lundi 12 novembre 2012

Les électeurs blancs ont boudé l'élection présidentielle américaine

L'élection présidentielle américaine de 2012 ne se résume pas à une explosion démographique d'électeurs jeunes, féministes et non blancs. Les mouvements démographiques n'ont pas été assez importants en quatre ans pour expliquer par là seul la défaite de Mitt Romney.

Plutôt que d'une forte croissance démographique des minorités (croissance qui existe bien sûr, mais sur le long terme), on a plutôt assisté, d'une part, à une très bonne mobilisation des électeurs non blancs, des féministes, des étudiants — la machine à faire sortir le vote pro-Obama a très bien fonctionné — et, d'autre part, à l'absence d'un grand nombre d'électeurs blancs qui n'ont pas pris la peine de voter.

Selon RealClearPolitics, près de 7 millions de blancs se sont absentés du scrutin présidentiel cette année, alors que le population blanche continue de croître en termes absolus, même si elle baisse en termes relatifs aux États-Unis. En tenant compte de l'augmentation démographique, il manque sans doute 8 millions d'électeurs blancs. Autrement dit : la part accrue du vote des minorités en termes de pourcentage du total des voix exprimées n'est pas le résultat d'une forte augmentation des minorités (le numérateur), il correspond plutôt à une forte baisse du suffrages des blancs (le dénominateur).


Qui sont ces blancs et pourquoi sont-ils restés à la maison ? On pourrait croire qu'il  s'agisse d'évangéliques conservateurs rebutés par le mormonisme de Mitt Romney ou son passé de politicien modéré du Massachusetts (Nord-Est). Mais la baisse ne semble pas être concentrée dans les États du Sud à forte population évangélique.

RealClearPolitics s'est penché sur l'Ohio, État-clé de cette élection. La carte suivante indique la différence de taux de participation entre l'élection de 2012 et celle de 2008. Le rouge vif représente les comtés où le taux de participation est égal ou a augmenté par rapport à 2008. Chaque degré de pâleur supplémentaire (les teintes de rose) représente une baisse de 1 pour cent dans le pourcentage des votes exprimés par rapport à 2008. Le taux de participation des comtés en mauve est à moins de 90 pour cent du vote de 2008.


Les électeurs des comtés autour de la capitale, Columbus, dans le centre de l'État ont voté en grand nombre, de même ceux des comtés de banlieue près de Cincinnati dans le sud-ouest. Ces comtés fortement républicains connaissent une forte croissance dans le secteur tertiaire.

Là où le taux de participation a fléchi, c'est dans les parties rurales de l'Ohio, en particulier dans le sud-est. Ces zones sont encore durement touchées par la récession. Le taux de chômage y est élevé.

Pour RealClearPolitics, ces électeurs traditionnellement républicains sont mécontents d'Obama. Mais sa longue campagne de publicité extrêmement négative et ciblée sur des États comme l'Ohio qui soulignait sans relâche la richesse de Romney, le fait que ce dernier voulait laisser l'industrie automobile faire faillite et son passage chez Bain Capital ont peut-être détourné ces électeurs du candidat républicain. La campagne de Romney n'aurait fait qu'aggraver la situation, car le prétendant républicain n'a pas réussi à proposer un programme clair, concret et positif qui réponde aux craintes de ces électeurs (la rhétorique laissez-faire libérale ne convainc pas ces électeurs qui voient leur pays se désindustrialiser), pour ne rien dire des gaffes comme le « 47 pour cent ». Confrontés à deux options désagréables, ces électeurs ont simplement boudé les élections.

Selon Andrew C. McCarthy de la National Review, de nombreux électeurs considèrent que le Parti républicain est un parti trop bureaucratique (G.W. Bush a également accru le poids de l'État central et la dette), trop militariste et qui n'attaque pas de front la dette. Romney et le Parti républicain n'ont confronté qu'à fleuret moucheté Obama sur le scandale entourant l'attaque du consulat américain de Benghazi.  Bref, un parti peu inspirant.

Pour Pat Buchanan, chroniqueur, cofondateur du magazine The American Conservative et cofondateur de la fondation paléo-conservatrice The American Cause, le Parti républicain tel qu'incarné par G.W. Bush, McCain et Romney, est complice des délocalisations et du laissez-faire en matière d'immigration (les migrants sont de la main-d'œuvre à bon marché, les patrons l'apprécient). Pour cet ancien rédacteur des discours de Nixon, cette aile du Parti républicain n'a sur l'immigration qu'un mot à la bouche : « amnistie » pour les dix millions d'immigrants illégaux aux États-Unis. Tout cela dans le vain espoir, selon Buchanan, de s'attirer les voix des Hispaniques alors que cela ne ferait que grossir les rangs des électeurs démocrates si on peut en juger par le vote des minorités pour Obama.

