lundi 12 septembre 2011

Richard Martineau — Un drôle d'exercice d'ECR

Le chroniqueur Richard Martineau revient sur l'incident du voile dans une école de Jonquière dont nous parlions la semaine passée. Ce carnet n'est ni pour ni contre le voile en général (il y a des religieuses catholiques qui le portent !), mais pour que les parents — et non l'État ou les professeurs — puissent décider en toute connaissance de cause si ce genre d'exercices devrait avoir lieu ou non à l'école de leurs enfants (plutôt que toutes les écoles). Pédagogiquement, nous trouvons l'exercice inutile, car les élèves n'apprennent rien à se mettre 15 minutes un voile, si ce n'est peut-être ce que l'enseignant voudra conclure à l'avance.

« Ainsi, une prof d’éthique et de culture religieuse de Jonquière a décidé de faire porter le voile à ses étudiantes afin qu’elles expérimentent ce que ça fait d’être regardées par les autres quand on porte un hijab.

Cette approche particulière a fait grimper plusieurs personnes dans les rideaux.

Ça va peut-être vous surprendre, mais personnellement, je suis pour ce genre d’exercice.

Mais à deux conditions.


L’OUVERTURE POUR TOUS

Première condition : par souci d’équité, les étudiantes voilées devraient aussi se prêter à ce genre d’exercice et enlever leur voile pendant quelques minutes afin de savoir « comment on se sent » quand on ne porte pas de hijab.

(Après tout, l’ouverture aux autres est une voie à double sens. Ce n’est pas seulement aux non musulmans de s’ouvrir à l’Islam, c’est aussi aux musulmans de s’ouvrir aux autres cultures, non ? Pourquoi la prof ne demanderait pas aux étudiants musulmans de porter une kippa, par exemple ?)

Et deuxième condition : afin d’encourager les étudiantes à pousser leur réflexion plus loin, cet exercice devrait être accompagné d’une lecture de textes choisis.

Je propose les écrits suivants.

UN SYMBOLE D’ASSERVISSEMENT

Taslima Nasreen, écrivaine bangladaise : « Le hidjab islamiste est un uniforme intégriste, comme le furent par le passé la chemise brune ou noire… »

Azar Majedi, présidente pour l’Organisation pour la libération des femmes en Iran : « Je suis contre le voile, qui est l’outil et le symbole de l’oppression et de l’asservissement de la femme. Le voile est devenu la bannière du mouvement islamique.

« Je me bats contre le voile et dénonce sa nature. De plus, je suis pour l’interdiction du port du voile par les mineurs. Je pense qu’aucune fillette ne doit être obligée de porter le voile. Le voile limite le développement physique et intellectuel d’un enfant et doit être interdit. »

Irshad Manji, journaliste canadienne musulmane : « Je ne crois pas que les femmes portent le voile par choix. Une semaine avant l'entrée en vigueur de la loi sur la laïcité en France, un grand sondage demandait aux femmes musulmanes de France si elles appuyaient l'interdiction de porter le hijab à l'école. Et à la surprise générale, la majorité des femmes ont dit oui.

« Pourquoi ? Pas parce qu'elles s'opposent à l'islam ou au Coran. Mais parce qu'elles s'opposent à la violence, à l'intimidation et au harcèlement des hommes de leur communauté si elles ne le portent pas… »

UN MORCEAU DE TISSU

Mario Bernier, le directeur de l’école où l’enseignante de Jonquière travaille, affirme qu’il ne comprend pas pourquoi cet exercice a choqué certaines personnes puisque que « le voile n’est qu’un petit morceau de tissu ».

Monsieur Bernier devrait lire les propos de Michèle Vaniès, présidente du groupe Regards de femmes :

« Le voile a été inventé par les tenants de l’Islam politique pour montrer leur capacité d’occuper les espaces et les esprits.

« Ce n’est pas un bout de tissu quelconque. Des femmes qui refusent de le porter sont fouettées, égorgées, lapidées. Dès que les intégristes prennent le pouvoir dans un pays, leur première mesure est de voiler les femmes... »

N’est-ce pas le rôle de l’école de développer le sens CRITIQUE, monsieur Bernier ?
»




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