mercredi 7 avril 2010

Cérémonie, prière, danse sacrées dans une école laïque publique

Nous avions déjà droit à la Journée de la Terre. Samedi 27 mars, nous avions la nouvelle Heure de la Terre. Il s’agit d’un évènement mondial écologiste annuel, créé en 2007 par le WWF (World Wide Fund for Nature, le Fond mondial pour la nature), qui consiste à couper les lumières et débrancher les appareils électriques non essentiels pendant une heure.

À cette occasion, l’école Wilfrid-Léger de Waterloo, dans les Cantons-de-l'Est, en collaboration avec l'Atelier 19 et la maison des jeunes l’Exit (voir l’annonce) organisait une manifestation « artistique et communautaire ». Cette manifestation « par la magie du conte, la profondeur d'un rituel amérindien et la création d'un cercle de lumière » permettrait, selon les organisateurs, de poser « un geste significatif pour votre communauté et le reste de la planète ».

Nous avons donc envoyé un reporter qui pourrait témoigner de cette manifestation organisée par une école publique et laïque dans ses locaux.

Des jeunes élèves à l’accueil, aux tambours

Dès la porte principale de l’établissement, on est accueilli par une série de jeunes élèves de l’école Wilfrid-Léger grimés en vert. Un d’entre eux, un placier, écarte un grand rideau et découvre la « place centrale » de l’école. Au centre, un tapis oriental entouré de branches de sapin, devant quelques tatamis où viendront s’asseoir les jeunes enfants. Enfin aux quatre coins de cette scène des peintures trônent sur leur chevalet. Un énorme capteur de rêves pend au plafond. Au fond de la pièce, une dizaine de jeunes sous la conduite de leur chef battent du tambour. La pièce baigne dans une lumière verte. Une soixantaine de personnes sont assises, plusieurs arborent dans leurs cheveux gris un bandeau indien.




La manifestation va bientôt commencer. On invite les enfants à s’asseoir au centre. Environ quinze jeunes enfants prennent place sur les tatamis. On tamise les lumières. Les tambours entonnent différents chants. Voilà le rythme à quatre temps de la Terre, quatre temps pour les quatre éléments fondamentaux : terre, eau, feu et air. Ensuite un rythme plus rapide, celui de l’Homme. La pièce est envahie de ces résonnances viscérales, parfois assourdissantes même. Le public est invité à applaudir. Il applaudit.

Une jeune fille, élève de l’école Wilfrid-Léger, s’avance. Elle fait partie du Comité vert de l’école. Le comité est formé d’élèves qui « ont la protection de l’environnement à cœur ». La jeune écologiste annonce que la réunion est organisée par trois organismes : l’Atelier 19, la Maison des jeunes locale et l’école Wilfrid-Léger.



Maude Arsenault de l’Atelier 19 s’avance. Elle remercie l’école et ses jeunes. Elle annonce le programme et décrit l’Heure de la Terre : « C’est le plus grand rassemblement environnemental dans l’Histoire ».  Mme Arsenault rappelle qu’en 2010 le Canada sera l’hôte du G20 et que nous sommes réunis pour faire comprendre à nos dirigeants que l’environnement est important pour nous.

Hommage aux quatre directions de la Roue de médecine

Alors que l’année passée, lors de cérémonie pour la Journée de la Terre à Granby, l’animatrice avait ouvert la réunion par une prière aux quatre animaux totémiques, aux quatre éléments et aux quatre directions, cette année-ci elle insiste sur la dimension « artistique » de la cérémonie : on allume d’abord une chandelle entourée de quatre animaux totémiques, puis on passe en revue quatre « œuvres » artistiques qui étrangement ont les attributs associés aux quatre directions amérindiennes.

Réincarnation libératoire

Vient ensuite, la même conteuse, Michèle Rousseau, qui comme lors des cérémonies de la Journée de la Terre narra avec un talent certain un autre conte autochtone. Cette année-ci il s’agit de la souris qui à force de curiosité et de sacrifices devient « Souris-qui-bondit » puis enfin un aigle… L’histoire est emplie d’animaux aux pouvoirs magiques, bison et loup qui servent de guides vers les montagnes sacrées et le Lac de Grande médecine. Comme lors de son intervention à la Journée de la Terre dans son conte de la « femme chamane », Michèle Rousseau insista sur l’importance de la réincarnation et de la métempsychose. Pour elle, c’était visiblement ce qui comptait le plus dans son conte, car cette croyance serait libératrice : « Vous savez les enfants, on n’est jamais mort pour toujours. Quand on est mort, ce n’est pas pour toujours. On se transforme. On ne revient pas comme on était avant, mais on se transforme. C’est vraiment très intéressant de découvrir ça. Ça donne confiance. » La souris qui bondit se transforme finalement en aigle et de conclure la conteuse « Vous savez ce sont les autochtones qui savent nous faire comprendre ce que c’est que de devenir aigle. »

Applaudissements.

