dimanche 9 août 2009

Zemmour : « Non, l'école n'est pas faite pour enseigner la tolérance, mais des savoirs et la liberté de pensée »



Klarsfeld c. Zemmour et Naulleau chez Ruquier, le 23/II/08


Zemmour intervient à partir de la 4e minute.

Imposer la tolérance en forçant des enfants de 9 ou 10 ans de s'approprier la mémoire d'enfants juifs morts pendant la Seconde guerre mondiale, même si les parents sont contre.

« Vous vous trompez d'époque, le danger aujourd'hui n'est pas le racisme, mais la concurrence victimaire, tout le monde veut sa Shoah. »

« Non, l'école n'est pas faite pour enseigner la tolérance, mais des savoirs et la liberté de pensée [...] on réduit la Seconde Guerre mondiale à la Shoah [...] on réduit le rationnel à l'émotionnel. » (13e minute)

(Zemmour est un Français, juif d'origine berbère)

Après cette polémique, ce parrainage macabre d'enfants juifs morts ne sera pas imposé et l'affaire sera enterrée.

Les opposants au cours ECR seront-ils invités à dialoguer lors de ce colloque ?

Petite annonce gouvernementale.

À son campus de Lévis, l'Université du Québec à Rimouski sera l’hôte du Colloque Éthique et Culture religieuse subventionné et organisé par le Monopole de l'Éducation, le 27 octobre 2009.
« Ce colloque est proposé au personnel enseignant des régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches. Cette activité d'échanges et de formation prévoit plusieurs ateliers permettant d'approfondir ses connaissances sur les plans de la culture religieuse, du dialogue et de l'éthique. Elle donnera également lieu à la diffusion d'un recueil de situations d'apprentissage et d'évaluation élaborées par les formatrices et les formateurs régionaux avec la collaboration d'enseignantes et d’enseignants. Plus précisément, cette manifestation représente une occasion unique de côtoyer des conférenciers de renom, de partager ses pratiques et d'enrichir ses compétences.

Renseignements : Louise Guay
Conseillère à la formation
UQAR - Campus de Lévis
(418) 833-8800 # 3241
1-800-463-4712 #3241
louise_guay@uqar.ca »
Les opposants au cours ECR seront-ils invités à dialoguer lors de ce colloque, plusieurs conférenciers opposés à l'imposition de ce cours pourront-ils prendre la parole afin d'enrichir ce colloque ?

Ou la pratique du dialogue ne vaut-elle que pour les élèves otages du Monopole ?

Le cours ECR « pour former des citoyens complets »

On trouvera la réponse type de la Commission scolaire des chênes reçue par plusieurs familles de la région de Drummondville récemment.


Former de citoyens complets

La Commission affirme sans sourciller que c'est afin de former des citoyens complets — à savoir leur inculquer le pluralisme normatif, une philosophie particulière — qu'elle doit refuser toutes les demandes d'exemption.

Chose cocasse : on nous dit que ce cours serait neutre et sans effet, mais que sans lui il serait impossible de faire des citoyens complets. Il doit alors bien avoir des effets importants et n'être pas si neutre que cela !

Comme le notait le philosophe Guy Béliveau [et ici] et comme l'a admis au tribunal Georges Leroux, cette conception de l'éducation est jacobine (monopole d'État des programmes, obligation pour tous, insistance sur la formation morale par l'État), peut mener au relativisme et relève de la chimère.

Les parents d'aujourd'hui sont-ils des citoyens incomplets ?

Et puis si les enfants ne sont des citoyens complets qu'à la condition qu'ils aient suivi le cours ECR (ce qui est déjà ridicule), faut-il en conclure que leurs parents qui n'ont pas suivi ce cours sont des citoyens incomplets ? Que va faire l'État pour corriger cette lacune à l'échelle du Québec ?

Le prof. Georges Leroux au sujet du cours d'éthique et de culture religieuse :
« On peut s'interroger sur quelque chose qui pourrait s'apparenter à de la folie. Actuellement, personne au Québec ne mesure l'amplitude du changement et ses conséquences réelles »


L'enfant appartient à l'État

En pratique, cette possibilité pour l'État d'imposer à tous sa conception de la formation morale et philosophique sans exception ne revient-elle pas à ce que Danton (et d'autres révolutionnaires comme Le Peletier et Barère) a déclaré à plusieurs reprises : « les enfants appartiennent à la République avant d'appartenir à leurs parents » ?

Formule odieuse, mais précieuse, car elle exprime en quelques mots ce que M. Leroux ou le Monopole de l'Éducation mettent aujourd'hui cent pages à dire moins bien.

