dimanche 29 août 2010

Pourquoi le patriarcat a de l’avenir

Malgré la dénatalité, l’espèce humaine ne va pas s’éteindre. Mais les rejetons de familles conservatrices et religieuses seront surreprésentés dans les prochaines générations, prévient le démographe américain Phillip Longman.


« Si on pouvait vivre sans femme, citoyens de Rome, chacun vivrait sans une pareille gêne ». C'est ce que proclamait Quintus Caecilius Metellus Macedonicus, général, consul et censeur, en 131 av. J.-C. Il concluait cependant que la baisse de la fécondité forçait les Romains à accomplir leur devoir de procréation, malgré l'irritation que représentaient les Romaines de l'époque : « Mais comme la nature a prévu qu'on ne peut pas vivre bien avec elles ni non plus sans elles, il est préférable de juger en fonction d'une durable préservation de notre espèce plutôt que pour un plaisir passager. »

La population mondiale a été multipliée par six en deux siècles. L'esprit moderne suppose simplement que les hommes et les femmes, malgré leurs différends, feront toujours assez d'enfants pour que la population continue de croître, à moins qu'une plaie, un fléau moderne, n'éclate. C'est non seulement une hypothèse conforme à notre expérience d'un monde de plus en plus peuplé, mais elle bénéficie également de la caution intellectuelle de penseurs comme Thomas Malthus et de ses nombreux acolytes contemporains.

Depuis maintenant plus d’une génération, des populations bien nourries, en bonne santé et pacifiques font trop peu d’enfants pour éviter un déclin démographique. Et ce malgré le recul spectaculaire de la mortalité néonatale et infantile, qui signifie qu’il faut beaucoup moins d’enfants aujourd’hui pour assurer le remplacement de la population (2,1 enfants par femme seulement dans les sociétés modernes). Les taux de natalité sont en train de dégringoler bien en deçà de ce seuil dans de nombreux pays – en Chine, au Japon, à Singapour, en Corée du Sud, au Canada, dans l’ensemble de l’Europe, en Russie et même dans certaines parties du Moyen-Orient .

Craignant un avenir où les vieux seront plus nombreux que les jeunes, beaucoup d’États font tout ce qu’ils peuvent pour inciter les gens à procréer. Singapour organise des manifestations de « séances de rencontres éclairs », espérant ainsi permettre à des professionnels débordés de se rencontrer, de se marier et de faire des enfants. La France offre de généreuses incitations fiscales à ceux qui désirent fonder une famille. La Suède finance des crèches pour permettre aux parents de concilier vie professionnelle et vie familiale. Si ces politiques résolument natalistes peuvent pousser les individus à avoir des enfants plus tôt, rien ne prouve qu’elles les encouragent à en avoir davantage. [La fécondité au Québec plafonne d'ailleurs malgré un programme ruineux et inéquitable de retour au travail des jeunes mères]. Car, comme l’ont compris les pouvoirs publics, lorsque les conditions économiques et culturelles sont défavorables à la procréation, rien ni personne, pas même un dictateur, ne peut obliger les gens à croître et se multiplier.

La baisse de la fécondité est une tendance récurrente de la civilisation humaine. Comment se fait-il, dès lors, que notre espèce n’ait pas disparu depuis longtemps ? La réponse tient en un mot : le patriarcat. Le patriarcat ne se résume pas au pouvoir des hommes. Il s’agit d’un système de valeurs particulier, qui impose aux hommes non seulement de se marier, mais aussi d’épouser une femme d’un rang qui leur corresponde. En cela, il se heurte à d’autres conceptions masculines de la belle vie, ce qui explique qu’il tende à être cyclique. C’est pourtant un régime culturel qui, avant de dégénérer, permet de maintenir des taux de natalité élevés chez les riches, tout en optimisant l’investissement parental. Aucune civilisation avancée n’a encore appris à se perpétuer sans lui.

