mercredi 16 novembre 2011

Euthanasie — comité d'experts de la SRC partial ? Outil politique pour justifier un choix préétabli sur un sujet sensible ?

Radio-Canada a fait grand cas d'un rapport d'un comité de la Société royale du Canada (SRC) qui recommande au gouvernement fédéral de légaliser l'euthanasie et le suicide assisté. L'article en ligne sur le site de Radio-Canada et le sujet au téléjournal de 22 heures de ce mardi 15 novembre se contentaient de reproduire les propos de ces experts, sans interroger les opposants à ce rapport controversé. Nous pensons qu'il est bon qu'on entende ces autres voix.

Parmi les opposants, La Euthanasia Prevention Coalition du Canada (EPCC). Celle-ci a déclaré mardi que le comité de six experts qui a rédigé le rapport de la Société royale du Canada était « partial ».

« Je dénonce depuis deux ans la composition de comité partial, dès le début j'ai été très inquiet », a déclaré le président de la EPCC, M. Schadenberg, ajoutant qu'un comité d'experts représentant les deux côtés de la question aurait été plus utile, même si son travail avait débouché sur deux rapports distincts.

M. Schadenberg a déclaré qu'il n'était pas surpris que le groupe d'experts ait choisi de ne pas retenir un certain nombre d'études, dont une publiée l'an dernier qui révélait que 32 % des euthanasies en Flandre (Belgique) avaient été effectués par des médecins sans demande explicite ou même le consentement des patients.


L'éthicienne Margaret Somerville interrogée sur ce rapport (en anglais)

Selon M. Schadenberg, il faudrait davantage mettre l'accent sur le besoin d'améliorer les soins palliatifs pour tous les Canadiens afin qu'ils prennent une décision éclairée en fin de vie.

L'éminent bioéthicien américain Wesley J. Smith se rallie à ce constat et déclare que, pour ce que qui est du comité de la SRC, « les dés étaient pipés en faveur de l'euthanasie  au Canada ».

Dans un communiqué de presse émis en octobre, la SRC avait prétendu que le rapport serait « équilibré, exhaustif, indépendant, libre de tout conflit d'intérêts et fondé sur une connaissance approfondie de la recherche publiée se rapportant aux questions qui ont été posées. »

Smith a souligné que la « partialité [du rapport] n'est même pas subtile. »

« Les "commissions d'experts" qui conseillent sur des questions de politiques publiques sensibles sont généralement des outils politiques conçus pour arriver à une conclusion prédéterminée afin de préparer la mise en œuvre d'un changement politique souhaité », a-t-il ajouté.

Le professeur de philosophie de l'Université Queen's, Udo Schuklenk, qui a présidé le comité, est un philosophe pro-euthanasie notoire.

Dans un essai où il expliquait pourquoi il était athée, Schuklenk a soutenu que les religions « gênent » « la prise de décision de notre fin de vie » , car les religions « rejettent toutes les demandes de nombreux mourants de mettre fin à leur vie dans la dignité ».

Smith a critiqué la décision de la Société royale canadienne de choisir Schuklenk comme président alors qu'il est de notoriété publique que Schuklenk avait des convictions claires en faveur du suicide assisté. Pour le professeur Smith, la sélection de Schuklenk indiquait d'emblée les conclusions attendues de ce comité.

Le comité comprenait également Sheila McLean, qui a plaidé en faveur de la légalisation du suicide assisté dans son livre "The Case for Assisted Suicide", Jocelyn Downie, auteur de "Dying Justice", un livre exhortant la dépénalisation de l'euthanasie et le suicide assisté, et Johannes J.M. van Delden, un chercheur néerlandais sur l'euthanasie.

Me Pierre Deschamps, spécialiste en droit de la santé, a qualifié d'«extrême» la position des experts signataires du rapport, entre autres choses parce qu'elle ne limite pas la pratique de l'euthanasie aux malades en phase terminale.

« Cela ouvre la porte à une situation où tout un chacun qui serait fatigué de la vie et qui aurait plus de 18 ans pourrait demander à ce qu'on l'aide à se suicider », dit Me  Deschamps, qui avait consulté hier un résumé du rapport. Me Deschamps souligne aussi que les auteurs du rapport semblent placer l'autonomie de la personne au-dessus de toutes les autres valeurs qui participent au tissu social de la société.

Or, « en société, dit-il, il y a des balises et des contraintes ».

La spécialiste du droit de la santé à l'Université McGill, Margaret Somerville, a aussi exprimé « une forte opposition » aux conclusions du rapport, qu'elle a qualifié de « manifeste pro-euthanasie ». Margaret Somerville, qui est elle-même membre de la Société Royale du Canada, conteste en particulier les données du rapport quant à l'absence d'abus dans certains pays où l'euthanasie et le suicide assisté sont légalisés, soit aux Pays-Bas et en Oregon.

Entretemps, au Québec

Entretemps, au Québec un sondage récent d'Environics révélait que 81 % des Québécois craignent que, si l’euthanasie est légalisée, on ne mette fin à la vie des malades sans leur consentement. Une majorité dans toutes les régions du Canada choisit également d’investir davantage dans les soins palliatifs et dit craindre que des personnes âgées se sentent contraintes d’accepter l’euthanasie pour diminuer les frais des soins de santé si l’euthanasie était légalisée au Canada.

L'association Vivre dans la dignité a mené une analyse indépendante exhaustive des quelque 427 mémoires et présentations orales à la Commission sur mourir dans la dignité. « Les chiffres sont clairs. Parmi les mémoires et présentations faites devant la CSQMD, 99 % considèrent que les soins palliatifs constituent le choix digne pour les Québécois en fin de vie. De plus, 60 % sont totalement opposés à l’euthanasie et au suicide assisté. « Seulement un tiers (34 %) des personnes qui ont participé aux auditions étaient favorables à l’euthanasie. »




Sources (partielles) :  Vancouver Sun, Le Devoir et Vivre dans la dignité.




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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous verrez les médias diront (malgré les mémoires déposés) qu'il y a un large CONSENSUS pour rouvrir le débat, etc.

Serge a dit…

Quand la majorité se laisse abrutir par les médias et les politiciens profiteurs sans morale, que fait-on, démocratiquement et sans violence, pour faire prévaloir la vie plutôt que la mort ? Le respect de la personne humaine dans sa globalité, plutôt que l'utilitarisme, l'utilisation de la personne comme rouage d'un système aveugle et sans âme et sans conscience ? Nous avons besoins d'hommes et de femmes engagés à servir la vérité et la véritable humanité, et non pas une humanité défigurée, abrutie, lobotomisée et é-coeuré. Nous avons besoin impérativement d'un parti politique qui soit vrai!!! Au secours!

Serge a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.