mercredi 10 avril 2013

MSNBC : pour une pensée collectiviste des enfants et de l'éducation (m-à-j)

Pour Melissa Harris-Perry de la très pro-démocrate[1] chaîne MSNBC, c'est parce que nous avons une vision trop peu collectiviste des enfants que l'éducation publique ne marcherait pas. Elle appelle à une vision plus collective des enfants dans une capsule de la chaîne. Il s'agit d'une capsule faisant partie d'une campagne de la chaîne nommée Lean Forward, Pencher en avant ou Progresser (un progressiste étant « a forward-leaning person »).  Le chroniqueur  Rich Lowry les décrit comme des « sermonnets ».

La chaîne MSNBC semble attirer les controverses.

Transcription de la capsule diffusée fréquemment sur MSNBC dans sa campagne de positionnement de marque Lean Forward :

« Nous n'avons jamais investi assez en éducation publique parce que nous avons toujours eu une notion privée des enfants : « Ce sont vos enfants et de votre seule responsabilité. »

Nous n'avons pas eu cette notion collective qu'il s'agit de nos enfants.

Il faut donc que nous rompions avec cette idée que les enfants appartiennent à leurs parents ou que les enfants appartiennent à leurs familles. 

Nous devons accepter que les enfants appartiennent à des communautés et que c'est la responsabilité de tous. 

Dès que nous assumerons cette responsabilité collective, alors nous commencerons à faire de meilleurs investissements»




Contexte politique

La vidéo a été enregistrée peu avant la publication du projet de budget du président Barack Obama qui devrait contenir de nouvelles hausses d'impôts et de taxes pour financer, notamment, un réseau de maternelles universel pour les enfants de quatre ans.

Son lancement coïncide également avec un prochain procès suivi par les Américains qui instruisent leurs enfants à la maison.  Le procès oppose une famille allemande qui éduquait sa progéniture chez elle et qui a obtenu le statut de réfugiés en 2010 en raison de persécution par l’administration allemande. L’Allemagne requiert que tous les enfants fréquentent une école agréée par l'État et s’oppose à ce que des parents instruisent leurs propres enfants. L’administration allemande met à l’amende les parents qui s’opposent à cette mesure. Elle est allée jusqu’à enlever par la force les enfants du domicile familial et à emprisonner les parents pour refus d'obtempérer.

L'administration Obama cherche maintenant à expulser la famille allemande, faisant valoir que la « loi des États-Unis a reconnu que l’État bénéficie d’une large discrétion dans son pouvoir d'imposer la fréquentation scolaire, de déterminer les programmes d'études et de réglementer la certification des enseignants » et qu’il  « peut d'interdire ou  réglementer l'instruction à domicile. »

La famille, tenace obstacle à l'égalitarisme d'État

Dans un article de RealClearPolitics, le chroniqueur conservateur Rich Lowry s’est exprimé sur l'objection de la gauche à l’éducation et l’instruction des enfants par leurs parents : « En tant qu'ultime institution privée, la famille est un obstacle tenace au grand effort collectif. Dans la mesure où les gens s’investissent dans leurs propres familles, ils résistent à l'État et privilégient leurs propres enfants par rapport aux autres enfants. »

 « À vrai dire, ajoute Lowry, les parents sont l'une des sources les plus incorrigibles d’inégalité sociale. Si vous avez deux parents qui restent mariés et s’investissent dans votre éducation, vous avez tiré le bon numéro dans la loterie de la vie. Vous allez bénéficier d’innombrables avantages dont sont privés les enfants moins chanceux. »

« Le fait que famille est tellement essentielle pour le bien-être des enfants doit être une source constante de frustration pour les égalitaristes étatistes, un rappel constant des limites de leur pouvoir », a poursuivi Lowry. « Si la gauche veut s’assurer que l’investissement dans les enfants soit équitable là où il importe le plus, elle devrait promouvoir l’idée de famille intacte et de parents dévoués, même si cela signifie qu’elle devra alors défendre une conception scandaleusement surannée de l’éducation des enfants. »

Melissa Victoria Harris-Perry

Melissa Victoria Harris-Perry est une essayiste et commentatrice politique américaine. Elle anime le magazine politique télévisé éponyme, Melissa Harris-Perry, sur la chaîne d'information en continu MSNBC.

