vendredi 25 juin 2010

ECR — Au royaume de la confusion

Christian Rioux du Devoir revient sur le cours d'éthique et de culture religieuse et les examens de fin d'année de ce cours donnés par quelques professeurs. Christian Rioux nous semble une des rares voix sensées et conservatrices au Devoir sur ce sujet.
«Est-ce que l'être humain peut se réincarner après la mort?» Cette question n'a pas été posée dans une réunion secrète d'une vague secte ésotérique. Elle n'est ni le fruit de l'esprit égaré d'un adorateur de la flamme violette ni sortie d'un petit catéchisme de bouddhisme tibétain. Croyez-le ou non, elle a été formulée afin d'évaluer le niveau des élèves qui ont suivi le cours d'éthique et de culture religieuse du Québec. Voilà ce que nous révélait la semaine dernière une série d'articles du Devoir faisant notamment le bilan de ce nouveau cours.
Des examinateurs, qu'on imagine être parmi les esprits les mieux formés en la matière, ont donc jugé bon de demander aux élèves si la réincarnation, un concept par ailleurs étranger à la culture occidentale, était possible. 
Pour être complet, il faut dire qu'il s'agit là de choix personnels aux écoles en question, d'autres professeurs d'ECR pourraient avoir choisi d'autres questions ou activités. Il n'y a pas d'examen uniforme en ECR.
Ils n'ont pas demandé comment les religions orientales ou animistes considéraient la réincarnation. Ils n'ont pas voulu savoir si la réincarnation avait sa place dans les grandes religions monothéistes ou quelle forme elle prenait dans les légendes amérindiennes. Ces questions auraient permis d'évaluer les connaissances des élèves. Mais on sait que l'évaluation des connaissances répugne aux nouveaux programmes. Ne reculant devant rien, ces examinateurs ont donc purement et simplement demandé aux élèves si la réincarnation avait un sens. On imagine que, la prochaine fois, ils leur demanderont si l'Immaculée Conception est possible, si les miracles sont avérés et, pourquoi pas, si Dieu existe!
Cet exemple est loin d'être isolé. Dans d'autres écoles, on a demandé à des élèves du primaire de décliner publiquement leurs croyances sans égard pour ceux qui n'en avaient pas ou qui ne savaient pas. On a aussi demandé à des élèves du secondaire d'inventer de toutes pièces une religion, ridiculisant du coup ce qui relève d'un héritage millénaire digne du plus grand respect. Passons sur ces enseignants qui ont proposé de redessiner le fleurdelisé sans la croix pour le rendre plus «inclusif». Sans parler de la part congrue, sinon inexistante, faite aux philosophies athées et agnostiques. Est-il besoin d'autres exemples pour comprendre que le cours ECR ouvre la porte toute grande à la violation de la liberté de conscience des élèves et des familles?
Il n'est donc pas surprenant que le juge Gérard Dugré ait statué cette semaine que l'obligation de dispenser ce cours violait la liberté du collège Loyola, qui est un collège catholique. En cela, le juge n'a pas tort. Pourtant, son jugement est loin de clarifier véritablement les choses. Le juge Dugré ajoute en effet à la confusion lorsqu'il reproche à l'État d'imposer une perspective laïque aux écoles confessionnelles. 
Il y a une contradiction entre perspective laïque et école confessionnelle... Si une école est confessionnelle ce n'est justement pas pour être laïque !
Une étude plus serrée lui aurait permis de découvrir que le cours ECR est tout sauf laïque. En effet, sa philosophie générale viole littéralement les droits des non-croyants en accordant un statut particulier aux religions, rejetant dans les limbes toutes les autres formes de spiritualité. Pour ses concepteurs, les religions ont « le monopole du sens », pour reprendre les mots de l'écrivain Régis Debray. Mais le cours viole aussi les droits des croyants dans la mesure où il prêche ouvertement un relativisme culturel inacceptable. Selon les concepteurs du cours ECR, toutes les religions se valent. La conclusion logique, c'est qu'il n'y a donc pas de vérité révélée, mais plusieurs vérités toutes équivalentes. Les croyants ont toutes les raisons d'être choqués.
Un cours respectant strictement la laïcité s'abstiendrait de traiter des croyances personnelles. Afin de s'en assurer, il n'aborderait les religions que dans le cadre de disciplines bien établies, comme l'histoire, la géographie, les arts ou la littérature. Jamais les croyances personnelles ne seraient ainsi mises en cause. 
Peut-être. Il faudrait voir comment cela se ferait. On peut déjà, grâce à la liberté de l'institutrice au primaire et des compétences transversales, mêler l'histoire et l'ECR, parler de toutes les religions comme d'égales valeurs, revenir sans cesse sur les autochtones en histoire et en français, parler à répétition de l'écologie lors de cours de sciences, aborder la réincarnation quand on parle des autochtones en histoire, etc. Cela se fait déjà dans certaines écoles. 
Faute de distinguer la laïcité du relativisme culturel, le jugement Dugré se trompe à un autre titre. Il erre même complètement lorsqu'il affirme qu'une école privée confessionnelle subventionnée par l'État devrait avoir le droit de faire prévaloir sa vision religieuse dans toutes les matières. 
Et les écoles non subventionnées qui doivent quand même donner le cours d'ECR ?
Ce faisant, le juge met la table pour les créationnistes qui demanderont des modifications aux cours de sciences. Il déroule le tapis rouge aux intégristes musulmans qui ne voudront pas que l'on parle d'Israël en histoire ni que leurs enfants soient exposés à des nus impressionnistes. 
La décision du juge Dugré ne porte que sur le cours ECR, un programme de transmission de valeurs. Les nus impressionnistes font-ils vraiment partie d'une éducation de base qu'il faille imposer à des enfants juifs orthodoxes par exemple ?
Ceux qui croient qu'il suffit d'un simple accommodement avec le collège Loyola ne comprennent pas dans quel engrenage infernal ils nous entraînent.

