lundi 15 mars 2010

Le « scandale des garderies religieuses »

Plusieurs lecteurs de ce carnet nous ont demandé ce que nous pensions du « scandale des garderies religieuses ».

Rappelons les faits :

Le lundi 8 mars, les médias québécois révélaient que des associations dont l'objectif déclaré est de faire la promotion de la religion juive ou musulmane reçoivent des subventions de plusieurs centaines de milliers de dollars.

La garderie Beth Rivkah, que dirige le rabbin ultraorthodoxe Yosef Minkowitz à Montréal, aurait ainsi reçu une subvention gouvernementale totale de 1,3 million de dollars l'an dernier. La page internet de la garderie précisait que sa mission était : « Apprendre la Torah, c'est vivre la Torah. Toutes nos activités journalières sont pénétrées de l'esprit de la Torah et de la tradition juive, exposant ainsi l'enfant vers un riche mélange d'études juives et laïques. » Cette page a été supprimée, mais Google l'a conservée dans son antémémoire.

L'autre cas exposé par l'agence de presse canadienne est celui de la garderie privée Oasis Bout'Chou, gérée par l'Association islamique des projets charitables, qui offre 80 places à 7 $ à Laval. L'Association indique dans le registraire des entreprises que son but est de « propager l'enseignement islamique parmi les musulmans et les non-musulmans ». En entrevue à Radio-Canada, un porte-parole de la garderie Oasis Bout'Chou, Bassam Derbas, a expliqué que le service de garde n'enseigne pas l'islam à proprement dit, mais qu'il propage les valeurs de l'islam sans que l'on ne sache exactement en pratique ce que distinguo signifie pour de jeunes enfants. La garderie subventionnée Maïmonide offre pour sa part une « initiation aux rituels juifs séfarades ». « Tout en développant leur attachement à l'État d'Israël, les enfants vivent au rythme d'un calendrier religieux extrêmement riche et diversifié », indique son site Internet.

Le financement des garderies à 7 $ provient à 82 % du gouvernement du Québec. Le contenu éducatif qu'elles offrent doit respecter un programme éducatif approuvé par le ministère. Eh, oui ! Tout est contrôlé de manière centralisée par le Monopole étatique. Un programme dont les intentions sont claires selon Jean Robitaille, président de l'Association québécoise des CPE (AQCPE), qui rappelle le principe « d'inclusion » auquel ce programme fait référence. Le préambule du programme éducatif des services de garde du Québec indique que ce programme vise à « aider [les enfants] à s'intégrer harmonieusement à la société québécoise en les initiant aux valeurs qui y sont privilégiées : respect de soi [?], des autres et de l'environnement [?], résolution pacifique des conflits, égalité entre les sexes et entre les personnes, acceptation des différences [hmmm], partage et solidarité ».

Mardi matin, le ministre Tomassi déclarait ne voir aucun problème dans le fait que des services de garde financés avec l'argent des contribuables enseignent les rudiments de l'islam, du judaïsme ou du catholicisme aux enfants qui les fréquentent.

« Un service de garde, c'est le prolongement de la vie familiale. Nécessairement, les parents [...] se tournent vers des services de garde qui [...] adoptent les mêmes valeurs qu'ils ont », avait-il déclaré sur les ondes du Réseau de l'information.

Nous sommes assez d'accord avec cela, nous pensons que la cohérence — et les conventions internationales — commandent de considérer également l'école comme un prolongement de la vie familiale, plutôt que de l'inféoder au Monopole de l'Éducation et ses préjugés pédagogiques ou idéologiques.

Radio-Canada a fait grand bruit de cette affaire et demandait « innocemment » sur son site si « cela est réglementaire, à une époque où les écoles, elles, sont déconfessionnalisées ? »

Soumis à une forte pression médiatique et du PQ, mercredi M. Tomassi déclarait que, à l'heure actuelle, les garderies qui offrent de l'enseignement religieux n'agissent pas de façon illégale. Elles sont cependant obligées de respecter le programme éducatif du ministère de la Famille, a-t-il précisé.

Selon le ministre Tomassi, une vingtaine de services de garde de la province seraient touchés par cette mesure. Cela inclurait le Centre de la petite enfance (CPE) Beth Rivkah, fréquenté par la communauté juive de Montréal, mais pas la garderie privée Oasis Bout'Chou, que gère l'Association islamique des projets charitables à Laval.

Comme nous l'avions mentionné la semaine passée, le financement des garderies à 7 $ provient à 82 % du gouvernement du Québec, chaque place quotidienne coûtant donc en réalité 50 $. Des garderies privées non subventionnées font la promotion de leur préférence religieuse en indiquant qu'à défaut de payer 7 $, les parents peuvent obtenir l'équivalent en obtenant le crédit d'impôt offert par Québec.