Melissa Harris-Perry est professeur de science politique à l'université Tulane, à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Elle a été maître de conférences en politique et études afro-américaines à l'université de Princeton de 2006 à 2010, et a enseigné la science politique à l'université de Chicago de 1999 à 2005.

Investissement collectif sans cesse croissant 

Sur le fond, l'investissement collectif dans l'éducation primaire et secondaire aux États-Unis ne fait que croître (comme au Québec d'ailleurs) :

Investissement « collectif » toujours croissant dans les écoles publiques aux États-Unis.
Le trait pointillé indique le coût consacré à chaque élève en dollar constant de 2007.
La collectivité dépensait donc plus de 9000 $ par an par élève en 2007.
Il y a de plus en plus d'employés par élève dans les écoles publiques américaines. Ainsi, si en 1972, il y avait environ 200.000 employés dans les écoles publiques américaines pour environ 50 millions d'élèves, il y avait en 2008 quatre fois plus d'employés pour 60 millions d'élèves.
MSNBC, un Fox News de gauche

MSNBC aime se voir comme le pendant progressiste de Fox News. Sa part de marché est, toutefois, d'environ le quart de celle de Fox News. Chiffres du 5 avril 2013 ci-dessous. Les chiffres sont en milliers de téléspectateurs : ainsi 1,658 million de spectateurs ont regardé Baier de 18 heures à 19 heures sur Fox News.



Évolution de l'audience :


Voir aussi

Syndicats satisfaits : taux du nombre d'élèves par enseignant en baisse constante au moins jusqu'en 2015

Très forte chute des résultats en lecture pour les élèves québécois francophones entre 2007 et 2010

PIRLS — Les jeunes élèves québécois lisent moins bien que élèves du reste du Canada

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[1] Une étude du Pew Research Center's Project for Excellence in Journalism a constaté que la couverture de MSNBC de Romney au cours de la dernière semaine de la campagne présidentielle de 2012 (68 % de reportages négatifs sans aucune séquence positive dans l'échantillon), était beaucoup plus négative que la presse en général, et encore plus négative qu'elle ne l'avait été du 1 au 28 octobre  où 5% a été positive et 57% étaient négatifs. D'autre part, la couverture de MSNBC d'Obama s'est améliorée pendant la dernière semaine de la campagne présidentielle. Du 1 au 28 octobre, 33% des reportages sur Obama étaient positifs et 13% négatifs. Au cours de la dernière semaine de la campagne, 51% des nouvelles MSNBC étaient positives alors que la chaîne ne diffusa aucun reportage négatif.

5 commentaires:

Françoise a dit…

Comme si ce qui est commun est plus choyé que ce qui est propre...

La tragédie des communs/des aleus revisitée.

Pour une école libre a dit…

Françoise,

L'aleu est distinct des biens communaux.

Sur l'aleu pas de redevance (du suzerain).

Sur les communaux, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Biens_communaux

Notez que Wikipédia dit que les communaux étaient en fait gérés prudemment.

UnQuébécois a dit…

C'est pas parce qu'on dépense plus d'argent collectivement, qu'on a
"une pensée collectiviste".

Aux Étas-unis c'est les commissions scolaires locales qui décident de la grande majoritée de comment l'enseignement se fait. Il existe des "normes" pour chaque état, mais l'éducation de déroule locallement.

Au Canada les commissions scolaires ont beaucoup moins a décider sur le plan de l'éducation des enfants. Le Québec donne le moins de pouvoirs aux commissions scolaire de toute les provinces.

Les fameux "tests standards" existent au Québec depuis plus de 40 ans, tandis qu'au États c'est tout nouveau.

Sortez donc de votre bureau et allez voir comment ça se passe ailleurs avant de faire des publications comme ça.

Houhou, lire svp a dit…

UnQuébécois a dit...
C'est pas parce qu'on dépense plus d'argent collectivement, qu'on a
"une pensée collectiviste".

Vous n'AVEZ RIEN COMPRIS.

Cette dame demande plus de pensée collectiviste pour « INVESTIR » plus (comprendre DÉPENSER plus) sans doute surtout chez les pauvres.

Tout le reste sur les commissions scolaires est SANS OBJET. La commission scolaire même locale étant une collectivité et l'État et le fédéral ont leur mot à dire de toute façon (no child nehind, tests standardisés).

Plus fort a dit…

Je me demande si UnQuébécois a écouté la vidéo...