La menace n’est pas la surpopulation, mais le sous-peuplement


Par un processus d’évolution culturelle, les sociétés qui ont adopté ce système social particulier ont accru leur population et, partant, leur puissance, tandis que les autres ont été soumises ou absorbées. Pour odieux qu’il puisse paraître aux esprits éclairés, ce cycle de l’histoire humaine est appelé à revenir. Le rapport historique entre patriarcat, population et pouvoir a de profondes implications dans le contexte actuel. Comme le constatent aujourd’hui les États-Unis en Irak, la puissance continue d’être fonction de la démographie. Les bombes intelligentes, les missiles à guidage laser et les drones accroissent considérablement la capacité offensive d’une puissance hégémonique ; mais, en dernier ressort, c’est souvent le nombre de soldats sur le terrain qui change l’Histoire. Malgré un taux de fécondité proche du seuil de remplacement, les États-Unis ne sont pas assez peuplés pour maintenir leur rôle de superpuissance mondiale, de même que la Grande-Bretagne n’a plus été capable de conserver son statut d’empire à partir du moment où, au début du XXe siècle, son taux de natalité s’est effondré. Des pays comme la Chine, l’Allemagne, l’Italie, le Japon et l’Espagne, où l’enfant unique est désormais la norme, disposent certes d’un capital humain de qualité, mais il est trop rare pour être exposé au moindre risque.

La baisse de la natalité est également à l’origine d’une série de problèmes économiques et financiers qui font aujourd'hui les gros titres de la presse. L’augmentation de la longévité n’a qu’une faible incidence sur le financement à long terme des retraites et des systèmes de santé. L’espérance de vie à un âge avancé a somme toute très faiblement progressé. Si la proportion d’actifs par rapport aux retraités diminue, c’est essentiellement parce que des individus qui devraient être aujourd’hui en âge de travailler ne sont tout bonnement jamais nés. À l’heure où les États accroissent la pression fiscale sur des actifs de moins en moins nombreux pour subvenir aux besoins des personnes âgées, les jeunes couples ont toutes les raisons de penser qu'ils ont encore moins les moyens que leurs parents d’avoir des enfants, amorçant du même coup un nouveau cycle de vieillissement et de déclin de la population. La dénatalité modifie également les comportements à l’échelle d’un pays. Aux États-Unis, par exemple, près de 10 % des femmes nées à la fin des années 1930 n’ont pas eu d’enfants ; aujourd’hui, ce sont environ 20 % des femmes nées à la fin des années 1950 qui atteignent la fin de leur vie reproductive sans avoir procréé. L’important segment des ménages sans enfants, dont les membres sont issus en grande majorité des mouvements féministes et de la contre-culture des années 1960 et 1970, ne laissera aucun héritage génétique. Et ils n’auront pas sur la génération suivante l’influence psychologique et affective qu’ont eue sur eux leurs parents.

Entre-temps, les familles à enfant unique sont exposées au risque d’extinction. L’enfant unique remplace l’un de ses parents, mais pas les deux. Et ces familles ne contribuent guère à renouveler la population de demain : 17,4 % de femmes de la génération du baby-boom n’ont eu qu’un seul enfant, et leurs descendants ne représentent que 7,8 % de la génération suivante. En revanche, près du quart des enfants de baby-boomers sont issus des quelque 11 % de femmes qui ont eu quatre enfants ou plus. Cela conduit à l’émergence d’une nouvelle société, dont les membres seront dans leur grande majorité issus de parents ayant tourné le dos aux tendances sociales d’une époque où les familles avec peu ou pas d’enfants étaient la norme.

Cela signifie-t-il que les sociétés « éclairées » mais peu prolifiques d’aujourd’hui sont vouées à l’extinction ? Sans doute pas, et cela n’est dû qu’à la spectaculaire transformation culturelle qui se prépare. Comme cela s’est déjà produit bien des fois au cours de l’Histoire, cette transformation survient au moment où les éléments laïcs et libertaires de la société ne se reproduisent pas, laissant ainsi par défaut les tenants des valeurs traditionnelles et patriarcales dominer la société.

À l’époque gréco-romaine déjà, de nombreux citoyens très instruits en étaient arrivés à la conclusion qu’il n’y avait aucun avantage à investir dans les enfants, qui étaient perçus comme un obstacle onéreux à la réussite personnelle et matérielle. Si cette conception a condamné de nombreuses familles à disparaître, elle n’a pas été fatale à la société dans son ensemble. Par un processus d’évolution culturelle, elle a au contraire favorisé la résurgence d’un ensemble de valeurs et de normes que l’on pourrait en gros qualifier de patriarcales.

