les femmes que nous pouvons découvrir ces occasions ouvertes aux femmes. »

Autres faits passés sous silence

Le chômage frappe désormais plus les hommes : « L'emploi a chuté de 111 000 dans le principal groupe d'âge actif (soit les adultes âgés de 25 à 54 ans), et près des deux tiers de ce recul sont survenus chez les hommes. »

http://www.statcan.gc.ca/subjects-sujets/labour-travail/lfs-epa/lfs-epa-fra.htm

« Du milieu des années 1970 à la fin des années 1980, le taux de chômage chez
les hommes était habituellement inférieur à celui des femmes. Depuis 1990,
toutefois, cette tendance s'est inversée, et le taux de chômage des femmes
est demeuré inférieur à celui des hommes. En 2007, le taux de chômage des
femmes était de 5,6 %, et celui des hommes, de 6,4 %. »

http://www4.hrsdc.gc.ca/.3ndic.1t.4r@-fra.jsp?iid=16

On observe le même phénomène aux États-Unis et plus particulièrement depuis le début de la crise économique :

la crise touche d'abord les hommes


Mise à jour septembre 2009 : plus de femmes que d'hommes sur le marché du travail

Une analyse réalisée par les travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) révèle qu'il y a plus de femmes que d'hommes sur le marché du travail au Canada.

Cette conclusion est tirée de l'examen des données d'une étude de Statistique Canada réalisée annuellement sur la syndicalisation.

Ainsi, au cours de la première moitié de 2009 (du 1er janvier au 30 juin), le nombre de femmes employées a été supérieur de 160 000 en comparaison aux hommes (7,123 millions de Canadiennes contre 6,963 millions de Canadiens).

Même en incluant les périodes des deux Guerres mondiales, c'est la première fois au pays que le nombre de femmes qui occupent un emploi surpasse celui des hommes. L'enrôlement sous les drapeaux de ces derniers avait en effet conduit de nombreuses femmes à prendre leur place au travail, mais jamais elle n'y furent majoritaires.




La situation des femmes vue par des féministes
(page 197 du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)

Françoise David dit merci aux éditions de la pensée (suite)
(page 199 du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)

6 commentaires:

  1. À lier aussi :

    http://www.varia.com/livre.asp?id=88

    Qualifié bien sûr de pamphlet par les féministes et les décervelés.

    ---

    André Gélinas

    L’Équité salariale et autres dérives et dommages collatéraux du féminisme au Québec

    • Collection Sur le vif
    • Parution: 2002
    • 256 pages
    • Prix: 24.95$
    • ISBN: 978-2-922245-76-9

    Pour contactez le service des commandes: editions@varia.com

    À la suite des pressions exercées par les féministes québécoises, la Loi sur l’équité salariale, adoptée en 1996, est la plus chromée de toutes les lois du genre au Canada et en Amérique du nord. Elle assure aux femmes une rémunération au moins égale et parfois supérieure à celle des hommes tout en empêchant que les hommes aient une rémunération supérieure à celle des femmes. Elle a déjà permis aux femmes d’encaisser près de quatre milliards de dollars en «redressement salarial» de 1990 à 2001, et ce, dans le seul secteur public. Tant que cette loi sera en vigueur, chaque année amènera un nouveau redressement salarial auquel il faudra ajouter les avantages sociaux. Dans ces conditions, peut-on encore sérieusement parler d’équité? Comment l’économie québécoise peut-elle supporter un tel dommage collatéral?

    Une pareille dérive, d’après l’auteur, s’explique simplement: le discours féministe a été tellement dominant aux cours des dernières décennies que ses nombreuses revendications et ses nombreuses victoires ont fini par émousser le sens critique des Québécois. Quelles victoires? Par exemple, en 2000, la «Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans les organismes publics» détermine que les groupes «victimes de discrimination» sont maintenant les femmes, les autochtones et les personnes qui font partie d’une minorité visible. Selon cette loi, «à compétence égale», les membres des groupes cibles devront être recrutés et promus de préférence à ceux qui ne font pas partie de ces groupes. Autre exemple: en 2001, le gouvernement a versé un milliard de dollars à des garderies à 5 $ pour permettre à la femme d’aller sur le marché du travail sans grever son budget. Madame l’Ombudsman a déclaré que cette somme ne satisfaisait que 60% des besoins...