Avec de telles propositions, ils donneront bientôt des arguments à ceux qui veulent interdire à l'État de subventionner les écoles religieuses. Pourtant, même dans un pays aussi laïque que la France, l'État soutient les écoles privées. Mais il le fait en échange du respect strict des programmes nationaux, programmes qui, contrairement au cours ECR, respectent intégralement la liberté de religion et plus généralement la liberté de conscience.

Ceux qui se demandaient vers quel abîme de confusion nous entraîne la laïcité prétendument « ouverte » trouveront dans cet exemple une illustration éclatante. 
La véritable laïcité « ouverte » aurait consisté à offrir le choix de la formation morale ou religieuse aux parents : un cours de religion, un cours de morale ou un cours d'ECR s'il est populaire, mais au choix.
Loin d'apaiser les tensions, la prétendue tolérance du cours ECR ne fait que les attiser. Et la saga ne fait que commencer.




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15 commentaires:

Anonyme a dit…

"Christian Rioux nous semble une des rares voix sensées au Devoir sur ce sujet"

Quelle prétention!

Samizdat a dit…

Tiens l'Anonyme qui ne s'explique jamais confond "opinion" et prétention...

Il ferait mieux de dire qui d'autres au Devoir ne défend pas servilement le cours ECR? Corneiller est un fat qui défend bec et ongles ce cours. Idem Chouinard, idem Leroux, idem Proulx.. Qui d'autre ?

Luc B a dit…

Bon, allez, Anonyme, pas sensée, mais que nous approuvons parce que sa pensée sur le sujet est sensée plutôt qu'idéologique...

Ça vous va?

Marre des anonymes a dit…

Il faut excuser l'anonyme, il sent sans doute que le vent tourne et que son objet d'adulation, le merveilleux cours ECR, cette invention québécoise, n'en a plus pour bien longtemps.

Imaginez tous les problèmes que ce jugement va causer dans les commissions scolaires : faut-il investir dans l'achat de livres ECR si le cours pourrait disparaître (déja que le PQ dit qu'il va le modifier).

Imaginez les problèmes dans les facultés d'éducation, quel étudiant qui ne sentirait pas une âme de missionnaire deviendrait un spécialiste ECR alors que le cours pourrait disparaître ?

Ah, les idéologues sont bien tristes..

