mercredi 16 juin 2010

L'instruction à la maison serait « antidémocratique » selon un éditorialiste du Devoir

Louis Cornellier (ci-contre) [1], [2], arbitre des essais québécois dans les colonnes du Devoir du samedi, pense que 1000 élèves instruits à la maison par leurs parents, c'est trop. Ils doivent aller « à l’école, comme tout le monde ».

Cornellier n'hésite pas à écrire que « scolariser son enfant à la maison est un geste antisocial, antidémocratique ». Antisocial ? De quel genre de socialisation bénéficient les enfants dans certaines écoles où ils sont confrontés à la drogue, la violence, où l'enseignement ou l'atmosphère sont démotivants et poussent au décrochage ? De quel type de socialisation peut-on parler quand l'école doit « ébranler la suffisance identitaire » des enfants ou doit viser à déstabiliser les systèmes absolutistes de croyance des parents et des élèves ?

Cela est sans importance pour le chroniqueur du Devoir : être instruit à la maison « prive[rait] les enfants d’une expérience sociale nécessaire à la vie en démocratie. L’école, c’est aussi pour apprendre à vivre avec les autres, avec ceux qui ne sont pas comme nous ; c’est aussi pour apprendre à respecter un cadre institutionnel qui ne fait pas toujours parfaitement notre affaire, mais sans lequel toute société démocratique s’effondrerait. » On en reste aux grandes déclarations de principe habituelles pour priver les gens de choix : il faut tous vivre ensemble sous le regard jaloux de l'État en suivant tous un même programme scolaire pour apprendre à vivre ensemble...

Malheureusement pour Corneiller, il n'existe aucune preuve que cette privation de liberté et de choix est nécessaire : le Québec est depuis des siècles une société accueillante et pacifique (voir le rapport du professeur Gary Caldwell) sans ce monopole complet de l'État souhaité par le chroniqueur jacobin du Devoir.

Admirons aussi le détournement du sens de « démocratie », il ne s'agit plus ici de laisser le peuple décider, mais de supprimer le libre-choix et d'appeler cette absence de choix, cette uniformité liberticide, cet étatisme généralisé, un geste « démocratique ». La démocratie ce serait paradoxalement l'absence de choix !

Louis Corneiller utilise, comme raison pour condamner l'instruction à la maison, la grosse ficelle habituelle : se concentrer sur quelques enfants d'une secte éduqués à la maison. En effet « En 2006, une enquête de Radio-Canada révélait que les résultats obtenus par les enfants scolarisés à la maison sur le territoire des Samares » où se trouvaient les enfants de la secte de l'Esprit-Saint. Apparemment, ces résultats étaient désastreux. On en fait grand cas. Belle généralisation. Faudrait-il restreindre le droit de tous les parents parce que certains parents sont irresponsables ?

Louis Corneiller, professeur de littérature au Cégep régional de Lanaudière, ne maîtrise d'ailleurs pas très bien le sujet quand il déclare que « les enfants doivent tout de même passer des évaluations annuelles visant à vérifier si l’enseignement reçu respecte les normes nationales. Or, nous apprend le reportage de La Presse, certains parents gardent leurs enfants à domicile, ne les envoient pas passer les évaluations de la commission scolaire et n’encourent aucune sanction. Un vrai scandale. » M. Corneiller pense qu'« évaluation » signifie uniquement évaluation faite à la commission scolaire, or ces évaluations peuvent être faites par des tiers et acceptées par la commission scolaire sans que l'enfant passe les examens de la commission scolaire. Les parents peuvent même apporter l'ensemble des travaux effectués par leurs enfants à la maison (ce qu'on nomme le « portefeuille ») et c'est sur la base de ce portefeuille que l'évaluation se fait.

Source : L'Action

Voir aussi Les enfants instruits à la maison aux États-Unis réussissent mieux que ceux des écoles publiques

Étude Quinze ans plus tard : les adultes canadiens diplômés de l'école-maison, 2009, par Deani A. Neven Van Pelt, Ph. D., Patricia A. Allison, M. Éd., Derek J. Allison, Ph. D.




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

4 commentaires:

Durandal a dit…

Hé bien, c'est un fasciste.