Les sociétés primitives n’exerçaient aucune pression sur leurs membres pour les obliger à se reproduire, car elles devaient éviter de se renouveler plus vite que le gibier dont elles se nourrissaient. On retrouve dans quasiment toutes les sociétés de chasseurs-cueilleurs qui ont perduré assez longtemps pour être étudiées par les anthropologues diverses coutumes visant à décourager la procréation : mariage tardif, avortement ou infanticide.

Certaines de ces sociétés sont sans doute parvenues à limiter leur croissance démographique en accordant aux femmes des positions sociales élevées : les rôles de prêtresse, de sorcière, d’oracle, d’artistes ou même, parfois, de guerrière auraient offert à certaines d’entre elles des alternatives satisfaisantes à la maternité, contribuant ainsi à maintenir la fécondité globale à des niveaux viables.

Les sociétés préagraires n’avaient que pas ou peu de raisons militaires de favoriser une forte natalité : guerres et conquêtes ne présentaient pas grand intérêt – il n’y avait ni greniers à piller, ni bétail à voler. [Note du carnet : cette théorie est battue en brèche par des anthropologues comme Lawrence Keeley dans Les Guerres préhistoriques.] Tout change avec la révolution agricole du néolithique, amorcée il y a environ onze mille ans. La population devient alors un instrument de pouvoir. Avec la relative abondance de denrées alimentaires, de plus en plus de sociétés découvrent que la grande menace démographique pour leur survie n’est plus la surpopulation, mais le sous-peuplement.

À partir de ce stade, au lieu de mourir de faim, les sociétés à fort taux de fécondité gagnent en force et en nombre, et commencent à menacer celles qui ont une natalité plus faible. Les peuples qui se reproduisent le plus vite se constituent peu à peu en nations, puis en empires, évinçant les derniers chasseurs-cueilleurs, qui se reproduisent lentement.

Il est essentiel que les guerriers se montrent féroces et vaillants au combat. Il est encore plus important qu’ils soient nombreux. C’est la leçon qu’avait apprise le roi épirote Pyrrhus au IIIe siècle av. J.-C., alors qu’il marchait avec ses armées sur la péninsule italienne pour tenter de soumettre les Romains. Dans un premier temps, la bataille d’Ausculum lui donne l’avantage, mais au prix de très lourdes pertes – d’où l’expression de « victoire à la Pyrrhus » –, si bien qu’il en aurait conclu : « Encore une victoire comme celle-là et nous sommes perdus. » Les Romains, qui à l’époque se reproduisaient beaucoup plus rapidement que les Grecs, envoyaient inlassablement des renforts. Pyrrhus fut écrasé par la force numérique de l’ennemi, et la Grèce, après une longue période de déclin démographique, finit par être pillée et colonisée par Rome.

Les bâtards et les mères célibataires stigmatisés

Les sociétés patriarcales présentent des caractères très divers et passent par différents stades. Elles ont toutefois en commun des coutumes et des mentalités qui servent à optimiser la fécondité et l’investissement des parents dans la génération suivante. La stigmatisation des enfants « illégitimes » est l’un des aspects les plus importants. L’acceptation croissante des naissances hors mariage donne bien la mesure du recul du patriarcat dans les sociétés développées. Dans un régime patriarcal, les « bâtards » et les mères célibataires ne peuvent être tolérés car ils sapent l’investissement paternel. Les enfants illégitimes ne prenant pas le nom de leur père, celui-ci a tendance à ne pas assumer ses responsabilités. Les enfants « légitimes » deviennent en revanche objet de fierté ou de honte pour le père et la lignée familiale. L’idée que les enfants légitimes appartiennent à la famille de leur père et non à celle de leur mère n’a aucun fondement biologique, mais donne souvent aux hommes d’excellentes raisons affectives d’avoir des enfants et d’avoir envie de les voir perpétuer leur lignée. Le patriarcat incite par ailleurs les hommes à procréer jusqu’à ce qu’ils aient au moins un fils.

