mardi 28 décembre 2010

Wikileaks — jeu d'influence des États-Unis sur les programmes scolaires français

Les diplomates américains veulent-ils influencer l'école française pour en faire un reflet de leurs préoccupations et de leur modèle multiculturel par la valorisation des minorités ethniques et religieuses récentes ? Tout porte à le croire, à la lecture d’un câble diplomatique classé confidentiel et dévoilé par Wikileaks.

Daté de janvier 2010 et intitulé, Stratégie d'engagement auprès des minorités (« Minority Engagement Strategy »), il entend notamment faire pression sur les enseignants et les programmes scolaires :

« De plus, nous continuerons et renforcerons notre travail avec les musées français et les enseignants pour réformer le programme d’histoire enseigné dans les écoles françaises, pour qu’ils prennent en compte le rôle et les perspectives des minorités dans l’histoire de France ».

Version originale : «In addition, we will continue and intensify our work with French museums and educators to reform the history curriculum taught in French schools, so that it takes into account the role and perspectives of minorities in French history» (Source : Wikileaks).

Le diplomate prend également fait et cause pour les mesures de discrimination positive qui permet l'entrée de jeunes « défavorisés » à Sciences-Po sur la base de leur dossier (et donc leur origine ethnique le plus souvent) plutôt que leurs résultats au concours d'entrée de la haute école, ce qu'il nomme pudiquement « des mesures en faveur de l'intégration » :

« Les médias français restent très largement blancs, avec seulement une modeste amélioration de la représentation des minorités face aux caméras des principaux journaux télévisés. Parmi les institutions éducatives de l’élite française, nous ne connaissons que Sciences-Po qui ait pris d’importantes mesures en faveur de l’intégration. Alors qu’on note une légère amélioration de leur représentation dans les organisations privées, les minorités en France sont à la tête de très peu d’entreprises et de fondations. Ainsi, la réalité de la vie publique française s’oppose aux idéaux égalitaires de la nation. Les institutions publiques françaises se définissent encore par des groupes d’initiés et des politiques élitistes, tandis que l’extrême droite et les mesures xénophobes ne présentent de l’intérêt que pour une petite minorité (mais occasionnellement influente). »

« Cinquièmement, nous poursuivrons ce projet visant à partager les meilleures pratiques avec les jeunes leaders [des minorités] dans tous les domaines, y compris les jeunes leaders politiques de tous les partis modérés, telle sorte qu’ils disposent de la boîte à outils et de l’accompagnement nécessaires à leur progrès. Nous créerons et soutiendrons les programmes de formation et d’échanges pour enseigner les bienfaits durables d’une large inclusion aux écoles, aux groupes de la société civile, aux blogueurs, aux conseillers politiques et aux responsables politiques locaux. »

Au sujet de cet accompagnement des futurs leaders français, entendre des jeunes issus de l'immigration, nous vous renvoyons à l’entretien d’Ali Soumaré où ce dernier décrit ses contacts et entretiens avec le personnel de l’ambassade américaine à Paris.

L’auteur de ce câble diplomatique, Charles Hammerman Rivkin, ambassadeur des États-Unis d’Amérique en France et nommé par le président Barack Obama le 1er juin 2009, est d’ailleurs prêt à tous les moyens pour parvenir à ses fins. Il annonce lui-même la couleur : jeu d'influence auprès de notables et politiciens français, stratégie agressive de communication envers les jeunes issus de l'immigration, pression sur les médias.

Visite dudit diplomate à Villiers le Bel lors de l'inauguration d'une fresque sur Martin Luther King auprès des futurs dirigeants de la France « métissée » :







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