samedi 23 janvier 2010

Facal : l'école québécoise, un immense gâchis aux mains d'apprentis sorciers

On trouvera ci-dessous un extrait tiré du dernier livre de Joseph Facal Quelque chose comme un grand peuple publié chez Boréal. Rien de bien neuf pour les habitués de ce carnet, mais il est bon de voir qu'un ancien ministre reprenne le constat par tant de personnes inquiètes par l'état de l'école québécoise et le monopole du MELS en matière de programmes, de pédagogies et de diplômes. Signalons tout de suite que M. Facal ne semble pas demander la fin de ces monopoles, ce qui nous semble pourtant la manière la plus sûr d'assurer une saine concurrence et aurait sans doute rapidement tué la tristement célèbre « réforme pédagogique ».
« L'école québécoise, malgré de nombreuses exceptions, ne va pas bien, pas bien du tout, nonobstant la trajectoire en apparence sans problèmes majeurs des enfants et le dévouement des dizaines de milliers de personnes qui œuvrent en son sein. Ce n'est pas uniquement une question d'intérêt bien compris que d'y voir, mais aussi d'authentique justice sociale, la vraie, celle qui refuse que les circonstances de la naissance ou la médiocrité érigée en système empêchent le développement des talents de chacun.

La plupart des enfants obtiendront certes leur diplôme d'études secondaires. Mais on peut se demander s'il est normal, comme le notait la journaliste Michèle Ouimet, « qu'à peine arrivés au cégep, des milliers de cégépiens doivent s'inscrire à des cours de rattrapage en français et en mathématiques afin d'apprendre ce qu'il devraient pourtant savoir : les rudiments de l'algèbre et de la géométrie,les règles de grammaire, la syntaxe et l'orthographe. Même si ces étudiants détiennent un diplôme d'études secondaires, ils sont incapables d'additionner deux fractions et d'accorder les participes passés. »

Ce qui donne envie de hurler est qu'elle a écrit cela... en 1992, avant qu'on ne livre l'école québécoise aux élucubrations de la dernière fournée d'apprentis sorciers. Et encore ne parlait-elle que de l'insuffisante maîtrise des rudiments de la langue et du calcul.

Quand on fréquente les jeunes qui amorcent un parcours universitaire, on est aussi frappé par leur extrême difficulté à digérer une certaine quantité de documentation, à se l'approprier, à dégager une problématique qui leur appartienne vraiment, à mener une réflexion proprement personnelle plutôt qu'à coudre ensemble des citations dans le désordre.

Faire tolérer l'ignorance en la dissimulant

Qu'on comprenne bien où je loge : depuis la fin des années 90 se déploie au Québec une réforme de l'éducation animée par une philosophie antihumanistes, autoritaire et pseudoprogressiste, qui repose sur des théories très douteuses et dépourvues de fondements empiriques solides et dont on se demande si elles n'ont pas pour pur but, comme l'a déjà dit Lise Bissonnette, de nous faire tolérer l'ignorance en la dissimulant. Les enseignants, que le bon sens n'a pas encore désertés et qui, pour la plupart, aiment les enfants et leur métier, résistent du mieux qu'ils le peuvent. Et rebaptiser « renouveau pédagogique » cette réforme pour essayer de mieux la gérer politiquement ne change rien au fond de l'affaire.

Liquider les idées funestes qui fondent la réforme

Il faut, selon moi, liquider les idées funestes qui fondent cette réforme, dénoncer les fantasmes idéologiques qu'elles dissimulent et les complicités politiques qui leur permettent de sévir, tordre le cou à cette langue de bois prétentieuse des milieux éducatifs qui intimide les parents, clarifier les enjeux et les priorités, bannir l'improvisation, revenir aux méthodes éprouvées, s'armer de prudence devant les nouveautés sans s'y fermer, et repartir avec énergie, enthousiasme et les moyens appropriés. Voilà.

Légitimer la critique, ne plus se laisser culpabiliser

Il faut cesser également de faire passer tous les critiques de cette réforme pour des élitistes nostalgiques des collèges classiques, que ni moi ni la très grande majorité de ceux qui n'aiment pas ce qu'ils voient en ce moment n'avons connus. Qu'on cesse de réduire le débat à une « querelle de chapelles pédagogiques » (Josée Boileau, Le Devoir, 21 juin 2006) afin de renvoyer dos à dos les protagonistes, alors qu'il s'agit ici non seulement d'un débat sur les meilleures méthodes d'apprentissage, mais aussi sur les finalités de l'école, et que, de surcroît, s'accumulent rapidement les preuves de l'immense gâchis qui se déploie sous nos yeux.

Décrochage toujours aussi haut

Depuis l'introduction de cette réforme, nos taux d'abandon scolaire au niveau secondaire, qui étaient déjà effarants depuis des décennies, ont en effet continué à augmenter, alors qu'on prétendait qu'elle renverserait la vapeur. Dans les classements internationaux mesurant les apprentissages aux niveaux primaire et secondaire, brièvement évoqués au deuxième chapitre, nous glissons également.

Recul des résultats scolaires

Nous reculons aussi par rapport à nous-mêmes. Une comparaison des taux de réussite aux épreuves obligatoires d'écriture en français de 6e année du primaire en 2000 et 2005 montre que le taux de réussite en orthographe est tombé de 87 % à 77 %, qu'il est tombé de 83 % à 73 % en syntaxe et ponctuation et que le taux global de réussite, lui, a chuté de 90 % à 83 %. »






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