Un autre facteur expliquant l’avantage évolutionniste du patriarcat est qu’il pénalise les femmes qui ne se marient pas et n’ont pas d’enfants. Il y a quelques décennies encore, on qualifiait ces femmes de « vieilles filles », on les plaignait de ne pas pouvoir avoir d’enfants ou on les accusait d’être égoïstes. Le patriarcat, en offrant aux femmes très peu d’alternatives enviables, les poussait ainsi à prendre un époux et à devenir mères à plein temps.

Une société organisée selon ces principes peut très facilement tourner à la misogynie et, au bout du compte, se condamner à la stérilité, comme cela s’est passé dans la Grèce et la Rome antiques. Mais, tant que le système patriarcal évite de tomber dans ces travers, il produit davantage d’enfants sans doute mieux élevés que ne le font les sociétés organisées selon d’autres principes – et, en fin de compte, c’est là l’unique préoccupation de l’évolution.

Cette thèse prête à controverse. Car nous associons aujourd’hui le patriarcat à l’intolérable exploitation des femmes et des enfants, à la pauvreté et aux États en faillite. On songe aux talibans ou aux lapidations de femmes accusées d’adultère au Nigeria. Or ce sont là des exemples de sociétés manquant cruellement d’assurance, qui ont dégénéré en tyrannies masculines et ne sont en rien représentatives de la forme de patriarcat qui, au fil de l’histoire de l’humanité, a acquis un avantage évolutionniste. Dans un véritable régime patriarcal, comme celui de la Rome antique ou de l’Europe protestante du XVIIe siècle, les pères ont toutes les raisons de s’intéresser de très près aux enfants que portent leurs épouses : car, à partir du moment où les hommes se considèrent et sont considérés comme les dépositaires de la lignée patriarcale, le devenir de ces enfants a une incidence directe sur leur propre rang social et sur leur honneur.

Les Européens de demain ne seront pas des contestataires

Dans bien des cas, l’unique chose qui soutient la famille patriarcale est l’idée que ses membres défendent l’honneur d’une longue et noble lignée. Pourtant, lorsqu’une société devient cosmopolite, évolue rapidement et assimile des idées nouvelles, de nouveaux peuples et des luxes inédits, ce sens de l’honneur et du rapport aux ancêtres commence à s’estomper, et avec lui tout sentiment de la nécessité de se reproduire. « À partir du moment où un peuple hautement cultivé commence à envisager le fait d’avoir des enfants en termes d’avantages et d’inconvénients, il amorce un tournant décisif », notait l’historien et philosophe allemand Oswald Spengler [1880-1936].

Ce tournant ne signifie pas forcément la fin d’une civilisation, mais simplement sa transformation. S’il est vrai que les familles nobles, laïques et infécondes de la Rome impériale ont disparu, et avec elles la conception qu’avaient leurs ancêtres de Rome, l’Empire romain ne s’est pas pour autant dépeuplé. C’est sa composition démographique qui a changé : il s’est retrouvé constitué de nouvelles cellules familiales, très patriarcales, hostiles au monde séculier et portées par leur foi soit à croître et se multiplier, soit à entrer dans les ordres. Ces changements ont ouvert la voie à l’Europe féodale, mais n’ont signé l’arrêt de mort ni de l’Europe ni de la civilisation occidentale.

C’est peut-être à une transformation de ce type que nous assisterons au cours de ce siècle. Dans l’Europe d’aujourd’hui, par exemple, le nombre d’enfants que les gens font et les conditions dans lesquelles ils les font est fonction de leurs convictions politiques et culturelles. Vous êtes antimilitariste ? Eh bien, si l’on en croit une étude réalisée par les démographes Ronny Lesthaeghe et Johan Surkyn, vous êtes moins susceptible d’être marié(e) et d’avoir des enfants que quelqu’un qui n’a aucune objection contre l’armée.

L’écart considérable entre les taux de fécondité des individualistes laïcs et des conservateurs religieux augure d’un profond bouleversement des sociétés modernes, qui sera d’origine démographique. Beaucoup d’adultes d’âge moyen qui n’ont pas eu d’enfants peuvent regretter d’avoir fait un choix de vie débouchant sur l’extinction de leur lignée familiale, mais ils n’ont pas de fils ou de fille à qui faire partager cette prise de conscience tardive. Parallèlement, les descendants de couples qui ont eu trois enfants ou plus seront largement surreprésentés dans les générations suivantes, et avec eux les valeurs et les idées qui ont amené leurs parents à avoir de grandes familles.