Anonyme a dit…

Le vrai problème avec le cours d'ecr, c'est que les enseignants qui le donnent ne sont pas des spécialistes en éthique ni en religion. Comment cela se pourrait-il alors que la formation est sortie en même temps que le cours? Les enseignants ont eu, dans le meilleur des cas, quelques jours de formation et/ou un intérêt personnel pour le sujet. Pas étonnant qu'une évaluation ne semble pas adéquate quand le cours n'est pas compris par celui qui doit l'enseigner.

Si je peux me permette de préciser: le cours ne dit nullement que toutes les religions se valent.

Anonyme2

Mehdi a dit…

"Si je peux me permette de préciser: le cours ne dit nullement que toutes les religions se valent."

Il l'implique puisque que toutes sont respectables et non questionnables.

Si j'avais le temps, je vous trouverais une citation de Goerges Leroux.,

Anonyme a dit…

Samizdat,

C'est une opinion prétentieuse!

Luc B,
Alors l'idéologie de Pour une école libre ne serait pas sensée?

Marre des anonymes
Si le cours ECR tombe, ne comptons pas sur nos évêques pour remettre des cours de religion confessionnel à l'école. Ils ont fait leur deuil et le gouvernement ne reviendra pas en arrière.

Samizdat a dit…

Anonyme a dit...

>Samizdat,
>
> C'est une opinion
> prétentieuse!

Dites Anonyme (est-ce vous Jean-Pierre Proulx ?),

Vous me semblez très présomptueux et vous n'expliquez toujours rien.

Il faut expliquer qui d'autres au Devoir sur ce dossier a une opinion sensée... Cornellier ? Chouinard ? Ne faites pas rire svp!

Ce sont des idéologues intolérants...

Vous me semblez pas exempt d'une certain prétention avec vos jugements à l'emporte-pièce : aucune explication.

'ti Jeannot a dit…

"Anonyme a dit…

"Christian Rioux nous semble une des rares voix sensées au Devoir sur ce sujet"

Quelle prétention! "

Argument ad hominem d'Anonyme. Vous avez d'ailleurs oublié un bout "et conservatrices"...

Que pensez-vous de ce que Rioux dit?

Que pensez-vous des remarques du blogueur (qui n'est pas entièrement d'accord avec Rioux mais reconnaît que Rioux dit des choses sensées et conservatrices...

Anonyme a dit…

Rioux, une des rares voix "sensées" au Devoir.

Les autres sont donc insensées!

Voici quelques épithètes ou expressions un peut moins gentilles lues dans les commentaires de ce blogue en juin pour qualifier l'adversaire:

- présomptueux
- idéologue triste
- laïciste étatiste
- libeticide (2)
- Hitler (2)
- dictateur anonyme
- didacteur Charest
- laïcard gauchiste
- robespierriste
- fous dangereux
- décadents progressistes

Mettons que ce genre d'épithètes refroidit toute personne sensée de vouloir dialoguer!

Désolée!

Pour une école libre a dit…

Anonyme disait :

>"Rioux, une des rares voix
>"sensées" au Devoir."

Veuillez citer complètement et correctement : « Christian Rioux nous semble une des rares voix sensées et conservatrices au Devoir sur ce sujet. »

Nous trouvons simplement que les deux autres grandes voix du Devoir qui se sont exprimées, Louis Cornellier et Mme Chouinard, n'ont pas hésité à regarder de haut tous ceux qui s'opposaient à l'imposition de ce cours sans apporter pour nos ni un regard emprunt de bon sens (démocratique) ni de conservatisme.


Pour les commentaires des lecteurs, nous avons déjà dit que nous préférions que les gens argumentent quand une personne opposée au cours ECR est allée trop loin. Dans ce cas ci, vous même n'argumentez guère et ne discutez pas le billet, mais un mot qui vous déplaît « sensé ».

Nous ne sommes pas responsable de tous les mots qui vous déplaisent dans les commentaires, sinon il faudrait commencer par censurer le juge Dugré qui parle de comportement "déraisonnable", totalitaire" pour caractériser l'attitude du MELS dans ce dossier (je mets en gras car vous semblez omettre des parties de phrase assez facilement).