Les stratégistes néoconservateurs pensent pouvoir rallier les Hispaniques — si seulement le GOP amnistiait les illégaux — parce qu'ils sont des conservateurs sociaux : ils sont contre l'avortement, pour la famille et pour le mariage traditionnels. Mais c'est oublier que les Latinos considèrent nettement plus important les services sociaux d'un État-providence fort dont ils sont de grands bénéficiaires que l'amnistie comme le révélaient des sondages récents (ici, ici et ). Les Hispaniques sont en général plus pauvres, plus au chômage, ont plus d'enfants, bénéficient d'une moindre couverture médicale et sont plus menacés d'expulsion de leur domicile que les blancs. Ross Douthat rappelle dans le New York Times que, après la signature par Reagan d'une loi d'amnistie en 1986, la part républicaine dans le vote hispanique a chuté à l'élection présidentielle suivante.

Tous ces traits incarnés par Mitt Romney, le candidat de l'établissement républicain, ne peuvent que démobiliser les électeurs blancs de la classe ouvrière qui voient leur rêve américain s'envoler. Ils ne se reconnaissent ni dans l'alliance autour d'Obama faite de minorités ethniques, de féministes, d'homosexuels et de gauchistes blancs, ni dans un Parti républicain libéral économique sans identité qu'ils jugent responsables de guerres inutiles, de la désindustrialisation de leur pays et souvent d'une immigration mal maîtrisée. Les Américains veulent bien moins d'État (à 54 % contre 43% qui veulent plus d'État), mais ils ne voulaient pas nécessairement du modèle politique, social et économique proposé par Mitt Romney.

Notule

Apostille dans notre série luttons contre les préjugés des journalistes Québécois de base, comme un certain Richard Hétu, qui croient vraiment que les électeurs d'Obama sont mieux informés que ces rednecks de Républicains « alimentés par les informations biaisées ou disjonctées de Fox News, Drudge Report et les ténors conservateurs de la talk-radio, dont Rush Limbaugh », car les électeurs d'Obama « sont nombreux à écouter NPR ou à lire des journaux de qualité qui s’efforcent à donner une information équilibrée. » Ces journalistes officient de manière lucrative depuis des lustres dans les médias québécois.

D'abord, une preuve anecdotique de la grande culture des partisans d'Obama. Ci-dessous une électrice de l'Ohio qui se vante d'avoir reçu un téléphone cellulaire gratuit de la part d'Obama comme toutes les minorités, les bénéficiaires de coupons alimentaires, etc. Ce programme fédéral qui considère le téléphone comme un bien essentiel et l'offre bien aux gens défavorisés n'a pas été mis sur pied par Obama... Bien que depuis Obama le nombre de bénéficiaires ait fortement augmenté.


Ensuite, un sondage qui montre que les électeurs démocrates sont nettement moins bien informés que les électeurs républicains sur des faits de base en politique américaine. La même chose vaut pour les jeunes un des forts soutiens d'Obama (merci l'école ?).











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9 commentaires:

Andrew C a dit…

The Republicans very nearly won this thing. Had about 300,000 votes gone the other way in four states — Florida, Ohio, Virginia and New Hampshire — Mitt Romney would be the president-elect today. The GOP kept control of the House, gave up but two Senate seats, and added at least one state governor. It’s a loss, not a rout.

Anonyme a dit…

L'établissement du GOP va juste vouloir amnistié, être plus ouvert socialement et continuer à être pour les délocalisations. La recette du malheur.

Jonathan a dit…

Excellent article, très intéressant.

Sur le même sujet, un article de Steve Sailer:
“Slippery Six” Mid-West States Doom Romney—Because Of Low White Share


Je pense bien qu'au lieu de chercher à comprendre pourquoi la classe ouvrière blanche du Midwest a boudé Romney, l’establishment du parti républicain va cherché à séduire les hispaniques avec l’amnistie des illégaux - les sondages montrent pourtant que ce n'est pas une priorité des citoyens américains d'origine hispanique. Ainsi, ils vont créer encore plus d'électeurs démocrates et s’aliéner encore plus la classe ouvrière blanche dont les salaires n'augmentent plus en raison de la compétition avec le cheap labour des illégaux ou celui de la Chine.