Mérites d’un (autre) ministre-girouette

La dernière déclaration du ministre Tomassi sous la pression des médias et lobbies laïcistes – y a-t-il d’ailleurs une distance quelconque des médias dans ce débat ? – a au moins eu le mérite de faire comprendre à tous les parents que l’État n’accepte pas que les garderies publiques transmettent leurs valeurs, car enfin dans le cas de la garderie juive les parents sont prévenus et le milieu culturel de ces parents est juif homogène. La question des subventions est en quelque sorte un artifice : des garderies privées confessionnelles sont indirectement subventionnées par des crédits d'impôt.

Autre mérite de cette affaire : montrer que, sur le plan des convictions et la doctrine, le PLQ et le PQ sont aujourd’hui tout aussi étatistes l’un que l’autre dans ce dossier. Dans le cas du PLQ on notera qu’il cède de plus en plus facilement aux premiers cris d’orfraie des laïcistes fort bien relayés par les médias.

« À la maison, je m'ennuie ! À la garderie, je suis content ! »
Affiche soviétique des années 30


Les garderies d’État sont-elles vraiment neutres ?

Il faut aussi se demander s’il est possible de prétendre que des garderies qui doivent appliquer un programme donné prônant des valeurs particulières à forte connotation « humaniste » et « laïque » moderne peuvent être neutres, ne fût-ce qu’en termes philosophiques. Pour un croyant, chasser la spiritualité c’est déjà un acte partisan. Interdire la transmission de ses valeurs à ses enfants pendant de longues heures de garde, ce n’est pas un acte neutre pour ces parents qui y voient plutôt une éducation à l’agnosticisme.

Sortir l’État des garderies

Dans ce débat, il faut à nouveau se demander pourquoi le Québec s’est doté d’un réseau extrêmement coûteux de garderies d’État ?

Est-ce pour limiter le choix des parents en faussant le marché grâce à des subventions massives (42 $ par jour et par enfant) en faveur de ses garderies « laïques » ? Non seulement c’est au désavantage des garderies privées (les parents doivent d’abord y débourser l’argent avant d’être remboursés par des crédits d’impôt), mais aussi d’autres modes de garde plus traditionnels, notamment, par la femme au foyer honnie par les milieux qui se prétendent « progressistes » au Québec.

On sait qu’il s’agit d’un choix idéologique : il s’agit de récompenser les femmes qui retournent au bureau ou à l’atelier, de défavoriser les femmes qui restent au foyer. Il faut se rappeler de la forte opposition de la part de politiciennes féministes aux allocations universelles également accessibles aux femmes qui désirent élever leurs enfants à la maison. En 1982, Claire Bonenfant, présidente du Conseil du statut de la femme nommée par René Lévesque, avait demandé, au sujet d’une politique avec de timides conséquences natalistes : « Cette politique sera-t-elle une politique nataliste déguisée cherchant à nous retourner aux berceaux et aux fourneaux ou bien se présente-t-elle comme une politique de justice sociale ? » La démographie, le bien de l'enfant, la transmission de valeurs n’avaient aucune importance, seule la « justice sociale » importait. Michel David dans le Devoir de ce samedi ne disait rien d’autre en ne parlant que des merveilleuses « possibilités de promotion socioéconomique qu'offrait la disponibilité de services de garde abordables » tout en ignorant l’iniquité même du système.



Aujourd’hui, on prétend que les garderies à 50 $ contribueraient à la hausse de la démographie. Or rien n’est moins sûr : on ne cesse de construire des garderies, mais la natalité s’essouffle et le reste du Canada pourtant dépourvu de garderies subventionnées à 82 % a également connu une augmentation de sa fécondité.

Il existe de nombreuses solutions nettement plus justes et sans doute moins coûteuses que la création d’un énorme réseau de garderies d’État toutes « laïques ». Une solution simple consisterait à considérablement diminuer les impôts des familles et les laisser décider la forme de garde de leurs enfants : dans une garderie, à la maison par leur mère, par des tiers. Mais, comme on le sait, les partisans de la laïcité militante, comme ceux de l'interculturalisme, ne sont pas férus de liberté.

C'est toujours la même bataille pour qui élèvera vraiment les enfants : les parents ou l'État. Il est évident qu’actuellement deux partis, le PLQ et le PQ, pensent que l’État prime et que les parents n’ont plus grand-chose à dire à l’école et, semble-t-il, dans les garderies.

La « diversité » est-elle un bienfait, oui ou non ?

Il y a malheureusement fort à craindre que l’on assiste à une nouvelle crispation sur ce dossier. Selon une étude publiée cette semaine, en 2031 un Montréalais sur trois sera issu d'une minorité visible. Un « formidable défi d'intégration » comme l'écrivait le journaliste du Devoir Michel David ce samedi.