Ce n'est guère différent de « liberticide » que vous trouvez outré et avec lequel, pourtant, nous sommes assez d'accord : ne pas vouloir d'exemption, jamais, nulle part, c'est liberticide dans un dossier comme celui-ci.

Pierre Grammont a dit…

Anonyme dit que c'est difficile de "dialoguer"...

C'est comique, alors qu'il ou elle commence par un seul "argument" et "amorce de dialogue" plutôt spéciale : oser dire que Chritian Rioux est un des seuls sensés dans ce dossier au Devoir c'est prétentieux. Et puis c'est tout, na!

Ah, que voilà du dialogue ! de l'argument ! (ad hominem)

Mais je comprends, Anonyme doit vivre dans sa bulle pro-ECR et n'en revient pas qu'on lui dise ce qu'on pense vraiment des agissements des politiciens, journalistes et fonctionnaires qui imposent leur "vision du bien", le nouveau ciel sur Terre, la merveille Québécoise, cette autre avancée merveilleuse dans la science éducative qu'est l'imposition d'ÉCR.

Mme Courchesne, véritable missionnaire, parlait de "marcher sur les orteils" pour effectuer un si grand et si important "virage". Mais ça c'est pas grave, pas un peu flyé, noôôôôôn.

Ce qui est grave, c'est d'oser dire "sensé", c'est pas grave d'imposer aux autres, nôôôôôn. Mais dire ce qu'on pense sans aucune insulte au passage, ça ça ne permet plus le "dialogue", à savoir la prosternation devant les gourous, le "dialogue" la première étape obligatoire avant la soumission car "eux" savent, "eux" les Anonymes sur ce blogue, "eux" les fonctionnaires sans visage du MELS peuvent imposer, c'est normal eux sont "sensés", les opposants sont des extrémistes, pardon "les plus extrémistes" (radio canada pour qualifier la CLÉ).

Tout simplement hallucinant. Oh, pardon, il ne faut pas dire "hallucinant", ça va froisser ces "anonymes" qui sont toujours traités aux petits oignons dans les médias québécois parce qu'ils ressortent leur propos progressistes et liberticides dans ce dossier d'une voix doucereuse.

Anonyme a dit…

Anonyme Pro-ECR dit:

"Si le cours ECR tombe, ne comptons pas sur nos évêques pour remettre des cours de religion confessionnel (sic) à l'école. Ils ont fait leur deuil et le gouvernement ne reviendra pas en arrière."

En l'occurence, vaut mieux le néant que le cours ECR. D'ailleurs les opposants à ce programme ne sont pas tous catholiques (il y a des juifs, des agnostiques, des protestanmts, des athées, des orthodoxes, etc.), alors l'opinion des évêques québecois...

Anonyme a dit…

@ À Pour une école libre,

Je regrette de ne pas vous avoir cité correctement. C'est bien involontaire et je m'en excuse.

Pour le reste, je trouve que les positions des "pour" et des "contre" sont généralement raisonnables et sensées et que cela n'apporte rien, d'un bord et de l'autre de la clôture, de se "lancer des roches". Au contraire, on exacerbe les tensions.

Je vous sais gré de votre nouvel appel à l'argumentation plutôt qu'à l'invective.

Puissiez-vous être entendu.

Faut pas se surprendre a dit…

A anonyme pro-ecr:

"Mettons que ce genre d'épithètes refroidit toute personne sensée de vouloir dialoguer!"

Le probleme est que le cours ecr a ete impose de force sans possibilite de s'en soustraire, et meme si 75% des personnes (dans un sondage se disent en faveur du libre choix) et le dialogue aurait du etre fait avant, d'egal a egal.

Maintenant, ne parlez pas de dialogue d'egal a egal quand il faut se servir des tribunaux pour faire entendre a la partie adverse qui a deja ecrase l'autre sans l'ecouter. Il ne faut pas oublier que le regime de libre choix existait deja avant (cours religion/morale) et on nous l'a enleve.

Alors il ne faut pas se surprendre de certains commentaires/epithetes quand on s'est deja fait ecraser les orteils comme l'a dit si bien la ministre courchesne (avez-vous le dialogue facile quand on vous ecrase les orteils-vous?)