dimanche 10 août 2008

Les catholiques québécois doivent-il suivre leurs évêques dans leur résignation molle face au cours d'éthique et de culture religieuse ?

Les parents catholiques doivent-ils suivre leurs évêques québécois qui, résignés, estiment que les catholiques ne doivent exercer leur droit d'objection de conscience qu’avec circonspection et qui aimeraient plutôt qu’on fasse confiance à l’appareil bureaucratique qui a concocté le nouveau cours ?

Les évêques en communion avec le Pontife romain

Faut-il en toutes circonstances que les catholiques suivent leurs évêques ? La doctrine catholique est très claire à ce sujet : uniquement si les évêques enseignent en communion avec le Pontife romain. Voir la constitution dogmatique sur l'Église, Lumen Gentium, n° 25, § 1 :
« Les évêques quand ils enseignent en communion avec le Pontife romain, doivent être respectés par tous comme les témoins de la vérité divine catholique; et les fidèles doivent accepter l'avis donné par leur évêque au nom de Jésus-Christ en matière de Foi et de morale, et y adhérer avec un respect religieux. Mais cette soumission religieuse de la volonté et de l'intelligence, on doit tout particulièrement l'offrir au magistère authentique du Pontife romain ».
Saint-Siège contre le relativisme mais pour la concurrence scolaire

Or que dit le Saint-Siège au sujet des écoles qui enseignent que plusieurs religions et systèmes philosophiques sont d’égales valeurs ?

La question avait déjà été abordée à plusieurs reprises.

Le pape Léon XIII s'était exprimé dans l'encyclique Affari Vos en 1897 sur la question scolaire au Canada. Il y dit qu'
« Il est nécessaire d’éviter à tout prix, comme étant les plus dangereuses, les écoles dans lesquelles toutes les croyances sont bienvenues et traitées comme des égales, comme si, en ce qui concerne Dieu et les choses divines, il n’était d’aucune importance que ce qui est cru par quelqu’un soit correct ou non et qu’il s’engage du côté de la vérité ou de l’erreur. »
Benoît XVI a réitéré le même point de vue alors qu'il s’exprimait récemment devant la Conférence des évêques italiens (CEI).

Le Pontife a insisté sur la priorité éducative, dont il a donné cette définition, très précise :
« Il s’agit de transmettre la foi aux nouvelles générations et, pour cela, il faut réagir au relativisme d’une culture qui met Dieu entre parenthèses et l'écarte de toute décision et de tout débat, notamment en ce qui touche aux questions définitives, au profit d’affirmations et de solutions de l’instant. »
Le Pape s’est également déclaré en faveur d’une saine concurrence de plusieurs réseaux scolaires soutenus par l’État :
« Comment ne pas avoir, dans ce contexte, une parole en faveur de ces lieux spécifiques de formation que sont les écoles ? Dans un État démocratique, qui s’honore de promouvoir la libre initiative dans tous les domaines, l’exclusion d’un soutien adéquat aux efforts des institutions de l’Église dans le domaine de l’école ne semble pas se justifier. Il est bien légitime de se demander si la qualité de l’enseignement ne serait pas stimulée par la mise en présence de différents centres de formation suscités, dans le respect des programmes définis par le ministère et valables pour tous, grâce aux initiatives populaires multiples, ayant pour préoccupation de se faire les interprètes des choix éducatifs des familles elles-mêmes. Tout laisse penser qu’une telle confrontation ne manquerait pas de produire des effets bénéfiques. »

2 commentaires:

Roger Girard a dit…

Une question très percutante dans le contexte actuel… Pour y répondre, je considère qu’il faudrait se demander ce qui s’est passé chez les évêques pour qu’ils cessent de défendre la position qu’ils avaient tenue auparavant. En effet, il y a quelques années, ils affirmaient que tant que les catholiques demanderaient l’enseignement religieux confessionnel, ils continueraient de les soutenir. Maintenant, ce n’est plus le cas et aucune explication ne vienne justifier ou du moins faire comprendre ce changement de cap. On peut penser à plusieurs hypothèses sur les causes de ce changement d’attitude fondamentale mais les évêques devraient eux-mêmes apporter un éclairage là-dessus. Je pense qu’il n’est pas nécessaire de mettre en doute la fidélité de nos évêques à la pensée pontificale ou à la communion de l’Église. Je leur accorde le bénéfice du doute quant à leur engagement pastoral, sachant qu’ils tentent d’appliquer au mieux les principes énoncés dans les encycliques et messages du pape. Au lieu d’en appeler aux grands principes d’une manière qui frise le procès d’intention, pourquoi ne pas en rester à une approche plus près de notre réalité sociohistorique et des positions exprimées par les évêques, à l’instar du texte de Louis O’Neil utilisé en référence.

Pour une école libre a dit…

Quelques commentaires :

1) Nul procès d'intention, mais simple constat. Nul jugement des intentions des évêques qui sont peut-être bonnes, mais dont les moyens sont mous ou peu efficaces : qu’ont-ils réussi à faire si ce n’est accepter avec résignation ce que l’État voulait depuis le début ?

2) Mais simple rappel de la doctrine catholique : il faut fuir les écoles où on enseigne que toutes les valeurs religieuses et philosophiques se valent. Les catholiques sont donc en droit de demander l'objection de conscience et, comme Louis O'Neil, je considère comme inélégant le geste des évêques qui tentent de décourager les parents qui ont à cœur le bien-être spirituel de leurs enfants et qui par prudence veulent demander l'exemption.

3) La réalité sociohistorique du Québec récent, c'est celle d'un déclin constant des libertés scolaires et d'un étatisme et monopole croissants, d'immixtion aujourd’hui dans la transmission des valeurs. Il faut justement briser ce déclin, réaffirmer une voix différente et non pas s'inscrire dans la tradition sociohistorique d'abandon.