jeudi 5 juin 2008

Entre lémures, palme d'or ?

Alain Finkielkraut s'exprime au sujet de l'auteur du roman qui servit de trame au film couronné Palme d'or 2008 du festival de Cannes. L'auteur, M. Bégaudeau, joue son propre rôle de professeur dans le film « Entre les murs ». La lettre envoyée au Monde s'intitule Palme d'or pour une syntaxe défunte.


Bande annonce d'Entre les murs (palme d'or à Cannes 2008)

« Bégaudeau n'a pas le triomphe modeste, soit. Mais pourquoi l'a-t-il acrimonieux ? Pourquoi cette vindicte à l'égard des professeurs qui ne partagent ni ses méthodes, ni ses objectifs, ni son optimisme ? Pourquoi être si mauvais joueur quand on a gagné la bataille, et s'acharner contre les derniers récalcitrants quand on a, à ses pieds, le président de la République, la ministre de la culture et celui de l'éducation nationale ? Et pourquoi faut-il que Le Monde (le 28 mai) alimente cette étrange aigreur en dressant le repoussoir des "fondamentalistes de l'école républicaine" qui prônent "l'approche exclusive de la langue française par les grands textes" ?

Fondamentaliste, la lecture d'A la recherche du temps perdu, de Bérénice ou du Lys dans la vallée ? Fondamentaliste, l'expérience des belles choses, l'éventail déployé des sentiments et le tremblement littéraire du sens ? Le fondamentalisme est arrogant, catégorique et binaire ; la littérature problématise tout ce qu'elle touche. Le fondamentalisme enferme l'esprit dans le cercle étroit d'une vérité immuable ; la littérature le libère de lui-même, de ses préjugés, de ses clichés, de ses automatismes. Le fondamentalisme est une fixation ; la littérature, un voyage sans fin.

On jugera le film de Laurent Cantet lors de sa sortie en salles. Peut-être sera-t-on intéressé, voire captivé par cette chronique d'une année scolaire dans une classe de quatrième à travers les tensions, les drames, les problèmes et les imprévus du cours de français. Mais s'il est vrai qu'après s'être vainement employé à corriger la syntaxe défaillante d'adolescentes qui se plaignaient d'avoir été "insultées de pétasses", l'enseignant finit par utiliser certaines tournures du langage des élèves, "plus efficace que le sien", alors on n'aura aucun motif de se réjouir.

[...]

Naguère aussi, on respirait dans les œuvres littéraires ou cinématographiques un autre air que l'air du temps. Sean Penn, le président du jury, a remis les pendules à l'heure en déclarant, dès la cérémonie d'ouverture du Festival et sous les applaudissements d'une presse enthousiaste, que seuls retiendraient son attention les films réalisés par des cinéastes engagés, conscients du monde qui les entoure. Sarabande, Fanny et Alexandre, E la nave va, In the Mood for Love, s'abstenir. Un conte de Noël, ce n'était pas la peine. Le monde intérieur, l'exploration de l'existence, les blessures de l'âme sont hors sujet. Comme si l'inféodation de la culture à l'action politique et aux urgences ou aux dogmes du jour n'avait pas été un des grands malheurs du XXe siècle, il incombe désormais aux créateurs de nous révéler que Bush est atroce, que la planète a trop chaud, que les discriminations sévissent toujours et que le métissage est l'avenir de l'homme.

L'art doit être contestataire, c'est-à-dire traduire en images ce qui est répété partout, à longueur de temps. Big Brother est mort, mais, portée par un désir de propagande décidément insatiable, l'idéologie règne et veille à ce que notre vie tout entière se déroule entre les murs du social. »

Il faut dire que Bégaudeau et Finkielkraut, tous les deux professeurs, se connaissent. Lors d'une émission où ils discutaient de l'école et des émeutes en banlieue parisienne, Bégaudeau était, non seulement clairement imbu de lui-même la bouche en cul de poule et le sourire narquois, mais également glaçant de mépris envers Finkielkraut. Il est vrai que M. Bégaudeau est de gauche.





1 commentaire:

  1. Bigaudeau ou la mauvaise foi assumée assumée avec le plus grand cynisme. La posture du rebelle et la ruse du Jésuite.

    Insupportable ce Bégaudeau, quelle mauvaise foi, quelle tête à claques devant la critique de Diams : vous ne connaissez rien au rap, vous l'avez dit vous-même... Mais il vient de lire le texte qui fait extasié le Monde (fait danser une jeunesse métissée).

    Une moitié du cerveau de Finkielkraut ne fonctionnerait selon ce minable de Bégaudeau.... Pitoyable.

    Bégaudeau donneur de leçons affligeant qui, selon lui, ne juge pas par subtilité et par volonté de pensée fragmentaire (comprendre lui est subtil), alors qu'il est simplement lâche, démissionnaire ou se ravit en fait de la revanche de la France métissée qui fout un peu le bordel.

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