lundi 19 juin 2023

Religion et philosophie — Le Pari de Pascal (naissance de Blaise Pascal, il y a 400 ans)




Qu’avez-vous à perdre à tenir un pari qui ne vous coûte rien et qui risque de vous faire gagner l’infini ? Il faut parier, vous n’avez pas le choix, vous êtes embarqué. Ne pas parier que Dieu existe, c’est parier qu’il n’existe pas. Sur quoi pariez-vous donc ? Pesons le gain et la perte. En prenant le pari de croire que Dieu existe, si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Inversement, si vous pariez qu’il n’existe pas, vous perdrez tout s’il existe, et rien s’il n’existe pas. Pariez donc qu’il existe sans hésiter.

(Extrait du film Blaise Pascal de Rossellini)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Parier? pour parier, il faut être 2. Et là, je parierais contre un fantôme qui ne parle ni n'existe. La discussion pourrait aisément s'arrêter là: on ne parie pas tout seul. Pour ma part, c'est là que je m'arrête et que je renvoie à leurs chimères ceux qui veulent absolument parier avec eux-même, avec des voix, avec... je ne sais pas...
Mais faisons comme s'il existait un quelqu'un.
Pour parier, il faut avoir 1/ une raison de parier 2/ accepter cette raison comme argument suffisant pour le faire. Est-il rationnel de parier lorsqu'on n'est pas sûr de gagner? Si l'on en est pas sûr, alors on ne parie pas gros. (à moins de n'avoir rien à perdre auquel cas, on ne parie pas gros... non plus ;-))
En fait, tout en supposant une rationalité dont le but serait de maximiser ses gains et minimiser ses pertes, si on joue tout de même sans être sûr de gagner, c'est qu'on joue soit pour passer le temps soit pour connaître le frisson tout en sachant que l'issue n'est pas déterminante pour la suite de sa vie. C'est donc du loisir mais ca n'a aucune prétention philosophique.
Par sa tirade de début (du milieu et de la fin aussi), Pascal montre qu'il n'est pas encore suffisamment rationnel. Il prétend des choses qu'il est bien incapable de démontrer. Morceaux choisis d'assertion sans fondements:
"Dieu est infiniment incompréhensible". Tant qu'on n'en a pas prouvé l'existence, Dieu reste une hypothèse, juste une hypothèse et qui recule sans cesse puisque son champ d'action se réduit chaque jour.
"le comprendre par la raison est une contradiction dans les termes". Ceci voudrait dire qu'un individu a inventé un concept de "Dieu" qu'il n'est pas nécessaire de vouloir comprendre (pas même possible!) puisque par définition il est incompréhensible. Mais dans quel but un individu invente-t-il un concept inintelligible pour son prochain? A part pour s'arroger un pouvoir infini sur lui puisque personne ne pourrait le lui disputer puisqu'il affirmerait qu'il n'est intelligible qu'à lui seul? Le prochain en question peut donc directement ignorer ce concept car il a bien compris qu'il n'a qu'une raison d'être: prendre le pouvoir sur lui.
"notre raison étant bornée": oui c'est une évidence mais jusqu'à quel point? Par ailleurs lorsque l'individu est capable de fédérer les capacités cognitives de plusieurs autres individus, voire de l'automatiser (les ordinateurs répètent de facon automatique ce que des ingénieurs leur ont dicté de faire, ils sont donc un formidable amplificateur de raison), alors il atteint des choses qu'un Pascal ou un Descartes auraient été très très loin de pouvoir imaginer.
"dieu n'est-il, n'est-il pas": peut-être qu'au 17ème siècle la question était posée par nombres de gens mais là encore, question d'éducation. Si on n'amène pas l'être humain à se poser ce genre de questions, il ne se les posera pas et la question elle-même tombera dans l'oubli. Qui se pose la question aujourd'hui de savoir si Toutatis est content ou s'il réclame son sacrifice quotidien? Personne...

Anonyme a dit…

"il vous faut parier": mais non mon cher. Absolument pas! Il n'y a rien à parier. Le sort de l'homme est comme celui de tout animal: il est voué à disparaître!
"vous êtes embarqué". Mais dans quoi je vous prie? dans la vie sur terre, ah ca oui mais absolument pas dans une hypothétique vie ailleurs. Car pour ceci, nulle preuve tangible.
"ni pour la raison, ni pour le coeur, il est satisfaisant de parier sur ce qui est fini". Parle pour toi, mon bon pascal! C'est bien ta facon très très personnelle de voir les choses. Mais des millions de gens parient sur très petit, ne serait-ce qu'aux machines à sous et par là, ils te prouvent le contraire. Ou encore ils déclarent leur flamme à une donzelle qui ne leur plaît pas vraiment dans l'espoir de gagner au moins une nuit d'amour mais pas une épouse. Ou en bluffant à leur entretien d'embauche, qui sait, ca passera peut-être! Et c'est le contraire de ce qu'il dit qui se passe: on parie peu, mais au pire, on perd peu par contre on peut gagner pas si mal que ca! tout dépend du pari et... du profil de risque!
Quant à parier sur l'infini, la phrase n'a strictement aucun sens (mais elle est rhétoriquement habile en tout cas pour des esprits facilement impressionnés). Qu'est-ce qu'on gagne (de tangible, pas de promesses), qu'est-ce qu'on perd, qu'est-ce qu'on mise? A ces questions simples, pas de réponses claires mais que du (beau) verbiage et du phrasé à impressionner les midinettes attablées.
Enfin, compter sur ses forces personnelles serait du désespoir selon Pascal? Contradiction dans les termes! Si vous finissez par ne plus qu'espérer, c'est que vous vous en remettez à autrui pour changer le cours des choses ou du moins votre vie. C'est du domaine de la pure spéculation comme imaginer gagner au loto. Par contre compter sur ses forces personnelles, c'est refuser justement de ne s'en remettre qu'au hasard. Et croire vraiment qu'on arrivera à ses fins! C'est donc "y croire" et travailler activement à augmenter ses chances de réussite.

Quand on y pense et qu'on décortique un peu les raisonnements menés, on se rend compte qu'ils ne convainquent que par leur emphase, par leur forme mais le fond est bien faible. Même pour un Pascal dont la logique a depuis longtemps été battue en brèche. Mais reconnaissons-lui d'avoir ouvert un chemin! Ca n'est déjà pas si mal!

Le Saguenéen a dit…


Le « philosophe anonyme » s'essaie à la philosophie :

« Parier? pour parier, il faut être 2.»

C'est déjà faux. Je peux parier (escompter/prévoir) que demain il fera froid/chaud et donc adopter mon comportement/habillement en fonction. Tout cela tout seul. De même, je peux parier qu'il existe un au-delà ou non, tout seul.