Prière sacrée

Samania, habillée d’une robe indienne en cuir à franges, et d’une paire de lunettes rectangulaires qui lui cernent les yeux de noir et de blanc, s’avance. Elle se dit amérindienne et d’un métissage du plus bel aloi : par sa mère elle serait un mélange d’Agnier (Mohawk) et d’Odjibway et par son père un quart abénaquis et un quart micmac.

Elle demande aux enfants-rois de s’approcher et de former un cercle sacré : « Je vais demander aux enfants de se lever et de venir avec moi. On va se donner la main. Chez nous les Amérindiens, les enfants sont nos maîtres… » « Je demanderais aux gens, s’ils veulent bien se lever debout… On va faire un petit cercle sacré juste autour »… « Je demanderais à mon groupe de chant (de venir). « On va faire une prière ensemble. » « On va donner la main aux enfants. On fait juste un cercle ».

Puis dans cette école laïque, vient la prière en cette Heure de la Terre : « Alors ce qu’on va faire, on va faire un cercle de prière. C’est un chant. Ça s’appelle « Wa wé wa wé o ». « Vous allez tous répéter avec nous. C’est une prière sacrée. » Alors, tous chantent « Wa wé waaaaaaa wa wé wa we ooooooo »… Le chant répétitif est entonné par l’assemblée pendant près de deux minutes.



Une fois la prière terminée, Maude Arsenault annonce que nous allons procéder à la cérémonie de purification et qu’ensuite nous réaliserons « une œuvre d’art collective ».



Heure de la Terre, école Wilfrid-Léger, le 27 mars 2010.


Feu sacré, cercle sacré, prière au Grand Esprit

Samania demande alors à l’assistance de former un serpent : « On va faire la danse du serpent ; quand on va sortir, tout le monde va se tenir la main. » On va aller à l’extérieur « allumer le feu sacré. »

En file indienne, parents et écoliers sortent pour aller sur le terrain de sport de l’école au centre duquel brûle un feu de camp. Une fille armée d’un grelot qu'elle secoue fortement clôt la longue file et invite à ne pas couper le serpent. « C’est très important ! » Un serpent à sornettes apparemment.

Une fois les participants assemblés autour des flammes, Samania annonce qu’il s’agit d’une « cérémonie sacrée alors nous allons faire le cercle de purification. » Elle présente Jacques et Jane « les gardiens du tambour sacré… qui a 300 ans ». « Les chasseurs ont fait de la chasse spirituelle, justement aux bisons. Les peaux qui sont dessus sont de la peau du bison. »

Suit une longue litanie de « sacré » : « Ce soir on va faire une cérémonie sacrée », « Sylvie, c’est la gardienne du tabac sacré. », « Renée gardienne de la sauge, une herbe sacrée. »

Samania continue : « Danielle est avec moi et va faire la moitié du cercle avec moi pour pouvoir purifier les gens...», elle fait appel à cinq femmes ou jeunes filles de l’assistance. Elle répète son laïus de l’enfant-maître et l’adulte-élève dans la société autochtone. « La cérémonie vient de commencer, moi je vais sortir à l’extérieur du cercle pour faire l’offrande au Grand Esprit avec ma coquille. » Elle présente aux gens le coquillage de mer avec la sauge. « La sauge c’est pour vous purifier. » Alors quand… on fait l’offrande aux quatre directions…c’est qu’on demande au Grand Esprit, que la fumée… les gens qui sont ici ce soir, qui se réunissent ensemble, que nos prières se réunissent et qu’ils demandent au Grand Esprit qu’elles soient exaucées. »

Moment de silence. Nouvelle prière. L’officiante invite les gens à crier « WAO ». Un grand « WAO » retentit. On prie pour la Terre et on demande pardon pour ceux qui n’en prennent pas soin.

L’office continue. La célébrante saupoudre le feu de sauge, demande le silence total. La prêtresse met le feu à la sauge dans son coquillage, elle s’encense de fumée sacrée.