    Au moment où commencent les négociations entre l’État et ses employés, André Gélinas soumet à la réflexion publique des considérations à la fois rigoureusement techniques et hautement polémiques.

    RépondreSupprimer
  2. Pas une seule idée dans ce manuel qui n'est pas un lieu commun du féminisme prêt-à-penser... Jusqu'à la condamnation de "l'hypersexualisation" des jeunes filles, alors que cette "hyper"-sexualisation n'est que la conséquence logique et normale, dans l'esprit de n'importe quel adolescent, de la mentalité du "sexe purement récréatif" que ces mêmes féministes ont tout fait pour enseigner dans les écoles, au détriment de toutes les autres visions -- bien entendu trop "rétrogrades" pour nos jeunes Québécois d'aujourd'hui...

    RépondreSupprimer
  3. Bernard Couture,

    Vous n'avez pas idée comme je ne supporte plus l'hypocrisie des féministes, nos nouvelles Tartuffe, sur l'hypersexualisation des "jeunes-filles".

    Ceci alors que dès 12 ans elles sont soumises dans les polyvalentes du Québec à des publicités en grand du gouvernement sur le sexe.

    ÉNOOORMES AFFICHES sur le SIDA, sur les CONDOMS dans les toilettes des garçons et des filles. Toilettes dont la porte est parfois bien ouvertes.

    Brochures du gouvernement (vos impôts au travail) sur la sexualité, l'homosexualité qu'il faut accepter exposées à la bibliothèques.

    De qui se moque-t-on ?

    RépondreSupprimer
  4. DAns le temps où les évêques du Québec se tenait debout:

    « L'Eglise, assurément, n'interdit pas à la femme d'exer­cer son influence pour le bien en dehors de sa demeure, ni de prendre sa part légitime dans l'action sociale plus nécessaire aujourd'hui que jamais ; mais elle réprouve les théories malsaines, propagées dans ces derniers temps, et dont nous devons travailler à préserver notre pays. Sous le très fallacieux prétexte de libérer la femme des servitudes que l'on dit peser sur elle, on veut tout simplement l'arracher au loyer dont elle a la garde, et la soustraire aux devoirs sacrés que la nature et la Providence lui imposent. Par une regrettable confusion, qui est le fruit de l'ignorance chez les uns, de la malice chez les autres, on laisse entendre que l'égalité entraîne la similitude des droits, et l'on veut que la femme entre en une ridicule et odieuse rivalité avec l'homme, sur un champ d'action où ni les conditions de la lutte, ni les chances du succès ne sauraient être égales. La mise en pratique de pareilles théories serait funeste à la femme et à la famille, et amènerait à bref délai la déchéance de l'un et la ruine de l'autre».
    Concile plénier de Québec - 1909

    RépondreSupprimer
  5. Excellent article qui démontre bien toute la fausseté des larmoyeuses complaintes féministes. Discrimination! Oppression! Délir de percécution!

    Mais d'un même souffle Florence Montreynaud féministe notoire déclare sur le très féministe site sisysphe: «Pour elle, le Québec reste toujours ce qu’il y a de plus proche du paradis féministe.»
    (source de la citation: http://sisyphe.org/spip.php?article507)

    RépondreSupprimer
  6. Le pire dans tout ça c'est peut-être la présence de ces questions ouvertes. En prétendant respecter l'opinion des jeunes ou les amener à développer une pensée indépendante, on les force en fait à intérioriser les opinions communes qu'ils ne peuvent manquer d'avoir lorsqu'exposés à des informations aussi biaisées et partielles. Ils seront d'autant plus attachés à ces opinions qu'ils croiront y être parvenu indépendamment alors qu'en fait c'est la seule position qu'ils leur était possible de formuler étant donné leur pauvreté conceptuelle.

    RépondreSupprimer