vendredi 20 juin 2008

Du côte des cobayes du Monopole : les parents de la Réforme ne peuvent plus aider leurs enfants

Constat intéressant de la part d'une jeune mère de famille universitaire dans le Devoir concernant l'impossibilité désormais pour les parents de la « Réforme » de vérifier les connaissances et compétences de leurs enfants et de les aider.
Ma fille a terminé cette semaine ses fameux «examens du ministère». Sans manuels — il a fallu les rendre à l'école et ils n'ont désormais qu'un rôle accessoire —, sans notes de cours détaillées à relire, ni même de matière précise à réviser, il s'est avéré quasi impossible pour moi d'aider ma fille à préparer ses examens du secondaire 1.

Je n'ai même pas pu consulter les différents tests qu'elle a subis au cours de l'année pour revoir avec elle la matière abordée, puisqu'au moment de «vider» son casier — un moment survenu avant les examens —, le bac à recyclage a accueilli la plupart des travaux en question; ma fille n'est pas conservatrice, dira-t-on. Interrogé sur le contenu des examens et la manière d'aider ma fille à réviser, le personnel de l'établissement (public) s'étonne de ma frustration : « Vous devriez savoir comment ça fonctionne, votre fille est une enfant de la réforme ! »

Des effets du renouveau sur les parents « réactionnaires »

En effet, depuis sa première année, nous vivons avec ce renouveau pédagogique qui table sur « une approche centrée sur le développement de compétences et non plus seulement sur l'acquisition de connaissances ». Je ne remettrai pas en question la pertinence de cette approche, je n'en ai pas les compétences (transversales). Il reste que, de mon point de vue de parent, le jargon et les stratégies de la réforme me renvoient périodiquement une image d'incapable ou pis, de réactionnaire (!), moi qui vient à peine de quitter l'université.
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Le prétexte habituel : les temps ont changé

Confrontés à ma frustration de mère désireuse d'aider son enfant à préparer ses examens, le directeur, son adjointe, la professeure d'anglais, attrapés dans les couloirs de l'école, me confirment que les temps ont changé. On ne révise plus une matière acquise tout au long de l'année avant un examen.

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Dans une brochure publiée en 2006 au sujet du renouveau pédagogique, le ministère de l'Éducation rappelle l'importance de l'engagement des parents pour favoriser la réussite des élèves. Je conçois bien que l'école favorise l'apprentissage de compétences et explique aux enfants comme les appliquer: dans une société aussi pragmatique que la nôtre, réfléchir pour réfléchir n'est pas très tendance, n'en déplaise aux philosophes. Mais si les parents pouvaient jadis facilement vérifier l'acquisition des connaissances, qu'en est-il des SAE [« situations d'apprentissage et d'évaluation » dans le jargon] ? Les bras ballants et le regard désolé, le directeur de l'école n'a su me dire comment aider ma fille à préparer ses examens.

Croiser les doigts ou brûler des cierges

Au fil des années, j'ai vu bien des profs désarmés par mes commentaires sur le caractère alambiqué et empreint de rectitude politique des critères d'évaluation. La réforme n'empêchera peut-être pas les bons élèves de réussir, c'est le cas de mon autre fille. Mais si un enfant a le malheur d'être moins motivé ou autonome, que se passe-t-il ?

Le constat est désolant: je n'ai pas pu aider ma fille à rattraper les compétences non acquises au cours de l'année. En 2008 au Québec, la seule chose que je peux faire, comme parent, c'est me croiser les doigts pour que mes filles « répondent suffisamment aux attentes » et « développent de façon satisfaisante leurs compétences ». Quand elles seront rendues au secondaire V, j'en serai quitte pour brûler des cierges...

1 commentaire:

  1. Je m'appelle V. et j'ai 15 ans et je viens de terminer mon troisième secondaire au programme d'éducation international.