Interruption de la cérémonie sacrée

Puis soudain, l’officiante s’interrompt : « Je viens d’avoir une information, on m’a demandé de ne pas faire le cercle au complet parce que… Où est-ce qu’elle est Maude ? » Francine Charland de l’Atelier 19 intervient : « Ce qu’on aimerait c’est si c’était possible que votre cérémonie de purification puisse être avec ceux qui sont dans le premier cercle, parce qu’après on va avoir à faire les cercles de lumières… et on sait qu’il y a peut-être des gens ici qui sont réticents quand même à ce qui se passe. C’est quand même nouveau. Ça appartient à votre culture amérindienne. Pour nous, ce serait de respecter les gens qui sont autour ».

Visiblement, cette cérémonie sacrée met mal à l’aise des personnes dans l’assistance comme l'avoue Mme Charland.



Cérémonie de purification des âmes par le Grand Esprit

Nonobstant cette intervention, le rituel de purification commence : l’officiante amérindienne se déplace d’une personne à l’autre en présentant le coquillage de sauge sacrée et les gens éventent la fumée sacrée autour du visage. La cérémonie dure 15 minutes. Les organisateurs allument ensuite des chandelles dans des boîtes de conserve, les disposent par terre pour former le cercle sacré de lumière.

Où Radio-Canada persécute l'auteur

Ayant déjà assisté à la même cérémonie des lumières l’année passée, votre reporter retourne à sa voiture. La route est encore longue. Il s’assied dans sa voiture, allume la radio et tombe sur Jacques Languirand, le gourou octogénaire du Nouvel Âge qui officie encore sur la chaîne d’État. Au menu, Le cinquième accord toltèque écrit par le fils d'une guérisseuse du Mexique et petit-fils d'un chamane. On n’y échappe décidément pas. Bienvenu à ce Québec laïque en pâmoison devant tout ce qui est amérindien et empreint d’une vague spiritualité écolo-nouvel-âgeuse.

Laïcité très variable

Rappelons que l’année passée un cégep de Sherbrooke avait tout fait pour empêcher un créationniste de parler à des étudiants après les heures de classe. Ici une école publique laïque et une maison des jeunes participent à une cérémonie au cours de laquelle on explique la dimension spirituelle d’« œuvres » d’inspiration autochtone, un grand capteur de rêves couronne l’auditoire, des tambours égrènent des sons répétitifs autochtones, on allume une chandelle ornée de quatre animaux totémiques, on insiste sur la réincarnation en la qualifiant de chose « très intéressante » à découvrir et dont la prise de conscience est libératoire, on participe à des prières où le sacré se bouscule : cercle, coquillage, sauge, tabac, tambour, feu, tout est sacré. On y prie même pour les pécheurs qui ne prennent pas soin de la Terre. Un office complet, et pas un mot de protestation de la part des professeurs ou de la direction de l’école. Non, on aide plutôt l’Atelier 19 qui n’en est pas à son premier office du genre à monter l’événement « artistique et communautaire ».

Voir aussi : Nos ancêtres, les Amérindiens







Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

13 commentaires:

Romanus a dit…

Rites post-civilisation occidentale...

Sébas a dit…

... par un retour aux rites, pré-civilisation occidentale.

La nouvelle religion mondiale IMPOSÉE, sera un ramassis de toutes les religions/croyances.

Calicot a dit…

Ah, le cours ECR donc...

Anonyme a dit…

Cela me rappelle nos feux de camp scout!

Calicot a dit…

Anonyme,

Vous voulez dire les feux de camp scout CATHOLIQUEs ?

Parce qu'ici il ne vous aura pas échapper tout l'aspect religieux de la rencontre, n'est-ce pas ?

À moins que vous le fassiez exprès.

Romanus a dit…

'... par un retour aux rites, pré-civilisation occidentale.'

Culturellement, pour les enfants québécois, et par extension pour toute la société québécoise, le cours d'ÉCR recule l'horloge de non moins de 2,000 ans... pas moins! En quelques années, on aura effacer tout les gains culturels depuis la Grèce antique.

Romanus a dit…

On illustre bien ici ou on s'en va culturellement:

http://www.parresia.fr/Une-nouvelle-ideologie.html

Bon... c'est un moine... mais écoutez ce qu'il dit...

Anonyme a dit…

À Calicot:

Il n'existait que des scouts catholiques ou protestants.

Anonyme a dit…

J'ai été scout. Ma troupe (91e Nativité) était dirigé par un catho pur et dur. Mais moi je m'en foutais, j'étais la pour l'aventure, ce qu'ils m'ont donné a plein. J'étais croyant, mais la religion j'en avait plein a l'école... avec en plus dans les scouts, je trouvais que ca commençait a faire beaucoup.

Mais je ne changerais jamais ce que j'ai vécu avec ce que l'on sert aux enfants aujourd'hui. J'ai été éduqué chez les frères Sainte-Croix (entre autres) dans l'Est de la ville, et croyez-moi, ils ont pas fait de nous des braillards!