On peut objecter que l’Histoire, et plus particulièrement l’histoire de l’Occident, fourmille de révoltes d’enfants contre leurs parents. Les Européens de demain, même s’ils sont dans leur écrasante majorité élevés dans des foyers patriarcaux et religieux, ne peuvent-ils pas devenir une nouvelle génération de soixante-huitards ? La grande différence est que, dans l’après-Seconde Guerre mondiale, presque tous les segments des sociétés modernes se sont mariés et ont eu des enfants. Certains en ont eu plus que d’autres, mais l’écart entre croyants et laïcs n’étaient pas si important, et les ménages sans enfants étaient rares. Ils sont en revanche aujourd’hui très nombreux et ceux qui procréent n’ont généralement qu’un enfant. Contrairement à la génération du baby-boom, la plupart des enfants de demain seront donc issus d’un segment de la société relativement restreint et culturellement conservateur. Certains rejetteront les valeurs de leurs parents, comme cela s’est toujours fait. Mais, lorsqu’ils chercheront d’autres laïcs et adeptes de la contre-culture avec qui faire cause commune, ils découvriront que la majorité de ces compagnons de route potentiels n’ont jamais vu le jour.

Que ça leur plaise ou non, les sociétés développées évoluent vers le patriarcat. D’une part, parce que les segments conservateurs font davantage d’enfants et, d’autre part, parce que la réduction de l’État-providence en raison du vieillissement de la population et de la dénatalité leur assurera un avantage de survie supplémentaire, qui à son tour favorisera une plus forte fécondité. À mesure que les États restitueront à la famille les fonctions qu’ils lui avaient ravies par le passé, et notamment le soutien des personnes âgées, les gens se rendront compte qu’ils ont besoin de procréer davantage pour assurer leurs vieux jours, et ils chercheront à s’attacher leurs enfants en leur inculquant des valeurs traditionnelles, proches du commandement biblique « Tu honoreras ton père et ta mère ».

C’est dans les sociétés qui sont aujourd’hui les plus sécularisées et dont les systèmes de protection sociale sont les plus généreux et les plus déficitaires que le retour du religieux et la résurgence de la famille patriarcale seront les plus sensibles. Il se peut que l’Europe et le Japon accusent une forte baisse démographique en valeur absolue, mais, par un processus semblable à celui de la survie du plus fort, la population qui subsistera s’adaptera à un nouvel environnement dans lequel plus personne ne pourra compter sur l’État pour se substituer à la famille et où un Dieu patriarcal commandera aux membres de la famille de réprimer leur individualisme et de se soumettre au père.

Écouter aussi :

Are liberals in danger of becoming extinct? 

Lire aussi :

Les plus religieux hériteront-ils de la Terre ? (professeur Eric Kaufmann)




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9 commentaires:

Gaucho a dit…

Il est illusoire de penser que la condition des femmes se maintiendra dans une société patriarcale. Elles perdront tous les droits acquis et seront à nouveau infantilisées avec sa série d'abus et de violence. C'est une régression inacceptable. Il faut certes revenir à des bases traditionnelles mais en gardant les libertés acquises par les femmes, l'idéal étant une combinaison de patriarcat et de matriarcat.

Loulou a dit…

Gaucho,

il semble que, conditionné, vous pensiez que patriacat = infantilisation des femmes. C'est une caricature (comme le dit Longman et l'étude historique européenne).

Marc P. a dit…

Je confirme les propos de Loulou, la femme dans la société médiévale européenne n'était pas une enfant...


Citation tirée de egards sur le Moyen Âge : 40 histoires médiévales de Sylvain Gouguenheim

«Rien n'interdit à une femme de régner, en compagnie de son époux ou de son fils, voire seule. Aucun texte juridique ne s'y oppose. ...
La formation, à partir du Xème siècle, du couple eut sa traduction politique et, d'abord, économique : les épouses étaient associées à la gestion du patrimoine commun. Elles étaient responsables du consortium conjugal, devaient "foi et conseil" à leur époux, ce qui impliquait un rôle actif. L'épouse est donc seigneur autant que son mari, ou peu s'en faut.»

