samedi 13 août 2016

« Tu peux dire ce que tu veux, Zemmour, de toute façon on tient le programme scolaire ! »

Éric Zemmour ne croit pas au grand chef d’orchestre clandestin, la théorie du complot. Certes il existe des cercles où les dirigeants se retrouvent (Le Siècle, Bilderberg par exemple), mais c’est plus intelligent que cela, nous prévient-il. Il s’agit de minorités qui sont persuadées qu’elles détiennent une idéologie qu’il faut déployer sur toute la planète. À la manière de Lénine, elles pensent être l’avant-garde du peuple. Puis il y a entre des minorités des alliances et des réseaux. Il n’y a pas de théorie du complot, pense-t-il, il y a un agenda. Il faut détruire la culture française, enlever la mémoire aux Français. Cela fonctionne grâce à une alliance entre gauchistes et libéraux.



Cette alliance s’est faite dans la fin des années soixante. De Gaulle représente alors encore cette France rurale, catholique, patriarcale, mais cette France au pouvoir est rongée de l’intérieur. Le modèle anglo-saxon, protestant, séduit les jeunes par sa plus grande liberté individuelle, sa quête du bonheur, de la réussite, l’absence de tabou pour l’argent. Zemmour rappelle l’échange entre les deux normaliens Georges Pompidou et Alain Peyrefitte, deux ministres de de Gaulle, échange qui portait sur le lien entre un retard économique d’alors et le fond de culture catholique de la France. Georges Marchais, à l’instar de de Gaulle d’une certaine manière, est l’un des derniers représentants politiques d’une France enracinée.

Si de Gaulle a accordé l’indépendance à l’Algérie, c’est qu’il craignait de voir se transformer la France sous la pression démographique. Il sait que l’Histoire et déterminée par la démographie. Il accorde l’indépendance à l’Algérie pour assurer la prospérité économique à la France. De fait c’est ce qui est arrivé avec l’amorce des Trente glorieuses.

On pourrait croire que c’est de Gaulle le vainqueur de l’affrontement générationnel de mai 68. Mais dans la durée, les perdants sont devenus les vainqueurs. Ce qu’ils n’ont pas obtenu en mai 68, ils l’ont obtenu en accédant peu à peu au pouvoir. Cela s’est passé en trois phases :
  1. les années 70 : les jeunes sapent la société
  2. les années 80 : les jeunes vieillissent et prennent peu à peu le pouvoir
  3. les années 90 : les perdants de mai 68 sont au pouvoir, mais ils ne supportent plus la critique et imposent leur idéologie. Les mots se substituent à la réalité. On ne discute plus, on catalogue, on met des étiquettes : les opposants sont racistes, homophobes, antisémites.
Qu’en est-il alors de la liberté d’expression ?

La réplique d’Éric Zemmour est cinglante et immédiate : « La liberté d’expression est un mythe ! ». Nous fonctionnons encore sous le fameux adage de Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! » Ce qui conduit à pas de liberté du tout pour ceux qui ne sont pas de mon avis. La loi Pleven en 1972 est la première d’une longue série de lois liberticides, toutes votées à l’unanimité.

Les Anglo-saxons sont plus attachés que nous à la liberté, la liberté individuelle qui va avec l’acceptation de l’inégalité. Les Français sont plus égalitaires et par suite plus restrictifs quant aux libertés individuelles et collectives.

Dans un amphithéâtre bondé mais tout ouïe, le conférencier ne manque pas de rappeler qu’on lui restreint méthodiquement l’accès aux médias.
Éric Zemmour exprime son admiration pour Michel Houellebecq dont il lit le livre en ce moment. Il a un grand sens de l’humour, dit-il de lui, c’est un malin. « C’est un fieffé réactionnaire, mais il est plus malin que moi ! »

Pourquoi vous qualifie-t-on régulièrement d’anti-féministe ?

Nous sommes en plein dans la confusion, dans le nominalisme qui évite les débats. J’avance que le monde a disparu avec la disparition du père. L’enfant cherche l’affection auprès de sa mère, et le père doit être là pour éviter que l’enfant n’accapare sa mère qui ne saura pas contenir ce besoin. Le père, c’est celui qui dit Stop. Le travail à l’usine — la taylorisation — en mécanisant le travail de l’homme fut un premier coup porté à l’autorité du père.

Mais les femmes ont toujours travaillé à côté de leur mari. Ce sont elles qui allaient au marché vendre les produits de la ferme ou de l’atelier. C’est le premier capitalisme qui a mis les femmes à la maison. C’était un capitalisme d’épargne. C’est une brève période dans l’Histoire. Puis est venu le deuxième capitalisme, le capitalisme consumériste. La quête du bonheur par la consommation. Le bonheur devient le dictateur qui fait tourner la machine économique. Ce qui a fini par tuer le père.

Le féminisme est né d’une transposition du prolétariat marxiste aux femmes. Celles-ci sont le nouveau prolétariat qui va faire la révolution, selon Simone de Beauvoir. Le féminisme devient une idéologie totalitaire.

1 commentaire:

Louise a dit…

Intéressant, merci !