Pissenlit a dit…

Il y a dans L'Atelier 19, que je connais très bien, quelques illuminés qui se croient des sauveurs, des thérapeutes et des environnementalistes compétents. Ils se servent des arts, ce qui est très attrayant, pour influencer les membres et bénévoles et les gens qui sont en quête de vérité, de réalisation et de bonheur ! Un virage à 180 degrés s'impose à l'Atelier 19l.

Ben voyons a dit…

A placer sur le meme pied que toute autre croyance dans le contexte actuel:

On ne veut plus de christianisme a l'ecole, ben moi non plus je ne veux pas de toute cette poutine anti-chretienne dans une ecole publique.

Justice oblige: il ne doit pas y avoir que les chretiens qui payent les frais des pseudos ecoles laiques. Sinon, ce ne sont qu'hypochrisie et mensonges pour remplacer une religion par une autre (vous avez compris que je suis chretien)...

Romanus a dit…

Quand bien même que je ne serais pas chrétien, je ne voudrais pas que cette bouillie pour les chats soit enseignée a mes enfants!

Sébas a dit…

Comme'qui disent:

"VOS TAXES À L'OEUVRE"

L'atelier 19... financé par (et pas uniquement):

LA CORPORATION DE DÉVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE DE LA HAUTE-YAMASKA

Source:

http://142.213.167.138/bd_recherche/portrait/ResultatRepOrg.asp?LstRegion=0&LstCirconscription=0&txtNom=Corporation+de+d%E9veloppement+communautaire+&LstMissionMin=0&Rechercher=Rechercher

Secrétariat à l'action communautaire autonome et aux initiatives sociales(MESS) $64,000.00 par an

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Historique de la CDC Haute-Yamaska

C’est en mars 1993 que, pour la première fois, l’idée d’une Corporation de développement communautaire en Haute-Yamaska fut lancée. Elle fut vite reprise par un comité élargi de la Fédération des organismes de la région de Granby et des environs – FORGE – qui après avoir étudié les différentes structures de concertation possibles, recommanda l’implantation d’une CDC dans la MRC Haute-Yamaska. Un comité provisoire fut formé en juin 1993 et une assemblée de fondation suivit le 4 octobre 1994. C’est une collective formée de cinq membres qui prit en charge la gestion des affaires de la CDC. En 1996, la CDC est reconnue par le Secrétariat à l’action communautaire autonome (SACA) qui devient son principal bailleur de fonds. Elle procède alors à l’engagement d’une agente de formation et d’information ainsi que d’une agente de développement et de promotion.

Les années subséquentes sont marquées par des actions et des interventions à l’image des attentes de ses membres, c’est-à-dire, consolider la vie communautaire et permettre aux groupes de participer activement au développement de la collectivité, en fonction des idéaux humanitaires et sociaux qui guident la CDC. L’entrée dans le deuxième millénaire aura été marquée par une ascension fulgurante de la présence et de la visibilité de la CDC sur la scène locale. Beaucoup d’efforts ont été déployés par la CDC pour que ses membres soient reconnus à leur juste valeur, qu’ils soient la fierté de la communauté et qu’ils soient soutenus à la mesure de l’importance de leur apport et de leurs réalisations.

Le 12 février 2002, la CDC tient un congrès d’orientation qui rassemble plus de 35 intervenants du milieu communautaire. En mai 2005, une page importante de la CDC Haute-Yamaska est tournée. En effet, Anne-Marie Cadieux qui est coordonnatrice depuis six ans, quitte ses fonctions pour relever de nouveaux défis. Avec l’arrivée de Sylvain Dupont, une nouvelle ère s’amorçait pour la CDC Haute-Yamaska. La consolidation financière de la CDC demeure toutefois un sujet de préoccupation majeure car les ressources financières et humaines de la CDC demeurent toujours précaires.

En novembre 2005, avec un conseil municipal complètement renouvelé, un vent de changement souffle sur Granby et permet de concrétiser la promesse d’augmenter le financement des organismes communautaires du milieu, dont la CDC.

La CDC devient donc l’interlocuteur privilégié vis-à-vis le conseil municipal quant au développement équitable, solidaire et durable de notre collectivité.

Source:
http://www.cdchauteyamaska.com/pages/organisme/mission.html

p.s.
UN appel à votre député (ils doivent nous rencontrer, si cela est pertinent), et UN appel à votre conseiller municipal (si vous habitez dans la région), pour dénoncer ces subventions... ça fait une grosse différence.
;-)