dimanche 1 novembre 2020

Écosse : projet de loi prévoit de poursuivre les discours « haineux » tenus chez soi

Le ministre écossais de la Justice Humza Yousaf (ci-contre), au nom de la lutte contre les « propos haineux », veut contrôler les conversations privées dans les maisons.

Les journalistes et les directeurs de théâtre devraient également faire face aux tribunaux si leur travail attise délibérément les préjugés, a déclaré Humza Yousaf.

Le projet de Loi sur les crimes haineux et l’ordre public (Écosse) a été condamné par des critiques, notamment l’Église catholique écossaise, des représentants de la police, des universitaires et des artistes. Il introduira un délit d’incitation à la haine à l’encontre de personnes présentant des caractéristiques protégées, notamment un handicap, une orientation sexuelle et un certain âge.

Le projet de loi est vaguement basé sur la Loi britannique de 1986 sur l’ordre public, qui interdit les mots et comportements menaçants, abusifs ou insultants, mais comprend une clause qui exclut toute poursuite si ces paroles sont prononcées à l’intérieur d’une demeure.

M. Yousaf souhaite éliminer la protection de la « demeure » dans la nouvelle législation, ce qui signifie que tout ce qu’on dit ou fait chez soi pourra désormais faire l’objet de poursuites. En outre, M. Yousaf veut que la famille et les amis s’en prennent efficacement aux délinquants en les dénonçant à la police. Après tout, la police ne peut pas enquêter sur un crime à moins que quelqu’un ne le porte à son attention.

Le ministre entend ainsi créer les conditions d’une délation généralisée des conversations privées qui pourraient heurter la sensibilité des groupes jugés minoritaires par le régime diversitaire. Toute critique du correctivisme diversitaire peut potentiellement entrer dans la catégorie de discours haineux de nos jours. Si, dans vos conversations privées, vous ne respectez pas strictement l’orthodoxie du régime, on pourra vous dénoncer et vous traîner devant les tribunaux.

Ce projet de loi introduit un délit d’incitation à la haine contre les personnes « présentant des caractéristiques protégées », notamment l’orientation sexuelle, la race et le handicap. Le secrétaire à la justice du SNP, Humza Yousaf, estime qu’il n’y a aucune différence entre insulter quelqu’un à table, et dans la rue ou sur le lieu de travail. « Sommes-nous prêts à protéger quelqu’un dont le comportement est menaçant ou abusif et qui attise intentionnellement la haine contre, par exemple, les musulmans ? », demande Humza Yousaf, avant de poursuivre : « Cela devient-il acceptable simplement parce que ça se passe à la maison ? »

Dans un premier temps, la plupart des gens ignoreront à juste titre la loi, mais quelque part dans une banlieue verdoyante, un cousin étrange « éveillé » par une faculté de sociologie ou d’études racisées s’offusquera de la remarque de sa grande tante qui rappelle que la Bible s’oppose à l’homosexualité, la sodomie et que la famille traditionnelle avec plusieurs enfants est la base de toute société fonctionnelle qui assure sa reproduction. C’est alors que l’enfer politiquement correct se déchaînera, que la vieille tante devrait être dénoncée, mise au pilori, traînée d’interrogatoires de police en sessions de rééducation diversitaire ; tout cela pour la plus grande gloire de la Diversité et afin d’éradiquer l’hérésie.

L’intention d’ouvrir les foyers à la surveillance de la police du langage remet en question le caractère sacré de la vie familiale. Il menace également de perturber les relations familiales. Il n’est pas nécessaire d’être professeur en sociologie pour comprendre que si les membres d’une famille hésitent à se parler librement, les échanges spontanés, si importants pour entretenir le lien familial, seront compromis. Tous ces échanges détendus, ces confidences familiales et ces plaisanteries pourront désormais constituer des preuves que la police pourra retenir pour légitimer une poursuite judiciaire.

Il n’est pas non plus nécessaire d’être un grand historien pour savoir où tout cela s’arrête. Il n’est pas exagéré de noter que la motivation de ce projet de loi fait écho aux sentiments qui ont inspiré les régimes totalitaires tels que l’Union soviétique et l’Allemagne nazie à encourager les enfants à dénoncer leurs parents aux autorités.

Le « projet de loi écossais contre les crimes de haine et pour l’ordre public » n’est pas la première tentative du gouvernement SNP de s’immiscer dans la vie familiale. Récemment, il a adopté un projet de loi qui criminalise les parents qui giflent leurs enfants. Depuis, une légère tape sur la main de l’enfant, vue ou signalée à la mauvaise personne, peut désormais conduire à l’arrestation d’un parent. Pire encore, le SNP encourage activement le public à espionner et dénoncer à la police les parents qui gifleraient leurs enfants. Le gouvernement a également distribué des prospectus aux enfants, les exhortant à dénoncer leurs parents s’ils osaient les gifler.

