dimanche 22 janvier 2012

France — Quand un conseiller du Président s'étonne du contenu des manuels scolaires

Maxime Tandonnet, conseiller à la Présidence de la République, auteur de plusieurs essais et passionné d'histoire écrit sur son carnet :

Je tombe par hasard sur le manuel d’histoire de première de l’un de mes enfants (collection Nathan). Sa conception, fondée sur l’analyse des phénomènes et la rupture avec l’approche chronologique, me laisse quelque peu perplexe…

La première partie commence par la croissance et la mondialisation, présentées ainsi comme des phénomènes indépendants de la politique et des États. Bon… La deuxième porte sur les guerres du XXe siècle : Première et Deuxième Guerre mondiale, Guerre froide, jusqu’au 11 septembre 2001. La troisième est consacrés aux totalitarismes, soviétique et fasciste, la quatrième à la colonisation, et la dernière aux « Français et la République ».

Le résultat est sidérant.

On en vient à ignorer que la deuxième guerre mondiale est le résultat de la montée des totalitarismes dans les années 1930, puisque les totalitarismes sont traités après la deuxième guerre. L’histoire du régime de Vichy et de la Résistance, présentée au dernier chapitre sur la République française, est totalement déconnectée de la deuxième guerre mondiale. On voit bien le message sur la culpabilité franco-française : comme si Vichy n’avait aucun lien avec la guerre, l’agression de l’Allemagne nazie et pouvait se résumer à une dictature française hors contexte d’une invasion étrangère… Le 11 septembre 2001 est évoqué avant la Révolution d’octobre 1917 ! L’accord de Munich (septembre 1938), et le pacte Staline-Hitler (en août 1939), traités au chapitre sur les totalitarismes, sont présentés après le récit de la deuxième guerre mondiale (1939-1945) alors que ces évènements en sont des causes, ou des prémices… Bref, du grand n’importe quoi…

Je m’interroge. Suis-je un ringard ? Peut-être. C’est la première possibilité que je n’exclus pas du tout; franchement. Deuxième hypothèse: ce programme reflète-t-il une incompétence dramatique des gens qui l’ont conçu, en mal d’originalité ? Pourquoi pas ? Enfin, troisième hypothèse : tout ceci correspond-il au rêve fou, conscient ou inconscient, d’engendrer une génération privée de repères, de références solides et ainsi aisément manipulable par toutes les idéologies ? Je ne l’exclus pas non plus. En attendant, en terminale, j’ai appris pour ma part que le premier réflexe des époques totalitaires, sur le plan éducatif, était de manipuler l’histoire. C’est vrai qu’aujourd’hui, l’histoire dans certaines terminales, on ne l’enseigne plus.

(Coup de chapeau à Josick)




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