Jonathan a dit…

"Autour de nous des étrangers sont venus, qu’il nous plaît d’appeler des barbares ; ils ont pris presque tout le pouvoir ; ils ont acquis presque tout l’argent ; mais au pays de Québec rien n’a changé. Rien ne changera, parce que nous sommes un témoignage. De nous-mêmes et de nos destinées, nous n’avons compris clairement que ce devoir-là : persister… nous maintenir… Et nous nous sommes maintenus, peut-être afin que dans plusieurs siècles encore le monde se tourne et dise : ces gens sont d’une race qui ne sait pas mourir… Nous sommes un témoignage." -Extrait de Maria Chapdelaine

Combien de générations séparent le Québec décrit par Louis Hémon de celui d'aujourd'hui? Seulement deux ou trois. Contrairement à l'Europe ou aux USA où la sécularisation des institutions et des esprits s'est fait sur une période beaucoup plus longue, l'exemple du Québec prouve bien que le fait de naître dans une famille traditionnelle n'a pas vraiment d'importance quand l'école et la culture dominante ne sont pas traditionnelles. Nos élites ne font pas d'enfants mais tant qu'elles pourront formatées les enfants des autres, elles ont encore de beaux jours devant elles.

Pascal a dit…

Jonathan, oui l'école, la pression des pairs, cela est important, l'urbanisation importante (la société de Maria Chapdelaine est déjà très largement minoritaire à son époque et la natalité urbaine assez basse par exemple).

En outre, Longman dit bien que le patriarcat est cyclique, ce qui la tué récemment c'est en autres l'État-providence : les gens sans descendance ou peu de descendance sont pris en charge par l'État.

Maintenant un gars comem Longman ne dit pas que le peuple (fondateur) québécois va redevenir patriarcale, mais que s'il ne le redevient pas d'autres (immigrants sans doute) le remplaceront rapidement car ils auront plus d'enfants ce qui est la marque d'une société patriarcale qui valorise la lignée et ainsi l'investissement du père.

Jonathan a dit…

@Pascal

Vous apportez des précisions importantes. Merci.

Anonyme a dit…

Mais pourquoi toute forme de société basée sur la valorisation des enfants ne peut être que de type patriarcal? un peu comme si seul le père était capable de reconnaître la valeur et l'importance de sa lignée, et de lui seul, ou plus précisément de sa position dans la société dépend la qualité de la natalité dans cette même société? ou alors serait-ce le fait de se poser la question en couple sur le choix d'avoir un enfant ou pas qui conduit inexorablement à la décision de ne pas en avoir, et que donc seule la configuration patriarcale permet, en imposant les rôles, de lever cette question fatidique? j'ai peur de ne pas bien comprendre..
D'autre part, peut on vraiment considérer la population comme un unique ensemble continu, plutôt que les différentes sections qui la composent? comme l'élite, la masse, notamment? En faisant cela, on écarte la possibilité d'avoir une classe souffrant d'une structure sociale plus déséquilibrée, se fragilisant ainsi face à une autre..

Le Moine a dit…

Anonyme :

"un peu comme si seul le père était capable de reconnaître la valeur et l'importance de sa lignée,"

Non, pas du tout, mais il est acquis que la femme reconnaît la valeur de ses enfants et ne doutent pas de sa maternité alors que l'homme doute de sa maternité et de son lien affectif. C'est ainsi, vous pouvez essayer de changer la nature, on en voit les résultats : chute de la natalité, prise en charge des mères-filles par l'État-nounou et donc marginalisation encore plus grande des pères (ils ne sont même plus des pourvoyeurs).

Jonathan a dit…

J'ai écouté dernièrement une conférence sur internet qui m'a rappelé ce billet:


Eric Kaufmann: Shall the Religious Inherit the Earth?


Eric Kaufmann observe, non sans regret, que partout dans le monde les ultra-religieux ont un taux de fertilité beaucoup plus élevé que leur concitoyens moins religieux ou athée et que cela aura de profonds impacts sur le futur. Il parle entre autre de l’impressionnante fécondité des juifs ultra-orthodoxes en Israël et des bouleversements que cela provoque dans la société israélienne. Il parle aussi de la population Amish
qui double à tout les 18-20 ans.