    Laissez-moi vous dire que ce ne sont pas seulement mes enseignants et mes parents qui détestent la réforme, ce sont aussi mes camarades de classe et moi-même.

    Lorsque je suis allée à la soirée d'information sur les nouveaux choix de cours en mathématique et en science visant à remplacer le 416, 426 et 436, j'avais l'impression qu'on me parlait dans une langue que je ne comprenais pas, tout comme ma mère et le reste de l'assistance, où c'était bien pire. Pour les programmes de science, ils ont donné deux options: Application techologique & scientifique, programme fait plus sur la pratique, et l'ancien cours plus théorique que pratique, basé sur l'ancien cours adapté à la réforme. En mathématique, ils ont fait trois programmes: "Culture, société & Technique", "Technico-Sciences" et "Sciences Naturelles". Le seul bon point de ce changement est que les cours de sciences et de mathématiques sont indépendants. Avant, si tu avais Math 436, tu devais prendre Sciences Physiques 436. Je voudrais aller en finance à l'université. Je veux (et besoin, sûrement) des maths les plus fortes que je peux avoir, mais pas nécessairement des sciences physiques fortes qu'un ingénieur doit prendre! À part de ça, c'est de la merde. On essaie de nous faire accroire que Technico-Sciences (mis plus en contexte) et Sciences Naturelles (plus pur) sont équivalents, mais Dieu sait que c'est loin d'être le cas!

    Il y a aussi le programme d'histoire, qui a viré en propagande pour que ma génération vote PQ. Dans ce cours, et à tous les niveaux de la réforme, c'est de la propagande. On nous dit l'histoire, mais on l'a déformé pour coller à la pensée unique social-démocrate-virant-au-marxisme québécoise. Dans le manuel Repères, volume B, de la première année du deuxième cycle du secondaire (3e secondaire), on dit vers la page 228 que le prix du pétrole ne subit aucun contrôle gouvernemental pour avantager le consommateur. Ce qu'on a fait exprès de ne pas dire: Primo, le gouvernement prend le tiers du montant que vous payez. Secundo, le gouvernement donne un prix minimum pour pouvoir prélever plus de taxes. Allez voir le site de la Régie de l'énergie si vous voulez vérifier par vous même. Le chapitre 6 (modernisation du Québec) est pire. On dit que l'intervention de l'état règle les maux, que son intervention est divine. Comme exemple de mondernisation, on cite: Cuba, l'Algérie, l'Inde et la Suède et on laisse entendre que l'état-providence est le seul moyen de se sortir de la misère. Je me souviens de ce moment précis. C'était l'an dernier, en géographie, en secondaire 2. On montrait une photo de gens entassés comme dans les camps de concentration nazis et l'enseignante disait que c'était comme cela pour la très grande majorité de la population à Hong-Kong. Lorsque j'ai balancé vers la droite et vu ce qui se passe réellement à Hong-Kong (vive internet!), je me suis dis: "Pourquoi le gouvernement enseigne pas la vérité?". Également, dans le chapitre 6, on ne cite pas Hong-Kong comme modèle de modernisation. Pourtant, il est bien meilleur et plus efficace que ceux enseignés! Également, il n'y a plus de cours en économie. Cela peut être une bonne chose car on aurait enseigné que le capitalisme est très mauvais.

    Je pourrais continuer des heures et des heures sur les merdes de la réforme. Cependant, j'ai peur que mes parents me pincent et m'aurait fait un long sermon que je déforme moi-même la vérité, que le gouvernement a raison sur le programme d'histoire et aurait essayé de me re-convertir à la gauche. Mais, cela ne se passera jamais. Je pris quotidiennement pour que le Québec adopte un modèle comme Hong-Kong. Mais, soyons réalistes: il faudrait pour cela un miracle ou un excellent orateur pour convaincre le monde ou une faillite de l'état québécois. C'est pour cela que lorsque je pourrai, je fais mes valises. J'ai des choix de destinations: les USA, la Suisse ou Hong-Kong.

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