Interprétation restrictive de l'article 222

La commission scolaire ajoute des conditions non prévues par loi à l'article 222 de la Loi sur l'instruction publique (LIP). On le lui a déjà dit lors du procès de Drummondville, nulle part n'est-il écrit que les raisons doivent être « caractéristiques propres et particulières ». La commission scolaire n'explique d'ailleurs pas en quoi les raisons ne sont ni propres ni particulières et ce qu'il faudrait faire pour qu'elles le soient.

Rappel de l'article 222 de la LIP :
222. La commission scolaire s'assure de l'application du régime pédagogique établi par le gouvernement, conformément aux modalités d'application progressive établies par le ministre en vertu de l'article 459.

Exemption aux règles de sanction.

Pour des raisons humanitaires ou pour éviter un préjudice grave à un élève, la commission scolaire peut, sur demande motivée des parents d'un élève, d'un élève majeur ou d'un directeur d'école, l'exempter de l'application d'une disposition du régime pédagogique. Dans le cas d'une exemption aux règles de sanction des études visée à l'article 460, la commission scolaire doit en faire la demande au ministre.

Dérogation à une disposition.

Elle peut également, sous réserve des règles de sanction des études prévues au régime pédagogique, permettre une dérogation à une disposition du régime pédagogique pour favoriser la réalisation d'un projet pédagogique particulier applicable à un groupe d'élèves. Toutefois, une dérogation à la liste des matières ne peut être permise que dans les cas et aux conditions déterminés par règlement du ministre pris en application de l'article 457.2 ou que sur autorisation de ce dernier donnée en vertu de l'article 459.
Il faut que l'école donne le cours, mais faut-il que tous le suivent ?

S'il est vrai que les écoles publiques doivent donner les cours prévus au régime pédagogique, il n'est pas évident — contrairement à ce que laisse sous-entendre la commission scolaire — que tous les élèves doivent les suivre. Il existe non seulement la possibilité d'exempter des élèves (article 222), mais aussi de les dispenser (article 15.4) ce qui s'est déjà fait dans le passé quand le ministre Michel Pagé a offert cette possibilité aux parents qui s'opposaient à l'imposition du cours d'éducation sexuelle, cours également obligatoire à l'époque.

Pas de relativisme, vraiment ?

Relevons ici que la Commission scolaire prétend que le cours ne les soumettra pas au relativisme. Ce n'est pas vraiment l'avis de l'auteur du cahier d'activités ECR pour la secondaire IV publié chez LIDEC qui écrit dans les pages d'introduction :
« Dans le monde moderne dans lequel tu vis, tu t’es sans doute rendu compte que les systèmes de valeurs ont éclaté; que chacun a ses propres normes

[…]

Des connaissances que nous acquerrons et des discussions que nous aurons [c'est donc le résultat du cours] durant l’année scolaire surgira peut-être chez toi l’impression que le BIEN et le MAL ABSOLU n’existent pas, mais qu’il y a bien un bien et un mal relatif pour chaque INDIVIDU »
Jamais l'auteur de ce cahier ne reviendra sur cette impression pour la combattre.

Il suffit d'ailleurs de tourner à la page suivante pour remarquer le fait que le cours prétend ne pas présenter de valeurs.



La lettre ne précise pas que les élèves découvriront (peut-être) par eux-mêmes en classe lors de discussions ce qui fonde les normes (quelles normes ? le droit à l'avortement, par exemple ?) Discussions qui peuvent l'amener à renoncer aux valeurs et aux raisons données dans son milieu familial.

Enfin, « prendre conscience de la pluralité des valeurs, des conceptions et des points de vue » sans jamais dire autre chose qu'on doit les « respecter de manière absolue » (dixit Georges Leroux[1]), qu'est-ce si ce n'est un aveu voilé de relativisme ?




[1] Voir à la page 41 de l'expertise écrite de Georges Leroux déposée aux procès de Drummondville et Loyola (c'est la même) : « À ce titre, les élèves sont invités à développer des attitudes de respect absolu, de dialogue interprétatif (comprendre la signification des croyances ou de l'incroyance). »

À mettre en parallèle avec cette attitude (non neutre) demandée des élèves dans le programme, mais que l'État se garde bien de pratiquer avec les opposants au cours ECR :

« amener les élèves à participer à la vie démocratique de l’école ou de la classe [!??] et à adopter des attitudes d’ouverture sur le monde et de respect de la diversité » (primaire, p. 284).

« Manifester de l’ouverture et du respect à l’égard de ce qui est exprimé.  »

Des formes du dialogue et des conditions favorables
Indications pédagogiques
https://www7.mels.gouv.qc.ca/DC/ECR/primaire/index.php?page=form5

Respecter les personnes, oui nous sommes d'accord, mais respecter ce qui est exprimé, même l'erreur, même ce qui va à l'encontre de ce qu'on croit vrai et sacré ?