Ce projet d’usurpation de l’autorité parentale a été démontré de manière flagrante en 2018, lorsque les enseignants écossais ont été informés par le gouvernement SNP qu’ils devaient permettre aux enfants de changer de sexe sans en informer leurs parents. Les directives approuvées par le gouvernement stipulaient que dès trois ans, les enfants « devaient être soutenus dans l’exploration et l’expression de leur identité ».

Ces directives présumaient explicitement que l’enseignant et non le parent devait avoir l’autorité nécessaire pour accompagner l’enfant dans son changement de sexe. Le document, intitulé Supporting Transgender Young People : Guidance For Schools In Scotland (« Soutenir les jeunes transsexuels : directives pour les écoles écossaises »), avertissait que les enseignants ne devaient pas informer les parents si l’enfant adoptait un autre genre à l’école, sauf si l’enfant en donnait la permission.

Heureusement, dans une rare victoire du bon sens — sous les protestations et la pression de l’opinion publique — le gouvernement écossais fut contraint d’abroger ces directives.

Mais malheureusement, il semble que le bon sens ne l’emportera pas sur la détermination du SNP à entraver la vie privée des familles en s’octroyant le pouvoir de criminaliser leurs conversations à table. Les restrictions sur le discours public des citoyens étaient déjà graves. Mais lorsque Big Brother a le droit de s’introduire dans votre foyer et de vous punir pour les mots que vous y prononcez, il est évident que notre société est en grand danger.

Sources : Times, The Herald et RT.



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Universités : pourquoi l’intolérance se répand

Chronique de Joseph Facal sur les développements dans le monde universitaire nord-américain.

On n’a jamais autant parlé des universités que depuis que l’on se demande si un prof peut ou non prononcer le mot « nègre » dans certaines circonstances.

Vous auriez tort de trouver cela anecdotique, car les universités sont les incubateurs de la société du futur.

Ce vent de censure et d’intolérance, venu des États-Unis, balaie surtout les sciences sociales.

Comment expliquer la force de ce vent ?

Le directeur de ma thèse de doctorat, Raymond Boudon, aujourd’hui décédé, avait jadis vu monter ce phénomène et en avait proposé une explication complexe qu’un collègue m’a rappelée.

Elle se trouve dans son ouvrage Pourquoi les intellectuels n’aiment pas le libéralisme (2004).

Pourquoi

Réduite à sa plus simple expression, elle tient en trois points interreliés.

Premièrement, dans beaucoup de départements de sciences sociales, il n’y a pratiquement aucune sélection à l’entrée. [Ces étudiants sont en outre subventionnés au Québec, en France et en Belgique.]

On y trouve des étudiants exceptionnels, mais le niveau moyen est faible.

Logiquement, plus l’étudiant est faible, plus les chances sont fortes qu’il avale des niaiseries.

Deuxièmement, notre époque a vu se répandre l’idée (fausse) qui voudrait que toutes les opinions se valent.

On confond le droit de chacun à son opinion avec l’idée que toutes les opinions ont le même poids.

Le gars qui n’y connaît rien se croit aussi compétent que celui qui a étudié à fond le sujet.

Nous sommes à l’époque du « je-le-sais-parce-que-je-le-pense ».

Parallèlement, dans les sciences sociales, s’est répandue l’idée (fausse aussi) que l’objectivité est un mythe, une illusion.

Il est frappant de voir le nombre de profs dont les travaux ne sont que de l’idéologie déguisée en science.

Les étudiants, eux, ont souvent beaucoup de difficulté à dépasser l’expression de leurs émotions, de leur subjectivité.

Des disciplines comme les mathématiques, la physique ou la biologie, en raison de la nature même de leur savoir, sont mieux protégées contre ces dérives.

En physique, par exemple, on ne s’en sort pas en exprimant simplement une « opinion » : on doit pouvoir tester et valider.

Troisièmement, ces phénomènes — niveau moyen bas et règne de la subjectivité et de l’émotion — se conjuguent pour en produire un autre : la montée en flèche du moralisme, de l’indignation vertueuse, de la rectitude politique.

Pourquoi ? Parce que juger est beaucoup plus facile que comprendre.

Comprendre un phénomène complexe est difficile. Ressentir une émotion et porter un jugement est à la portée de n’importe qui.

Par exemple, les difficultés sur le marché du travail des immigrants ont des causes diverses et complexes.

Les « expliquer » toutes par le racisme de la majorité, c’est simple, c’est facile, et ça donne bonne conscience.

Tempête

Et c’est cette montée du moralisme — facilitée par le faible niveau et la valorisation du ressenti au détriment des faits vérifiés — qui explique cette nouvelle intolérance chez tant d’étudiants.

Ils s’imposent d’autant plus facilement qu’ils réduisent au silence, en les intimidant, ceux qui ne pensent pas comme eux, et bénéficient souvent de la complicité lâche de directions apeurées.

Au Canada, l’idéologie multiculturaliste, qui glorifie les minorités, et le ressentiment anti-francophones (un « racisme systémique » ?) s’y ajoutent pour en faire la tempête parfaite.