Peut-être qu'on devrait ressortir les statistiques américaines prouvant que les jeunes faisant l'école-maison ont des bien meilleurs résultats ceux allant à l'école publique.

Si je me souviens bien on a pas les données pour le Québec (même si les résultats de l'école-maison sont probablement au moins aussi bons que ceux de l'école publique), c'est bien cela ?

Pour une école libre a dit…

Durandal, j'ai ajouté le pointeur vers les résultats comparatifs aux États-Unis.

Pour le Québec, il n'y a pas résultats comparatifs, il faudrait peut-être d'abord avoir des examens évalués par des organismes neutres (et non le MELS) comme les SAT américains, cela rassurerait de nombreux parents qui instruisent à la maison.

Yves Louis a dit…

Mon message a été censuré sur le blogue de M. Corneiller.

Et pourtant, je ne disais rien d'injurieux.

Je recopie ma réponse (qui pourrait disparaître du blogue de M. Corneiller une nouvelle fois)

Yves Louis
Commentaire mis en ligne le 16 juin 2010
«Yves Louis
Commentaire mis en ligne le 16 juin 2010
Les commentaires injurieux sont retirés»

???

Injurieux??? En quoi mes propos étaient-ils injurieux ?

Mais les propos de M. Corneiller sont liberticides ! Il veut priver les parents de droits au nom de la « démocratie » comprise comme un monopole de l'État. Le tout en montant en épingle le cas de quelques enfants d'une sombre secte...

C'est bien jacobin et dangereux. Il n'y a aucune insulte là, seulement une opinion motivée car personne ne pourra nier que M. Corneiller veuille moins de choix et plus de contrôles.

jean fisher a dit…

Le seul pays occidental qui interdit l'école-maison est l'Allemagne, en vertu d'une loi promulguée en juillet 1938 par Adolf Hitler. ("Gesetz über die Schulpflicht im Deutschen Reich"). Cette loi est curieusement restée en vigueur après la Libération.

Le contrôle total de l'éducation par l'État est l'une des caractéristiques le plus clairement identifiable d'un régime totalitaire. L'autorité parentale y est perçu comme une menace à l'autorité de l'État; ce dernier n'entend souffrir aucune compétition pour modeler les esprits des jeunes générations sur lesquelles, de tout temps, il s'est appuyé pour assurer son hégémonie (Jeunesses hitlériennes, Gardes rouges de la révolution culturelle chinoise, Komsomol, organisation de la jeunesse communiste du Parti communiste de l'Union soviétique).

Par son article "À l’école, comme tout le monde", Louis Cornellier démontre qu'il souscrit à une vision jacobine de l'État en matière d'éducation. C'est le même courant de pensée dont s'est réclamé Georges Leroux, l'un des pères du cours ECR, lors de son témoignage du 13 mai 2009 au procès de Drummondville, où des parents réclamaient une exemption de ce cours pour leurs enfants. "Personne ne devrait pouvoir s'y soustraire, car l'introduction du pluralisme et en général la sensibilisation aux vertus de la DÉMOCRATIE (sic!) qui est un des objectifs principaux de ce programme N'AURA PLUS DE SENS SI ON INTRODUIT UN RÉGIME D'EXCEPTION." L'une des caractéristiques de la démocratie n'est-elle pas le respect de la différence et de l'exception ? Cornellier, tout comme Leroux, invoque "la démocratie" dans le but d'abolir un régime d'exception, celui de l'école-maison. Contradiction ou sophisme ? J'estime pour ma part que les mesures liberticides mises de l'avant par Cornellier, Leroux et consort pour défendre "la démocratie", ou plus exactement leur vision exsangue d'icelle, portent en elles le germe d'une inexorable érosion de celle-ci.

Dans leur volonté de nous dépouiller de nos droits civils, ces robespierristes se laisseront-ils freiner par les traités internationaux ? (l'article 18 de la Convention internationale des droits de l'enfant édicte notamment que: "La responsabilité d'élever l'enfant et d'assurer son développement incombe au premier chef aux parents"). Jusqu'où les conduira leur "fureur démocratique" ? Gardons l'oeil ouvert: c'est à nos libertés que ces gens attentent.