Anonyme a dit…

L'avis de l'ex ministre Jacques Brassard

http://blogjacquesbrassard.blogspot.ca/2012/11/le-declin-de-lamerique.html

Tohubohu a dit…

Sur l'ignorance crasse des journalistes de gauche, voir ces propos honteux d'une journaliste de MSNBC, la chaîne pro-Obama par excellence

http://www.freerepublic.com/focus/f-chat/2958817/posts

A commentator on MSNBC has said white people want to end abortion, because “they’re trying to build up the” white race.

On Saturday, MSNBC host Melissa Harris-Perry reviewed the declining portion of the electorate made up by white people and asked her panel about “ the demise of the white man.”

“It’s been weird to watch white people report on this,” said CBS contributor Nancy Giles.

“When you just showed that graph of the decline of the numbers, I thought maybe that’s why they’re trying to eliminate all these abortions and stuff. They’re trying to build up the race.”

The comment seemed ironic, as Planned Parenthood founder Margaret Sanger was an outspoken proponent of eugenics, spoke at a Ku Klux Klan rally, and referred to “dysgenic” populations as “human weeds.”

Abortion disproportionately affects the black population, a fact pointed out by Pastor Luke Robinson at the keynote speech at the 2011 March for Life. As much as 60 percent of unborn black babies are aborted in New York City.

Dr. Day Gardner told LifeSiteNews.com the decline in black population has hurt their political clout. In the 1960s, “everybody wanted to reach out to us and get our vote, especially the Democrats,” she said. “Now they are courting the Hispanics, because we are no longer the largest minority in the United States.”

Romney was a WIMP! a dit…

Mitt Romney was not an immigration hardliner/patriot. He was a wimp—a WIMP!

Romney’s much-denounced “Self-Deportation” idea is, as noted before, the soft option. An actual hardliner would have been talking about an flat-out program of systematic deportation—something Eisenhower managed in the 1950s without passing any new laws.
And, as noted before, Romney backed away from the soft option of “Self-Deportation”—after being nominated.
Romney did not, needless to say, advocate Strategic Deportation—the application of James Q. Wilson’s celebrated Broken Window Theory to illegal immigration. For example, the Democrats actually had an illegal alien address their nominating convention—but Romney did not point out that ICE officers should have sent a message by arresting her when she left the podium.
Romney didn’t protest Obama’s illegal, unconstitutional, and corrupt Administrative Amnesty—the “stroke of the pen” that implemented a de facto Dream Act Amnesty in spite of the fact that it had been repeatedly rejected by Congres. And he didn’t say he’d repeal it, either. I wrote in June that “Romney May Have Lost The Election By Rolling Over For Obama's Illegal Amnesty.” Well—guess what?
Romney specifically endorsed allowing illegal aliens to obtain citizenship by serving in the U.S. Armed Forces—apparently oblivious of the fact that, out there in Americaland, young men (not including himself and his five sons, of course) compete to serve in the military
Romney did not advocate a moratorium on legal immigration, despite having absolutely no other compelling plan to combat unemployment beyond not increasing taxes on the rich.
Romney, indeed, repeatedly said he wanted to increase legal immigration. He wanted “staple a Green Card” to the diploma of any foreign student who graduated with an advanced degree. Of course, this would simply displace a better class of Americans than the illegal Mexicans do—and these are people who might otherwise have voted for Romney. But it pleased Big Business donors!
Romney’s immigration policy, as released, showed that he and his advisors knew almost nothing about immigration law as it now stands, including policy points that promised to do things already in place. (See Federale’s post Do Mittens' Advisors Know Anything About Immigration Law?)
Romney also advocated a plan to “Grow Our Economy By Growing Legal Immigration”—which James Antle, who is “ skeptical of both the politics and the policy” involved, said was Romney trying to “achieve the difficult balance of being anti-illegal immigration without appearing anti-Hispanic.”
VDARE.com suggested Romney should make illegal immigration an issue by chosing Kansas Secretary of State and celebrated immigration patriot lawyer Kris Kobach as his VP. [Romney Has A Problem—And The Solution Is Kris Kobach, By Peter Brimelow, March 9, 2012]. But Romney not only didn’t do that—when pressed, he ran away from Kobach. (No word on whether the cock crowed thrice).
Instead of Kobach, Romney chose Rep. Paul Ryan, who is not only a root-canal budget cutter but a Jack Kemp-style looney on immigration.