On risque donc d’assister à une répétition de ce qui s’est passé avec le cours d’éthique et de culture religieuse, mais cette fois au niveau des garderies : une forte demande de laïcisme, d’idéologie « ouverte », « interculturelle » et progressiste pour tous, d’étatisation, moins de choix pour le parent québécois de base, le tout pour mieux gérer la « diversité ». La liberté des parents passant par pertes et profits.

Or, il faudrait savoir : cette diversité ethnico-religieuse est-elle une richesse pour le Québec, oui ou non ? Si c’est le cas, pourquoi cette diversité présenterait-elle un « formidable défi d’intégration » qui commencerait dès la garderie ? Pourquoi priver de choix en éducation les Québécois pour accueillir cette richesse que serait la diversité ?

La sourde angoisse de la diversité comme moteur du laïcisme

Si la diversité pose un problème, pourquoi continuer à augmenter celle-ci et accroître le « formidable défi d’intégration » en haussant les quotas d’immigration ? De toute façon, les gens comme Michel David pensent-ils vraiment intégrer les juifs ultraorthodoxes grâce à des garderies laïques ? À quoi pensent-ils intégrer les musulmans qui arrivent de plus en plus nombreux ? Ces musulmans s’intègreront-ils mieux qu’en France grâce à des garderies « laïques » qui existent aussi en France ? Pourquoi alors qu'ils représenteront un poids de plus en plus important de la population montréalaise ? Ou s’agira-t-il à nouveau de culpabiliser les Québécois de souche, de les « intégrer » au multiculturalisme – pardon l’interculturalisme ! – en les privant de choix ?

Les laïcistes n'utilisent-ils pas en quelque sorte l'immigration et la sourde angoisse qu'elle engendre — pardon le formidable défi qu'elle représente ! — pour imposer leur vision étatiste, de plus en plus centralisée, de l'éducation pluraliste et laïque et cela désormais dès la garderie ? Il est coutumier d'accuser les partis d'extrême droite de surfer sur les peurs de l'électorat, on peut se demander si les laïcistes et les multiinterculturalistes ne font pas de même au Québec pour imposer partout, les uns une laïcité stricte, les autres leur programme « pluraliste », mais à chaque fois sans réel débat. Peu importe si, de la sorte, ils briment la liberté des Québécois qui ne partagent pas les préjugés pédagogiques ou philosophiques qu'on cherche à imposer à leurs enfants.






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2 commentaires:

Perpétue a dit…

Que pensent les Français de l'efficacité de la "laïcité" pour intégrer les immigrants musulmans?


Jeudi 11 mars 2010
"Laïcité : armure en carton de la France officielle


Face à l'agressivité de l'actuelle conquête islamiste en France, quelques représentants de la France officielle croient pouvoir se servir de la laïcité comme ultime armure.
Les gogos victimes de cette illusion se recrutent aussi bien à droite qu'à gauche. Jacques Myard, maire de Maisons-Laffitte soumet ainsi une proposition de loi visant à faire du 9 octobre (date anniversaire de la loi de 1905), la "journée de la laïcité" !

Il faut d'abord rappeler que la laïcité, depuis 1905, c'est un combat mené par les dirigeants des différents partis républicains contre l'Église qui leur semblait, à juste titre, être le la clef de voûte de la France traditionnelle. Nos dirigeants républicains ont si bien réussi leur entreprise, à force de lois iniques, de propagande éhontée, de complicité avec l'extrême gauche matérialiste et de bourrage de crâne, que la France est le pays européen le plus gravement déchristianisé !
La laïcité, c'est donc le vide, et surtout la négation de la substance profondément chrétienne et surtout catholique, de la culture et du peuple français.

Nul doute que l'islamisme, instruit de l'histoire, ne se laissera pas impressionner par cette "journée de la laïcité", la seule certitude, c'est que la laïcité est une armure en carton que le sabre coranique aura vite fait de fendre !

Les Français, qui ont perdu toute défense spirituelle après 100 ans de laïcisme destructeur, n'auront rien à opposer à l'islamisme conquérant, sinon le ciel vide de la laïcité et la trivialité d'un matérialisme consumériste aussi frustrant que desespérant..."

http://croisade.over-blog.com/5-index.html

Romanus a dit…

La laïcité, en Occident, a été utilisée pour évacuer, spécifiquement, le Christianisme, créant ainsi le vide religieux. Les musulmans prosélytes voient très bien l'espace a conquérir et s'y engouffre allègrement. Contrairement aux chrétiens, les musulmans n'abandonneront pas leur foi car, contrairement aux chrétiens, ils sont croyants avant d'être matérialistes. Au contraire, ils utiliseront les lois multi-culturalistes en place pour supporter leur offensive culturelle.

Les gens en quête de spiritualité seront attirés (on en voit déjà) par l'aspect radical, convaincu et intransigeant de l'Islam. La Chrétienté, avec ses partisans libéraux qui favorisent et font la promotion de valeurs contraires a leur propre religion, et son clergé laxiste et permissif, projette une image molle et sans conviction.

Voilà...