mercredi 6 mars 2013

Un diplôme universitaire pour tous ?

Extraits d'un article intéressant de Nathalie Elgrably-Lévy sur le sommet de l'éducation.

[...]

Pendant plusieurs mois, Mme Marois et M. Duchesne se sont gargarisés de grandes déclarations et se sont drapés dans la vertu en appelant inlassablement au « dialogue », à « l’ouverture » et au « consensus ». En réalité, tout était déjà décidé. Il ne restait plus qu’à manipuler les intervenants et la population pour leur faire croire qu’ils avaient une influence. Sinon, comment expliquer que les éléments qui apparaissaient dans le « Cahier du participant », sous la rubrique Le gouvernement souhaite discuter des éléments suivants lors du Sommet, se soient rapidement transformés en annonces officielles avant même la clôture de l’événement ?

[Note du carnet: qui croit encore dans la moindre influence du public sur les conclusions de ces sommets montés par les gouvernements successifs ? Voir la Commission Bouchard-Taylor, l'euthanasie, les sommets sur de l'éducation précédents, etc. Les résultats sont prévus d'avance, les mémoires qui vont dans le sens du gouvernement sont mis en avant, sans refléter ceux présentés par le public... Voir aussi le témoignage de Gary Caldwell qui avait participé comme commissaire à un autre Sommet : « Hors de Montréal, aucun des mémoires ne la [déconfessionalisation du réseau scolaire] réclamait. Il y eut beaucoup de témoignages en faveur de la pastorale scolaire. » Les résumés "exécutifs" préparés par la bureaucratie minimisaient l'opposition aux visées gouvernementales et faisaient ressortir les mémoires qui allaient dans le sens voulu par le gouvernement. Ces résumés furent repris par les médias. C'est ainsi que dans le cas de l'euthanasie même si les mémoires (voir graphique ci-dessous) opposés à celle-ci étaient majoritaires, on fit grand cas de ceux qui prônaient l'« aide médicale à mourir », ce que le gouvernement cherchait à imposer depuis le début.]





Annonce inquiétante

L’une de ces annonces est particulièrement inquiétante. Il s’agit de l’intention du gouvernement de lier une part du réinvestissement dans les universités à l’atteinte de certains objectifs. En pratique, Québec ne propose rien d’original. Il se contente de réchauffer l’approche des contrats de performance déjà introduite par François Legault, en 2000, lorsqu’il était ministre de l’Éducation. Il faut donc s’attendre à ce que les universités voient leur aide financière subordonnée à la hausse de leur taux de diplomation. Pour un gouvernement qui prétend vouloir construire une société du savoir et miser sur l’excellence, imposer aux universités une telle obligation de résultats pour obtenir le financement public est bien la pire mesure à adopter!

Fermer les yeux

Pour augmenter leurs taux de diplomation, les universités devraient pouvoir compter sur de nouvelles cohortes d’étudiants mieux préparés aux études supérieures. Toutefois, vu les problèmes qui affligent les niveaux primaire et secondaire, problèmes sur lesquels Québec préfère d’ailleurs fermer les yeux, cette avenue n’est pas envisageable pour l’instant.

[Note du carnet: On ne voit d'ailleurs pas l'intérêt que tous les jeunes québécois soient diplômés de l'université, il existe d'autres carrières, d'autres formations : voir ces indications que des diplômés des collèges communautaires américains (2 ans d'études) commencent à gagner plus d'argent que les diplômés issus de programmes universitaires généralistes de 4 ans.]

Dans ce contexte, comment les universités s’y prendront-elles pour décerner davantage de diplômes au cours des prochaines années ? En mettant davantage l’accent sur la pédagogie ? C’est possible, mais peu probable. D’abord, parce que cette option n’offre aucune garantie de résultat. Ensuite, parce qu’elle exigerait des sommes dont les universités ne disposent pas.

Pour être certaines de respecter leurs contrats de performance, les universités n’auront qu’une seule solution : baisser les exigences! Examens plus faciles, seuils de passage révisés à la baisse, normalisation des notes, les moyens sont nombreux pour faciliter l’obtention des diplômes. [Et clamer haut et fort que le Québec fait de mieux en mieux...]

[Voir : Inflation des notes dans les universités nord-américaines ?


et Les étudiants universitaires américains de plus en plus nombreux à se croire au-dessus de la moyenne, impression qui défie la définition statistique du terme de moyenne quand 60 % pensent être au-dessus de cette moyenne.


]

Contrats de performance

Il est certes légitime de vouloir permettre à tous d’entrer à l’université. [sous condition de compétences...]  En aucun cas, l’instruction ne devrait être réservée à quelques privilégiés. Toutefois, il ne faut pas confondre la démocratisation de l’université avec la démocratisation des diplômes.

En imposant des contrats de performance, Québec fera de nos universités de vulgaires usines à diplômes et de nos diplômes, de vulgaires bouts de papier. Non seulement ce n’est pas ainsi que nous construirons une société du savoir, mais les étudiants seront les premiers à payer le prix de diplômes obtenus à rabais.

«L’enseignement supérieur pour tous» ne devrait pas sous-entendre «un diplôme pour tous»! Espérons que le comité qui sera chargé d’étudier la question des contrats de performance saisira mieux la nuance que l’équipe de Mme Marois !

Voir aussi

La bulle universitaire aux États-Unis va-t-elle crever ?

Mark Steyn et l'université américaine

Recension de Economic Facts and Fallacies de Thomas Sowell

Universités québécoises : « diplômes au rabais, notes gonflées, cours inutiles »





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1 commentaire:

Réjean a dit…

Les ouvriers (manuels) qui travaillent dans les mines au Québec sont les mieux payés en moyenne de tous les secteurs.

Ils ne se sont pas usés leur fond de culotte sur les bancs de suniversités pourtant...

http://www.antagoniste.net/2013/03/06/les-pequistes-lideologie-avant-lintelligence/