Contre Hétu a dit…

Contrary to recent claims depicting an electorate where powerful partisan loyalties bind citizens to their preferred ideological news sources, there is little evidence that selective exposure occurs on a sufficiently broad scale to affect deliberative democracy or contribute to mass polarization.

A Balanced News Diet, Not Selective Exposure: Evidence from a Direct Measure of Media Exposure


Michael J. LaCour
University of California, Los Angeles (UCLA)

http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2110621

Urbain a dit…

En 2002, Bush défendit une régularisation des illégaux en ces termes : « Je veux montrer à nos amis, les Mexicains, que nous sommes compatissants….Nous croyons dans les valeurs familiales. »

Et pourtant…
-42% des femmes hispaniques ayant donné naissance à un enfant en 1999 n’étaient pas mariées, contre 22% des femmes blanches.
-Devenir mère avant l’âge de 14 ans est quatre fois plus répandu chez les jeunes filles hispaniques que chez les Blanches. Le devenir entre l’âge de 15 ans et celui de 17 ans l’est trois fois plus.
-Les Hispaniques ont 57% de chances de plus que les Blanches d’avoir recours à l’avortement.
-Les Hispaniques sont moins souvent mariés et plus souvent divorcés que les Blancs.
-Les conjoints hispaniques se rendent plus souvent coupables de violence conjugale que les Blancs.
-Ils ont trois fois plus de HIV, gonorhée et syphilis que les Blancs.
-Les Hispaniques ont plus de chance de maltraiter leurs enfants que les Blancs.

-Ils conduisent également plus mal. Une étude du Colorado de 2000 le révèle. Ils se rendent plus souvent coupables de non-port de la ceinture, d’excès de vitesse, de conduite sans permis et sont plus souvent impliqués dans des accidents. Un Hispanique a 75% de chances de plus qu’un Blanc de mourir dans un accident de la route.

Une étude de 1998 de la Johns Hopkins University montre que les enfants latinos ont 72% de plus de chance de mourir dans un accident de la circulation que les enfants blancs. L’Atlanta Journal Constitution note qu’ils sont aussi plus portés à s’enfuir après avoir provoquer un accident, en partie parce que beaucoup sont illégaux et n’ont pas d’assurance. Une étude de l’université du Texas de 2002 montre que 19% des hommes hispaniques ont déjà été arrêtés pour conduite en état d’ivresse, contre 13% des hommes blancs.

-Les Hispaniques meurent presque deux fois plus de cirrhose que les Blancs. Par ailleurs, le Fetal Alcohol Syndrome Surveillance Network rapporte que les bébés hispaniques ont deux fois plus de chance de souffrir de ce syndrôme que les bébés blancs. (Ce qui signifie que les mères sont plus nombreuses à boire de l’alcool durant leur grossesse).

-Les Hispaniques finissent moins souvent le lycée que les Blancs. Leurs scores au test d’admission à l’université sont également inférieurs à ceux des Blancs. Ceci en dépit de millions de dollars dépensés dans les programmes d’éducation bilingues.

-On prétend qu’ils sont toujours prêts à travailler, qu’ils acceptent n’importe quel emploi. Mais ils sont plus nombreux que les Blancs à être au hômage ou à vivre des aides sociales.
MENSONGE! (En réalité, ils sont bien vu du patronat et de ses soutiens, type Karl Rove, parce que susceptibles de constituer une main-d’oeuvre sous-payée et un facteur de division de la société, comme partout dans le monde).

En Californie (mais les chiffres doivent être peu différents ailleurs), les Hispaniques ont trois fois plus de chances d’être victimes de meurtre et quatre fois plus d’être tués par balles que les Blancs (relier cela à la présence de gangs dans leurs quartiers). Ils sont 3,7 fois plus susceptibles que les Blancs d’être arrêtés pour meurtre. Ils ont deux fois plus de chances d’être arrêtés pour viol ou agression sexuelle.

Ils ont 3,2 enfants par femme quand les Blancs n’en ont qu’1,9.

Aaron a dit…

Merci Urbain pour votre commentaire détaillé sur les latinos.
Ici, en France, un site web parle de fraude dans certains états où le vote se fait par machine électronique.Est-ce exact?
J'ai lu aussi que des bulletins de vote de l'US Army n'étaient pas arrivés avant la clôture du vote...Vrai?Faux??
A titre personnel, même si je ne suis pas américain du Nord, ma préférence va à Mitt Romney and I am very disappointed....