dimanche 23 mars 2014

Élections 2014 — La liberté en éducation, la grande oubliée de la campagne

Selon les acteurs établis du monde de l'éducation, l’éducation n’a pas réussi à occuper suffisamment l’espace public dans la première moitié de la campagne électorale québécoise. Ces acteurs institutionnels accusent les grands partis de vouloir entraîner l’éducation sur le terrain de « faux débats » concernant les structures scolaires, et ce, au lieu de parler de décrochage scolaire, de la reconnaissance de l’autonomie professionnelle, du financement trop généreux à leurs yeux des écoles privées et de ce qu'il nomme l'accessibilité aux études.

Remarquons tout d'abord que deux de ces priorités sont corporatistes (autonomie professionnelle et financement du seul public) et qu'aucun de ces acteurs institutionnels traditionnels ne se préoccupe d'autres soucis des parents : la qualité de l'enseignement et le libre choix des programmes scolaires. Sujets pourtant importants pour les parents, voir ce sondage.

« Les partis politiques ont actuellement la maladie de la structure. Ils pensent que tous les problèmes du monde de l’enseignement vont se régler en modifiant et en abolissant certaines structures. C’est un débat complètement faux », critique Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).

Il y a du vrai dans ce que déclare Sylvain Mallette : on parle trop de structure (notamment la CAQ et la suppression des commissions scolaires), aucun parti ne parle de liberté de programmes pédagogiques par exemple.  Certains maux, cependant, sont bien liés au manque d'autonomie des écoles, comme l'indiquait une étude de l'OCDE. À ce titre, le Parti conservateur du Québec (PCQ) propose : la gestion de l’embauche et de l’évaluation du personnel enseignant, professionnel et de soutien sera redonnée aux directions d’école; elles négocieront elles-mêmes la rémunération de ces personnels avec leur syndicat respectif ou directement avec le personnel non syndiqué et pourront, dans le cadre d’une évaluation juste, congédier ceux qui n’ont pas les compétences requises.

D'une part, ceci est insuffisant, car conserver le même programme pédagogique décidé et imposé par le Monopole de l'Éducation à moindres coûts ne peut satisfaire les parents les plus exigeants et les plus épris de qualité et de liberté.

D'autre part, ce que l'étude de l'OCDE tend à démontrer c'est qu'il n'y aucune relation  « clairement établie entre l’autonomie en matière de gestion des ressources [note du carnet : les structures, humaines et financières] et la performance [ndc : scolaire] d’un pays. Par contre, l’autonomie dans le choix des programmes, associée ou non à l’autonomie de gestion, est au cœur de la performance scolaire. C'est ce que tous les partis au Québec, y compris ceux qui se disent à droite, oublient.

Pour la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, les discours sont « beaucoup plus portés sur les structures et les abolitions de postes » que sur l’amélioration des conditions d’exercice. « L’éducation a occupé très peu d’espace jusqu’à maintenant. C’est l’emploi et l’économie qui ont retenu l’attention », remarque-t-elle.

Même s’il reconnaît que les commissions scolaires, par exemple, « méritent certaines critiques », M. Mallette estime que les partis manquent de « volonté politique » pour s’attaquer aux vrais enjeux selon elle.

« Notre objectif est de s’assurer que l’école publique peut continuer à faire son travail. Par exemple, aucun parti n’a véritablement parlé de décrochage scolaire, et quand ils en parlent, ils pointent les milieux scolaires. Ils ne prennent pas en considération les sources sociales du décrochage, soit le milieu familial de l’élève », dit-il. On ne prend en considération ni les programmes, ni les pédagogies, ni l'impact de l'immigration ou des modèles familiaux (monoparental, homoparental) promus sur les résultats scolaires.

Le président de la FAE regrette également qu’aucun parti politique n’ait abordé les questions concernant l’autonomie professionnelle des enseignants et le trop grand financement des écoles privées selon elle.

« Aucun parti n’a pris position sur le financement des écoles privées, alors que l’État finance actuellement un réseau concurrent, dénonce M. Mallette. C’est une honte ! Après, ils viennent nous dire qu’ils n’ont pas d’argent pour le réseau. »

Dépense globale par élève en dollars courants et en dollars constants de 1997-1998 à 2009-2010

Le problème c'est que rien ne prouve que le réseau public manque de moyens (les dépenses en dollars constants par élève croissent sans cesse, voir ci-dessus) et que c'est là que le bât blesse, que c'est la raison pour laquelle les résultats baissent ou ne s'améliorent pas. Voir par exemple Très forte chute des résultats en lecture pour les élèves québécois francophones entre 2007 et 2010 et PISA — élèves québécois passent en sciences de la 10e position en 2006 à la 24e place en 2012.

« Il faut un vrai plan pour l’enseignement, assène Mme Chabot, rappelant que 20 % des nouveaux enseignants quittent la profession après cinq ans. Le taux de, ce qu'elle nomme, la précarité est de 46 % chez les jeunes enseignants. Ils sont ballottés partout et n’ont pas de vrai poste. »

La CSQ estime également qu’il faut que l’État agisse « dès la petite enfance » pour réduire le décrochage scolaire. Rappelons ici qu'il n'y a pas d'études sérieuses qui démontrent que l'implication de l'État dans la petite enfance soit absolument nécessaire : d'une part, bien sûr, des maternelles privées peuvent faire l'affaire (l'accès à celles-ci pouvant facilement se régler avec des chèques d'éducation) et, d'autre part, en moyenne les maternelles n'ont pas d'effets positifs, ils peuvent bien sûr se révéler bénéfiques dans certains cas comme c'est le cas avec des enfants, le plus souvent immigrés, qui ne connaissent pas la langue d'enseignement au primaire.

Voir aussi

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2 commentaires:

Sebastien a dit…

"Des écoles autonomes

Le Parti conservateur du Québec augmentera les responsabilités des conseils d’établissement, quitte à en faire de véritables conseils d’administration. Nous renforcerons aussi le rôle des directions d’école afin qu’elles puissent exercer pleinement leur leadership en matière de pédagogie et d’administration.

(...)

Les enseignants : des professionnels autonomes

Les fonctionnaires du ministère ne prescriront plus les méthodes d’enseignement. Il reviendra aux enseignants, de concert avec les directions d’écoles, d’adopter les méthodes leur apparaissant les plus efficaces. Cette liberté diversifiera l’offre de services éducatifs aux parents.

La formation des enseignants sera revue pour permettre aux directions d’écoles secondaires d’embaucher des diplômés titulaires d’un baccalauréat spécialisé qui auront obtenu un certificat d’un an en pédagogie ou ayant une compétence équivalente. La possibilité de doubler une année sera réintroduite pour chaque année scolaire."

http://particonservateurquebec.org/education/

William a dit…

Oui, Sébastien, mais rien sur la liberté de programme (un recul du PCQ version Adrien Pouliot) et les chèques-éducation (vouchers, idem).