lundi 29 octobre 2018

Élection de Bolsonaro au Brésil : impact sur les écoles et universités

Dans les classements du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), référence dans le domaine de la mesure des performances des systèmes éducatifs, le Brésil fait office de mauvais élève parmi les pays développés. Il se classe entre la 59e et la 65e place en mathématiques, sciences et lecture.

Jair Bolsonaro préconise donc de changer le contenu et les méthodes des programmes scolaires, avec « plus de mathématiques, de sciences et de portugais », et ce « sans endoctrinement ni sexualisation précoce ». Défenseur des valeurs chrétiennes et de la famille, soutenu par les évangéliques ultraconservateurs, il fait ici référence à son adversaire du second tour, Fernando Haddad. En 2011, alors qu’il était ministre de l’Éducation, ce dernier avait fait distribuer dans les écoles des manuels contre l’homophobie. En août dernier, Jair Bolsonaro avait affirmé à la télévision que ces manuels étaient des « trousses homos », poussant les enfants vers l’homosexualité. Il avait brandi le Guide du zizi sexuel de Titeuf, de l’auteur suisse Zep [plus de détails ici], qui vise à expliquer la sexualité aux enfants.


En dehors des valeurs chrétiennes, le candidat du PSL souhaite mettre en avant dans les programmes scolaires le patriotisme et le nationalisme. Le général Ribeiro Souto, responsable du volet éducation du programme de Jair Bolsonaro, compte mettre en place une « nouvelle bibliographie pour les écoles » pour « enseigner la vérité sur 1964 », date du coup d’État miliaire qui a instauré la dictature jusqu’en 1985.

Enfin, Bolsonaro veut réduire les quotas de places réservées aux Brésiliens noirs dans les universités publiques et dans la fonction publique. « Je ne dirai pas que je vais mettre fin aux quotas, car cela dépend du Congrès. Peut-être, réduire le pourcentage. Non seulement pour l’université, mais aussi dans les concours de la fonction publique. Pour l’amour de Dieu, mettons fin à cette division au Brésil. » (Source)

La loi 12 990 du 9 juin 2014 réserve 20 % des postes vacants dans les concours publics des administrations publiques fédérales, des municipalités, des fondations et des sociétés d’économie mixte ou à économie mixte contrôlées par le gouvernement aux personnes qui se disent noirs ou mulâtres. Les quotas d’admission dans les universités et les établissements fédéraux d’enseignement technique moyen sont définis par la loi n° 12 711 du 29 août 2012. Cette loi exige que 50 % des postes vacants de chaque sélection soient réservés Grâce à diverses mesures de discrimination en faveur des noirs, métisses et mulâtres, le pourcentage de Noirs et mulâtres inscrits dans les universités publiques fédérales est passé de 20 % en 2011 à 40 % en 2016. Notons que le président brésilien ne peut modifier ces lois de son propre chef, il faut que le congrès brésilien où son parti est minoritaire passe une loi. Laquelle loi pourrait être déclarée anticonstitutionnelle par la Cour suprême fédérale. En effet, le tribunal a déjà reconnu la constitutionnalité de la réservation de postes vacants pour les Noirs dans les universités publiques en 2012 et dans les concours publics en 2017.

Voir aussi

Brésil — discrimination raciale et en faveur des diplômés des écoles publiques dans les universités

Brésil: Rio réintroduit l’enseignement religieux facultatif

Parents brésiliens éducateurs à la maison condamnés en justice

État de droit (gouvernement des juges) contre démocratie ?

Les juges-prêtres (sur le livre L’emprise contemporaine des juges)

La Cour suprême du Canada : décideur politique de l’année 2014

Dicastocratie — « La réinvention du despotisme éclairé »

Histoire — Jean de Léry et les explorateurs français au Brésil (1555 à 1560)

Aucun commentaire: