dimanche 29 août 2010

Détournement et effets pervers du Marché du carbone

Le « marché » du carbone n’a aucun sens, on l’a créé artificiellement à partir du néant, on y manipule des choses qui n’ont aucune valeur intrinsèque, et les sommes engagées sont pharaoniques, à la hauteur de cet « enjeu » qui manifeste un orgueil grotesque tellement il est démesuré : « sauver la planète ».



Une ONG nommée, CDM Watch, vient de mettre au jour un nouveau scandale impliquant à la fois, d’une manière particulièrement perverse, le mécanisme du CDM (Clean Development Mechanism) - mis en place par l’Union européenne pour satisfaire les engagements pris à Kyoto - et celui du MLF (Multi Lateral Fund), mis en place par l’ONU pour protéger la couche d’ozone (protocole de Montréal).

CDM Watch avait, dès le 2 juillet dernier, soulevé un coin du voile dans un communiqué de presse : « CDM Panel Calls for Investigation over Carbon Market Scandal » (« Le groupement CDM demande une enquête sur un scandale du marché carbone »).

CDM Watch a, le 14 juillet dernier, publié une note de synthèse « HFC-23 Offsets in the context of the EU Emissions Trading Scheme » (« Les compensations HFC-23 dans le contexte du marché européen des droits d’émission »). Plusieurs carnets qui se sont saisis de l’affaire, WattsUpWithThat bien sûr, mais à mon avis, le plus percutant est celui de Joanne Nova dont une partie est traduite ci-dessous.

Dans le monde entier, des milliers d’économistes verts recommandent une « solution de libre marché » pour ce que nous appelons un problème de pollution. Mais, je ne cesse de le dire, ce « marché libre » n’est pas gratuit. C’est une pâle et lamentable imitation d’un « marché organisé ».

En Europe, si une entreprise produit du CO2 — et quelle entreprise ne le fait pas ? — elle peut payer des gens, en Chine et en Inde, pour ne pas produire une quantité équivalente de CO2. Cela paraît bien à première vue, sauf que payer quelqu’un pour ne pas faire quelque chose qu’il allait faire nécessite de connaître l'avenir (et  plus de nous rappeller un procédé nommé l'extorsion). C'est la première faille. Officiellement, cela s’appelle « l’additionalité », ce qui est une façon sophistiquée de dire que des gens n’auraient pas fait quelque chose de particulier pour réduire leurs émissions, à moins qu'on ne les paie en crédits carbone.

Les Chinois et Indiens, qui ne sont pas idiots, ont immédiatement détourné le système. Pourquoi ne l’auraient-ils d'ailleurs pas fait ?

Les effets pervers du système :
  1. Le trifluorométhane (HFC-23) est le « grand-père » des gaz à effet de serre. Il est 11 000 fois plus réchauffant que le CO2.
  2. Les industriels de la chimie sont payés, en crédits carbone, 100 000 dollars pour chaque tonne de HFC-23 détruite.
  3. Tout à coup, fabriquer pour détruire le HFC-23 devient une activité très lucrative, les gens se précipitent donc pour satisfaire cette « demande ».
  4. Le trifluorométhane (HFC-23) est un sous-produit de la production du chlorodifluorométhane (HCFC-22), un gaz réfrigérant également connu sous le nom de fréon 22 qui est fabriqué, comme par hasard, pour satisfaire le traité ONU de réduction de l’ozone. Puisque le HC-23 est maintenant beaucoup plus rémunérateur, c’est le HCFC-22 qui devient le sous-produit, et qui est maintenant en surproduction.
  5. Et maintenant le comble : le HCFC-22 est lui-même un gaz à effet de serre… L’effet réchauffant global de la production de HCFC-22… est cinq fois plus élevé que celui du HFC-23 du fait des grands volumes de HCFC-22.

[Ce que JoNova ne dit pas explicitement, mais qui est parfaitement clair dans l’article de WattsUpWithThat, c’est que ceux qui sont ainsi payés par l’Union européenne (mécanisme CDM) pour détruire le HHC-23 – pour sauver la planète du réchauffement - sont également payés par l’ONU pour produire le HCFC-22 – afin de sauver la planète de la destruction de sa couche d’ozone...!

lls mangent donc aux deux râteliers avec une seule machine à faire des dollars particulièrement efficace, machine qui, au mieux, ne fait rien. Elle n'est pas belle ma subvention ?]
Pour mettre les choses en perspective : en 2009, les industriels européens ont acheté 46 millions de crédits HFC-23, pour une valeur évaluée à 550 millions d’euros [« évaluée », car les « certificats » sont cotés en bourse, leur prix varie]. Ces crédits (HFC-23) représentent la majorité des crédits carbones achetés par les industries européennes (59 % en 2009).

Sur la base des prix actuels du marché européen (autour de 12 €), les quantités de HFC-23 qui seront produites en 2012 vaudront approximativement 6 milliards d’euros.

Donc, lorsque les classes dirigeantes « inventent » un marché à partir de rien, il est possible que les honnêtes travailleurs européens payent plus pour l’avantage d’aider une industrie de banquiers-avocats-auditeurs-comptables qui empirent le problème qu’ils étaient supposés régler.

Source: Traduction du Post (écourtée ici et à l'orthographe corrigée).

Lire aussi : Les compensations carbone: indulgences, assignats, ou nouvelle devise ?





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Pourquoi le patriarcat a de l’avenir

Malgré la dénatalité, l’espèce humaine ne va pas s’éteindre. Mais les rejetons de familles conservatrices et religieuses seront surreprésentés dans les prochaines générations, prévient le démographe américain Phillip Longman.


« Si on pouvait vivre sans femme, citoyens de Rome, chacun vivrait sans une pareille gêne ». C'est ce que proclamait Quintus Caecilius Metellus Macedonicus, général, consul et censeur, en 131 av. J.-C. Il concluait cependant que la baisse de la fécondité forçait les Romains à accomplir leur devoir de procréation, malgré l'irritation que représentaient les Romaines de l'époque : « Mais comme la nature a prévu qu'on ne peut pas vivre bien avec elles ni non plus sans elles, il est préférable de juger en fonction d'une durable préservation de notre espèce plutôt que pour un plaisir passager. »

La population mondiale a été multipliée par six en deux siècles. L'esprit moderne suppose simplement que les hommes et les femmes, malgré leurs différends, feront toujours assez d'enfants pour que la population continue de croître, à moins qu'une plaie, un fléau moderne, n'éclate. C'est non seulement une hypothèse conforme à notre expérience d'un monde de plus en plus peuplé, mais elle bénéficie également de la caution intellectuelle de penseurs comme Thomas Malthus et de ses nombreux acolytes contemporains.

Depuis maintenant plus d’une génération, des populations bien nourries, en bonne santé et pacifiques font trop peu d’enfants pour éviter un déclin démographique. Et ce malgré le recul spectaculaire de la mortalité néonatale et infantile, qui signifie qu’il faut beaucoup moins d’enfants aujourd’hui pour assurer le remplacement de la population (2,1 enfants par femme seulement dans les sociétés modernes). Les taux de natalité sont en train de dégringoler bien en deçà de ce seuil dans de nombreux pays – en Chine, au Japon, à Singapour, en Corée du Sud, au Canada, dans l’ensemble de l’Europe, en Russie et même dans certaines parties du Moyen-Orient .

Craignant un avenir où les vieux seront plus nombreux que les jeunes, beaucoup d’États font tout ce qu’ils peuvent pour inciter les gens à procréer. Singapour organise des manifestations de « séances de rencontres éclairs », espérant ainsi permettre à des professionnels débordés de se rencontrer, de se marier et de faire des enfants. La France offre de généreuses incitations fiscales à ceux qui désirent fonder une famille. La Suède finance des crèches pour permettre aux parents de concilier vie professionnelle et vie familiale. Si ces politiques résolument natalistes peuvent pousser les individus à avoir des enfants plus tôt, rien ne prouve qu’elles les encouragent à en avoir davantage. [La fécondité au Québec plafonne d'ailleurs malgré un programme ruineux et inéquitable de retour au travail des jeunes mères]. Car, comme l’ont compris les pouvoirs publics, lorsque les conditions économiques et culturelles sont défavorables à la procréation, rien ni personne, pas même un dictateur, ne peut obliger les gens à croître et se multiplier.

La baisse de la fécondité est une tendance récurrente de la civilisation humaine. Comment se fait-il, dès lors, que notre espèce n’ait pas disparu depuis longtemps ? La réponse tient en un mot : le patriarcat. Le patriarcat ne se résume pas au pouvoir des hommes. Il s’agit d’un système de valeurs particulier, qui impose aux hommes non seulement de se marier, mais aussi d’épouser une femme d’un rang qui leur corresponde. En cela, il se heurte à d’autres conceptions masculines de la belle vie, ce qui explique qu’il tende à être cyclique. C’est pourtant un régime culturel qui, avant de dégénérer, permet de maintenir des taux de natalité élevés chez les riches, tout en optimisant l’investissement parental. Aucune civilisation avancée n’a encore appris à se perpétuer sans lui.

La menace n’est pas la surpopulation, mais le sous-peuplement

Un Québec de plus en plus divers, est-ce vraiment une bonne chose ?

Madame Courchesne nous répète à l'envi que le nouveau cours d'Éthique et de culture religieuse (et on soupçonne le nouveau cours d'histoire tout aussi empreint d'un affligeant correctivisme politique) est nécessaire dans un Québec de plus en plus divers.

Mais cette diversité grandissante à vue d'œil dont l'État québécois se fait le promoteur — rappelons l'augmentation prévue du nombre annuel d'immigrants de plus en plus divers — est-elle une bonne chose ?

Pas selon Pierre-André Taguieff dans son dernier ouvrage qui sera publié chez Odile Jacob en août 2008. Nous publions ci-dessous quelques paragraphes de ce livre.
« La Grande-Bretagne, les Pays-Bas et le Canada sont parmi les pays occidentaux les plus touchés par une islamisation fondamentaliste intense. Le multiculturalisme modéré existant en Grande-Bretagne a été défini en 1966, non sans un certain angélisme, par Roy Jenkins, alors secrétaire du Home Office, comme « la diversité culturelle, couplée à l'égalité des chances, dans une atmosphère de tolérance mutuelle ». Après les attentats islamistes de Londres (juillet 2005), les Britanniques ont à leur tour pris conscience des dangers présentés par le multiculturalisme à l'époque du terrorisme djihadiste planétaire. L'angélisme différentialiste ne devrait plus être à l'ordre du jour en Grande-Bretagne. Dans une étude d'une exceptionnelle lucidité, « Atmosphère suffocante dans le Londonistan », publiée en juin 2006, le politologue Ernst Hillebrand montre non seulement que le multiculturalisme britannique a totalement échoué, mais encore qu'il a favorisé l'emprise islamiste sur les musulmans vivant en Grande-Bretagne. Le constat est saisissant :

« 40 % des musulmans vivant en Grande-Bretagne souhaitent l'application de la Chari'a dans certaines parties du pays. 32 % pensent que les musulmans devraient s'engager pour mettre fin à la civilisation occidentale, “décadente et amorale”. 20 % disent comprendre les motivations des responsables des attentats du métro de Londres le 7 juillet 2005. Dans le même temps, seuls 17 % des non-musulmans pensent que musulmans et non-musulmans peuvent vivrent ensemble pacifiquement de façon durable. Et un quart de l'électorat peut s'imaginer votant un jour pour un parti d'extrême droite ; bienvenue en Grande-Bretagne, dans une société qualifiée par le British Council de “riche d'une grande diversité, ouverte, multiculturelle”. Alors que les autorités persistent à diffuser des messages glorieux, les attentats de Londres ont crûment révélé une réalité qui n'avait pu échapper, auparavant déjà, à tout observateur attentif : le vaste échec du multiculturalisme britannique, du moins en ce qui concerne l'intégration des musulmans. »



Le thème de la courtepointe est récurrent dans les manuels CEC du primaire. Selon les auteurs, « des morceaux de courtepointe [parsemés dans le texte des manuels] nous rappellent que la diversité permet de faire un tout harmonieux »

Les défenseurs d'un multiculturalisme institutionnel, lorsqu'ils professent un relativisme culturel radical, sont le plus souvent des ennemis déclarés de l'Occident, dénoncé comme incarnation d'un judéo-christianisme qui, par son intolérance et son « impérialisme », serait une machine à détruire les « cultures ». Comme l'a justement remarqué Élie Barnavi, « le multiculturalisme est un leurre », qui continue cependant de séduire nombre d'intellectuels et d'homme politiques en Europe.

[...]

Dès lors, toute critique du projet multicommunautariste est soupçonnée d'exprimer une vision raciste, alors même que le multiculturalisme, quelles que soient les bonnes intentions de ses partisans, ressemble fort à ce monstre que serait un « multiracisme ». Les illusions pseudo-antiracistes suscitées par cette absolutisation de la différence culturelle et ce culte de la diversité culturelle en dissimulent mal les effets pervers : la fragmentation conflictuelle de l'espace public, l'ethno-racialisation des rapports sociaux, l'individualisation négative, la généralisation normative des ségrégations, l'accroissement de la défiance entre les groupes séparés et, pour finir, la destruction de la vie civique, mettant en danger le régime démocratique.

Cette pathologie sociale peut être analysée sur la base du modèle d'intelligibilité construit par Robert Putnam dans les années 1990 et mis à l'épreuve au cours des années 2000, selon lequel le « capital social », soit « les réseaux qui relient entre eux les membres d'une société et les normes de réciprocité et de confiance qui en découlent » , tend à décliner lorsque s'accroît la diversité ethnique et culturelle. Putnam a étudié ce qu'il appelle la « diversité ethnique  » aux États-Unis en référence aux quatre groupes retenus par le recensement nord-américain : les Hispaniques, les Blancs non-hispaniques, les Noirs non-hispaniques et les Asiatiques. Ces catégories dites « ethniques » ou « raciales » sont en fait tout autant culturelles. Dans un article retentissant publié en juin 2007, le sociologue et politiste en arrive à formuler un certain nombre de conclusions inattendues de la part d'un « progressiste », et qu'on peut réduire à quatre thèses :
  1. Plus la diversité ethnique grandit, plus la confiance entre les individus s'affaiblit ;
  2. dans les communautés les plus diversifiées, les individus ont moins confiance en leurs voisins ;
  3. dans ces mêmes communautés, non seulement la confiance inter-ethnique est plus faible qu'ailleurs, mais la confiance intra-ethnique l'est aussi ;
  4. la diversité ethnique conduit à l'anomie et à l'isolement social.
Il va de soi que de telles conclusions, établies à partir d'une enquête conduite d'une manière exemplairement scientifique sur un échantillon d'environ 30 000 individus, ne peuvent qu'affoler les adeptes du « politiquement correct » en matière d'immigration (célébrée comme une « richesse ») et les partisans du multiculturalisme (présentée comme la voie unique vers le nouvel avenir radieux).

[...]

Il reste à étudier d'une façon comparative d'autres sociétés démocratiques travaillées par les effets négatifs d'un excès de diversité interne, qu'il s'agisse des Pays-Bas, de la Belgique, des pays scandinaves, de l'Allemagne ou de la Grande-Bretagne, sans oublier certains pays d'Europe méditerranéenne. L'horizon ainsi dessiné est plutôt sombre : si les thèses de Putnam sont fondées, universalisables et ainsi dotées d'une valeur prévisionnelle, alors le surgissement de sociétés multi-raciales et multiculturelles que favorise l'ouverture démocratique aura pour conséquences majeures le déclin de l'engagement civique et le délitement du lien social, remplacé par la défiance ou l'indifférence. Trop de diversité, en provoquant l'érosion de la confiance, tuerait la tolérance et ruinerait la solidarité sociale comme l'esprit civique. Dès lors, l'offre islamiste, centrée sur l'identité et la solidarité de groupe, deviendrait particulièrement attractive aux yeux des « communautés » diverses de culture musulmane. C'est dans ce contexte convulsif qui s'annonce, à l'heure du Djihad mondial, que les réseaux islamistes risquent de prendre leur essor en tout territoire situé hors de la « demeure de l'islam » (dar al-islam). »

Ces paragraphes sont extraits du livre de Pierre-André Taguieff, La Judéophobie des Modernes. Des Lumières au Jihad mondial, Paris, Odile Jacob, 2008.